POLICE - Arnaud Ropars est l'invité de Amandine Bégot

  • il y a 12 heures
Des délinquants de plus en plus jeunes et de plus en plus violents : les "flics" sont sur tous les fronts, à la fois craints, détestés et admirés. Plongée au cœur d'une institution méconnue avec Arnaud Ropars, policier à la Bac dans le Sud de la France, auteur de "Regards de flics" aux éditions Hugo Image.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot avec Amandine Bégot du 09 octobre 2024.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Il est 8h16, l'interview d'Amandine Bégaud, on les aime pendant les JO ou quand ils nous
00:09protègent des attentats, on les agonie au moindre faux pas, mais qui sont vraiment ceux
00:12qu'on appelle les flics, les poulets, les condés ? Amandine Bégaud, vous avez voulu
00:16le savoir, alors ce matin vous avez choisi d'inviter l'un d'entre eux, Arnaud Ropars
00:20qui publie son très joli Regard de flic.
00:22Bonjour et bienvenue.
00:23Bonjour Arnaud Ropars, ça fait 19 ans que vous êtes policier, passionné aussi de photographie,
00:28d'où ce livre Regard de flic, Thomas le disait, c'est un magnifique livre de photos
00:33et de textes, ce sont des portraits, en face de chaque photo de policier, un texte, une
00:39histoire, c'est publié chez Hugo Images et ça sort aujourd'hui, on va revenir en
00:42détail bien sûr sur ce livre dans un instant, mais je voudrais d'abord qu'on s'arrête
00:46sur ce qui s'est passé à Marseille ces derniers jours, vous êtes policier à la
00:50BAC d'Aix-en-Provence aujourd'hui, un tueur à gage de 14 ans mis en examen après avoir
00:56tué un chauffeur VTC qui n'avait rien demandé à personne, on a tous été extrêmement
00:59surpris par le très jeune âge de ce garçon, est-ce que vous, policier de la BAC à Aix,
01:04ça vous a surpris aussi ?
01:05Pas vraiment, on parle beaucoup de la jeunesse dans la délinquance, c'est un phénomène
01:11qui existe depuis très longtemps.
01:12Justement dans mon livre, Fred en parle très bien, il y a je crois une dizaine d'années
01:18où il est intervenu sur un vol à main armée commis par deux jeunes individus, donc c'est
01:23un phénomène qui est malheureusement trop récurrent.
01:25Sauf que là, ce sont des tueurs à gage, 14 ans.
01:29Il y a peut-être aussi une forme d'exception à ce phénomène, en espérant que ce soit
01:33quelque chose vraiment de cloisonné.
01:36Mais vous les voyez, vous, sur le terrain, ces gamins qui ont 14, 15, 16 ans, tous les
01:41jours ?
01:42Tous les jours.
01:43Ça reste quand même une grande partie, il n'y a pas que eux, bien sûr, mais ça reste
01:49une grande partie quand même de personnes qu'on interpelle, oui, bien sûr.
01:53Il y a 19 ans que vous êtes dans la police, est-ce que vous avez vu les choses évoluer
01:55?
01:56Des jeunes de plus en plus jeunes, de plus en plus violents ?
01:58Je pense que la violence, c'est quand même pas mal, je ne veux pas être démocratisé,
02:05mais banalisé, je trouve.
02:06C'est-à-dire ?
02:07C'est-à-dire, par exemple, il n'y a pas si longtemps que ça, on interpellait un jeune
02:11qui nous disait que s'il était confronté lors d'un de ses vols ou lors d'une dispute
02:19à une personne plus forte, plus puissante que lui, il n'hésiterait pas à sortir le
02:22couteau.
02:23Et ça, ça n'existait pas avant ?
02:24Je n'ai jamais eu avant un jeune qui me tienne ce genre de propos, que certains me disent
02:31« oui, moi quand je choisis mes victimes, je choisis des mecs plus faibles que moi parce
02:35que mon but c'est de détrousser et pas autre chose ». Mais c'est un phénomène qui peut-être
02:42tend à évoluer malheureusement ou qui peut-être est un peu plus éclairé par ce qui vient
02:47de se passer à Marseille justement.
02:48Vous avez l'impression que ces jeunes-là, alors bien sûr, ce n'est pas toute la jeunesse,
02:52mais ceux-là n'ont peur de rien ni de personne ?
02:54Je ne pense pas qu'ils n'aient peur de rien ou de personne.
02:59Je pense qu'ils ont besoin d'être cadrés, je pense que c'est un peu ça.
03:03Je pense qu'il y a tout un phénomène que je ne maîtrise pas autour de ça.
03:07Moi, ce n'est pas mon cœur de métier, je suis policier, j'interviens quand justement
03:12il y a un débordement de ces jeunes ou de toute personne dans tous les cas.
03:16Je pense que ça, c'est plus après un travail de fond, peut-être des sociologues.
