Procès des viols de Mazan : récit d’un témoignage sidérant

  • la semaine dernière
Ce jeudi est consacré à la déposition de la victime, Gisèle Pélicot. Durant plus d’une heure et quart, elle a raconté sa vie et la déflagration qu’a été la révélation des faits terribles subis pendant près de 10 ans.

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Transcript
00:00Elle a eu plusieurs phrases, évidemment, très marquantes.
00:02Elle a notamment dit à un moment qu'elle avait été sacrifiée sur l'autel du vice,
00:06en parlant bien évidemment de son ex-mari,
00:08mais également des 50 hommes identifiés qui sont venus chez eux
00:11pour abuser d'elle et pour la violer.
00:18C'était effectivement un des moments forts de la première semaine,
00:21mais certainement même de la totalité du procès,
00:24le témoignage de la victime que tout le monde attendait,
00:26que tout le monde appelle désormais par son prénom et par son ex-nom d'épouse.
00:29Donc Gisèle Pellicot.
00:31Ça a été une femme qui a été très digne, qui s'est présentée à la barre
00:34et qui a parlé pendant une heure et quart, sans qu'elle ne soit interrompue,
00:37avant les questions.
00:38Une heure et quart dans lesquelles elle a parlé de sa vie,
00:40elle a parlé de la vie d'avant avoir appris ces faits.
00:42Elle n'a pas cherché forcément à enfoncer son ex-mari.
00:45Elle a raconté les 50 ans de vie commune qu'ils avaient eus,
00:47qui ont été 50 ans plutôt heureux de la famille qu'elle pouvait avoir,
00:50de la confiance qu'elle pouvait aussi avoir envers son ex-mari.
00:53Et puis, comment tout s'est écroulé ce jour de novembre 2020,
00:57quand dans le bureau du commissariat de Carpentras,
00:59elle va apprendre tout ce qui s'est passé pendant toutes ces années,
01:01le fait qu'effectivement elle était soumise chimiquement,
01:03qu'il la droguait pour abuser d'elle lui-même
01:06et puis pour la faire violer par d'autres hommes.
01:07Un effondrement tout simplement de sa vie,
01:09de tout ce qu'elle avait vécu pendant un demi-siècle avec cet homme.
01:12Elle fait preuve d'une force de caractère assez incroyable.
01:15Je pense qu'on s'est tous dit ça sur les bancs de la presse.
01:17Elle a réussi à parler d'abord pendant une heure et quart de manière linéaire,
01:21sans larmes, sans forcément d'agressivité non plus,
01:25même quand elle parlait de ses 51 accusés qui lui ont fait subir toutes ces choses.
01:30Elle réussit à être très claire, à donner des dates précises,
01:33à parler de faits, on sent qu'elle a une ligne directrice
01:36et elle s'y tient et c'est très impressionnant.
01:38Ça a été un des moments forts de son témoignage aussi,
01:40de dire que finalement, pendant toutes ces années,
01:42elle se rendait compte que quelque chose ne tournait pas rond,
01:44elle se rendait compte que son corps était en train de la lâcher progressivement.
01:47C'est ça qui est encore plus fort peut-être dans son témoignage.
01:49Elle dit qu'elle subissait depuis des années des moments d'absence,
01:52que beaucoup de ses proches pensaient que c'était un début de maladie d'Alzheimer,
01:55que même un neurologue avait dit à un de ses proches qu'il fallait se préparer à un tel diagnostic,
01:58que ce soit une maladie d'Alzheimer.
02:00Elle dit qu'elle a eu beaucoup de douleurs gynécologiques,
02:02qu'elle a été voir beaucoup de spécialistes.
02:04Elle n'a jamais eu de diagnostic posé.
02:06De fait, c'était parce qu'elle subissait cette soumission chimique.
02:09Elle a expliqué pourquoi elle acceptait qu'il y ait un tel déballage de sa vie intime.
02:13À un moment donné, une avocate lui a dit
02:15« C'est votre vie personnelle, ça je ne vous questionne pas là-dessus. »
02:17Et elle a dit « Mais non, ma vie intime maintenant, elle est publique. »
02:20Et finalement, elle dit qu'elle veut que ce soit le procès de la soumission chimique.
02:24Elle parle de cette question-là pour que ça n'arrive plus à aucune femme dans ce pays
02:29et que ces personnes-là, qui peuvent être victimes de leur proche ou d'autres,
02:33connaissent désormais les signes à votre coureur
02:35et que cette soumission chimique, finalement, désormais, soit reconnue comme telle
02:39et qu'il y ait le moins de victimes possibles désormais qui subissent ce genre de fait.

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