La cour criminelle départementale du Vaucluse a diffusé une dizaine de vidéos des viols subis par Gisèle Pelicot entre 2011 et 2020 vendredi 4 octobre dernier. Notre journaliste Caroline Politi était à l'audience ce jour-là. Elle nous raconte ce qu'elle y a vu et nous explique pourquoi la diffusion de ces images est nécessaire.
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Retrouvez un de nos derniers article sur le procès Mazan ici : https://www.20minutes.fr/justice/4114394-20241008-proces-viols-mazan-avocate-defense-prend-gendre-pelicot-car-journaliste-chez-bfm
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00:00La cour criminelle départementale du Vaucluse a diffusé une dizaine de vidéos
00:04des viols subis par Gisèle Pellicot entre 2011 et 2020.
00:08Certaines de ces vidéos duraient quelques instants, quelques minutes,
00:12d'autres, le plus long d'entre eux en tout cas, duraient 7 minutes.
00:15Et autant dire que lorsqu'on est confronté à ce genre d'images,
00:18les minutes semblent vraiment s'éterniser et durent des heures.
00:22Alors que voit-on ?
00:23En fait, on voit la victime endormie sur son lit, elle ne bouge pas,
00:27elle ronfle même sur la plupart des vidéos, elle n'a aucun mouvement,
00:31aucune réaction, même lorsque lui sont imposées de multiples pénétrations,
00:37ces viols donc, elle est absolument inerte.
00:40Elle ne peut pas faire semblant d'être endormie, elle est profondément sédatée.
00:44Enfin, il y a d'autres éléments qui nous ont marqués.
00:46D'abord, le comportement des accusés.
00:49Là, on visionnait des vidéos pour 6 d'entre eux,
00:52et tous semblent agir assez prudemment.
00:56Ils mesurent leurs gestes, ils ne font pas de mouvements brusques,
00:58ils chuchotent lorsqu'ils sont à proximité de la victime.
01:01On a le sentiment qu'ils cherchent et qu'ils font attention à ne pas la réveiller.
01:04Et puis enfin, il y a ce sentiment de répétition,
01:08c'est-à-dire qu'on a vu une dizaine de vidéos qui concernaient des accusés différents,
01:12et à chaque fois, ce sont les mêmes gestes, les mêmes images, les mêmes sévices qui lui sont imposées.
01:17Alors pourquoi ces vidéos sont visionnées ?
01:19En fait, ces images, elles ont fait l'objet d'un certain nombre de débats.
01:22D'abord, est-ce qu'elles sont nécessaires à ce qu'on appelle la manifestation de la vérité ?
01:26Et puis, est-ce qu'il faut les diffuser de manière publique,
01:30comme le souhaite Gisèle Pellicot,
01:31puisque elle, depuis le début, fait le choix d'un procès public ?
01:35C'est-à-dire qu'elle, elle veut que la...
01:37On le change de camp, selon son expression.
01:39Évidemment, les avocats de la Défense ne sont pas du tout sur cette ligne-là.
01:42Eux ne veulent pas d'une diffusion, en tout cas pas publique.
01:45Il y a eu un débat assez intense qui a été mené,
01:48et certains évoquaient un tribunal de la foule,
01:51d'autres, le terme était un déballage hystérisé par des images.
01:55Donc c'était un débat assez tendu.
01:57Finalement, le président a tranché en faveur d'une diffusion publique,
02:03mais il a quand même émis une règle.
02:05Toutes ces images qui sont diffusées,
02:07elles doivent servir à la manifestation de la vérité.
02:10C'est-à-dire que, par exemple, un homme qui reconnaît les faits,
02:13il y en a environ une quinzaine sur la cinquantaine d'accusés,
02:15on ne va pas forcément diffuser les images,
02:17puisque lui a reconnu les faits.
02:19Ça n'apportera pas forcément grand-chose pour le débat.
02:22En revanche, pour ceux qui nient les faits,
02:25c'est là où c'est très important,
02:26puisque, rappelons-le, Gisèle Pellicot, elle a été droguée à son insu,
02:30et donc elle n'a aucun souvenir de ces scènes de crime.
02:32On n'est pas dans un parole contre parole,
02:34puisqu'elle, elle ne se souvient pas de ce qui s'est passé.
02:36Comment s'est déroulée alors cette diffusion ?
02:38On a regardé les vidéos concernant six accusés.
02:42Alors il y avait des comportements qui étaient assez différents.
02:44Certains regardaient extrêmement attentivement
02:46les trois écrans qui étaient disposés dans la salle d'audience.
02:49Ils regardaient les images pour eux et également pour les autres accusés.
02:53D'autres, au contraire, ont vraiment détourné les yeux,
02:56fixaient attentivement leurs pieds.
02:58Dominique Pellicot, par exemple, faisait partie de cela.
03:00Il n'a pas regardé les images.
03:01Quand son avocate lui a posé la question
03:03de pourquoi est-ce qu'il ne regardait pas ces images qu'il avait donc tournées,
03:06il a dit qu'il avait fait un travail en prison,
03:08qu'il avait honte et qu'il se dégoûtait.
03:10Ce sont ses mots.
03:11Après, c'est toujours compliqué d'interpréter ses paroles.
03:13Cet homme, il est décrit comme un grand manipulateur.
03:16Est-ce que c'est pour lui une stratégie de défense ?
03:19Ou au contraire, est-ce que c'est le début d'une prise de conscience ?
03:22Ça se sera à la cour de trancher.
03:25En tout cas, une chose est sûre, c'est que ces images,
03:26elles mettent à mal la défense des accusés.
03:28Elles affaiblissent leur version des faits.
03:30Par exemple, cet accusé qui a affirmé pendant toute son édition
03:34qu'il était drogué par Dominique Pellicot,
03:36qu'il n'avait plus aucun souvenir de ce qui s'était passé,
03:39sur les images, il apparaît comme étant en pleine possession de ses moyens.
03:43Un autre, par exemple, qui est infirmier anesthésique,
03:45donc plutôt au fait de tous ses produits sénsatifs,
03:49a expliqué qu'il était persuadé qu'elle faisait semblant de dormir
03:52et que de plus, il était terrorisé par Dominique Pellicot.
03:57Et sur ces images, il apparaît calme.
03:59Et Gisèle Pellicot, elle, est totalement inerte, encore une fois.
04:03Et d'une manière générale, c'est ce que montrent ces images.
04:06Tous ceux qui plaident le jeu libertin, qui plaident le scénario,
04:10qui est vraiment quelque chose qui revient interrogatoire après interrogatoire,
04:14toutes ces images-là et toutes ces versions-là
04:17perdent de leur consistance à la bute de ces images.