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Dans cette vidéo, on explore l'univers des restaurants routiers en 2023, ces établissements emblématiques qui accueillent les voyageurs sur les routes de France. En mettant en avant leur ambiance conviviale, leur cuisine généreuse et leurs histoires uniques, le documentaire révèle pourquoi ces lieux sont toujours appréciés des routiers et des automobilistes. Des interviews de patrons et de clients, ainsi que des images évocatrices, illustrent l’importance de ces restaurants dans le paysage culinaire français et leur rôle en tant que véritables points de rencontre sur les routes.
Transcription
00:004h du matin, le long d'une petite route du gars.
00:09Cette patronne de relais routier, Claudia, se prépare à une longue journée au service des chauffeurs.
00:16Je suis toute pimpante, mais eux, ils ne le sont pas.
00:25Est-ce qu'ils ont bien dormi ? Est-ce qu'ils n'ont pas bien dormi ?
00:28J'essaie d'être au mieux, souriante, pour leur faciliter la matinée, la journée.
00:35Claudia est tellement investie dans son métier qu'elle a choisi de vivre au cœur de son restaurant,
00:40dans ce modeste appartement de 25 mètres carrés, à deux pas des fourneaux.
00:46À peine sortie de son lit, elle se démène déjà pour bichonner ses clients.
00:51Allez, les croissants.
01:02Donc là, je suis sur place. Pendant que ça cuit, je me douche et je me prépare.
01:06Et quand je sors, normalement, c'est prêt.
01:09Évidemment, en me levant à 4 heures tous les matins, c'est beaucoup plus facile d'être sur place que de faire 10, 15 ou 20 kilomètres.
01:19Allez.
01:26Voilà les beaux croissants.
01:28Et quand je suis là, ils aiment bien.
01:33Bonjour. Je suis attendue ce matin.
01:36Bonjour, bonjour.
01:39Ici, Claudia tutoie tout le monde.
01:51Une ambiance familiale et un petit mot pour chacun, histoire d'adoucir un peu le réveil des forçats de la route.
01:58Tu veux un verre d'eau ?
02:00On discute 5 minutes.
02:02Et ça, ça vous plaît ?
02:03Ben oui. On part bien. On part de bonne humeur.
02:09Tu finis demain ? Tu rentres demain soir ?
02:11Je rentre demain et je vais aller me reposer 15 jours.
02:14Ah, et oui. Ah, t'as fini là ?
02:16J'ai fini mes 15 jours.
02:19Ils sont séparés de leur famille, donc il faut quand même qu'il y ait des moments de chaleur, qu'ils se sentent bien, qu'ils se sentent comme à la maison.
02:24En fait, il faut que quand ils se lèvent le matin, c'est comme s'ils étaient chez eux.
02:29On crée des liens, justement, avec les chauffeurs.
02:34Partiellement où j'ouvre, je suis là pour les écouter, n'importe quoi qu'ils aient à me dire ou quoi.
02:41Il est 7 heures, son mari Jo entre en scène.
02:45Il vient la remplacer derrière le bar.
02:48Eh, bonjour !
02:49Salut !
02:50Ça va ?
02:51Y a du monde de ce côté ?
02:53Ouais.
02:54Ils sont pas tous partis.
02:55Je vois parce que...
03:01Bon, je vais déjeuner.
03:03Et après, je...
03:05Après, au fourneau.
03:08Le couple se relaie tout au long d'une journée qui va durer 19 heures, 5 jours sur 7.
03:14Tenir un relais routier relève du sacerdoce.
03:17Quand on a un restaurant routier, ça fait partie de notre vie.
03:20De se lever tôt le matin, d'être à leur disposition, finalement.
03:24De dire, voilà, c'est ouvert, les toilettes, tout est propre, tout est à votre disposition.
03:29Le petit déjeuner est prêt.
03:32Comme à la maison, en fait.
03:35Les restaurants routiers comme celui de Claudia sont un maillon essentiel de notre économie.
03:42Sans eux, pas de répit pour les camionneurs dans leur course quotidienne contre la montre sur les routes de France.
03:48Vous êtes servis rapidement.
03:51Vous mangez très très bien.
03:54Et c'est pas cher.
03:56Depuis 1934, c'est aux célèbres écussons bleu-blanc-rouge qu'on les reconnaît sur les bords de nos routes.
04:03Pour avoir le droit de l'arborer, les restaurants doivent proposer un menu complet à moins de 15 euros.
04:08Mettre à disposition des douches impeccables.
04:10C'est super, c'est propre.
04:13Un grand parking sécurisé.
04:15Mais surtout offrir un accueil chaleureux avec le sourire.
04:19Et voilà les jeunes.
04:23Bon appétit.
04:24Des affaires où l'on fait rarement fortune.
04:26Pour joindre les deux bouts, les restaurateurs doivent rivaliser d'astuces.
04:30Ça va pas mon truc, ça va pas putain.
04:33S'ils étaient 4500 à la fin des années 60, ils ne sont plus que 700 à avoir su résister au règne des autoroutes et des stations-services.
04:42Aujourd'hui, ces relais aux charmes désuets sont en danger.
04:45Et avec eux, c'est tout un pan de l'histoire et de la culture populaire qui pourrait disparaître.
04:50En fait tout le monde veut du transport, tout le monde veut être livré demain.
04:53Mais il y a de moins en moins de trucs pour les routiers.
04:56Alors comment ces établissements font-ils pour servir encore une cuisine familiale à prix doux ?
05:01Au moins on le jette, au plus on a une bonne marge, au plus on économise.
05:05Ces relais qui sont autant d'oasis le long du bitume, ont-ils fait leur temps ?
05:09Leur charme vintage suffira-t-il à les sauver ?
05:12Malgré la crise qui les frappe, les restos routiers sont-ils toujours sympas ?
05:39Depuis plus de 20 ans, Pépito quitte sa famille du lundi au vendredi pour livrer des marchandises partout en France.
05:54Alors ce camion, moi je l'ai récupéré, il avait 20 000 kilomètres, j'en ai 647 558.
