Lundi 14 octobre 2024, HR MAKERS reçoit Mahdi Boukennat (Directeur des relations sociales, Auchan Retail) , Régis Mulot (Vice-Président Exécutif et Directeur des Ressources Humaines, Ipsen) et Christian Lambert (Vice-Président Stratégie et Relations Sociales, Schneider Electric)
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00:00Bonjour, bienvenue sur le plateau Hedgehard Makers. Aujourd'hui, on fait le point sur
00:17l'intelligence artificielle. Vous le savez, elle fait partie intégrante de nos vies professionnelles.
00:21Toutefois, comment les entreprises la régulent-elles ? Et surtout, comment s'inscrit-elle comme
00:26un acteur majeur du dialogue social de demain ? Pour en parler aujourd'hui, j'ai le grand
00:30plaisir de recevoir sur ce plateau Christian Lambert, VP Stratégie et Relations Sociales
00:35chez Schneider Electric. Bonjour Christian. Bonjour. Mehdi Boukhena, Directeur des Relations
00:40Sociales chez Auchan Retail. Bonjour Mehdi. Bonjour. Et Régis Mulot, Directeur des Ressources
00:45Humaines du groupe Ipsen. Bonjour Régis. Merci messieurs d'avoir accepté cette invitation.
00:50On fait le point sur l'usage de l'intelligence artificielle en octobre 2024. Où en êtes-vous
00:56exactement au sein de vos organisations ? Quel usage en faites-vous ? Et peut-être même déjà,
01:02quels échecs avez-vous connus avec elle, avec certains des outils ? Régis, on va commencer
01:09par vous chez Ipsen. Que fait-on avec l'intelligence artificielle ? L'intelligence artificielle,
01:13tout d'abord, c'est à la fois un sujet d'actualité, mais ce n'est pas quelque chose de nouveau.
01:17Qu'est-ce qu'on fait avec l'intelligence artificielle ? On est une entreprise pharmaceutique,
01:21donc beaucoup de données, données de patients, données dans le cadre de la recherche. En effet,
01:27l'intelligence artificielle, en termes d'automatisation des données, de recherche des
01:31données, de modélisation, fait partie de notre quotidien. Nous avons aussi des usines. L'intelligence
01:40artificielle, surtout ces dernières années, a joué un rôle clé pour l'amélioration des systèmes de
01:44maintenance, etc. Après, sur la partie plutôt ressources humaines et individuelles... Et l'intelligence
01:53artificielle dite générative. Dite générative, ça c'est nouveau. C'est certain que la partie
01:57générative, c'est nouveau. Chez nous, c'est depuis un an à peu près, ou on dirait comme dans la vie
02:05privée, on commence à utiliser ce genre d'outils. Et on l'utilise aujourd'hui, on l'a démocratisé,
02:10on encourage l'ensemble des salariés à travers le monde, on est 5 000 personnes, à l'utiliser,
02:16mais dans un cadre fermé. Aujourd'hui, pour des raisons de sécurité, de sécurité des données,
02:24c'est fermé. Beaucoup de travail de formation, d'encouragement des salariés aussi à réfléchir,
02:34qu'est-ce qu'on peut faire avec l'IA générative ? Des groupes pilotes, des groupes de travail qui
02:41impliquent à la fois les salariés par division. En fait, on essaie d'approcher l'impact de l'IA
02:49générative au lieu de le faire au niveau de l'entreprise, même s'il y a en effet un framework,
02:54un cadre. C'est vraiment au niveau de chaque division, de chaque métier, de dire qu'est-ce
02:58que ça veut dire pour vous ? Qu'est-ce que vous pouvez en faire ? Mais l'approche, notre approche
03:03en général chez Ibsen, c'est de dire que c'est un outil pour vous accompagner, un outil pour vous
03:10aider à faire votre travail ou remplir vos missions, pas automatiquement un outil qui va
03:16totalement transformer votre travail, mais qui va vous aider à le faire de façon plus efficace.
03:23Complètement. On va revenir sur l'usage par les collaborateurs de l'IA. Chez Schneider,
03:30comment ça se passe ? Chez Schneider Electric, c'est un grand groupe industriel qui se transforme
03:35pour devenir le leader de la tech industrielle. Combien de collaborateurs France et monde ?
