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Lundi 7 octobre 2024, SMART INDUSTRIES reçoit Mickael Labrosse (Président, Tomeisei, groupe VIT) , François-Xavier Favre-Félix (CEO, Capron) et Noëlla de Bermingham (Présidente de la commission sustainability, France Invest)

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00:00Ce programme vous est présenté par France Investe, 40 ans d'engagement avec
00:04les entrepreneurs pour une économie durable.
00:15Bonjour à toutes et à tous, je suis ravie de vous retrouver ici au Creusot
00:19pour une nouvelle étape de Smart Industries organisée par BeSmart for Change.
00:23Nous sommes au Technopôle Sud Bourgogne Hub & Go, un lieu tout juste inauguré
00:28dédié à l'accompagnement des entreprises PME industrielles dans leurs
00:32projets innovants. L'un des enjeux majeurs de l'industrialisation et du
00:36développement des entreprises est, sans surprise, la création de valeurs mais
00:41désormais en parfaite harmonie avec les critères ESG. Aujourd'hui, il ne s'agit plus
00:46seulement de faire des choix, la pérennité d'un modèle économique
00:49respose sur la responsabilité sociétale des entreprises. Nous allons parler de
00:54tout ça avec tous mes invités. C'est tout de suite, c'est dans Smart Industries.
00:59Nous allons donc explorer ce lien essentiel qu'il y a entre création de
01:05valeurs et RSE avec nos trois invités. Noëlla de Birmingham, merci beaucoup
01:10d'être avec nous. Vous êtes présidente de la commission Sustainability chez
01:13France Invest. Bonjour. Mickaël Labrosse, vous êtes président de Perspicius
01:17groupe VIT, un groupe spécialisé dans le vitrage innovant. Bonjour. Et François
01:23Xavier Favre-Félix, vous êtes CEO de Capron, un fabricant français de
01:26fournitures et de matériel de pédicurie podologie. Bonjour. Voilà donc deux
01:31entreprises profondément ancrées dans le territoire de Saône-et-Loire qui
01:35incarnent donc cette dynamique entre innovation et responsabilité. On va
01:40commencer par vous Noëlla. C'est vrai que quand on est une entreprise,
01:46on se demande sûrement par quel bout commencer.
01:50Nous allons donc nous tourner vers vous pour commencer ces échanges. Comment
01:55voir les choses ? Est-ce qu'on doit penser d'abord RSE pour ensuite créer de
02:00la valeur ou alors c'est forcément peut-être commencer par créer de la
02:03valeur pour atteindre une responsabilité de l'entreprise ?
02:06Alors c'est une question complexe mais la réflexion autour de tout ça elle est
02:12assez intéressante. Peut-être en termes de contexte, je
02:16représente ici France Invest et en fait c'est l'association professionnelle des
02:19acteurs du capital investissement, c'est-à-dire les investisseurs qui vont
02:23accompagner des start-up, des PME, des ETI dans l'accélération de leur
02:30création de valeur financière et extra financière.
02:33Donc c'est clairement pour nous des sujets, enfin c'est clairement des sujets
02:37au coeur de notre action et notre expertise et notre mission.
02:41Je pense que ce qui est assez clair aujourd'hui c'est que toute démarche
02:45RSE peut être porteuse de création de valeur et je pense qu'aujourd'hui ça se
02:50vérifie de plus en plus et on aura l'occasion d'en parler un petit peu plus
02:53dans le détail. Mais quand on parle par exemple de
02:56réputation d'entreprise, de confiance des parties prenantes, quand on parle
03:01d'attractivité des talents, quand on parle aussi de gestion efficace de
03:06l'entreprise, la RSE est tout à fait porteur de
03:09valeur quand on évoque ces sujets-là. À côté de ça, une entreprise qui a les
03:16moyens de mettre en place ses actions et ses critères, elle va nécessairement
03:19accélérer sa création de valeur. Donc en réalité je pense qu'on peut
03:24dire que c'est un cercle vertueux et qu'aujourd'hui les acteurs du capital
03:28investissement sont assez décisifs dans ce cercle vertueux.
03:31Pourquoi ? Parce qu'en fait on vient apporter à la fois des moyens financiers
03:35et aussi une expertise extra financière pour pouvoir justement répondre à ce
03:40cercle-là. Alors France Invest a publié un livre blanc sur la RSE et la
03:44création de valeur dans le capital investissement.
