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00:00— On va continuer à évoquer ce conflit au Liban et ses conséquences avec notre invité. C'est vous, Jean-Paul Paloméros. Bonjour.
00:07— Bonjour. — Merci à vous d'être avec nous ce midi sur France 24, ancien chef d'État-major de l'armée de l'air en France notamment.
00:15Israël, on l'a vu, concentre ses opérations ces dernières heures au sud, près de la frontière avec le Liban.
00:21Ils ont d'ailleurs annoncé l'évacuation... Ordonné l'évacuation de plusieurs villages. Son but, c'est de déloger les combattants du Hezbollah
00:28qui y sont retranchés. — Oui, mais c'est une tâche immense. On a vu dans un premier temps que le Hamas, c'était compliqué.
00:37Mais le Hezbollah, c'est une force, une véritable force armée. C'est une armée en tant que telle qui possède pas évidemment
00:45toutes les composantes, fort heureusement, mais qui a eu le temps de constituer des stocks, qui a été alimentée évidemment par l'Iran
00:53entre autres, et qui est préparée à cette guerre. Et c'est une guerre maintenant de harcèlement. C'est une guerre de positionnement aussi.
01:02Donc en se lançant dans l'opération terrestre, les Israéliens ont pris ce risque. Mais avaient-ils le choix ?
01:09C'est toute la question, vu leur objectif de guerre, c'est-à-dire permettre aux Israéliens de revenir dans le nord en toute sécurité.
01:16Ça va être une longue histoire, si vous voulez. — Oui. Justement, le but de l'armée israélienne, c'est d'une certaine manière
01:26de créer une zone tampon autour de l'État hébreu, de repousser le Hezbollah loin de la frontière. C'est ça, le but premier ?
01:35— Oui. Mais d'abord, il faut constater qu'au fil des années, le Hezbollah, on le sait, s'est implanté et fait partie du Liban,
01:44et en particulier au sud. Donc il faut déraciner, il faut vraiment déterrer en quelque sorte, au sens propre du terme, le Hezbollah.
01:52Et on a vu, le Hezbollah a des capacités encore de frapper Israël. Donc on est partis pour une guerre longue,
02:01parce que les opérations terrestres qui, vues d'Israël, sont évidemment indispensables, vont prendre du temps.
02:08Elles sont pas sans risque à différents degrés, y compris pour les forces de la finule dont on parlait tout à l'heure.
02:15Et on ne voit pas, si vous voulez, le but à atteindre fixé par les Israéliens tellement ambitieux. Il est légité, le but des Israéliens.
02:25Il n'y a pas de doute. Ils veulent vivre en paix et assurer leur souveraineté. Mais évidemment, avant d'avoir réussi à repousser le Hezbollah,
02:37être sûr qu'il ne va pas continuer à mener une pression et des raids sur le nord d'Israël, c'est une tâche très difficile et très longue.
02:49– Vous l'aviez dit au début de notre échange, le Hezbollah, ce sont des combattants aguerris, qui sont bien équipés, notamment.
02:55Comment ça se concrétise concrètement, j'allais dire, le fait que c'est une petite armée, d'une certaine manière ?
03:03– Ils ont des équipements, on le voit dans leur capacité en particulier de frappe dans la profondeur du territoire israélien.
03:11Donc ça, c'est une menace permanente, même si les Israéliens ont un système défensif très au point.
03:15Mais à force, il y a une forme de saturation. Et puis, ce sont des combattants, ils ont été entraînés pour ça.
03:21Donc, ils savent se battre, ils ont les armements nécessaires contre les chars, contre tout type de moyens qu'il peut employer Israël.
03:34Il leur manque, fort heureusement, une composante aérienne, ça fait la grosse différence, évidemment, avec Israël,
03:41qui peut frapper là où elle le veut, quand elle le veut, avec un certain degré de précision.
03:45– Oui, l'armée de l'air, et vous le savez, c'est une composante essentielle dans un conflit.
03:50Je voulais évoquer également avec vous la guerre à Gaza, ces dernières heures,
03:54l'État hébreu a annoncé encercler la ville au nord de Jabalia, où selon Israël, le Hamas reconstitue ses forces.
04:01Est-ce que cela signe, d'une certaine manière, l'échec de la stratégie israélienne à Gaza ?
04:07– On le craignait depuis le départ, on savait que le Hamas, c'est un peu comme le sphinx,
04:13il renaîtrait de ses cendres, parce que, finalement, cette attaque israélienne,
04:21qui était tout à fait fondée et légitime, elle entraîne, évidemment, derrière elle,
04:27des ressentiments terribles, on le voit dans la population palestinienne.