06:01Voilà, c'est quand même pas mal quoi.
06:04Il sillonne les routes à bord de son 44 tonnes qu'il a décorées à son image.
06:09Dans mon camion, c'est les chaussettes.
06:11Les seules chaussures qui sont autorisées, c'est celles-là, voilà.
06:14C'est celles de mon fils.
06:15Oui, je suis plus souvent dans mon camion qu'avec mon épouse et mon enfant.
06:19Ma maison, c'est ici.
06:23Pépito vit et dort dans son camion 5 jours sur 7.
06:27Son seul luxe, ce sont les pauses casse-croûte.
06:31Mais comme ses temps de conduite sont strictement réglementés, il ne s'arrête pas toujours où il veut.
06:37Ce matin, il devra se contenter d'une station service.
06:40Et ce n'est pas ce qu'il préfère.
06:42Là, j'ai la coupure à faire.
06:44Donc on va voir pour peut-être manger un petit morceau, voir ce qu'il y a.
06:55C'est 5 euros, tous les rôtis mayonnaise.
07:01C'est tout mou.
07:02C'est pas le pain qui a été fait ce matin par un boulanger.
07:04Je me dis que ça dépanne.
07:09La gastronomie désert de repos, très peu pour lui.
07:15C'est triste.
07:16C'est triste.
07:18C'est vraiment industriel.
07:22Et quand il goûte le fameux sandwich triangle, c'est encore pire.
07:29C'est un peu sec.
07:30Je cherche le poulet.
07:31J'ai senti la salade, mais le poulet, je ne sais pas où il est.
07:34Ça n'a pas de goût.
07:36C'est fade, la merde.
07:38Mais si on est condamné à manger ça tous les jours, ça sera moins drôle.
07:48Il n'y a personne.
07:49L'ambiance est là.
07:50Il n'y a aucun contact.
07:51Il n'y a rien.
07:52Là, je mange.
07:53C'est une machine à café.
07:54J'ai beau essayer de lui parler, elle ne me répond pas.
07:57J'en ai eu pour 10 euros.
07:58J'ai mis 4 euros de plus.
07:5914 euros, je vais dans le restaurant.
08:01Entrée, plat, fromage, dessert, café, assis et de la vraie nourriture.
08:11Mais les chauffeurs routiers ont bien du mal à faire coïncider leur temps de repos obligatoire avec une bonne table.
08:18Alors, pour aider ses collègues à planifier leurs arrêts, Pépito a eu une idée.
08:23J'ai créé une page sur les réseaux sociaux.
08:25Ça s'appelle Un resto pour les routiers.
08:27C'est des chauffeurs qui m'envoient des petits messages.
08:29Tiens, Pépito, à tel endroit, il y a un restaurant.
08:31Tu l'as pas sur la carte.
08:32Voilà l'adresse.
08:33Voilà les horaires.
08:34On y mange bien.
08:36La page, oui, a permis de se rendre compte qu'en fait, il y avait encore une certaine solidarité sur la route malgré tout.
08:42Après 6 mois d'existence, le site de Pépito compte déjà plus de 25 000 membres.
08:49Une communauté soudée qui s'échange les bons et mauvais restaurants aux 4 coins de France.
08:55Le truc, c'est que les réputations se font et se défont très vite.
08:58Elles se défont plus vite que ce qu'elles se font d'ailleurs.
09:01Parce qu'autant un restaurant pas bon, ça va se savoir très vite.
09:03Un restaurant très bon, il va falloir un petit peu de temps pour que ça se sache, malheureusement.
09:07Dès qu'il le peut, Pépito teste de nouvelles adresses pour alimenter son site.
09:12Pour sa pause déjeuner, il a décidé de sortir de l'autoroute et d'essayer un restaurant qu'il ne connaît pas.
09:18Perdu au milieu d'une zone industrielle, près de Chalons-sur-Saône.
09:21Bonjour.
09:22Bonjour.
09:23Voici le manger.
09:24Vous laissez vous installer à l'intérieur du tunnel.
09:26Là-bas ?
09:27Allez, ça va, merci.
09:33On verra ce qu'il y a dans l'assiette, mais déjà l'établissement lui-même est sympathique.
09:38J'ai vu qu'il était ouvert pendant le Covid, donc passons dans le coin, la moindre des choses.
09:42Vu qu'ils étaient là pour nous, c'est de les faire travailler.
09:44Ils ont compris que les routiers sans les restos, elle n'est pas l'un sans l'autre.
09:49Monsieur, aujourd'hui au menu, formule entrée, plat, fromage, dessert.
09:54Ça vous convient ?
09:55Oui.
09:56Avec le café compris.
09:57Parfait.
09:59Le menu coûte 14 euros, un prix aligné sur l'indemnité repas perçus par les routiers.
10:06Pour commencer, Pépito a choisi une tarte poivre au chorizo, cuisinée à l'orientale.
10:11Voici, bon appétit.
10:12Merci.
10:18C'est super bon.
10:19C'est du fait maison, il n'y a zéro souci là-dessus.
10:22Et contrairement aux stations-service, dans les relais routiers, les copains ne sont jamais loin.
10:26Comment tu vas ?
10:27Ça va bien ?
10:28Ça va et toi ?
10:29Le camion, je me disais je m'arrête.
10:30Comment tu as fait pour avoir mon camion ? Il est discret comme temps ?
10:32C'est facile.
10:35Ça c'est impeccable.
10:38Merci.
10:39La dégustation se poursuit avec des boulettes d'agneau à la marocaine.
10:47Pas mauvais du tout.
10:48A mon avis, ceux qui font les boulettes.
10:51T'as fait exactement comme moi en fait.
10:53Ben oui, je fais comme toi.
10:55Si tu finis pas, tu me le dis.
10:57C'est ça l'entraide de la route.
10:59Et aujourd'hui, on retrouve des liens sociaux.
11:05Alors, comment ça s'est passé messieurs ?
11:06Très bien.
11:07Très très bien.
11:09C'est bien, si on peut vous faire plaisir.
11:11C'est même pas une question de plaisir, c'est une question de tradition chez vous.