03:46Il y indiquait que 45% des CEOs français estiment que leur modèle économique ne
03:52sera plus viable d'ici dix ans. Quel est votre retour terrain de la
03:58prise de conscience de ces chefs d'entreprise, de ce modèle économique en
04:03adéquation avec la RSE ? Alors ce constat que je vais répéter, parce qu'il est assez
04:07important, de 45% des CEOs français qui estiment que leur modèle ne sera plus
04:11viable d'ici dix ans, je pense qu'il reflète principalement en fait une
04:16intensification des impacts auxquels ils font face. Les impacts liés aux
04:20changements climatiques, à l'érosion de la biodiversité, aux évolutions sociales, au
04:25sens large auxquels on fait face. Donc c'est un constat assez fort. Il y a un
04:29autre chiffre qui est assez intéressant. On estime que 54% des TPE et des PME ne
04:36se disent pas prêtes à affronter les effets du changement climatique.
04:39De la même manière, c'est un chiffre qui est aussi assez inquiétant et qui
04:44reflète cette réflexion autour de la pérennité finalement des business
04:48models et de la question de quel business model avoir pour faire face à
04:53ces enjeux pour demain. Les défis auxquels les entreprises font face, c'est
05:00que par rapport à cette question de la pérennité du business model, c'est que
05:05pour y faire face, il faut avoir les moyens, il faut avoir les ressources
05:09aussi nécessaires, il faut avoir souvent des moyens de
05:13mesurer à la fois ces impacts positifs mais aussi les impacts négatifs. Et donc
05:19tout ça fait qu'aujourd'hui en fait les entreprises peuvent se retrouver dans
05:22des situations assez compliquées de pérennité de leur business model. Et
05:28donc pour cela en fait aujourd'hui les actionnaires et les acteurs du capital
05:32investissement ont recruté assez massivement des personnes en charge des
05:37sujets RSE pour pouvoir accompagner, coacher, aider ces dirigeants d'entreprise
05:44dans l'intégration et dans la réflexion autour de quel business model pour
05:49demain. Et en fait ce qui est particulièrement intéressant c'est
05:52qu'aujourd'hui un dirigeant de plus en plus choisit son actionnaire pour ces
05:57raisons-là aussi, parce qu'il sera capable de l'accueillir, enfin de l'accueillir, de
06:01l'aider et de l'accompagner sur ces sujets-là. Et de même un actionnaire
06:06aussi va choisir sa société, une entreprise qu'il va accompagner, pour ces
06:10raisons-là aussi, parce que le business model est viable et parce que le
06:14dirigeant a ce souhait d'y réfléchir. On va après nous tourner vers des cas plus
06:19concrets mais juste pour la sensibilisation des dirigeants, qu'est-ce
06:24que vous rencontrez comme comme défis, peut-être soit des difficultés, soit un
06:28retour de terre qui est positif dans leur sensibilisation ?
06:31Alors moi ça fait à peu près 15 ans que je fais ce métier d'intégration de l'ARSE
06:36au sein des entreprises et en fait ce que je remarque c'est qu'il y a
06:41finalement de moins en moins besoin de mettre beaucoup d'énergie et de temps
06:45sur la sensibilisation et c'est une bonne nouvelle.
06:47Je pense que progressivement on passe de l'ère du pourquoi faire au comment
06:53faire, comment on fait, ce qui est aussi une excellente nouvelle parce qu'on est
06:56davantage dans l'action et plutôt un peu moins sur la compréhension de pourquoi
07:00le faire. Donc ça je pense que c'est un aspect
07:03qui est assez intéressant. La sensibilisation qu'on fait aujourd'hui en
07:06fait elle est un petit peu différente, c'est-à-dire qu'aujourd'hui un dirigeant
07:09il va plutôt se demander par quoi commencer.
07:12Quand on prend la thématique ARSE, elle est tellement vaste que on ne sait pas
07:17par quoi commencer donc nous notre rôle ça va aider à prioriser et à choisir un
07:21petit peu les thématiques importantes. Ça c'est un point qui est
07:25assez important. Il peut y avoir aussi des besoins de
07:28sensibilisation sur le fait qu'aujourd'hui il y a un certain nombre d'entreprises qui
07:31associent RSE à coûts alors qu'en réalité on en reparlera mais ça peut
07:36être au contraire aussi une réduction des coûts.