03:42Nous sommes 135 000 dans le monde et 15 000 collaborateurs en France. On a un objectif
03:47principal qui est d'accompagner nos clients et l'ensemble des autres entreprises du groupe dans
03:55la transformation énergétique. C'est vraiment un point qui est au cœur de l'actualité, qui a
04:01commencé il y a trois ans. Juste peut-être pour donner des exemples. Aujourd'hui, on travaille
04:08avec l'IA sur deux voies. La première avec l'extérieur et la deuxième avec nos collaborateurs.
04:17Un exemple avec l'extérieur. Aujourd'hui, toujours dans le cadre de la transition énergétique,
04:24que ce soit dans le domicile, que ce soit dans les entreprises, dans les bureaux, on a à faire
04:31notamment une certaine déperdition de l'énergie. Chacun et chacune des fois laisse le chauffage 24
04:37heures sur 24. Et là, notre objectif maintenant, c'est de mettre sur le marché des outils connectés,
04:43des outils connectés entre eux, qui vont capter de la data et qui vont réguler l'ensemble de cette
04:49consommation d'énergie. Ça, c'est un premier exemple. Un deuxième pour nos collaborateurs,
04:55notamment dans le monde RH. On travaille avec un outil qui s'appelle OTM, Open Talent Market,
05:02où chaque collaborateur, c'est-à-dire nos 135 000 collaborateurs dans le monde, a la possibilité de
05:09renseigner cet outil ou d'implémenter son CV en précisant ses souhaits d'évolution, de mobilité
05:17géographique. Et grâce à cet outil, on va ouvrir le champ des possibles. Chaque collaborateur va
05:22pouvoir se voir offrir certaines propositions, soit de poste, soit de mission, soit de formation.
05:29Donc, voilà un peu ce qu'est l'utilisation de l'IA et du digital chez Schneider.
05:36Oui, déjà bien avancé.
05:37Très avancé, tout à fait.
05:38Mais chez Auchan, alors là, il y a aussi deux sortes de populations.
05:43Absolument. Donc, entreprise de la grande distribution avec effectivement une typologie
05:50de métiers et de populations différentes. On a des employés, par exemple, en magasin et une
05:57population plus d'encadrement dans les services, dans les services de support. Et vous l'avez dit,
06:02il y a deux types d'IA. L'automatisation, qui a été citée tout à l'heure, qu'on utilise nous,
06:10qu'on utilise nous pas mal. Donc, en exploitation magasin, pour ceux qui fréquentent les magasins,
06:17il y a l'automatisation des caisses, par exemple, qui fait appel évidemment à de l'IA, ce qui
06:23appelle à une transformation des métiers. Il y a un enjeu d'employabilité derrière et je pense
06:29qu'on en reparlera juste après. En service support, on utilise aussi l'IA pour la data et
06:34notamment la data RH, tout ce qui est bilan social de l'entreprise, notre turnover,
06:42notre absentéisme. Donc, c'est l'IA qui traite cette donnée et qui doit être de plus en plus
06:50fiable pour qu'on puisse la traiter. Côté IA générative, on est aux prémices. Donc, il y a
06:58pas mal de personnes, évidemment, qui l'utilisent à titre individuel. De manière collective, on est
07:04au stade des réflexions pour savoir de quoi parle-t-on quand on parle d'IA, comment on peut
07:10l'utiliser, comment on la rend complémentaire aussi avec l'homme et la femme et cette IA
07:17artificielle, l'intelligence artificielle. Donc, à titre individuel, il y en a qui l'utilisent,
07:24notamment aux ressources humaines. On n'a pas encore quelque chose de collectif à ce stade,
07:32puisque ça a été souligné également, il y a un sujet de protection de la donnée. Donc,
07:39quand nos données partent dans la nature, comment on la protège, que ce soit les données de
07:45l'entreprise ou les données personnelles de certains salariés liées à la RGPD.
07:50Justement, faisons le point un petit peu sur les collaborateurs. Comment est-ce qu'ils vivent cet
07:56impact de l'intelligence artificielle ? Des études montrent que beaucoup de collaborateurs
08:02utilisent l'intelligence artificielle sans même le signaler à leurs responsables, sans que
08:06l'entreprise, finalement, soit au courant. Bien évidemment, il y a un risque très important sur
08:10la sécurisation des données, mais peut-être aussi vous font-ils des retours sur leurs peurs,
08:15leurs craintes ? Bien évidemment, on pense aux caissiers et aux caissières, par exemple,
08:18chez Auchan, de leur métier à venir. Comment est-ce que vous vous emparez de ce sujet ? Christian.