11:16D'accord, c'est gentil ça, je le dirai aux cuisiniers.
11:20Franchement.
11:21Pepito s'empresse de répertorier l'adresse sur son site.
11:24Voilà, ça y est, c'est fait.
11:26J'ai marqué très bien mangé, je conseille l'arrêt.
11:28Avec des points d'exclamation.
11:31Il refuse de se considérer comme un critique gastronomique.
11:34Mais depuis qu'il a monté son site,
11:36les restaurateurs commencent à le connaître et redoutent son avis.
11:40Par bouche à oreille, on m'a parlé de quelqu'un qui avait créé un groupe.
11:43Grâce à ça, j'ai fait virtuellement la connaissance de Pepito.
11:47C'est un petit enjeu quand même en plan commercial.
11:51C'est vrai qu'on a envie de faire bonne impression.
11:54Oui, ça nous met un petit peu de pression, c'est sûr.
11:58Pepito est ravi de sa trouvaille du jour, car la qualité n'est pas toujours au rendez-vous.
12:03Mais le chauffeur gastronome essaie de rester indulgent.
12:06Il est conscient que l'époque est difficile pour les restauroutiers.
12:10Nombreux sont ceux qui mettent la clé sous la porte,
12:12après des années de bons et loyaux services.
12:16Pressés par des délais de livraison toujours plus courts,
12:19les chauffeurs s'y arrêtent moins qu'avant.
12:22Et ceux qui sont encore ouverts sont à la merci du moindre accident de parcours.
12:32En Seine-et-Marne, non loin de Fontainebleau,
12:34c'est une déviation qui a bouleversé le destin du petit Périchois.
12:39A cause d'elle, le nombre de camions qui passent devant le restaurant a été divisé par deux.
12:45Malgré tout, Christiane, 71 ans, continue chaque matin de préparer le petit déjeuner.
12:53Ils aiment bien que je leur tartine, parce qu'ils disent qu'à la maison, leur femme, elle n'en fait pas.
13:00J'ai dit ce que je leur dis, on est votre deuxième maison.
13:12Est-ce qu'elles sont bonnes ?
13:14Je pense que ça fait un moment qu'on ne m'a pas beurré mes tartines, apparemment.
13:23Le petit Périchois est une institution, tenue par Christiane et sa fille Sandrine,
13:28à ses côtés depuis la création de l'affaire familiale, il y a 30 ans.
13:34A l'époque, le relais était prospère.
13:37L'équipe accueillait près de 200 clients par jour.
13:40Un âge d'or, aujourd'hui révolu.
13:49Ce qui empêche les routiers de venir ici plus nombreux, c'est ce pont en travaux, à 16 km du petit Périchois.
13:56Depuis de longs mois, il est interdit aux poids lourds,
13:59qui doivent désormais faire un long détour pour accéder au restaurant.
14:03Une situation qui désespère Sandrine.
14:06Voilà le pont de Pont-sur-Yonne fermé pour un an, qui nous bouffe 50% de la clientèle.
14:14Je sais bien qu'on ne peut pas empêcher les travaux, il faut bien que ça se fasse, je suis d'accord.
14:18Mais il y avait peut-être d'autres solutions que de l'interdire aux poids lourds.
14:23On n'est pas à l'abri de mettre la clé sous la porte, que tout ça se termine.
14:27Et franchement, ça me ferait du mal de finir comme ça.
14:36A cause de cette déviation qui fait chuter la fréquentation,
14:40la famille n'a pas pu remplacer le cuisinier qui vient de partir à la retraite.
14:45Alors, pour sauver le restaurant, Sandrine, qui était serveuse, a dû passer de la salle au fourneau.
14:52Un défi pour la jeune femme, qui n'a aucune formation en cuisine.
14:56Bon, je vais attaquer mes croque-monsieurs.
14:59Je me suis dit que comme il faisait super chaud, pourquoi ne pas leur faire des croque-monsieur façon Cyril Lignac.
15:06Un petit clin d'œil pour lui.
15:09Pour faire face, Sandrine a dû aller chercher des idées de recettes sur internet.
15:17Normalement, je suis en salle.
15:19Faire à manger pour 60-80 personnes, c'est un peu la cohue.
15:24J'ai bien galéré.
15:26Oui, j'ai eu des loupés, ça.
15:29Qu'est-ce que j'ai fait cramer ? La pâtissière, je crois.
15:32La pâtissière, c'était ma pire ennemie, celle-ci.
15:35Heureusement, il y a un plat qui ne lui pose aucun problème.
15:39C'est la tête de veau, la recette phare de la maison depuis sa création.
15:43On la met en rôti et elle cuit pendant 4h30.
15:47On la laisse refroidir et on la coupe.
15:50C'est plus facile à couper quand c'est bien froid que quand elle sort du four.
15:53Sandrine, qui a passé toute son enfance en cuisine, l'a vue faire des milliers de fois.
15:59Voilà, ça amène un petit peu d'amertume à ça.
16:05J'aime bien. Je mets ça, quelques carottes en rondelle.
16:08Après 45 minutes au court bouillon, elle serre la tête de veau avec une sauce gribiche.
16:14Il y a des gens qui viennent de très loin pour manger la tête de veau.
16:17On est encore à 80 kilos par semaine.
16:20C'est le plat préféré des gens qui viennent ?
16:21Oui.
16:23Une recette qui attire toujours une clientèle d'habitué.
16:27Mais qui ne suffit plus à remplir la salle.
16:32Dans le temps, la salle je l'ai connue archi pleine.
16:35Celui qui arrivait à 12h30, il fallait qu'il attende dans l'entrée que les premiers partent pour pouvoir avoir une place.
16:41Moi ça me plaît bien parce qu'on mange bien, c'est bien servi, il y a du choix, le prix est très raisonnable.
16:49Pourvu que ça dure.
16:52Au revoir.
16:54Merci, bonne après-midi.
16:57Mais aujourd'hui, le petit Perichois doit affronter un autre coup du sort.