07:39Il y a des besoins de sensibilisation sur la vision peut-être un peu
07:42court-termiste aussi de la RSE, peut-être parfois aussi des personnes qui
07:47sont réfractaires au changement. On veut mettre en place des démarches RSE
07:51mais on veut que ça change le moins possible la manière de conduire le
07:54business et ça ça me semble assez incompatible et c'est pourtant des
07:58choses qu'on voit encore aujourd'hui. Donc je pense que ce qu'on
08:01peut dire c'est que les besoins de sensibilisation ils sont encore assez
08:05présents mais ils sont tournés vers l'action, d'où le besoin d'avoir des
08:09experts sur les sujets pour accompagner les entreprises.
08:12Merci beaucoup.
08:13Mickaël, on a parlé d'action, est-ce que vous pouvez nous dire déjà, je sais que
08:16vous avez déjà dans votre groupe VIT implémenté des actions, il y a déjà des
08:22choses que vous faites en faveur de votre impact environnemental ?
08:26Ça fait de nombreuses années qu'on est certifié en ISO 9000 pour la qualité,
08:3114000 pour l'environnement et 45000 pour la sécurité de nos salariés.
08:35Derrière tout ça, c'est un système de management global de ce système-là et
08:41ça fait coeur au sein du groupe VIT. Moi je ne vois pas diriger une
08:45entreprise qui ne prendrait pas en charge les valeurs environnementales et
08:48le bien-être des salariés pour avancer. En plus, en 2023, on a rejoint la CEC, la
08:55Convention des entreprises pour le climat en Bourgogne-Franche-Comté qui a réuni 50
08:58entreprises de Bourgogne-Franche-Comté qui sont portées pour établir notre
09:04feuille de route annuelle pour devenir une entreprise régénérative d'ici 2030.
09:08Donc ça a impacté des gros changements chez nous, ça nous a torturés un petit
09:12peu, ça nous a fait changer de réflexion. Alors il y avait déjà des choses ancrées
09:17mais on a vraiment pris une claque à ce moment-là et réfléchi différemment.
09:20Aujourd'hui, on a mené beaucoup d'actions par rapport à ça. On a d'abord
09:24sensibilisé l'ensemble de nos salariés à un événement qui s'appelle The Week,
09:27qui est une expérience sur les défis climatiques qui vont arriver, qui se fait
09:31sur trois jours. Donc on a formé nos 150 salariés à ça et ils vivent en gros un
09:36peu le U du désespoir. Ils se confrontent à qu'est-ce qui nous
09:41arrive, qu'est-ce qui va arriver d'ici 2035 s'il n'y a pas de changement et puis
09:45des solutions pour retrouver quelque chose de bien et construire, co-construire
09:50un équilibre plus durable. Suite à ça, on a réalisé plusieurs actions et on a
09:57notamment créé un comité qu'on appelait le Comité Respire, qui est réalisé,
10:03c'est des salariés qui sont non-managers, qui sont membres de ce comité et qui
10:08décident de mener les actions, notamment de nombreuses actions qui sont
10:12ressorties de cet événement The Week, où les salariés ont porté beaucoup de
10:16projets, de propositions et donc ce comité respire, on leur a donné une
10:20délégation comme un CSE, on va dire, ils ont 100 heures chacun dans l'année pour
10:24mener ces actions-là sur leur temps de travail et puis piloter ces actions en
10:29étant en lien directement en gros avec moi, avec la direction. Donc on a commencé
10:33sur des petites actions de tri, de compost, aller plus loin sur le tri de
10:39nos déchets, que l'on fait déjà depuis certaines années, mais aller un peu plus
10:42loin et mieux traiter ça et la valorisation, réduire nos déchets aussi
10:46en interne, sur nos livraisons et sur nos expéditions.
10:52On a travaillé sur le confort des salariés, aujourd'hui le Comité Respire
10:57travaille sur un projet de refroidissement des bâtiments parce qu'on
11:01est de plus en plus soumis malheureusement à des pics de chaleur l'été et avec des
11:04températures dans les ateliers qui deviennent pas très confortables, même
11:09si on n'est pas dans des mécaniques ou de l'industrie très très chaude, mais
11:12voilà, ça permet, on a ces problématiques-là, on a mis en place des
11:16vélos électriques à disposition des salariés où il faut les utiliser
11:18gratuitement pour rentrer chez eux, aller faire des courses entre
11:22milliers d'eux, se promener s'ils ont envie, voilà. Donc ça c'est vraiment un
11:27impact fort et on a mené beaucoup d'actions comme ça, voilà.
