Olivier Faure, premier secrétaire général du Parti socialiste et député de Seine-et-Marne, était l’invité du Face-à-Face sur BFMTV et RMC ce mardi 15 octobre. Il a notamment évoqué la nouvelle loi immigration du gouvernement, l'expérimentation de la légalisation du cannabis ou encore la volonté du PS de mettre en place un impôt sur la fortune renforcé pour les plus grandes fortunes de France.
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00:00BFM TV face à face. Apolline de Malherbe.
00:09Il est 8h32 et vous êtes bien sûr à AMC et BFM TV. Bonjour Olivier Faure.
00:13Bonjour Apolline de Malherbe.
00:14Merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions.
00:17Vous êtes à la tête du parti socialiste. Il y a une bataille politique qui s'engage autour du budget.
00:21Vous faites partie de ceux qui ont déposé le plus d'amendements. On y reviendra dans un instant.
00:25On va parler aussi du Doliprane. On va parler aussi y compris des enjeux au sein de votre propre parti
00:29puisqu'il y a un bras de fer qui s'engage notamment avec François Hollande.
00:33Beaucoup de questions à vous poser mais je voudrais d'abord, parce que j'ai été extrêmement frappée ce matin
00:38par un témoignage que j'ai reçu sur RMC autour de la question du narcotrafic partout en France.
00:44On a reçu des appels de Rennes, on a reçu des appels de Meurthe-et-Moselle et on a reçu des appels de Marseille.
00:50Vincent, il est chef d'entreprise à Marseille et je voudrais que vous puissiez réagir à ce qu'il vit au quotidien.
00:55Il est chef d'entreprise, il a donc appelé le 3216 pour témoigner.
00:59Il est propriétaire d'un local commercial dans le centre de Marseille.
01:03Un point de deal s'est installé à cet endroit-là. Il a voulu déloger ce point de deal pour pouvoir à nouveau
01:08libérer l'accès à son local commercial et voilà ce qui s'est passé.
01:12J'ai appelé les flics. Ils m'ont dit « Monsieur, je suis désolé, on ne peut rien faire ».
01:15Pour arriver à faire partir le point de deal, il a fallu que j'appelle un ami à moi
01:19qui contacte quelqu'un qui était en prison à Paris, qui lui-même a contacté quelqu'un qui était en prison à Lune
01:25et qui lui-même a réussi à contacter le mec qui tenait le point de deal pour faire bouger les mecs qui dealaient devant le local.
01:31Moi, je me suis élevé socialement. J'ai commencé dans des quartiers.
01:35Je suis parti et mes parents ont vécu dans des quartiers. On s'est élevés.
01:40Je suis devenu chef d'entreprise. Aujourd'hui, je suis copropriétaire d'une marque de sport internationale.
01:44J'ai des revenus. Je n'ai pas de soucis à ce niveau-là.
01:47Quelqu'un qui a des revenus modestes, qui a un petit appartement, une petite maison, comment ils font ces gens-là ?
01:53Qu'est-ce que vous répondez à un témoignage comme celui-là de Français ?
01:58Et d'ailleurs, Vincent, un peu plus tard, disait « Le problème, c'est que les politiques ne savent pas ce que l'on vit, nous, au quotidien ».
02:04D'abord, je vais lui dire que je sais ce que vivent les gens au quotidien.
02:08Et malheureusement, le narcotrafic n'attaque pas simplement Marseille.
02:13Il attaque désormais les villes moyennes, les petites villes.
02:16Et il n'y a plus aucun endroit en France qui soit épargné par la question du narcotrafic.
02:20Et c'est parfois totalement endémique.
02:23Je pense, j'étais il y a quelques semaines, quelques mois maintenant en Martinique.
02:27Et à Fort-de-France, on me disait que c'était même un trafic qui était monstrueux et qui gangrenait complètement la vie locale.
02:36Et donc, évidemment, le narcotrafic, ça doit être une priorité absolue de n'importe quel gouvernement aujourd'hui.