03:20Mais ce qui est sûr, c'est qu'ils n'ont pas peur des policiers, moins peur.
03:24Moins peur.
03:25Moins peur de la confrontation peut-être, oui.
03:27Vous parliez de cette violence, vous avez dit qu'il s'est démocratisé.
03:30Cette violence, vous la constatez tous les jours, tous, à Marseille et ailleurs et on
03:35le comprend très très bien en lisant votre livre.
03:36Tous les policiers dont vous dressez le portrait ont été confrontés à un moment ou un autre
03:40à des situations qui sont à peine croyables.
03:43Je vais citer quelques exemples qui font froid dans le dos, un père de famille endetté
03:47qui tue ses enfants avant de se suicider, un ado qui décapite sa mère qui souffre
03:51de problèmes mentaux ou encore cet homme qui a mis son bébé au micro-ondes parce
03:54qu'il pleure trop.
03:55Comment vit-on avec ça ?
03:57Difficilement parfois, mais je pense qu'on apprend au fur et à mesure à peut-être
04:07maîtriser ses émotions, prendre du recul, mais c'est sûr que ça laisse une trace
04:12indélébile.
04:13Justement, l'un des collègues, pendant l'interview que je lui ai faite, m'expliquait que tous
04:21les jours il n'y pense pas forcément, mais qu'il va se passer parfois une chose dans
04:25la journée qui va lui faire un flash et qui va lui faire remémorer cet instant-là.
04:28Guy, 23 ans de police, il dit « la police m'a enlevé ma sensibilité ».
04:31C'est vrai, il y a un peu de ça, on est obligé, si on est trop sensible, ça peut
04:38amener à avoir des conséquences sur vous un peu compliquées, que ce soit peut-être
04:46en termes de famille, je ne sais pas trop comment dire, mais c'est vrai que ça peut
04:52être compliqué.
04:53Compliqué, d'autant plus compliqué, j'imagine, que les policiers ne sont pas toujours respectés,
04:56ils sont parfois détestés.
04:57Caroline, par exemple, dans votre livre « 18 ans de police nationale », elle s'interroge
05:01où sont les gens qui nous aiment ?
05:03C'est vrai, c'est vrai, après on a je pense souvent tendance à plus garder le mauvais
05:12que le bon, il y a aussi beaucoup de gens qui nous aiment, après ils ne le montrent
05:17pas forcément, mais on sait qu'il y a toute une partie de la population qui nous soutient,
05:21qui est derrière nous, on peut le voir, nous des fois sur des interventions, je l'ai vécu
05:26il y a un moment, on avait interpellé un jeune qui avait arraché le collier justement
05:32d'une pauvre dame qui allait mettre des fleurs sur la tombe de son mari, et ce jeune
05:38a choisi de partir sur les voies ferrées pour fuir, on l'a rattrapé, et puis quand
05:42on l'a ramené, les gens nous ont applaudis, donc c'est toujours compliqué, les gens
05:49ne vont pas forcément bien nous voir, nous serrer la main, nous dire « on vous aime »,
05:52voilà.
05:53Et l'objectif de ce livre c'est de montrer que derrière l'uniforme, il y a des hommes,
05:57des femmes, vous trouvez qu'on oublie trop souvent l'être humain qui se cache derrière
06:01le flic ?
06:02Oui, je trouve, je trouve.
06:04Je trouve qu'on oublie qu'on a notre vie à côté, on a, comme tout le monde des fois,
06:09on a des humeurs, on doit gérer nos propres problèmes, et quand on passe le vestiaire
06:15on doit réussir à mettre de côté tous nos problèmes pour justement répondre à
06:19l'attente des personnes.
06:21On est là pour aider les personnes, pour les protéger, même si malheureusement dans
06:27nos prévogatives il y a aussi le fait de mettre des amendes ou ce genre de choses,
06:30mais voilà.
06:31L'objectif numéro un c'est d'aider ?
06:32C'est d'aider les gens, c'est de les aider et les protéger.
06:35Souvent je dis, quand nous malheureusement on est mis en action sur les interventions,
06:41c'est qu'il y a une situation qui n'est plus gérable.
06:46C'est que les gens n'ont peut-être plus la possibilité de gérer un conflit ou parce
06:53qu'il y a eu des vols, il y a eu une agression, peu importe, mais quand on arrive souvent
06:56c'est qu'il s'est passé quelque chose et que nous on doit venir aider pour que
07:01cette chose-là n'empire pas, simplement.
07:04Ou pour répondre aux attentes de personnes.
07:07Merci beaucoup Arnaud Ropars d'être venu ce matin sur RTL, je rappelle le titre de
07:13ce livre, donc photos et textes, ça s'appelle Regards de flics, c'est publié chez Ugo
07:18Images.
07:19Merci.
07:20Merci à vous.
07:21L'humain derrière l'uniforme.
07:22Notre mission c'est d'aider...

Recommandations