11:30Tout à l'heure vous avez dit, vous vous êtes pris une plaque, une claque pardon,
11:34ça c'est quelque chose, comment est-ce que ce shift s'est opéré, vous avez l'air
11:40de le décrire, qui était aussi assez difficile, c'est vos investisseurs qui
11:44vous ont accompagné, comment vous vous êtes rendu compte qu'il fallait
11:48faire ce changement ? Alors, on était, moi j'en suis persuadé depuis des années
11:52parce que ce système de management de la qualité, de l'environnement, etc,
11:57c'est un vrai système de management de l'entreprise. Je gère l'entreprise via
12:01ces systèmes-là, c'est pas de dire on fait de la qualité pour la qualité, on n'a
12:04pas de client qui nous demande d'être certifié ISO ou d'être certifié, voilà.
12:07Donc on a vraiment une démarche volontaire là-dessus depuis des années.
12:10Je vois pas, le business model se fait autrement.
12:14Alors oui, on a fait une claque parce qu'on pensait connaître des choses et
12:20on les appréhende différemment via cet événement de la CEC.
12:23On nous projette d'ici 2035, qui sera très vite là, en nous disant mais voilà il y a un
12:29mur climatique qui va arriver, on va se prendre le mur de plein fouet si on
12:33réagit pas. Je pense que les entreprises sont là pour porter des actions, pour
12:38avancer. Si on attend que des décisions de l'État, ça va être compliqué.
12:42On sait qu'aujourd'hui, par super décontraintes, tout ce qu'on fera, et si
12:45on n'est pas devanceurs, si on n'est pas innovants sur tout ça, on fera peut-être
12:50partie des 45% d'entreprises qui diront c'est compliqué et on ne saura pas changer.
12:54C'est pas notre souhait, donc on a besoin d'avancer sur ce sujet là.
12:58Aujourd'hui, nos investisseurs, alors moi j'ai fait un LBO il y a sept ans, on a refait
13:03un au début d'année, et les investisseurs ont été convaincus par ça et nous
13:11demandaient aussi d'avoir des actions sur ESG. Voilà, ça faisait partie, on avait
13:15rempli des grilles, etc. d'évaluation, ils vont nous accompagner là-dessus.
13:19Grâce à eux, on a pu investir un peu plus, on rénove deux de nos bâtiments,
13:23aujourd'hui deux de nos usines, et sur une, on a décidé de mettre 200 000 euros
13:27supplémentaires pour supprimer les énergies fossiles liées au chauffage
13:30qui nous permettait, mettre des panneaux photovoltaïques, et ça sans ROI.
13:34Voilà, il n'y a pas de retour sur l'investissement principal, sauf d'être bon pour la planète,
13:38et peut-être bon pour nos salariés. Donc clairement, nos investisseurs nous
13:42accompagnent sur ces démarches là, et sont porteurs, et nous poussent à innover sur ces
13:46sujets là. Donc on a un vrai intérêt commun à travailler ensemble, et puis
13:51globalement, ça doit créer de la valeur pour l'entreprise également.
13:54Voilà, je pense qu'on prend aussi une petite longueur d'avance sur nos
13:57concurrents, pour rester au top niveau.
14:00On va revenir sur cet accompagnement, François-Xavier, donc Capron est un
14:04fabricant français de fournitures et matériel de pédicure et podologie,
14:07qui a ouvert son capital en mars. Est-ce que vous avez déjà mis en
14:12place des actions avant même cette ouverture du capital ?
14:16Alors effectivement, ce qui est à noter, c'est que cette problématique, cette
14:20sensibilité ESG, en fait, elle a toujours fait plus ou moins partie de l'ADN
14:24de l'entreprise, et puis de l'engagement un peu plus personnel dans la
14:28manière de mener la stratégie de l'entreprise, de se placer dans une
14:32logique de pérennisation, en fait, de nos savoir-faire, de notre
14:36business. Alors concrètement, si on prend des exemples, on a à notre niveau
14:41toujours privilégié des circuits courts d'approvisionnement, donc en
14:45sourçant un petit peu en escargot, en centrant d'abord sur un niveau
14:49régional, national, et en essayant de se limiter aux frontières au maximum
14:53européenne. Donc ça, ça a toujours été une volonté très affirmée de l'entreprise.
14:58C'est aussi de cultiver le made in France, en concentrant les savoir-faire, en
15:05conservant la production locale. Donc aujourd'hui, à travers des savoir-faire
15:09très variés, toutes nos équipes fabriquent ici, en Saône-et-Loire, une
15:15grande partie des produits que l'on propose à nos clients.
