La comédienne, formidable dans une fiction sur l’inceste pour TF1 lundi prochain, persiste à penser que son homosexualité lui a barré la route du cinéma
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00:00 Votre invitée média Céline Baydar court est comédienne, humoriste mais c'est dans
00:03 le registre dramatique qu'on va la retrouver sur TF1 pour une fiction sur l'inceste lundi prochain.
00:08 Bonjour Muriel Robin.
00:09 Bonjour Céline.
00:10 Merci d'être là avec nous sur France Info avant de parler de ce téléfilm en deux parties
00:14 qui s'intitule "Les yeux grands fermés".
00:16 Je voudrais évidemment qu'on revienne sur le malaise de Pierre Arditi avant hier soir
00:20 sur scène puisque vous partagez la scène du théâtre Edouard VII à Paris avec lui
00:25 dans la pièce "Lapin".
00:26 On sait qu'il va bien.
00:27 C'était un malaise vagal, rien de grave.
00:30 Mais vous, vous vous êtes remise de vos émotions ?
00:32 Ça fait deux nuits que je passais beaucoup de temps avec Pierre Arditi.
00:36 J'ai passé deux nuits avec Pierre Arditi.
00:38 C'est agréable.
00:39 C'est pas mal.
00:40 C'est pas mal.
00:41 Un peu stressant.
00:42 Non parce qu'on a peur.
00:43 Rien ne ressemble à un malaise.
00:44 On ne sait pas si c'est une embolie.
00:45 Je sais, j'en ai fait une sur scène, on a baissé le rideau.
00:47 On m'a dit que c'était un malaise vagal et en fait c'était une embolie.
00:51 Donc moi c'était plus de mal que de peur.
00:54 Pour Pierre c'est plus de peur que de mal.
00:57 Et donc voilà, il s'est mis avec le temps de comprendre, de savoir qu'il fasse l'examen
01:00 et qu'on ait la réponse.
01:01 Il est rentré le soir chez lui et il voulait jouer le lendemain évidemment.
01:05 Je lui ai dit "je ne sais pas si toi tu as besoin de te reposer mais moi j'ai besoin
01:08 de me reposer".
01:09 Donc j'étais très contente que le médecin t'ait dit qu'on le reprenait que mercredi
01:12 prochain.
01:13 Voilà, vous confirmez que ça reprend avec Pierre ?
01:14 Oui bien sûr, bien sûr, bien sûr.
01:16 Vous vous avez hâte ?
01:17 Bien sûr on a hâte.
01:18 D'ailleurs ce soir-là on s'était dit "on est content".
01:20 C'était la reprise de la semaine et on est très heureux de jouer ensemble.
01:23 Ça se passe très bien.
01:24 Les chaises sont pleines et la pièce est formidable.
01:27 Donc oui, on sera heureux de se retrouver.
01:30 On est ravis de l'apiner en sang.
01:32 Donc après avoir incarné Jacqueline Sauvage, victime de violences conjugales déjà pour
01:37 TF1, vous portez à nouveau un sujet très fort dans la fiction "Les yeux grands fermés"
01:42 qu'on verra lundi soir.
01:43 C'est l'inceste.
01:44 Vous pouvez nous expliquer l'histoire ? Vous jouez le rôle d'une mère et une grand-mère.
01:47 En fait c'est un thriller pour le côté "allez ce soir on regarde la télé" avec un sujet
01:53 difficile.
01:54 Pourquoi il faut le voir ? Je dirais presque qu'il est pédagogique.
01:58 En tout cas c'est une grand-mère.
01:59 Si son fils a peut-être eu des gestes horribles sur son petit-fils, il faut qu'elle le dénonce.
02:08 Est-ce qu'une maman peut mettre son fils en prison ? Et si elle laisse passer, elle
02:13 abandonne son petit-fils qui sera dans cette solitude, cette détresse, cette souffrance,
02:18 cette horreur et seule comme le sont entre 4 et 6 millions d'enfants en France.
02:25 Trois enfants sur une classe de 30 sont incestés, une fille sur 5 est incestée, un garçon sur
02:30 12 est incesté.
02:31 J'ai découvert ces chiffres.