08:23Côté Schneider Electric, peut-être en termes de retour, l'IA est dans les discussions de tout
08:31à chacun, que ce soit dans la vie familiale, dans la vie de l'entreprise. Peut-être juste un chiffre
08:38à retenir. Lorsque l'IA est apparu il y a quelques mois, voire quelques années, en 2-3 mois, il y a
08:45eu 100 millions d'utilisations. Comparé et ramené dans les années 90 avec le World Wide Web, donc
08:51le 3W, il a fallu environ 7 ans pour avoir le même nombre d'utilisations. Donc, on voit que le
08:58phénomène est amplifié, donc ça rentre maintenant dans la culture des gens. Alors, ce ne sont pas
09:03100 millions d'experts, mais c'est 100 millions de personnes qui découvrent et qui voient à quoi
09:09correspond notamment l'IA. Le rôle de l'entreprise dans la première vocation, c'est déjà de démystifier
09:16ce qu'est l'IA, sachant qu'il y a beaucoup d'informations qui circulent. Dans une entreprise,
09:23il faut toujours se baser non pas sur du sentiment, mais sur des faits, et de donner de la vision aux
09:29collaborateurs. Et cette vision, ça doit reposer à la fois sur de l'aspect quantitatif et qualitatif.
09:35Quantitatif, c'est-à-dire est-ce qu'il y a un impact quantitatif sur l'emploi, et qualitatif,
09:40en clair, est-ce qu'il y a des évolutions de compétences ? Aujourd'hui, chez Schneider,
09:46ce n'est qu'une conséquence positive, un impact positif. Donc, on a créé dans le monde
09:51quasiment 400 emplois en peu de temps, et on a signé avant l'été, donc en juillet, un accord
09:59GEPP qui fait suite à une discussion et une négociation avec nos organisations syndicales,
10:05donc signées par quatre organisations syndicales en France, et qui donne cette vision, c'est-à-dire
10:11qui traduit en termes de chiffres et de compétences l'impact de l'évolution de la stratégie
10:17de l'entreprise, comme je vous l'ai exposé il y a quelques minutes. Oui, très bien. Régis,
10:22de votre côté ? Oui, alors nous, on a eu une approche un peu comme chez Schneider,
10:27ça a été de démystifier l'IA, et plus récemment l'IA générative. Vous savez comment c'est ? Il y
10:35a quelques années avant l'IA générative, qui était à travers des formations qui étaient à
10:42la disposition de l'ensemble des salariés, quel que soit le salarié, avec différents types
10:46de formations. Certains, c'était juste la découverte, comprendre à quoi ça sert, qu'est-ce que c'est,
10:51ses limites, ses dangers aussi. Et puis bon, il y avait des formations plus avancées sur des
10:57personnes qui utilisaient l'IA en général, surtout sur les parties data. On a relancé,
11:02justement il y a deux ou trois semaines, une nouvelle académie digitale, justement pour tenir
11:07compte de l'IA générative. Mais de nouveau, comme je pense chez Schneider Electric, chez Ibsen,
11:14aujourd'hui le retour des collaborateurs est positif. Les salariés nous ont forcés à aller
11:24plus vite peut-être que ce que nous souhaitions. En effet, les fameux 100 millions, enfin je pense
11:29que nous sommes inclus dedans, on l'utilisait, peut-être qu'on commençait à l'utiliser au
11:33niveau personnel, commençait à l'utiliser au niveau professionnel, avec tous les dangers qui
11:38étaient associés, de protection des données, etc. Donc ça nous a forcé à aller plus vite qu'on
11:43le souhaitait, de mettre en place une charte très très rapidement, une charte digitale, où même on
11:48n'avait pas, nous n'avions pas encore décidé de quel outil nous allions utiliser, nous avions déjà
11:53la charte en disant attention, voilà. Aujourd'hui il y a beaucoup d'avantages à utiliser ce genre
11:59d'outils, mais il y a aussi un certain nombre de risques. Aujourd'hui c'est vu pour le moment en
12:04tout cas comme quelque chose de positif, un outil, je vais faire un peu d'anglais, un enabler, et non
12:12pas une menace. Chez Auchan ? Alors chez Auchan, et je rejoins mes collègues, le premier point c'est
12:21démystifier. C'est quoi l'IA, à quoi sert-elle, comment elle va être complémentaire à chacun des
12:30collaborateurs. Maintenant je vous ai dit différentes différentes typologies de population,
12:37donc évidemment quand je dis à mon caissier, ma caissière, on va automatiser les caisses tout
12:43de suite, c'est donc l'IA va me remplacer. Je l'ai dit, il y a un enjeu d'employabilité derrière,