15:19Et la fidélisation aussi de ces ressources, savoir-faire, qui est une
15:24vraie problématique aujourd'hui en termes de recrutement, vient par le fait de
15:27donner du sens, finalement, à la mission que l'on propose à nos collaborateurs.
15:31Alors c'était, quelque part, c'est un peu les prémices. C'est vrai, quand on parle
15:35aujourd'hui de SG, de RSE, on est sur des choses beaucoup plus précises,
15:39quantifiées, mais c'est une démarche qui a toujours, en fait, nourri notre
15:44stratégie. Et c'est ce que l'on met en valeur, à travers notre relation
15:48commerciale avec nos clients, dans une logique de pérennité, de long terme.
15:52Donc on a toujours fait plutôt un atout commercial, un atout stratégique
15:57comparé à d'autres voies qui ont pu être choisies par des solutions
16:02concurrentes, qui, par facilité, allaient sourcer des produits dans des régions à
16:06plus faible coût. Et donc c'était une stratégie différente. Donc je rejoins un
16:10petit peu ce qui a été dit précédemment, c'est une vraie volonté
16:12d'entreprise que de s'inscrire dans ce type de démarche.
16:19Après, pour l'anecdote, en fait, quand on parle aujourd'hui de démarches
16:25ESG, il y a une dizaine d'années, on avait même amorcé un bilan carbone,
16:29alors même que ce type de démarche balbutiait dans l'industrie, on avait
16:32tenté de faire un bilan carbone pour mieux comprendre, en fait, où était le
16:39fonctionnement de l'entreprise. Parce qu'à travers ce type d'analyse, en fait,
16:42ça aide à mieux comprendre, finalement, tous les mécanismes de
16:47production, de génération de déchets, etc. Et plus récemment, c'est d'ailleurs des
16:53actions qu'on a commencé à mener, de notre propre initiative, dans
16:58justement la maîtrise, une meilleure maîtrise, une meilleure gestion des
17:00déchets, depuis leur génération, j'allais dire jusqu'à leur traitement, à
17:05travers le tri, le compactage, également tout ce qui touche à la sobriété
17:09énergétique, parce que c'est vrai qu'aujourd'hui, même si on est dans une
17:12industrie qui n'est pas très énergivore, néanmoins, on a besoin de maîtriser
17:17notre consommation énergétique et on a déjà commencé des démarches très
17:22concrètes, qui est de passer tous les éclairages de l'entreprise en éclairage
17:27de lait, d'organiser le temps de travail pour essayer d'optimiser l'outil de
17:31production et le fonctionnement des équipements et des matériels.
17:37Voilà, un certain nombre de démarches comme ça, concrètes, qui ont été amorcées
17:42sans que ce soit aujourd'hui, sans que ça s'inscrive dans une démarche très
17:46formelle, en fait, de ESG.
17:49Mais comme vous dites récemment, ça veut dire que ça, c'était après du coup
17:52l'entrée en capital, est-ce que c'est vos investisseurs qui vous ont aidé, qui
17:55vous ont accompagné à structurer tout ça ?
17:57Alors, ce que je décris là, c'est quelque chose qui s'est fait
18:00préalablement, parce qu'en fait, l'entrée des investisseurs est très
18:04récente, puisqu'elle a eu lieu en mars de cette année, donc c'est quelque chose
18:07qui est vraiment très, très récent et l'arrivée, finalement, de ces
18:13investisseurs a un rôle de booster, c'est-à-dire qu'entre une démarche plus
18:18individuelle qu'on peut mener de manière plus ou moins structurée,
18:21rappelons qu'on est dans un environnement de PME avec des
18:24ressources et des moyens, des ressources humaines qui peuvent être
18:29limitées, donc ce qui peut être initié de manière très intuitive, en fait, est
18:36boosté par l'arrivée de capitaux extérieurs, d'investisseurs extérieurs
18:41qui, eux, vont nous faire passer à une étape de projet formalisé, structuré et
18:48avec des objectifs, voilà, c'est la grande différence.