17:02Une taxe sur les parkings que Sandrine a découvert quand en décembre 2018,
17:07elle a reçu une lettre en guise de cadeau de Noël lui réclamant plus de 53 000 euros d'arriéré.
17:1553 000 euros comme ça, on ne peut pas les sortir comme ça.
17:18C'est encore une taxe en plus.
17:20C'est du racket.
17:22Créée pour financer le Grand Paris, cette taxe concerne les parkings de plus de 500 mètres carrés et uniquement en Ile-de-France.
17:29D'autant plus rageant qu'à quelques mètres près, Sandrine aurait pu y échapper.
17:34Si on avait été dans Lyon, qui se trouve à 300 mètres, on aurait été exonérés de cette taxe et ça nous aurait vraiment fait du bien.
17:42On a essayé tout ce qu'on pouvait, que ce soit maire, député, il n'y a rien à faire.
17:48Un menu rôti à 15 euros, on ne fait pas trop de bénéfices dessus.
17:51Pour payer les taxes et tout ça, je ne vais pas me lever à 4 heures du matin,
17:56me coucher à minuit pour donner les trois quarts de ce que j'ai gagné à l'État.
18:01Ça, c'est mort.
18:03Sandrine n'a pu négocier qu'un échelonnement de sa dette.
18:06Chaque mois, elle doit rembourser 1300 euros au fisc.
18:11Ce qui l'a fait tenir à la barre de l'affaire familiale, ce sont les routiers qui lui sont restés fidèles.
18:17Le petit Périchois, c'est un endroit qui est connu.
18:20Les gens, quand ils passent par ici, ils savent que c'est ici qu'il faut manger.
18:25Voilà, bon appétit !
18:28Et puis, c'est encore l'ancienne version des routiers.
18:33C'est une taverne.
18:35Vous aimez bien la bonne bouffe, vous rencontrez, bien manger, rigoler.
18:40C'est simple, vous avez la solution.
18:42Celui qui respecte ça, il a tout gagné.
18:45Sandrine est déterminée à poursuivre l'aventure, envers et contre tout.
18:50On s'accroche. Non, je pense qu'on travaille.
18:55C'est vrai qu'on a l'espoir toujours.
18:58Après, on n'est pas à l'abri.
19:00Qu'est-ce qui pourrait nous tomber dessus encore ?
19:03Aujourd'hui, tenir un resto routier est un parcours semé d'embûches.
19:09Certains, pourtant, osent encore se lancer dans l'aventure.
19:13Même si, a priori, rien ne les y prédestinait.
19:19Tu recules, fille. Encore un, encore un.
19:23C'est le cas de Gwendoline et Vincent, maréchaux ferrants.
19:28Et là, je les rabats vers le haut pour pouvoir retirer le fer.
19:33Ils sont sur le point de reprendre un relais routier en Normandie.
19:40Un changement de vie et d'univers pour le couple.
19:43Ils s'apprêtent à quitter le cadre enchanteur de ce lycée agricole,
19:47dont ils fèrent les chevaux des élèves,
19:50pour un restaurant en Borde nationale, près d'Evreux.
19:56Ce matin, j'ai fait l'ouverture du restaurant.
19:59C'est moins fatigant que de faire les chevaux.
20:03Vincent a 55 ans et 3 grands-enfants d'une première union.
20:08Depuis 10 ans, il partage la vie de Gwen, 26 ans.
20:12C'est elle qui l'a convaincue de se lancer un nouveau défi.
20:16Et ce ne sont pas leurs 2 enfants en bas âge qui les freinent dans l'aventure.
20:24On va l'occuper. On va trouver des tatas.
20:28Tu ne la manges pas, celle-là.
20:31C'est Gwen qui a dit, écoute, le restaurant est à vente, ça ne t'intéresse pas.
20:36Tu ne voudrais pas qu'on le reprenne ? Et puis voilà, quoi.
20:39Ma fille me dit, je ne sais pas comment tu fais à 55 ans,
20:42changer d'horizon, refaire autre chose.
20:45Elle me dit, je ne sais pas si je pourrais le faire, moi.
20:49Mais bon, tant qu'on a la gouache.
21:01Leur travail terminé, Gwen et Vincent filent au restaurant qu'ils vont reprendre.
21:08Depuis 6 mois, pour être fin prête pour l'ouverture, Gwen prend ses marques.
21:13Chaque soir, elle vient aider Stéphane, le patron actuel.
21:17Un perrier, s'il vous plaît.
21:19Avec de la glace ?
21:22Il a décidé de vendre, après 13 années harassantes à tenir le restaurant avec sa femme Angélique.
21:27Le couple veut que la transition se passe bien, avant de transmettre le flambeau.
21:34Je suis même contente que ce soit quelqu'un qu'on connaisse.
21:37Pourquoi ?
21:39Parce que c'est un peu notre bébé, donc du coup, on ne le laisse pas non plus à quelqu'un qu'on ne connaît pas.
21:44Le côté routier, je trouve, est plus sympa que le côté restaurant pur et dur, je pense.
21:49Ils ont un humour un peu spécial des fois, mais ils sont sympas.
21:52Sans café ?
21:54Ah non, un repas café.
21:56Je me permets de m'incruster ?
21:59Pendant que Gwen s'entraîne à tenir le bar, Vincent rencontre les fournisseurs habituels du restaurant.
22:05Et comme d'habitude, leurs deux enfants, Léna et Sacha, ne sont pas bien loin.
22:16Je m'appelle Vincent, on va voir, pour travailler ensemble.
22:19Je vais m'occuper plus ou moins de tout ce qu'ils commandent et tout ça.
22:25Avant d'être maréchal ferrant, Vincent a travaillé plus de 20 ans dans la restauration collective.
22:32Il a donc une idée très précise de la cuisine qu'il veut proposer ici.
22:37Je vois que vous faites des plats à tout près aussi, mais ça ne m'intéresse pas trop.
22:41Non, et puis ce n'est vraiment pas notre cœur de métier.
22:44Ce n'est pas sur les produits où on est le mieux placé.
22:47Oui, bien sûr.
22:49On est vraiment le mieux placé sur la viande fraîche.