02:41Mais avec quels outils ?
02:42Avec des outils. D'abord, en donnant plus de moyens à la police judiciaire.
02:45Faire en sorte de pouvoir remonter les filières.
02:47Faire en sorte que nous puissions ne pas simplement s'attaquer à ceux qui tiennent le point de deal.
02:52Parce que la réalité, c'est que vous les enlevez.
02:55Il y en a d'autres qui les remplacent aussitôt.
02:57La main d'œuvre est assez facile à trouver.
02:59Mais arriver à s'attaquer au réseau eux-mêmes.
03:02Et faire en sorte, dans une coopération internationale, de toucher les têtes de réseau.
03:06Et donc, de mettre véritablement les moyens qui permettent d'avancer.
03:10Et rétablir, là aussi, c'est une question...
03:13On va parler du budget.
03:14La question, c'est aussi comment est-ce qu'on donne plus de moyens à la police judiciaire.
03:18Comment est-ce qu'on fait pour que la douane ait davantage de moyens ?
03:20Comment est-ce qu'on fait pour que toutes celles et ceux qui, aujourd'hui, sont en première ligne sur ces sujets-là,
03:26puissent avoir la possibilité de travailler ?
03:28Au-delà de Vincent, on avait eu aussi le témoignage ce matin de Cécilia.
03:30Elle est maman solo. Elle est prof de français.
03:32Elle est en arrêt maladie parce qu'elle n'arrive plus à faire face.
03:35Mais elle dit également qu'elle a dû quitter son propre logement.
03:38Elle vivait à la Belle de Mais, à Marseille, parce que trop dangereux,
03:41parce que trop menaçant, y compris pour sa petite-fille de 5 ans.
03:45Mais elle dit que le problème est beaucoup plus global.
03:47C'est que moi, je n'ai pas les moyens, avec mon salaire de prof,
03:49de pouvoir me loger dans un quartier où il y aurait plus de sécurité.
03:52Et donc, c'est un cercle vicieux.
03:54Est-ce que, là aussi, vous le voyez comme un problème global ?
03:57Bien sûr. Mais ce qui est terrible, c'est que les premières victimes du narcotrafic
04:01ne sont pas des gens qui sont dans les beaux quartiers.
04:05Celles et ceux qui sont les premières victimes,
04:07ce sont les gens qui vivent dans des quartiers modestes,
04:09dans des quartiers HLM où s'installent les points de deal
04:13et qui, d'ailleurs, viennent souvent fournir les beaux quartiers
04:16qui, eux, viennent chercher simplement à s'approvisionner.
04:18Donc, on a là un problème qui est extrêmement douloureux
04:22pour des populations qui ne peuvent pas entrer dans leurs immeubles.
04:25Je suis dans une commune où on cherche à éradiquer aussi la drogue
04:30sous toutes ses formes.
04:32Et c'est vrai que c'est un mal endémique, qu'on a besoin de travailler,
04:34qu'on a besoin aussi de faire coopérer les services
04:36parce qu'il faut s'attaquer aux portefeuilles,
04:38comme s'attaquer aussi à ceux qui sont...
04:40Vous ne faites pas partie de ceux qui seraient pour une légalisation du cannabis ?
04:44Mais aujourd'hui, on n'en est plus au cannabis, en réalité.
04:47Sur cette question-là, je sais que ça a été longtemps un débat au Parti socialiste.
04:50C'est quoi votre position aujourd'hui sur la question de la légalisation du cannabis ?
04:53La position du Parti socialiste, c'est qu'on doit expérimenter
04:56la question de la légalisation du cannabis
04:58pour pouvoir soulager les services de police sur cette question-là,
05:01sur une drogue qui n'entraîne pas forcément
05:05une forme de passage à d'autres drogues plus dures.
05:10C'est-à-dire quoi une expérimentation ?
05:12Vous expérimentez sur la durée, sur un certain espace ?
05:17Sur des territoires, et voir ce qu'il se passe,
05:19et arriver à démanteler, parce qu'aujourd'hui...