02:33 Je les dis à chaque fois pour un effet choc évidemment.
02:36 Le film parle du fait que ça se passe chez tout le monde.
02:41 Il n'y a pas de milieu social.
02:42 Et évidemment que le papa, ce n'est pas un papa méchant dont on a peur et dont on
02:46 doit se méfier.
02:47 C'est un papa ou le cousin ou le grand frère ou le tonton formidable.
02:50 C'est un homme protecteur, charmant.
02:52 Et puis à un moment, il se passe quelque chose d'horrible.
02:55 C'est un sujet que vous connaissiez avant de faire cette fiction ?
02:58 Pas du tout.
02:59 C'est exactement comme les violences conjugales.
03:01 La prise de conscience que j'ai eue pour les violences conjugales a permis cette exposition
03:10 qui fait qu'il y a eu une prise de conscience plus grande.
03:13 Et là, j'ai l'impression de revivre la même chose.
03:15 On découvre tous des chiffres horrifiants.
03:19 Parce que si on passe demain, vous, moi, devant une classe de 30 enfants, on saura qu'il
03:24 y en a trois dans cette classe qui sont assistés.
03:26 Et on va continuer à vivre.
03:28 On continue à vivre avec beaucoup d'horreur autour de nous.
03:30 C'est vrai que ce téléfilm, qu'est-ce que j'aimerais ? Pourquoi je l'ai fait ?
03:34 J'aimerais bien que les familles en parlent avant.
03:36 Est-ce qu'on le regarde avec nos enfants ? Je pense qu'il faut le regarder avec les
03:39 enfants.
03:40 Parce qu'il y a ce qu'on doit faire après, une fois que l'horreur est arrivée.
03:42 Mais il y a aussi peut-être ce qu'on peut faire avant, dans l'éducation.
03:45 Et là, c'est les parents qui peuvent dire à des enfants, même en bas âge, ce qu'est
03:50 l'inceste.
03:51 Parce que ça y est, c'est nommé, ça existe, c'est quelque chose, ça peut être chez
03:54 nous.
03:55 Et pouvoir se dire, est-ce qu'il faut, et je crois malheureusement oui, puisque c'est
03:59 une famille sur cinq, se dire, ça arrive peut-être chez nous.
04:03 Alors si toutefois ça arrivait, c'est une part d'ombre de la personne qui fait ça,
04:08 eh bien parlons aux enfants pour leur dire ce que c'est.
04:10 Parlons après le film pour qu'ils posent des questions.
04:12 En tout cas, c'est pour ça que je parle d'un film un peu pédagogique.
04:16 Oui, vous avez complètement raison.
04:17 D'utilité publique en tout cas.
04:18 Il y a cette fiction pour TF1.
04:20 M6 a proposé un documentaire poignant aussi il y a quelques jours sur l'inceste, avec
04:23 le témoignage notamment d'Emmanuel Béart.
04:25 Là, la télévision a un rôle essentiel pour s'attaquer à ces sujets encore tabous.
04:30 C'est formidable que TF1 fasse ça.
04:33 Parce qu'évidemment, on devient d'utilité publique.
04:36 Pour moi, ça me va très bien parce que j'aime bien joindre l'utile à l'agréable.
04:41 Alors agréable, je ne parle pas évidemment du sujet, mais voir un téléfilm fort.
04:45 J'ai fait effectivement les violonches conjugales, l'Alzheimer maintenant.
04:50 Et je sais le prochain, je sais ce que j'aimerais qu'on traite.
04:52 Je ne vous lirai pas.
04:53 Mais je pense que ça enlèvera le voile sur quelque chose qui est très fort aussi, un
05:00 fléau qui existe.
05:01 Et j'aime bien ça.
05:02 Vous ne voulez faire que des rôles comme ça désormais ?
05:04 Si je fais des rôles qui ne servent à rien, qui ne parlent que de moi ou d'une jolie
05:10 histoire, je ne sais pas trop bien faire.
05:12 Mais si vous l'avez fait pendant des années sur scène ?
05:14 Pas qu'une seule fois, mais ça c'est faire rire.
05:16 Moi, je fais "Ou Champagne" avec modération.