18:53Nos madames, depuis le début de cette émission, nous parlons de création de
18:56valeur, est-ce que vous pouvez nous dire concrètement quels sont les principaux
18:59leviers offerts par le respect de ces critères ESG pour stimuler, en fait, la
19:05création de valeur ? Alors, je pense qu'on a eu déjà un certain nombre d'exemples
19:09qui étaient assez intéressants. Effectivement, la difficulté qu'on a, c'est
19:14qu'on n'arrive pas complètement à quantifier de manière extrêmement
19:17précise une action RSE permet de générer tant de valeurs, mais ça ne veut pas dire
19:22qu'elle n'en crée pas. Il y en a un certain nombre qui sont un petit peu plus
19:25facilement mesurables. Vous évoquiez, par exemple, des sujets de réduction de coût.
19:29Quand on s'attaque à des sujets de consommation d'énergie, d'autant plus
19:34aujourd'hui avec le coût de l'énergie, très rapidement, on le retrouve en termes
19:37de diminution des coûts. Tout ce qui va toucher à la gestion, à l'efficacité
19:42opérationnelle de l'entreprise, typiquement, quand on va travailler sur
19:46la gestion des déchets, très rapidement aussi, on peut avoir cette notion de
19:49réduction des coûts. Quand on lance des démarches de circularité, c'est aussi
19:53extrêmement intéressant et c'est très souvent aussi des démarches créatrices
19:56de valeurs parce qu'on va probablement acheter moins de matières premières et
20:00avoir moins de déchets à traiter par la suite. Donc ça, typiquement, ce sont des
20:04exemples assez simples, mais réels. Autre levier de création de valeur, une
20:10entreprise qui sera particulièrement avancée sur ces sujets-là, elle va
20:14attirer des capitaux. Pourquoi ? Parce qu'il y a de plus en plus d'investisseurs qui
20:18sont des investisseurs durables et qui se spécialisent et qui ont des poches
20:21dédiées et qui vont donc chercher à investir dans ce type d'entreprise. Donc
20:25ça aussi, c'est un des moyens de créer de la valeur. On l'a évoqué, il y a aussi
20:30les sujets de transparence, d'image marque, de confiance des parties
20:36prenantes, de confiance des consommateurs, des clients.
20:39Ça, c'est nécessairement une création de valeur parce qu'on va produire un
20:43produit qui répond peut-être davantage aux attentes de ses clients. Et enfin, je
20:48dirais aussi sur tous les sujets en lien avec la gestion des risques et la
20:52gouvernance. Et ça, c'est quelque chose que j'observe depuis un grand nombre
20:57d'années. Une entreprise qui a une démarche RSE très avancée, c'est souvent
21:01une entreprise qui est bien gérée. Et l'inverse se vérifie aussi. C'est-à-dire
21:05qu'une entreprise qui n'a pas de démarche RSE, très souvent, on se rend
21:07compte qu'il y a des sujets de gouvernance, de gestion des risques au
21:11sens large, de gestion des risques réglementaires, etc. Donc ça aussi, c'est
21:15un aspect qui est assez important. On parle beaucoup de création de
21:20valeur, mais je pense qu'il ne faut pas oublier la protection de la valeur.
21:23C'est-à-dire qu'une entreprise qui aurait son modèle d'affaires qui serait
21:28impacté aujourd'hui ou demain par des enjeux RSE et qui va les anticiper,
21:34elle va soit éviter une diminution de sa valeur,
21:38soit éviter même un effondrement. Donc c'est de la protection de valeur et on
21:43peut considérer que ça reste de la création de valeur déjà, d'arriver à
21:45protéger la valeur de son entreprise. Je pense que ça c'est aussi...
21:50Il ne faut pas nécessairement parler que de création de valeur. La protection de
21:54valeur est très souvent la première marche quand on intègre la RSE.
21:58Vous nous avez parlé de beaucoup de secteurs, de domaines d'application de
22:03la RSE. Est-ce qu'il y a un critère, quelque chose qu'on regarde en premier
22:06en tant qu'investisseurs ? Est-ce qu'il y a quelque chose qui est fondamental ?
22:09Alors, tout est fondamental. Désolée pour ma réponse, mais c'est vrai.
22:14C'est-à-dire que les investisseurs, quand ils vont regarder les sujets RSE,
22:19et vous l'avez évoqué tous les deux, on va avoir un prisme qu'on appelle l'ESG.
22:22C'est un jargon financier qui veut dire environnement, social, gouvernance.
22:27Et toutes ces thématiques sont importantes à partir du moment où elles vont avoir
22:30un impact sur la performance à long terme de l'entreprise. Et on peut
22:34retrouver dans presque toutes les thématiques. Dans le E, on peut avoir des
22:38sujets des émissions de CO2, de l'empreinte carbone de l'entreprise.