05:21Ça veut dire que potentiellement, certains départements de France
05:24auraient une drogue légalisée, et d'autres départements, non ?
05:28On pourrait regarder effectivement si on ne peut pas,
05:30dans certains départements, certaines villes,
05:32faire ce que d'autres pays en Europe font. Pourquoi ?
05:34Parce qu'aujourd'hui, le narcotrafic gangrène complètement la vie des cafés.
05:39Et vous feriez ça à Marseille, par exemple ?
05:40Vous tenteriez à Marseille de légaliser le cannabis ?
05:42Mais je ne sais pas, c'est pas moi qui décide...
05:44Non mais vous dites, on pourrait l'expérimenter dans certaines villes.
05:46Moi j'essaie de comprendre ce que ça veut dire concrètement.
05:49Ça veut dire que vous avez aujourd'hui des pays en Europe
05:51où le cannabis est en réalité légalisé, et où on consomme moins qu'en France.
05:56En France, on est dans un paradoxe incroyable,
05:59c'est que nous avons à la fois le pays le plus prohibitif,
06:02et en même temps le pays où il y a le plus grand nombre de consommateurs.
06:04Et donc il y a un moment où il faut se poser des questions.
06:06Aujourd'hui, on mobilise la police sur des sujets qui sont parfois
06:10des sujets moins importants.
06:12Donc moi je préférais qu'on s'intéresse au trafic de drogue,
06:15notamment cocaïne, cocaïne, héroïne...
06:17Mais Olivier Faure, ça veut dire qu'à titre personnel,
06:20vous êtes favorable à la légalisation du cannabis,
06:24ou est-ce que vous aimeriez commencer par l'expérimenter
06:26sur certains territoires de France ?
06:27Si vous étiez vous, aujourd'hui vous feriez quoi ?
06:29Ce que je cherche à faire, c'est que je souhaite que nous puissions
06:34démanteler aujourd'hui une économie qui est une économie de la drogue.
06:37Et cette économie, elle tient des quartiers entiers.
06:40Vous avez ceux qui sont les gofasses, qui transportent,
06:43vous avez les guetteurs, vous avez les nourrisses
06:45qui conservent la drogue dans leurs appartements,
06:47vous avez les vendeurs.
06:48Donc vous avez tout un système qui s'est installé.
06:50Comment est-ce qu'on brise cette économie ?
06:52J'essaie d'imaginer comment on se retrouve en France
06:55avec une ville où ce serait légal et une ville où ce ne serait pas légal.
06:57C'est compliqué quand même.
06:59C'est compliqué.
07:00Je n'ai pas aujourd'hui les moyens de vous raconter
07:03comment ça se passerait réellement.
07:05Ce n'est pas à moi de l'indiquer.
07:07Je ne suis pas expert en la matière.
07:08Simplement, ce que je vous dis, c'est que philosophiquement...
07:10Mais personne n'est expert en la matière.
07:12Simplement, vous êtes responsable politique.
07:13Vous avez réfléchi à cette question ?
07:15J'ai réfléchi à cette question.
07:16Je vois ce qu'il se passe ailleurs.
07:17Je vois que nous avons aujourd'hui trop de moyens consacrés au cannabis
07:20alors qu'il faut s'attaquer à des grands réseaux
07:22et faire en sorte que nous puissions nous mobiliser pleinement
07:25et faire en sorte que nous puissions avancer sur ce sujet
07:28qui est un sujet qui mine la vie de nos concitoyens
07:30et qui est aujourd'hui un sujet central
07:33sur lequel nous devons porter des réponses.
07:35Et vous parliez, Olivier Faure, à l'instant de la question des ressources, du budget.
07:40La bataille commence à partir de ce soir et de demain.
07:44Il y a 1900 amendements qui ont été déposés
07:46et plus de la moitié par le Nouveau Front Populaire
07:49dont la majeure partie par le Parti Socialiste.