22:52Moi, je veux essayer de travailler un maximum de produits bruts.
22:56Tout ce qui est pâtisserie, Gwen adore ça, moi aussi.
23:00L'après-midi, on va faire de la pâtisserie, mais pour le lendemain, on veut rester dans la cuisine familiale.
23:06Vincent continuera à commander de la viande et des frites chez ce fournisseur.
23:11Les fondamentaux d'une cuisine pour chauffeur routier.
23:15Et pour sélectionner leur morceau préféré, il prend conseil auprès de Stéphane, un ancien boucher.
23:22Tu tapes de la bavette, de la ranche et de l'onglet.
23:28Après, si je veux faire de l'entrecôte, je mets un supplément, par contre.
23:34Tu as l'expérience des clients et comme tu es boucher à la base.
23:39La bavette, c'est ce qu'ils adoraient.
23:41Franchement, c'est ce qu'ils adorent.
23:43Il faut aussi séduire la clientèle.
23:45Alors, les futurs patrons font un peu de relations publiques, leurs enfants toujours sous le bras.
23:50On veut au maximum faire du fait maison, prendre des produits locaux aussi.
24:14C'est vrai que la plupart des vrais habitués, je les ai déjà vus souvent,
24:19ils sont sympas.
24:23Quand j'entends Gwen, là, aujourd'hui, parler, elle est plus timide d'habitude.
24:27Et puis, ça se voit sur elle qu'elle est timide.
24:29Mais là, elle les connaît, donc ça va.
24:32Mais je compte beaucoup sur elle par rapport à ça.
24:35Dans 15 jours, Gwen et Vincent deviendront officiellement propriétaires du relais européen
24:39et feront leur entrée dans une institution vieille de plus de 80 ans.
24:44Si on retrouve le logo bleu-blanc-rouge le long de toutes les routes de France,
24:49c'est grâce au grand-père de cet homme, Laurent De Saulieu,
24:52aujourd'hui à la tête du guide des relais routiers.
24:55Bonjour, bonjour.
24:57Ça fait du bien d'être arrivé, parce que...
24:59Vous allez bien ?
25:00Ça va.
25:01Ça fait plaisir de vous voir.
25:02Oui, nous aussi.
25:04Il est l'héritier d'une famille, liée à l'univers de la route depuis près d'un siècle.
25:08Et c'est lui qui, aujourd'hui, est le garant de ce patrimoine.
25:13Et c'est ça, le fameux pâté maison ?
25:14Pâté maison, oui.
25:16Et les rillettes, regardez comme elles sont belles.
25:18C'est un beau buffet, les gars, ils aiment bien.
25:21Un relais routier, c'est un routier comme ici.
25:23C'est un endroit où le chauffeur est passé 3 fois et on connaît son prénom.
25:27Il y a un grand parking, il y a une grande salle, il y a un buffet de hors-d'oeuvre.
25:32C'est un relais routier.
25:33À l'origine de cette saga familiale, un homme bourlingueur et anticonformiste
25:37qui a consacré sa vie à ceux qu'on ne surnomme pas encore les routiers.
25:41François de Saulieu.
25:43Ça, c'est mon grand-père, tel que je l'ai connu, moi.
25:45C'est mon grand-père, il doit avoir 70 ans au moins.
25:47Et des souvenirs.
25:53Frappé par la misère des forçats de la route,
25:55cet aristocrate a libéré la rue de Saulieu.
25:59Frappé par la misère des forçats de la route,
26:01cet aristocrate a l'idée de créer le syndicat des conducteurs routiers
26:05pour défendre leurs conditions de travail.
26:08Ils ne veulent plus, à l'avenir, être considérés
26:11comme des boucs émissaires et des gens sans importance.
26:16Ce passionné de la route a réussi à fédérer cette population peu considérée à l'époque.
26:24Et pour plaider la cause des camionneurs,
26:26le grand-père de Laurent de Saulieu lance un journal,
26:29organe du syndicat qui devient rapidement la bible des chauffeurs.
26:34Ça commence en 1934 par la création d'un journal
26:37qui s'appelle le journal Les routiers
26:39et dont l'objectif était de défendre les chauffeurs routiers.
26:43Mon grand-père, qui est jeune journaliste fauché à Paris,
26:45qu'on a envoyé faire une pige justement,
26:47on lui a dit tu montes dans un camion, tu vas à Marseille,
26:49tu fais aller-retour.
26:50Donc ça lui a pris 10 jours, je crois.
26:52Et il est revenu en se disant que Les routiers,
26:54c'était des gens très sympathiques,
26:56mais c'était des gens très seuls,
26:57c'était des gens dont personne ne s'occupait.
26:59Et il s'est pris une passion pour Les routiers
27:01et c'est comme ça que ça a commencé.
27:05François de Saulieu décide de consacrer les dernières pages du journal
27:08aux bonnes adresses sur les routes.
27:11Ils étaient classés par axes.
27:12Il y avait des axes de ville de province à ville de province.
27:14C'est-à-dire que quand on allait de Paris à Cambrai,
27:16on pouvait s'arrêter à Rouen, à Péronne.
27:20Les relais où l'on peut trouver le journal arborent son logo.
27:25Dans les années 50, ils fleurissent un peu partout en France.
27:34Et ils deviennent les points de ralliement de cette communauté soudée.
27:55Ce qui reste de cette époque,
27:57c'est le fameux logo qui n'a quasiment pas changé.
28:01Pour avoir le droit de l'accrocher
28:03et être référencé dans le guide,
28:05les restaurateurs doivent payer 400 euros par an.
28:14Pour dénicher une bonne adresse,
28:16les chauffeurs préfèrent aujourd'hui les réseaux sociaux,
28:18comme les applications Les routiers,
28:20Truckfly
28:23ou encore la page A resto pour les routiers,
28:25créée par Pepito.
28:30Le chauffeur gastronome n'a pas la prétention
28:32d'avoir lancé un guide culinaire,
28:34mais plutôt un outil qui facilite la vie des routiers.
28:38On n'est pas là pour manger un 5 étoiles.