05:20 Oui, sauf quand on vient me voir sur scène, pas de modération.
05:22 Mais enfin, je suis en train de changer.
05:26 Là, dans l'automne, il y a une série qui s'appelle "Master Crime" qui sera sur TF1
05:30 et qui n'a pas de sujet grave.
05:32 C'est une série de très grande qualité.
05:34 Mais oui, j'aime ces sujets-là.
05:36 J'aime que ça puisse faire avancer, faire bouger les lignes.
05:40 Je voudrais qu'on revienne aussi sur ce que vous avez affirmé récemment, que vous ne
05:44 faisiez pas de cinéma à cause de votre homosexualité, que pour les réalisateurs, vous n'étiez
05:49 pas désirables et même, vous avez dit le mot, pénétrables.
05:51 Comment expliquez-vous, Muriel Robin, que la télévision vous donne des rôles de femme
05:55 avec un homme, avec des enfants et pas le cinéma ?
05:58 Je lance un truc, je dis "mauvais cul" et ça, personne ne peut revenir dessus parce
06:03 que je pense que, voilà, comme je l'ai dit, mettons qu'il y ait 50 comédies qui se
06:07 tombent dans l'année, si on fait 30 ans, si on fait 1500, je suis dans le 2.
06:11 Les deux fois, c'est Christian Clavier qui me demande.
06:13 Sur les deux, il y en a une où je suis en deuxième choix puisque je remplace Valérie
06:16 Lemercier qui ne veut pas faire "Les Visiteurs 2".
06:19 Donc, à force de questionnements, il y a une réponse évidente.
06:23 Après, effectivement, à la télé, où il y a un besoin de…
06:27 Donc, à la télé, ils n'ont pas ce problème-là.
06:29 Est-ce qu'il y a…
06:30 Est-ce que le désir, ce qu'on appelle le désir, c'est-à-dire être désirable,
06:33 est-ce qu'à la télé, je suis désirable pour la télé ?
06:37 Je ne le suis pas.
06:39 Les décideurs…
06:40 En fait, je lance, oui, un débat, mais je n'ai pas les réponses à ça.
06:44 Vous avez lancé un débat.
06:45 Oui, parce que les décideurs, quand même, est-ce que…
06:49 Qui a raison ?
06:50 Ces décideurs, ces producteurs, ces réalisateurs de cinéma qui, pendant 30 ans, me zappent
07:01 ou ceux, effectivement, de la télé qui, eux, depuis 5 ans d'ailleurs, c'est assez
07:05 récent, ce n'était pas avant.
07:06 Il faut bien le dire aussi, c'est récent.
07:08 On pense que j'ai fait beaucoup de choses à la télé, mais comme ce sont des choses
07:11 fortes…
07:12 Et qui marchent très bien, qui font des millions de téléspectateurs.
07:13 Voilà, mais j'ai fait 5 téléfilms à la télé, donc je n'en ai pas fait, je ne
07:16 passe pas tous les jours.
07:17 Donc, je n'ai pas la réponse à ça.
07:19 Je n'ai pas la réponse, mais il y a une réalité.
07:21 Alors, c'était une époque aussi, j'ai bien entendu ce qu'a dit Vincent Daudienne,
07:24 mais malgré tout, si on disait aujourd'hui aux acteurs, actrices, je ne les connais pas,
07:29 homosexuels de faire un coming out, je sais qu'au moment où ils le feraient, je suis
07:34 sûre, leur carrière s'arrête.
07:35 Et ils le savent mieux que moi puisqu'ils se cachent.
07:37 Dans tous les pays.
07:38 Donc, je suis un exemple unique au monde, donc on ne peut en parler qu'avec moi.
07:42 Et en tout cas, la télévision vous offre des rôles absolument magnifiques.
07:45 Alors, pour la télé, je suis complètement très désirable.
07:47 Et c'est tant mieux, c'est la bonne nouvelle.
07:49 Merci beaucoup d'être venu.
07:50 Merci à vous.
07:51 Merci Muriel Robbin.
07:52 La fiction Les yeux grands fermés sera diffusée lundi à 21h10 sur TF1.
07:59 Merci beaucoup Céline Baye-Darcourt.