07:52Les mesures phares par lesquelles vous aimeriez augmenter les recettes de l'État,
07:57ce serait, si j'en crois les amendements,
07:59le retour d'un impôt sur la fortune renforcé,
08:02le durciment de l'exit-tax contre l'exil fiscal,
08:06la taxation des héritages dorés, des super-dividendes.
08:09D'abord, c'est quoi un impôt sur la fortune renforcé ?
08:13C'est-à-dire qu'il ne rapporte plus 3 ou 4 milliards,
08:15il en rapporte 15.
08:16Ça veut dire que vous baissez la limite d'arrivée ?
08:19Non, ça veut dire qu'il est progressif.
08:21Ça veut dire que plus vous êtes riche et plus vous payez.
08:23Ce qui paraît assez logique.
08:25Et quand on dit plus vous payez, on n'est pas en train de spolier les gens.
08:29Pour quelqu'un qui aurait, par exemple, un patrimoine de 10 millions d'euros,
08:32on lui prendrait 1%.
08:34Donc vous voyez qu'on n'est pas non plus en train d'arriver avec le couteau entre les dents
08:39et de chercher à étouffer des gens qui auraient eu la chance de gagner de l'argent.
08:43Ce que je dis simplement, c'est que nous avons aujourd'hui,
08:46et c'est simple à vérifier, 500 familles, les plus riches de France,
08:51qui en 7 ans, pendant la durée du mandat d'Emmanuel Macron,
08:54ont vu leur fortune doubler.
08:56Pas simplement augmenter, je dis bien doubler.
08:59Et on parle de quoi ?
09:00On parle d'un passage de 600 milliards à 1 200 milliards.
09:04Donc quand on reprend 15 milliards là-dessus,
09:06je pense que ces gens-là vont pouvoir continuer à partir en vacances,
09:10à pouvoir s'acheter le 8e yacht, le 9e hôtel particulier,
09:13ça va bien se passer pour eux.
09:15Donc il y a un moment où, plutôt que d'aller chercher à taxer les retraités,
09:19les malades, les handicapés, etc.,
09:21le mieux ce serait de faire en sorte qu'on taxe les retraités.
09:24– Les retraités, certains rapports, y compris au sein de la Cour des comptes,
09:28disent de réduire une forme de niche fiscale pour les retraités
09:33qui ont 10% d'abattement sur leurs impôts,
09:37de la réduire pour les retraités les plus aisés.
09:39Est-ce que vous y êtes favorable ?
09:41– A contrario, ça veut dire quoi ?
09:42Ça veut dire qu'aujourd'hui, la mesure gouvernementale,
09:45elle touche tous les retraités.
09:47C'est-à-dire que tous les retraités vont y passer
09:49et vont perdre en moyenne 150 euros dans cette opération.
09:54C'est un scandale absolu.
09:56Les retraités, ce sont des gens qui ont travaillé toute leur vie,
09:59à qui nous devons une reconnaissance,
10:01et qui n'ont pas d'autres moyens, ils ne peuvent pas se refaire,
10:03ils n'ont pas changé de travail, ils ne vont pas avoir d'autres revenus.
10:06– Ils ne vont pas se remettre à bosser.
10:07Ça veut dire que cet abattement de 10%,
10:09vous voudriez ne le supprimer que pour les plus aisés.
10:14On est d'accord ?
10:15– Je ne sais pas à combien on chiffre,
10:17puisque ce que j'ai lu ce matin ne fixe pas le niveau
10:20auquel seraient astreints les retraités
10:23qui perdraient l'abattement de 10%.
10:25Je veux voir quel est ce niveau-là.
10:26Mais il y a une évidence au fait qu'il faut protéger
10:29les petites retraites, évidemment, les retraites moyennes,
10:32parce que quand on est retraité, on n'est pas forcément riche.
10:35Maintenant, ce que je veux dire, c'est que ça ne s'arrête pas là,
10:37cette histoire, parce qu'on nous parle de mesures,
10:40on nous a dit c'est 20 milliards sur les plus riches,
10:42et puis c'est 40 milliards d'économies.