28:41Nous, ce qu'on veut, c'est arriver à trouver
28:43à manger à prix raisonnable par rapport à nos frais de route,
28:47être bien accueillis,
28:49avoir de la bonne nourriture dans l'assiette
28:51et sortir rassasiés.
28:53Et Pepito est là pour vérifier
28:55que certains patrons de relais routiers
28:57ne se laissent pas aller.
29:14A la carte, le relais propose les plats classiques d'un routier.
29:17Mais la première chose qui alerte Pepito,
29:20c'est l'état des lieux.
29:22La propreté, c'est moyen.
29:24Même les settes de table, c'est moyen.
29:26Et il n'y a pas que les settes de table.
29:28Le sol et les murs n'ont pas vu une éponge
29:30depuis bien longtemps.
29:33C'est dans son but.
29:35C'est pas neuf.
29:37On va lui donner un petit ralentissement de façade.
29:39Il choisit un plat simple,
29:41a priori irratable,
29:43une bavette avec des pâtes.
29:45Voilà, jeune homme.
29:47Bon appétit.
29:51Il y a des viandes qui sont mouteuses.
29:54Là, non.
29:56Malheureusement, il n'y a pas de mou.
29:58C'est pas beaucuse, c'est sûr.
30:00Une salle peu soignée,
30:02une nourriture médiocre,
30:04voilà comment certains relais routiers
30:06se mettent en danger.
30:08Oui, il y en a certains qui ont disparu.
30:10Ils ont disparu parce qu'ils n'ont pas fait le nécessaire aussi.
30:12Il y a aussi des patrons qui se sont tués tout seuls.
30:14Dans l'assiette,
30:16seul le moelleux au chocolat est à sauver.
30:18Et côté sanitaire,
30:20c'est franchement insalubre.
30:22Les sanitaires sont dans leur jus,
30:24la douche aussi.
30:36Ça a besoin d'un bon coup de pinceau.
30:38Pendant le week-end,
30:40le pinceau et horchiler un coup,
30:42ça serait quand même pas mal.
30:44Cette fois-ci,
30:46la vie que poste Pépito sur sa page
30:48est plus incisive.
30:50Pas mal mangé,
30:52mais il faudrait un bon coup de propre.
30:58Si certains ne font
31:00aucun effort,
31:02à quelques kilomètres du pont du Gard,
31:04une autre restauratrice
31:06vise l'excellence tous les jours.
31:12Claudia, qui vit 24h sur 24
31:14dans son restaurant,
31:16mène tambour battant son affaire
31:18depuis 6 ans.
31:20Elle concocte une cuisine exceptionnelle
31:22qui demande une organisation minutieuse.
31:26Pendant que ses deux commis
31:28préparent les hors-d'oeuvre,
31:30elle élabore les desserts des deux jours à venir.
31:32Là, on va faire un montage
31:34de crème de marrons.
31:36C'est un dessert qui raffole aussi.
31:38Eté comme hiver.
31:40Et pour que ça aille vite,
31:42Claudia a tout prévu.
31:44Tout est planifié, anticipé.
31:50On va faire un fond
31:52de crème mascarpone.
31:54Chaque jour,
31:56les gourmands ont le choix
31:58entre 7 recettes sucrées.
32:00Tous les desserts sont faits maison.
32:08J'ai hâte d'être à la bourre.
32:10Je préfère me dire
32:12qu'à 10h30,
32:14j'ai tout bouclé
32:16plutôt que de regarder l'heure
32:18en permanence.
32:24Claudia a réinterprété
32:26le buffet d'entrée,
32:28le grand classique des relais routiers.
32:32En plus des incontournables charcuteries,
32:34elle propose un assortiment raffiné
32:36de crudités.
32:38C'est la même méthode que le buffet.
32:40Le client peut mettre
32:424 aliments différents dans son assiette.
32:44Sur le petit plateau, il va mettre
32:464 verrines différentes.
32:48En moyenne, on met entre 2 et 3 verrines
32:50par jour par client.
32:54Elle se distingue des relais routiers
32:56traditionnels.
32:58Avec une cuisine pointue
33:00aux accents gastronomiques.
33:02Les farcies qui cuisent
33:04dans le four à pizza.
33:06En plus de cette recette
33:08de poivrons et courgettes farcies à la viande,
33:10au menu ce midi,
33:12des moules au chorizo.
33:14C'est toujours meilleur quand ça repose.
33:18Ou la brochette de dinde marinée au paprika.
33:20Des plats travaillés qu'on trouve rarement
33:22dans un routier.
33:24Avec un menu à 15 euros,
33:26je m'en sors parce que je cuisine,
33:28je transforme, je retransforme.
33:30Je pense que c'est ce qui fait ma force.
33:34Sa cuisine lui a valu une reconnaissance inattendue.
33:36En 2019,
33:38elle a été conviée à un déjeuner
33:40au Palais de l'Elysée,
33:42au milieu d'un parterre prestigieux
33:44de 250 grands chefs.
33:48J'ai été invitée en tant que cuisinière
33:50d'un restaurant routier.
33:52J'ai fait beaucoup de choses moi-même.
33:54Comme ces chefs qui étaient venus chez moi
33:56l'avaient vu,
33:58qui étaient les seuls qui n'avaient pas d'étoiles.
34:00C'est un souvenir inoubliable.
34:02J'ai eu l'honneur d'être
34:04aux côtés de M. et Mme Macron,
34:06président de la République.
34:08C'est pas toujours que ça arrive.
34:10J'avais fait un honneur et une fierté.
34:14Et son souci de l'excellence
34:16se retrouve dans les moindres détails
34:18de son établissement.
34:22Je plie le linge des chauffeurs.
34:24Chaque chauffeur prend son tapis de sol.
34:26Ça permet d'avoir toujours
34:28une douche propre au sol
34:30puisqu'ils essuient à la fin avec.
34:32Pendant que les blancs en neige montent
34:34pour la mousse au chocolat,
34:36je peux plier le linge.
34:38Ici, les sanitaires sont impeccables.
34:40Et en plus, Claudia offre la douche
34:42avec le repas.