12:51donc d'abord la démystification, c'est quoi l'IA, à quoi sert-elle, de quoi parle-t-on. Ensuite il
12:58y a un sujet, et notamment pour une population employée, où on en est encore à la lutte contre
13:03la fracture numérique, c'est-à-dire avant de parler d'IA, il faut aussi les adapter à ce qui
13:09arrive, donc il y a un vrai sujet de lutte contre la fracture numérique. Et comme chez Schneider
13:16Electric, on a cet été signé un accord de GEPP, dans lequel nous avons souhaité mettre un
13:24observatoire des métiers fort, en créant une typologie des métiers. Donc on a des métiers
13:30qui sont plutôt stables, même si dire qu'un métier est stable, c'est jamais trop vrai ou pas
13:36trop longtemps. Il y a des métiers qui sont innovants, donc ceux qui sont liés à l'IA justement,
13:40puisqu'il y a dix ans, quand on parlait d'un data scientist ou d'un data analyst, ça n'existait pas.
13:46Donc maintenant, est-ce qu'on peut encore dire que c'est un métier innovant ? Je pense que ça
13:51l'est encore, mais il y en a beaucoup sur le marché quand même. Et il y a des métiers qui
13:55sont sensibles. Et la sensibilité du métier est peut-être liée à un métier en voie de disparition.
14:01Est-ce qu'il est en voie de disparition par rapport au marché, par rapport aux pratiques ou par rapport
14:06à l'IA ? Un petit peu des trois. Et donc dans notre observatoire des métiers, prospectives métiers,
14:15quel impact peut avoir l'IA sur les métiers ? Quel plan de développement des compétences
14:21on met en œuvre pour adapter d'abord les salariés à l'IA, voire pour développer leurs compétences,
14:28et éventuellement changer de métier et être plus adapté aux typologies de métiers qu'on connaît
14:35aujourd'hui à l'échelle d'abord interprofessionnelle, ensuite au niveau de notre branche d'activité,
14:39et au niveau de notre entreprise, parce qu'on a des orientations stratégiques aussi,
14:43qui font qu'on a des enjeux métiers, des perspectives métiers qui peuvent être différentes.
14:50Ça me fait penser à une autre question, les partenaires sociaux, comment est-ce que vous
14:55travaillez avec eux sur l'enjeu de l'intelligence artificielle ? Quels sont peut-être les retours
15:00qu'ils vous font, leurs craintes ? Comment est-ce qu'on gère cette situation ? Régis peut-être ?
15:07Chez Ibsen, c'est intéressant de voir la réaction des partenaires sociaux au niveau géographique.
15:14La réaction n'est pas tout à fait la même en France et par exemple en Allemagne,
15:18en termes de relations, de dialogue social. Pour nous sûrement, c'est les deux pays où il y a un
15:23dialogue social un peu plus élaboré ou avancé, si je peux le dire. Et en Allemagne, on voit que les
15:30partenaires sociaux sont très inquiets de l'utilisation de la donnée. Donc ce n'est pas
15:37tant sur le métier ou la transformation du métier, mais c'est sur la production de la donnée. Ce n'est
15:42pas tout à fait nouveau, c'est quelque chose qui existait déjà dans le passé. Par exemple,
15:47l'utilisation d'une enquête d'opinion au sein de l'entreprise, qui va avoir accès à la donnée,
15:52etc. Et là aujourd'hui, quand on le combine avec l'intelligence artificielle générative,
15:57où c'est très puissant en termes d'analyse, on voit beaucoup de questions à ce niveau-là. Donc de
16:02l'autre côté du rein, en tout cas aujourd'hui pour moi, le dialogue social est plus autour de la
16:07protection de la donnée. Qu'est-ce qu'on va faire avec la donnée ? En France, de nouveau chez Ibsen,
16:13par rapport à ce que je disais tout à l'heure, on est plutôt dans une discussion sur l'utilisation,
16:18sur l'outil, sur comment on donne accès à l'outil. Fractures numériques, comment on s'assure qu'il
16:25n'y a pas une fracture numérique. Et des questions un peu nouvelles autour de l'impact, non pas
16:31automatiquement sur l'emploi, mais sur la charge de travail, sur la transformation du
16:37travail. Alors on les associe à plusieurs points. Le premier, c'est sur tout ce qui est l'information,
16:47la consultation sur l'évolution de la stratégie de l'entreprise et conditions de travail. Donc ça,
16:52c'est le premier point qu'on fait chaque année dans l'ensemble des entités du groupe en France.