10:44Simplement, ce qu'on découvre au fur et à mesure,
10:46c'est que ces économies, elles visent d'abord les Français
10:49dans leur immense majorité.
10:50On l'a vu que ça va être le ticket modérateur,
10:53donc on paiera plus cher la visite chez le médecin,
10:56et quand on n'a pas de mutuelle, ça sera 12 euros de plus.
10:5912 euros !
11:01Alors imaginez le nombre de gens qui vont renoncer aux soins
11:04parce qu'ils n'ont pas de mutuelle.
11:06Et ceux qui ont une mutuelle, ils vont voir les cotisations augmenter.
11:10Mais on peut continuer avec les chômeurs
11:12qui vont se prendre une nouvelle réforme de l'assurance chômage.
11:14Moins d'indemnités, moins longtemps.
11:16Vous pouvez continuer avec aussi désormais
11:20ce qu'on voit apparaître, c'est-à-dire la perte
11:23pour les collectivités locales.
11:25Alors évidemment, ça fait pleurer personne.
11:26On parle de 5 milliards pour les collectivités locales.
11:28Ce sera plutôt 10 en réalité, 10 milliards.
11:30Et c'est entre 8 et 10 milliards.
11:32Eh bien, ces 10 milliards,
11:34ce n'est pas simplement des collectivités qui vont perdre de l'argent.
11:37C'est l'argent pour les cantines scolaires.
11:39C'est l'argent pour le transport scolaire.
11:41C'est l'argent pour les EHPAD à but non lucratif.
11:43C'est l'argent pour l'aide à domicile.
11:45C'est l'argent pour l'aide à l'enfance en danger.
11:48Voilà ce que cela menace aujourd'hui,
11:50et donc ces économies, elles se font bien
11:52sur le dos des Françaises et des Français.
11:54C'est leurs services publics qui vont être,
11:56évidemment, à nouveau abaissés.
11:59C'est ce qui se passe avec les 4 000 suppressions d'emplois
12:01dans l'éducation nationale.
12:03On voit bien que cette histoire-là, elle a un impact direct.
12:05Et même si ce n'est pas un impôt,
12:07au sens où on l'entend, ce n'est pas quelque chose
12:09qu'on verra sur sa feuille d'imposition,
12:11la réalité, c'est que c'est un prélèvement sous d'autres formes
12:13pour les Français.
12:15C'est un impôt sur leur vie, sur la maladie, sur la retraite.
12:17C'est un impôt qui est un impôt généralisé
12:19sur les Français, malheureusement,
12:21les plus modestes et les classes moyennes.
12:23Olivier Faure, le Doliprane,
12:25qui va donc passer sous pavillon américain,
12:27puisque la moitié
12:29de la filière
12:31qui produit le Doliprane
12:33va être vendue à un fonds de pension américain.
12:35Hier, Emmanuel Macron et Bercy
12:37ont dit exiger des gages pour accepter
12:39la vente aux fonds d'investissement américains.
12:41CDER, est-ce que ça vous rassure ?
12:43Ça vous rassure, vous ?
12:45Je demande des gages, en effet.
12:47Et quand on regarde effectivement ce qui s'est passé,
12:49et j'imagine que c'est là que vous voulez en venir,
12:51il y a un certain nombre de pavillons
12:53américains qui étaient passés.
12:55Pendant les premières années, en général, ça se passe bien.
12:57C'est pas très bien passé.
12:59General Electric, quand ils reprennent Alstom,
13:01ils promettent 1 000 emplois,
13:03ils en créent 28.
13:0530, oui.
13:07Allez, passerons à 30, on est moins du compte.
13:09C'est ridicule par rapport aux promesses
13:11de 1 000 emplois.
13:13Quand Alcatel est cédé à Nokia, qu'est-ce qui s'est passé ?
13:15Rien, aucun engagement n'a été tenu.
13:17Et je vois qu'en fait, le fonds américain
13:19dont on parle, c'est pas un fonds inconnu.