22:43Est-ce que l'entreprise est capable de se décarboner ? Elle en a les moyens ou en
22:47tout cas elle a les leviers et la possibilité. Ça, ça devient un critère
22:50assez important. Sa manière de gérer ses risques en termes de pollution,
22:55d'utilisation de l'eau, de son impact et de sa dépendance envers la biodiversité,
23:01ça, ça peut être des enjeux aussi importants. Sur les aspects S, social, tout ce qui
23:08va toucher aux conditions de travail, vous l'aviez évoqué aussi, qui sont
23:11absolument centraux pour le bien-être de l'entreprise et puis le bien-être des
23:15collaborateurs. Sa relation avec ses parties prenantes, ça va être aussi des
23:18thématiques importantes. Et enfin sur le G, les sujets de
23:22gouvernance au sens large, de structuration, de transparence, de
23:25reporting, sa capacité à collecter et à rendre compte, ça c'est important. Et aussi
23:31tout ce qui va toucher à l'éthique des affaires. Donc là, j'ai répondu à votre question avec une
23:35grande liste. Mais parce qu'en réalité, ils sont tous importants et
23:40selon les secteurs et selon la matérialité, ils vont être particulièrement
23:44regardés par les investisseurs. Et Michael, le cas pratique, comment vous
23:48faites ? Est-ce que vous avez réussi à intégrer tous ces critères-là dans
23:52votre business model ? Bien évidemment ! Non, c'est complexe.
23:59Aujourd'hui, pour mesurer cette performance-là, alors on sait très bien le faire sur du
24:04financier, on n'a pas trop de soucis, ça c'est des choses que tout le monde a
24:07l'habitude. Le premier libreau que j'ai fait, c'était très finance, etc.
24:11Aujourd'hui, en effet, on commence de plus en plus à avancer. Alors on a lancé
24:15notre bilan carbone, ça nous a donné pas mal de pistes d'action sur différents
24:18domaines pour s'améliorer et challenger nos partenaires, nos fournisseurs.
24:22Et puis on a pris pas mal de décisions suite à ça. Aujourd'hui, on travaille avec
24:26nos investisseurs principalement pour trouver les bons critères, les bonnes
24:30mesures pour compter ce qui compte vraiment. C'est pas simple, voilà, c'est pas
24:34de se dire, tiens, on a mis ça en place et puis ça peut être sympa et faire du
24:37greenwashing un petit peu ou de sur la RSE, c'est de chercher des choses qui
24:41nous servent vraiment à piloter l'entreprise, qui font du lien, qui rendent
24:44l'entreprise plus pérenne, qui permettent de valoriser les salariés, d'attirer des
24:49talents. C'est important aussi, tous ces critères-là, voilà. Aujourd'hui, on sent
24:53qu'il y a plus en plus de jeunes ou de salariés qui souhaitent une entreprise,
24:56qui est vraiment engagée là-dedans. On fait pas de grosses communications sur ces
25:00systèmes-là, mais on le vit. Et je pense que ça se ressent quand je rencontre des
25:04futurs salariés, des gens comme ça, où on leur explique ce qu'on a mis en place,
25:08qu'on fait. Après, mesurer ça aujourd'hui, c'est un peu plus complexe. On est en
25:14train de faire des démarches, notamment avec nos investisseurs qui ont des grilles
25:17un peu ESG, standardisées, de voir qu'est-ce qu'on peut mettre, qu'est-ce qui est
25:20vraiment intéressant pour nous. Le but, c'est de pouvoir le piloter et de le faire
25:23intéressant. Il y a plein de critères qui sont tous très intéressants, mais qui
25:26sont de temps en temps assez basiques, on va dire, ou assez standardisés. Le but, c'est de
25:32aller un peu plus loin, c'est de se challenger réellement là-dessus.
25:34Oui, c'est encore très difficile de mesurer l'impact financier et non financier de
25:37toutes ces actions. De toutes ces actions, voilà. Par contre, on a pris des décisions
25:40importantes, par exemple, pour salariés, suite à la CEC, il y a ces événements
25:44qu'on a pu vivre. Aujourd'hui, on a, par exemple, décidé de réduire. On faisait des
25:48produits un peu volumiques, basiques, qui ne nous intéressent pas ou qui ne sont pas bons
25:52pour la planète, on va dire. Ça représente 15% de nos chiffres d'affaires aujourd'hui.