16:58Le deuxième, c'est sur tout ce qui est GEPP. Donc on a signé un accord, mais chaque année,
17:03régulièrement on fait des commissions pour leur donner de la vision et de la clarté sur
17:09l'ensemble des données d'évolution des compétences et de l'emploi. Le troisième point, c'est sur la
17:15formation, notamment tout ce qui est plan de formation. Là, côté plan de formation,
17:20on a été aussi ambitieux, à la fois en France et dans le monde. On a des programmes de formation
17:27qui vont être calés selon différents niveaux. C'est-à-dire que chaque collaborateur chez
17:32Schenner Electric va suivre une formation, ce qu'on appelle le jeu de l'IA, qui permet de
17:37démystifier ce que je disais tout à l'heure, ce qu'est l'IA. Et ensuite, on trouve les points
17:43de formation adaptés selon la technicité. Le dernier point, c'est aussi le point de vigilance,
17:49c'est en termes de méthodologie de travail. En fait, on travaille notamment sur le principe
17:56du développement de l'IA, de la même manière, selon le même process que l'on va développer
18:01certains produits. Et je peux aussi citer notamment le baromètre de l'industrie 4.0,
18:10où on est aussi très attaché, notamment sur le ressenti de nos clients. Ou sur 100 industries
18:17questionnées en France, 100 industriels, on a 89 personnes qui ont répondu et qui répondent comme
18:25quoi ils ont déjà utilisé l'IA. Et seulement 7, donc j'insiste bien, ce n'est pas que des clients
18:32Schneider, c'est sur l'ensemble, 7 notamment estiment que le résultat n'est pas escompté.
18:37Et là, il faut juste bien analyser le gap entre « je recrois l'IA » et le résultat escompté. Et
18:46on peut arriver à la conclusion, un, un problème de formation, tant sur celui qui crée l'IA et
18:53que celui qui utilise l'IA. Et l'autre point, c'est notamment des problématiques d'interaction
18:59entre ces deux catégories de personnes. Donc notre rôle aussi en tant qu'entreprise et de
19:05développement de nouveaux produits, c'est que chacun et chacune puisse se parler pour mettre
19:10en place, j'ai envie de dire, une IA intelligente et qui a une réelle valeur ajoutée.
19:15Mehdi, vous avez déjà fait le point sur la partie GEPP, est-ce qu'il y a d'autres points avec les
19:20partenaires sociaux ? Oui, oui. Alors d'abord, on a parlé de démystifier vis-à-vis des partenaires
19:25sociaux. Je pense que c'est encore plus important. Il y a une crainte, évidemment, quand on les
19:30informe et on les consulte sur des intégrations de nouvelles technologies, etc. La première question,
19:34c'est est-ce qu'il y a un impact sur l'emploi ? Est-ce qu'il y a un impact social ? Donc après,
19:40je ne vais pas répéter ce qu'ont dit mes collègues, information, consultation. Lors de
19:44négociations, il y a quand même un volet sur l'IA qui est lié à la qualité de vie au travail,
19:50donc qui est lié aux conditions de travail. Quel impact de l'IA sur les sur les conditions de
19:56travail ? Il y a le fameux droit à la déconnexion. Tout à fait. Si j'ai trop d'IA ou j'ai trop
20:03d'outils à disposition, dans quelle mesure je vais lutter ? Mais en contrepartie, l'IA peut être un
20:08vecteur d'amélioration des conditions de travail parce que gain de temps, même si en face,
20:14on nous dira gain de productivité, mais ça n'empêche. En termes de management, pareil,
20:20l'IA qui fait gagner du temps peut permettre peut-être plus de management de proximité.