34:44Là, c'est pareil.
34:46Chaque client qui rentre
34:48a sa serviette individuelle
34:50et le panier de linge sale.
34:52C'est joli, c'est propre.
34:54Ils le remarquent.
34:56Ils se sentent reconnus.
34:58C'est comme à la maison, il faut que ce soit propre.
35:00La réputation de Claudia
35:02a largement dépassé le milieu des routiers.
35:04Elle a su fidéliser une autre clientèle,
35:06des gens de la région,
35:08comme des touristes.
35:10Bonjour, vous allez bien ?
35:12Très bien, ça va, merci.
35:14Des moules ?
35:16Qu'est-ce que vous voulez boire à table ?
35:18Le client chez moi,
35:20il est pas un pion.
35:22Deux fois par an, je le reconnais.
35:24Des fois, je me rappelle pas d'où il est arrivé,
35:26mais je sais qu'il est déjà venu.
35:28D'être reconnu, je pense que
35:30pour un client, c'est important.
35:32C'est coloré, c'est l'été.
35:36C'est mieux qu'à la maison.
35:38C'est pas du light.
35:40La farce, elle est pas sèche.
35:42Elle est très bonne.
35:46On est à 2 km de la maison,
35:48mais on préfère manger là.
35:50Mon commerce serait fragilisé.
35:52Alors qu'en travaillant avec des locaux,
35:54des entreprises,
35:56je diversifie ma clientèle
35:58et j'ai plus de clientèles le midi
36:00que le soir.
36:02C'est très bon, plus que parfait.
36:04Une tarte au citron qu'on visitait,
36:06c'était excellent.
36:08C'est vraiment très bon.
36:10On n'est pas sandwich
36:12sur des herbes d'autoroute.
36:14C'est pas bon.
36:167 euros le sandwich, il y a rien dedans.
36:18Vous rajoutez 7 euros ici,
36:20ils vont vous régaler.
36:28Même sans viser une telle perfection,
36:30tenir un relais routier demande
36:32un engagement total qui n'effraie pas
36:34Gwen et Vincent.
36:36Après des mois d'entraînement,
36:38ils viennent de signer l'achat
36:40de leur restaurant en Normandie.
36:42A qui je donne les clés du resto ?
36:44A la patronne.
36:46Pour acquérir le fonds de commerce,
36:48le couple a déboursé
36:50la somme de 150 000 euros.
36:52Pour le moment,
36:54le restaurant appartient à la banque.
36:56Dans 7 ans,
36:58il sera complètement à nous.
37:00Les femmes d'abord.
37:04Un moment solennel
37:06que Gwen et Vincent fêtent avec les vendeurs.
37:10Tu es propriétaire maintenant.
37:12A votre nouvelle vie.
37:14On se regarde quand on fait le chien.
37:18A notre retraite.
37:24Bon courage à vous.
37:26Tout va bien.
37:32Le restaurant a fermé pendant une semaine
37:34et il est loin d'être en état.
37:40Il leur reste peu de temps
37:42pour tout remettre en ordre
37:44avant la réouverture.
37:52Heureusement, le père de Gwen
37:54est venu leur donner un coup de main.
37:56Ses parents sont toujours là.
37:58Faire venir une entreprise
38:00quand on vient de dépenser
38:02pour acheter le restaurant,
38:04on se dit qu'on va éviter d'investir.
38:06C'est pas évident aujourd'hui.
38:08Covid, changement de métier,
38:10avoir des prêts par les banques.
38:12On n'a pas le choix que de faire
38:14parce qu'on n'a qu'une semaine
38:16de fermeture.
38:18On aura fini.
38:20Le restaurant, c'était pas très propre.
38:22Il faut qu'on passe le plafond.
38:24Il y a des oreillers.
38:26C'était sûr que blanc, c'était une bonne idée.
38:28On a l'impression que c'est tout d'oeuf
38:30quand c'est blanc comme ça.
38:34Si ça s'écaille,
38:36ça risque de tomber du mur.
38:38Ça peut tomber dans les assiettes
38:40quand on prépare à manger.
38:42Il faut réfléchir un peu.
38:44Autre urgence dans la cuisine,
38:46les filtres de la hotte
38:48qui sont noirs de crasse.
38:50Ah, ça me dégoûte.
38:54Ils sont pourris, ils sont vieux.
38:56Ils ont fait leur temps.
38:58Ça va pas, mon truc.
39:00Ça va pas, putain.
39:02Faut que j'agisse différemment.
39:06Effectivement, c'est un autre monde,
39:08c'est autre chose,
39:10mais non, je pense que c'est pas inconscient.
39:12Se mettre sous un cheval, c'est dur.
39:14Vous l'avez vu.
39:16Quand vous êtes venus avec nous,
39:18et encore, ça marche pas bien.
39:20Il a tout cassé.
39:22Il a tout cassé.
39:24Il a tout cassé.
39:26Il a tout cassé.
39:30Tu le veux, ton fils ?
39:32Viens, son fils.
39:34Viens, son fils, avec sa mère.
39:40Dans cette aventure,
39:42leurs enfants restent leur priorité.
39:44Même si on a une amplitude horaire
39:46au niveau du restaurant qui est importante,
39:48quand il n'y a pas de clients,
39:50ils peuvent très bien être avec nous.
39:52On va pouvoir, un de nous deux,
39:54aller au poney pour la petite.
39:56Lui, on verra plus tard.
39:58S'occuper d'eux,
40:00on aura le temps de le faire.
40:04Gouane et Vincent ont la foi.
40:08Voilà.
40:10Là, ça devrait tenir.
40:12Parce qu'ils descendent plus, là.
40:16Il ne leur reste que deux jours
40:18pour être fin prêts avant l'ouverture,
40:20avec une inconnue.
40:22C'est la première fois
40:24qu'elle prospère.
40:26La difficulté pour un relais routier,
40:28c'est de gagner sa vie
40:30avec un menu à moins de 15 euros.
40:32Une équation que Claudia,
40:34la restauratrice du Gard,
40:36maîtrise parfaitement.