13:21C'est un fonds qui détient, en France,
13:23but et confort à main.
13:25Qu'est-ce qui s'est passé ?
13:27Il n'y a pas eu de revente
13:29et il n'y a pas eu de perte d'emploi.
13:313 000 emplois perdus.
13:33Alors, but ?
13:353 000 emplois perdus.
13:37En Grande-Bretagne,
13:39ils ont repris
13:41un distributeur, ça a été
13:43moins 9 000 emplois.
13:45Donc, on voit bien que ce fonds
13:47de pension n'est pas
13:49un fonds altruiste
13:51pour sauver l'emploi.
13:53Si Macron et Bercy disent qu'ils vont exiger
13:55des gages,
13:57ça ne vous rassure pas du tout.
13:59Mais vous feriez quoi ?
14:01Vous diriez quoi à Sanofi ?
14:03T'as interdiction de vente ?
14:05Mais d'abord, cette histoire, vous la connaissez,
14:07il y avait deux fonds qui étaient
14:09face à face.
14:11Il y avait un fonds français qui présentait
14:13une offre exactement comparable
14:15et un fonds américain.
14:17Pourquoi a-t-on choisi, pourquoi Sanofi
14:19a choisi le fonds américain ?
14:21Pourquoi vous auriez exigé que ce soit le fonds français ?
14:23Je ne peux pas, en tant qu'État,
14:25exiger que ce soit tel ou tel qui soit
14:27pris. En revanche, ce que je peux dire,
14:29c'est que je m'oppose à la vente
14:31au fonds américain, parce qu'il y a là
14:33un problème de souveraineté.
14:35Imaginons en effet que ce soit ce scénario qui ait été
14:37choisi, c'est-à-dire le fonds
14:39PAI, qui est un fonds français.
14:41Je vous aurais eu face à moi
14:43ce matin et je vous aurais dit, est-ce que, franchement,
14:45vous pensez qu'il est français ? Parce que quand on regarde la composition
14:47de ce fonds PAI
14:49français, entre guillemets, il est domicilié
14:51au Luxembourg et il est soutenu par deux fonds,
14:53l'un d'Abu Dhabi et l'autre de Singapour.
14:55Oui, mais je ne suis pas en train de vous dire,
14:57c'est pour ça que je vous ai dit à l'instant que je n'étais
14:59pas là pour faire la promotion de tel ou tel.
15:01Non, mais en fait, ce que je veux dire, c'est que, honnêtement,
15:03même vous, vous auriez dit quoi ? Vous auriez préféré,
15:05oui, vous auriez pu dire, il est français, mais
15:07quand on grattait un peu, il n'était pas français.
15:09Il a aussi des salariés en France, et ce que je sais,
15:11c'est que, enfin, ce que je
15:13me souviens très bien de ce qu'avait dit le
15:15PDG de Sanofi, déjà à l'époque
15:17du vaccin, où il avait dit
15:19en fait, si le vaccin
15:21est découvert par Sanofi,
15:23on fixera un privilège
15:25d'attribution
15:27aux Américains avant même les Français.
15:29Donc moi, ce que je dis, c'est qu'à un moment...
15:31Vous redoutez au fond qu'un jour, les Français eux-mêmes ne soient pas
15:33prioritaires sur le Doliprane. Mais absolument, et
15:35je sais que nous avons eu des pénuries de
15:37Doliprane et de paracétamol,
15:39que nous ne pouvons pas nous priver de ce médicament
15:41qui est le plus vendu en France, et
15:43qu'à un moment, il faut effectivement
15:45faire des choix et
15:47considérer que la souveraineté
15:49industrielle et sanitaire... Vous auriez ardutré, mais vous voyez bien
15:51que les choses sont quand même plus compliquées qu'elles
15:53n'en ont l'air, y compris sur le fond français.