20:26Et il y a le gros sujet des risques psychosociaux. Donc, dans son ensemble,
20:30donc il faut qu'on associe nos partenaires sociaux aux différents échanges. Et quand
20:35on intègre de l'IA ou de nouvelles technologies, parce que c'est le vocabulaire qu'ils utilisent
20:40encore, vous intégrer de nouvelles technologies, il faut nous informer, nous consulter. Et c'est
20:45associé aussi certainement les commissions santé, sécurité, conditions de travail pour appréhender
20:52le sujet de l'impact conditions de travail, de l'introduction de nouvelles méthodes de travail.
20:56Complètement. Est-ce que dans l'avenir, on verra ? C'est vrai que cet enjeu sur les risques
21:04psychosociaux est très important. On parle beaucoup d'info-obésité aussi, qu'on a trop
21:09de données en même temps. Mais on évoquait tout à l'heure, Régis, la possibilité de zones blanches,
21:15peut-être, complètement sans intelligence artificielle. Est-ce qu'on va y aller dans
21:22cette logique aussi de déconnexion et de sécurisation des données ? Parce qu'on ne
21:27s'en comporte plus tout à fait de la même façon quand on sait que l'intelligence artificielle est
21:30là. Je ne sais pas, Régis, si vous voulez. Oui, je pense que, en tout cas, ce n'est pas une
21:36réflexion aujourd'hui au niveau de l'entreprise. Mais l'intelligence artificielle générative fait
21:42qu'en effet, les choses sont beaucoup plus faciles. Mais aussi, tout en fait, est mesuré. Tout ce que
21:49l'on dit, tout ce que l'on fait est capturé par ces machines, entre guillemets. Et donc la
21:57grande question, qui va pouvoir utiliser de nouveau ces données ? Dans l'entreprise ou
22:02en dehors de l'entreprise ? Parce que la plupart d'entre nous, on va bien entendu travailler avec
22:07des sociétés externes, informatiques ou autres, qui nous fournissent ces services ou ces conseils.
22:12Eux-mêmes, qu'est-ce qu'ils font de ces données ? Mais c'est vrai que ça a potentiellement un
22:17impact sur notre propre comportement. Ou aujourd'hui, OK, j'ai une réunion avec
22:25nos quatre. L'IA est présent. En fait, on est cinq dans la salle. Et il y a un certain nombre de
22:34choses qui vont sortir de cette salle, sous une forme ou d'autre. Ce n'est pas une histoire de
22:37confidentialité, mais ça peut potentiellement changer notre comportement. Si on n'est que
22:42tous les deux à se parler, on va se parler d'une certaine façon, aborder les sujets d'une certaine
22:47façon. Maintenant, on est quatre, c'est peut-être un peu plus formel. Avec l'invité IA, je ne suis pas
22:54sûr encore. Mais c'est une réflexion, je pense, qu'il faut avoir. Est-ce que ça va se traduire par
22:58peut-être des zones blanches, comme on a, je crois, dans beaucoup de nos entreprises, des zones
23:03« silence ». Je ne sais pas. Christian, votre regard, aussi, sur l'avenir ? Le champ de l'IA,
23:12de toute manière, il est vaste. Il n'a pas de frontières. Il n'est pas français, il n'est pas
23:17européen. Il est mondial. Donc, il y a un certain nombre de normes, notamment européennes,
23:22qui l'encadrent. Après, à chaque entreprise de poser son cas, de se dire qu'est-ce que j'accepte
23:30comme outil, qu'est-ce que je développe comme outil et quelle est surtout l'utilisation que
23:34l'on en fait. Peut-être la première question, c'est en termes aussi d'apprentissage. Lorsqu'on
23:42prend un emploi, X ou Y, aujourd'hui, on passe du temps, notamment, à rechercher des données.
