Avocat au barreau de Paris et à la cour pénale internationale, Gérald Pandelon a abordé l'expansion du trafic de drogue sur l'ensemble du territoire : «Le nombre de consommateurs n'a jamais cessé de prospérer».
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00:00On a considéré depuis une dizaine d'années que c'était essentiellement, je dirais, un syndrome fausséen.
00:07Ça concernait uniquement le banditisme marseillais.
00:11J'avais pu écrire dans l'ouvrage que vous citez qu'en réalité il s'agissait déjà, et depuis une trentaine d'années, d'un phénomène national.
00:20D'ailleurs, si on se fie aux chiffres, le nombre de trafiquants et le nombre de consommateurs n'a jamais cessé de prospérer.
00:31Aujourd'hui, vous avez 6 millions de consommateurs de cannabis, 500 000 consommateurs de cocaïne.
00:38Vous avez 250 000 personnes qui, indirectement ou directement, vivent du trafic.
00:45Et vous avez 12 000 personnes qui, au quotidien, que ce soit à Cholet, à Grenoble ou ailleurs, vivent directement de ce trafic.
00:54Et vous avez une situation pénale qui est paradoxale, si je puis m'exprimer ainsi.
00:59C'est que vous avez comme une forme de courbe asymptotique entre la hausse des délits et des crimes, et depuis une vingtaine d'années,
01:11en même temps une réponse pénale qui n'est jamais à la hauteur de ce qu'on appelle, nous les juristes, l'atteinte à l'ordre public.
01:21Et cette réponse pénale est d'autant plus paradoxale, encore une fois, que s'agissant de personnes qui n'ont pas 20 ans et qui souvent ont 10, 15, 20 condamnations inscrites à leur casier judiciaire,
01:35la réponse pénale est, toute chose égale par ailleurs, relativement clémente.
01:40En revanche, lorsque vous avez à défendre, ce qui est mon cas, que sais-je, des élus, des hauts fonctionnaires, des avocats, des médecins, des policiers qui peuvent attester d'un statut,
01:51la sanction pénale est très, très sévère.
01:55Donc vous avez, on ne comprend plus, alors lorsque vous avez affaire à des personnes dont les casiers judiciaires ne portent trace quasiment d'aucune condamnation
02:03et qui garantissent toutes les garanties de représentation, là c'est très sévère.
02:08Et en revanche, la réponse pénale est d'une certaine manière laxiste, pour ne pas dire plus, lorsqu'il s'agit de personnes connues des services de police,
02:17connues des magistrats, connues de tous les parquetiers.
02:21Écoutez, ça me laisse un tout petit peu sans voix.