04:31Et donc, c'est un Hamas peut-être de nouvelle forme, de nouvelle génération.
04:37Mais on sent bien que cette instabilité, elle va durer.
04:41Dans la mesure aussi où, là aussi, Israël n'a pas défini un but très très clair,
04:45et c'est ça qui manque dans toutes ces missions, c'est quel est l'objectif ?
04:50Quel est l'objectif ?
04:51Est-ce que c'est d'arriver à vivre en paix avec deux pays et deux populations,
04:58ou est-ce de continuer à étendre son influence et à faire régner la terreur ?
05:06C'est un petit peu extrémiste comme vision, mais c'est un peu ça le problème.
05:10– Vous évoquiez pendant notre entretien également cet incident,
05:13ces deux incidents en espace de 48 heures, ces casques bleus de la finule
05:18qui ont été visés par des tirs de l'armée israélienne,
05:22des tirs vraisemblablement délibérés.
05:25Est-ce qu'Israël peut s'exposer à des sanctions ?
05:29– Oh, Israël n'a pas grand-chose à faire des sanctions.
05:32On a entendu M. Netanyahou à la tribune de l'ONU.
05:36Israël ne reconnaît pas l'ONU comme étant un interlocuteur valable.
05:41Ils considèrent que l'ONU est gangrénée par un certain nombre de pays
05:44qui sont anti-sionistes et qui veulent la fin et la mort d'Israël.
05:50Mais sur la finule, juste quelques secondes pour revenir vraiment.
05:54La finule, c'est une dizaine de milliers de militaires.
05:56Aujourd'hui, c'est 700 Français dans l'opération Daman.
05:59Sa mission, il est bon de la rappeler,
06:02c'est confirmer le départ des troupes israéliennes du Sud-Liban,
06:06rétablir la paix et la sécurité internationale,
06:08aider le gouvernement libanais à restaurer son autorité effective dans la région.
06:13On voit bien qu'il y a un décalage total entre la présence de la finule,
06:16qui est utile pour les populations, qui doit rassurer,
06:19et la réalité de ce qu'elle était censée faire.
06:23Donc il n'est pas étonnant, comme on l'a vu sur d'autres théâtres,
06:25moi je l'ai vécu dans les Balkans, d'autres l'ont vécu ailleurs,
06:29qu'une force de maintien de la paix est là.
06:31Quand la paix est établie, dès que la paix n'est pas établie,
06:34ce qui est le cas aujourd'hui avec la guerre,
06:36elle n'est plus adaptée à ça, elle n'a pas le mandat pour,
06:40elle n'a pas les moyens, elle n'a pas d'aviation, la finule.
06:42Donc elle ne peut absolument pas jouer un rôle actif,
06:45et elle prend des risques parce qu'elle est à proximité, au contact,
06:51et là aussi les Israéliens, c'est pas qu'ils ne s'en soucient pas,
06:56mais pour eux l'objectif de guerre est tellement large,
06:58tellement vaste et tellement existentiel
07:00qu'il y aura des dommages collatéraux, y compris contre la finule.
07:04Un dernier mot avec vous sur le changement de ton
07:06auquel on assiste en Occident ces derniers jours vis-à-vis d'Israël,
07:10la France, l'Espagne notamment,
07:12qui demandent l'arrêt des livraisons d'armes à l'État hébreu
07:15pour stopper la guerre au Liban et à Gaza.
07:19Côté américain, c'est toujours le soutien, mais du bout des lèvres.
07:22Est-ce qu'après l'élection américaine, ça peut changer, cela ?
07:26Non, je ne crois pas.
07:28Le soutien américain, il est enraciné de longue date.
07:32Il fait partie en quelque sorte des gènes à la fois israéliennes et américaines.
07:39Ça peut varier évidemment.
07:42On sent que l'élection de M. Trump ne fera que renforcer cette action israélienne.
07:48Il faut souvenir que c'était M. Trump qui avait, en 2020 de mémoire,
07:52qui avait autorisé une frappe d'un drone américain
07:55contre un des grands chefs de garde de la révolution iranienne.
08:03Donc M. Trump connaît bien le théâtre et il ne changera pas de cap.
08:08L'équipe Biden, c'est plus compliqué.
08:10Après les élections, elles peuvent avoir un peu moins de soucis de leur électorat
08:15et ils pourraient éventuellement peut-être changer un petit peu la donne.
08:19Ce sera le mot de la fin.
08:20Merci beaucoup Jean-Paul Paloméros d'avoir répondu ce midi à nos questions sur France 24.