23:51Des fois, on trouve. Des fois, on ne trouve pas. Des fois, on trouve autre chose qui nous paraît
23:56aussi intéressant. Le principe de l'IA, c'est aussi d'ouvrir sur le champ des possibles. Donc,
24:01vu sous cet angle-là, c'est positif. Par contre, c'est quelque chose qui va très vite et il faudra
24:07juste aussi se poser la question d'un point de vue apprentissage de nouvelles compétences qui
24:11aura sûrement une réflexion à avoir là-dessus. Je voudrais rebondir sur le mot apprentissage.
24:16Oui. Parce que je pense qu'il y a un autre sujet que nous n'avons pas encore abordé. Ce sont les
24:21conséquences, en effet, de l'IA, le fait que c'est plus facile de trouver de la donnée, etc. Aujourd'hui,
24:28je pense, dans la plupart de nos métiers, on passe à travers des phases d'apprentissage. Par exemple,
24:36un ou une jeune diplômé qui va rentrer dans un cabinet, par exemple, d'audit, va avoir,
24:43pendant un certain temps, un an, deux ans, trois ans, des activités d'audit qu'ils vont lui
24:50demander de chercher de la donnée, de l'analyser, etc. Demain, ça va aller beaucoup plus vite et
24:58potentiellement, il y a un certain nombre de tâches, mais c'était de l'apprentissage,
25:02qui n'auront plus lieu. Comment ce jeune diplômé va être préparé pour le prochain rôle,
25:11qui va être un rôle plutôt plus d'encadrement, etc. Et ça, je pense que c'est un grand sujet
25:18pour nous. Nous ne l'avons pas abordé du tout avec les partenaires sociaux. Je pense que c'est
25:24un sujet qui nous intéresse, en tout cas du côté RH, en termes de talent et de talent de développement.
25:30On a potentiellement des étapes qui sont en train de disparaître, ou en tout cas,
25:34sont de l'apprentissage. Et comment on va réussir à y faire face ?
25:40Oui, mais dit-vous au chair de la tête, je me laisse à l'autre.
25:42Oui, je suis d'accord. C'est pour ça que tout à l'heure, je disais qu'il y avait un enjeu
25:44d'employabilité. Ça veut dire que l'IA va tellement vite qu'aujourd'hui, on s'en parle. Demain,
25:51après-demain, il y aura encore des évolutions. Donc, il y a un vrai enjeu d'employabilité et
25:57sur beaucoup de métiers. Donc, je vais prendre toujours mon caissier, ma caissière qu'on a dû
26:02adapter à l'automatisation, etc. Donc, le métier s'est complètement transformé et on les a développés
26:08sur de la relation client plus que sur de l'encaissement où je passe des articles code
26:15barre 1 à la fois. On a des juristes et dans mon domaine, des juristes en droit social qui utilisent
26:22l'IA. En fait, c'est pas nouveau qu'ils utilisent l'IA pour trouver une jurisprudence, pour trouver
26:28des solutions. Pour autant, il y aura toujours besoin de l'œil humain. Et c'est pour ça que
26:35je prends le sujet du droit social. Parce que si je demande à l'IA mon collaborateur à voler,
26:41qu'est-ce que je fais ? Je caricature un petit peu. Il va dire que c'est une faute grave et qu'il
26:46faut licencier. L'être humain se dira mais c'est quoi le dossier du salarié ? Quelle est son ancienneté ?
26:52Qu'est-ce qu'il a volé ? Qu'il vole un oeuf, vole un bœuf en droit social, ça marche pas forcément.
26:58Ou en tout cas, on prend le risque contentieux. Et cette fameuse zone blanche, pour moi,
27:03c'est celle-ci en fait. C'est-à-dire que j'utilise l'IA qui va me faciliter, qui va certainement
27:08m'accélérer, me faire gagner du temps. Pour autant, je dois toujours aller mettre ma patte, mettre mon
27:13regard pour être très pragmatique. Jusqu'au jour où l'IA sera l'être. Pour moi, c'est l'esprit
27:19critique et le discernement. L'esprit critique, le discernement, l'œil humain. Christian, votre dernier
27:23mot ? Poser un cadre. Poser un cadre, tout à fait. Merci beaucoup, messieurs, pour vos éclairages. Je
27:29pense qu'on peut reprendre rendez-vous dans six mois pour faire le point. Il y aura de nouveau pas
27:33mal d'actualités. Merci infiniment. Merci à vous. À très bientôt. On se retrouve tous les lundis sur
27:39la chaîne Be Smart For Change.