15:55Je dis simplement qu'il y a là quand même matière
15:57à choix, et qu'il y a la possibilité
15:59pour le gouvernement de s'opposer à cette vente,
16:01qui ne se justifie pas rien,
16:03si ce n'est par la volonté de Sanofi de se
16:05recentrer sur les activités qui font
16:07beaucoup de profit, et de...
16:09Pardon, mais de se laisser dépecer
16:11du reste. Et donc, il y a là un dépossage
16:13industriel qui a des
16:15conséquences sanitaires qui n'est pas
16:17supportable par la France.
16:19Olivier Faure, augmenter la durée de détention
16:21en centre de rétention administratif,
16:23y êtes-vous favorable ?
16:25Non, je
16:27ne suis pas favorable à cela, pour une raison simple,
16:29c'est que la question, ce n'est pas d'augmenter
16:31la durée de rétention, c'est de faire en sorte que les
16:33laissés-passer consulaires arrivent plus vite.
16:35Et là...
16:37Oui, mais là-dessus, vous n'aurez pas de marge, parce qu'en fait, c'est les pays qui décident la seule
16:39chose sur laquelle vous, vous avez une marge en France,
16:41c'est la durée de rétention.
16:43Si on veut bien travailler au niveau de l'Union Européenne,
16:45avec les pays qui sont les pays originaires,
16:47et qu'on puisse avoir une politique
16:49qui soit une politique de fermeté,
16:51mais aussi de compensation
16:53pour ces pays, je pense qu'il y a de la matière là à avancer.
16:55Je vais préciser les chiffres.
16:57Aujourd'hui, c'est 90 jours,
16:59en France. En Allemagne, c'est 210.
17:01Et l'Europe autorise
17:03à ce que ces durées de détention en
17:05centre de rétention administratif aillent jusqu'à
17:07500. Donc on fait partie des plus restrictifs
17:09la France. Oui, absolument, et parce qu'on est
17:11un pays qui est aussi celui des droits de l'homme, et qu'on ne
17:13maintient pas dans un centre de rétention des enfants,
17:15des femmes, des individus
17:17qui sont... Enfin, je ne sais pas si vous avez
17:19déjà visité un centre de rétention administratif,
17:21mais franchement, c'est...
17:23Enfin, c'est des conditions d'accueil
17:25et de maintien qui sont
17:27complètement... Donc on maintient
17:29ce chiffre
17:31de 90 jours au maximum. Ce que je voulais vous dire, c'est que
17:33aujourd'hui, ce dont on se rend compte,
17:35c'est que soit les laissés-passés consulaires
17:37arrivent dans ces délais,
17:39soit ils n'arrivent jamais. Et donc,
17:41ce maintien en rétention, c'est tout simplement
17:43reculer pour ne sauter... Je ne pense pas qu'on passerait à...
17:45On a mis, évidemment, le drame
17:47de Philippines avec
17:49un laissé-passé qui est arrivé quelques jours après.
17:51Mais effectivement, c'était aussi un problème de procédure.
17:53Mais là, en l'occurrence, il y avait
17:55la possibilité d'un recours supplémentaire. On pouvait encore
17:57rallonger, et c'est en réalité,
17:59parce que les autorités n'ont pas souhaité
18:01prolonger ce délai de rétention,
18:03parce qu'il n'a pas été prolongé. Mais c'était possible
18:05avec la loi actuelle. Donc, on n'a pas
18:07besoin d'aller jusqu'à 210 jours, jusqu'à 500 jours
18:09si on va jusqu'aux exemples que vous donnez.
18:11Quel est l'intérêt ?
18:13Donc, évidemment, pas besoin d'une nouvelle loi,
18:15puisque c'est pour rallonger ce délai
18:17que le gouvernement justifie
18:19une nouvelle loi immigration.
18:21Oui, je ne veux pas non plus qu'on laisse penser qu'il y aurait, de ma part, une forme de laxisme.
18:23Ce que je dis, c'est que, par exemple, dans l'affaire Philippines,
18:25il fallait, de toute façon,
18:27faire en sorte de ne pas laisser sortir
18:29de prison, et non pas du centre de rétention,
18:31de prison, l'assassin,
18:33avant même d'avoir reçu le
18:35laissé-passer consulaire. Là, il y a eu un dysfonctionnement.