25:55On a décidé d'abandonner ces produits-là, très clairement, pour s'orienter vers des
25:59produits à plus forte valeur ajoutée. Donc là, il va y avoir des indicateurs, il va y avoir
26:03de la création de valeur, il va y avoir des choses différentes, et de s'orienter sur
26:06des produits bons pour la planète, bons pour l'habitat, éviter les bouilloires
26:09thermiques ou les passoires thermiques dans l'habitat, permettre à l'occupant de
26:13vivre correctement, avec le lien avec la nature, avec le maximum de transparence,
26:18avoir du verre bas carbone, toutes ces choses-là, on travaille dessus aujourd'hui.
26:21C'est une vraie ligne directrice qui va nous porter vers des indicateurs
26:26qui seront mis en place, qui nous challengeront réellement sur ces sujets-là,
26:29et vers quelque chose de bon pour l'entreprise.
26:32François-Xavier, vous quêtez du coup dans ces débuts de votre relation d'accompagnement
26:37avec vos investisseurs. Est-ce que vous rencontrez des difficultés ?
26:41Est-ce qu'il y a des choses qui sont difficiles à mettre en place ?
26:45Vous vous rendez compte que vous n'aviez pas forcément pensé à tout ?
26:48C'est juste, nous, à notre niveau, on est au tout début de la démarche,
26:52donc les difficultés sont devant nous, je n'en ai pas forcément encore pris toute la mesure.
26:57Alors c'est vrai que pour un peu rebondir sur ce que disait Mickaël,
27:02avec l'arrivée en l'occurrence de Ciparex, nouveau capital de l'entreprise,
27:06on a vraiment structuré la démarche avec l'objectif,
27:11l'idée de mesurer, d'objectiver finalement un certain nombre d'indicateurs.
27:16Et l'apport est très concret puisqu'il y a des équipes opérationnelles
27:21qui nous accompagnent dans cette démarche-là.
27:25Ça a commencé par un premier diagnostic qui a été fait,
27:29qui a permis de déjà dresser un premier bilan et d'entrevoir des premiers indicateurs.
27:37Et pour le coup, je parlais tout à l'heure de bilan carbone,
27:39on démarre aussi un bilan carbone, j'allais dire, plus normé aujourd'hui.
27:44Il était intuitif il y a quelques années, il est aujourd'hui beaucoup plus normé,
27:47accompagné avec un cabinet spécialisé qui va nous permettre vraiment
27:53d'écrire une feuille de route et de tracer des actions concrètes.
27:57Donc les difficultés, elles sont devant.
27:59C'est évident qu'aujourd'hui, elles ne sont pas forcément clairement identifiées.
28:04Mais par contre, je pense que c'est ce que je soulignais un peu tout à l'heure en introduction,
28:09à partir du moment où ça fait partie d'une véritable stratégie d'entreprise,
28:14que ça fait partie d'un marqueur fort qu'on veut même valoriser
28:17d'un point de vue business sur son marché,
28:22les difficultés, c'est les mêmes que d'autres difficultés
28:24qu'on peut rencontrer dans la vie de l'entreprise
28:26pour s'adapter à tout un tas de contraintes extérieures, économiques, normatives, etc.
28:32Donc aujourd'hui, cette sensibilité-là, elle fait partie des règles du jeu.
28:36Alors soit on les intègre et on est convaincu,
28:40et je pense que les difficultés, on les surmonte beaucoup plus facilement.
28:43Soit on vit ça comme une pure contrainte et là, probablement que les résultats ne seront pas les mêmes.
28:47Et puis après, il y a toute l'implication des collaborateurs qui est un élément clé.
28:54Merci beaucoup tous les trois pour vos interventions,
28:56pour vos témoignages éclairants sur la manière dont on intègre les critères ESG
29:01pour permettre de renforcer un modèle économique durable et ainsi créer de la valeur.
29:06Je vous rappelle que ses intervenants sont Noéla De Birmingham,
29:09présidente de la commission Sustainability chez France Invest,
29:12Mickaël Labrosse, président du groupe Perspicius,
29:15groupe VIT spécialisé dans le vitrage innovant,
29:17et François-Xavier Favre, Félix, CEO de Capron.
29:20Merci à tous et à toutes de nous avoir suivis.
29:23C'était Smart Industries.
29:26Ce programme vous a été présenté par France Invest.
29:2940 ans d'engagement avec les entrepreneurs pour une économie durable.

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