18:37Mais ne laissons pas penser
18:39que le fait de délargir les délais
18:41en centre de rétention garantirait
18:43quoi que ce soit. Ça n'est malheureusement pas le cas.
18:45Dans votre programme du Nouveau Front Populaire, il y avait
18:47l'abrogation de la loi immigration. Donc,
18:49non seulement pas une nouvelle loi, mais l'abrogation
18:51de la loi qui existait jusqu'à présent.
18:53Vous maintenez ? Je maintiens.
18:55Et est-ce que vous savez ? Enfin, là, on voit,
18:57on nous parle désormais d'une nouvelle loi
18:59immigration. Au fond,
19:01ce qui se passe dans ce pays, c'est que
19:03quand Marine Le Pen
19:05tousse, tout le gouvernement s'enrume.
19:07Et on a une nouvelle
19:09loi qui va venir où on nous dit
19:11qu'elle reprendrait
19:13les articles qui étaient censurés par
19:15le Conseil constitutionnel. Vous vous souvenez ?
19:17Il y a eu 35 articles sur 89
19:19qui ont été censurés par le Conseil constitutionnel.
19:2135 sur 89. Et parmi
19:23les horreurs... C'est une loi Marine Le Pen ?
19:25Pour vous, c'est une loi Marine Le Pen ? C'est une loi pour
19:27Marine Le Pen ? C'est une loi qui est faite
19:29pour donner des gages à l'extrême droite,
19:31permettre à l'extrême droite de voter le budget,
19:33parce que, évidemment, le deal
19:35explicite maintenant
19:37entre Michel Barnier,
19:39Emmanuel Macron et Marine Le Pen, c'est
19:41pétrole contre nourriture. Et donc,
19:43là, en l'occurrence, c'est loi immigration
19:45contre budget. Et qu'est-ce qu'on va retrouver
19:47dans cette loi ? Si vraiment, ce que dit
19:49M. Rotaillot est ce qu'il a l'intention de faire.
19:51Parce que dans les articles censurés, il y avait quoi ?
19:53Il y avait la caution demandée
19:55pour les étudiants étrangers, pour être sûrs qu'ils repartent.
19:57Mais tout le monde avait dit,
19:59même dans le gouvernement de l'époque, que c'était une aberration.
20:01Ils veulent le remettre.
20:03Alors que nous avons besoin des étudiants étrangers
20:05parce qu'ils participent au rayonnement
20:07et à l'attractivité de la France. Il y avait
20:09la fin du droit du sol pour les
20:11enfants nés en France. Donc, on va fabriquer des étrangers
20:13sur notre propre territoire. Il y avait
20:15la préférence nationale, ce vieux principe
20:17porté par Jean-Marie Le Pen
20:19et qui est aujourd'hui
20:21officialisé par cette majorité.
20:23C'est le temps d'y revenir mais ce n'est pas exactement
20:25la préférence nationale à proprement parler.
20:27C'est aussi le fait d'avoir 5 ans
20:29justifié de travailler pour pouvoir
20:31y avoir accès. Ça s'appelle la préférence nationale.
20:33C'est ce qu'a porté en très longtemps
20:35Jean-Marie Le Pen. Aujourd'hui d'ailleurs...
20:37C'est le cas du RSA par exemple en France.
20:39C'est le cas aussi pour les allocations familiales.
20:41Vous ne pouvez pas les toucher si vous n'avez
20:43pas d'enfant
20:45résident en France, si vous avez
20:47moins de 2 ans et demi
20:49si vous travaillez,
20:51si vous ne travaillez pas.
20:53Donc vous vous opposerez à cette
20:55nouvelle loi comme vous vous étiez opposé
20:57à la précédente. Merci Olivier Faure
20:59d'être revenu dans ce studio ce matin.
21:01Premier secrétaire du Parti Socialiste.