40:38En bonne femme d'affaires,
40:40elle négocie les prix
40:42auprès des fournisseurs de sa région.
40:44On crée des liens aussi.
40:46Comme moi, des commerçants,
40:48on crée des liens.
40:50Par habitude et par amitié,
40:52on essaie de faire tout ce qui est à proximité.
40:56Pour les fruits et légumes,
40:58elle a choisi le maraîcher du village.
41:02Allez, aux achats.
41:04Hola, hola.
41:06Ça va ?
41:08Allez, 6 melons,
41:102 pastèques.
41:12Pas de problème.
41:14Pastèque français.
41:16Elle a très peu de temps pour faire ses courses,
41:18alors elle va à l'essentiel.
41:20Claudia sait toujours ce qu'elle va faire.
41:22Tu me feras une petite note ?
41:24Une petite note.
41:28Mais comme la majorité des restaurateurs,
41:30c'est sur le vin
41:32qu'elle dégage le plus de bénéfices.
41:34Un Côte-du-Rhône qu'elle a déniché
41:36à la cave coopérative de Gojac,
41:38située à quelques kilomètres de son restaurant.
41:40Salut, ça va ?
41:42Tu vas me mettre
41:442 rouges,
41:462 rosés et 2 blancs.
41:48D'accord, comme d'habitude.
41:52C'est ici qu'elle achète en vrac
41:54le vin qu'elle sert en pichet à ses clients.
41:58Ça va très bien.
42:00Et ça, le fromage aussi ?
42:06C'est pas mal, ça.
42:08Je touche le litre à 1,40,
42:10et donc quand on vend
42:12un demi-litre de vin,
42:14à 4 euros, on s'y retrouve.
42:16C'est un très bon rapport qualité-prix.
42:18C'est pas cher, le quart de vin, 2 euros.
42:20C'est plus bas
42:22qu'un coca ou qu'une bière.
42:24Et si le caviste lui fait un bon tarif,
42:26c'est aussi parce que Claudia
42:28lui amène des clients.
42:30Ça marche au goût, évidemment,
42:32parce que le vin est bon.
42:34Les touristes qui le boivent, il y a un bon retour.
42:36Du coup, c'est vrai que ça fait aussi une publicité
42:38des fois qui est quand même assez...
42:40C'est pas mal, quoi.
42:42Voilà, c'est le deal, quoi.
42:44C'est bien pour le menu que j'ai sorti, c'est parfait.
42:46De toute façon, les routiers, ce qu'il y a de bien,
42:48c'est qu'ils voyagent de par leur métier,
42:50ils sont dans la France entière,
42:52et c'est eux qui colportent la bonne parole,
42:54puisque quand ils parlent du vin du 64,
42:56ils disent que le vin est bon,
42:58mais il est pris à la petite cave de là-bas,
43:00et c'est un vin local, et c'est très bien.
43:02Donc ça fait notre publicité,
43:04on va dire, dans la France entière.
43:12Claudia a une autre astuce
43:14pour préserver sa marge.
43:16Elle fait la chasse aux dépenses inutiles.
43:18Et surtout, elle ne jette rien.
43:24Alors, je vais faire un plat de lasagnes.
43:26Les lasagnes, pourquoi bien ?
43:28Parce qu'il me restait de la farce,
43:30donc j'ai agrémenté de tomates.
43:32Quand il y en reste,
43:34automatiquement, ça part dans autre chose, quoi.
43:36On est dans l'anti-gaspi.
43:38Ça fait partie du concept de la cuisine,
43:40au moins, on jette,
43:42au plus, on a une bonne marge,
43:44au plus, on économise,
43:46au plus, on rentre dans les clous
43:48du menu à 15,
43:50il faut y penser à ça.
43:52Ça ne se fait pas de jeter,
43:54ça ne fait pas partie de ma vie.
43:56Je sais que la lasagne à midi,
43:58ça part, quoi.
44:00Il faut que ce soit bon, quand même.
44:02Agrémenter les restes
44:04fait baisser le prix de revient du plat.
44:06Chaque portion de lasagne
44:08lui coûte seulement 1,80 euro.
44:18En 6 ans d'existence,
44:20Claudia a réussi à prouver
44:22qu'on peut gagner sa vie
44:24tout en offrant le meilleur au routier.
44:26Alors, l'escalope, elle est ici.
44:28La tourte, elle est là.
44:30Les patrons ont super sympa,
44:32super bonne assiette.
44:34Voilà, quoi.
44:36Ça suffit.
44:38Bonne cuisine, comme on aime bien.
44:40Puis, bien sûr, l'accueil du patron,
44:42de la patronne,
44:44un service rapide, efficace.
44:46Puis, bien sûr, les douches,
44:48parce qu'on aime bien, nous, les routiers,
44:50se détendre le soir, se laver.
44:52On revient même quand on ne travaille pas.
44:54En se donnant corps et âme
44:56à son restaurant,
44:58Claudia a réussi à en faire
45:00une affaire rentable
45:03En Normandie,
45:05pour Gwen et Vincent,
45:07l'aventure débute aujourd'hui.
45:09Avec l'ouverture de leur restaurant,
45:11c'est une nouvelle vie qui commence.
45:17Maintenant, on a l'impression
45:19qu'il y a du monde qui arrive.
45:21Ça va occuper et on pensera à autre chose.
45:23Pour oublier le stress de ce grand jour,
45:25le couple a tout préparé avec soin
45:27jusqu'au menu sur les ardoises.
45:29Ils ont gardé la même équipe,
45:32et Diroy, le cuisinier,
45:34qui va devoir changer ses habitudes.
45:56Ce qui déstabilise Diroy,
45:58c'est que Vincent a décidé
46:00de faire plus de produits frais à la carte.
46:02Alors, pour rassurer son cuisinier,
46:04le patron met la main à la pâte.
46:12Une manière pour Vincent
46:14de montrer au chef qu'il sait aussi faire la cuisine.
46:26Autre nouveauté du restaurant,
46:28proposer des desserts faits maison,
46:30comme ce phare breton.
46:40Les premiers clients arrivent
46:42et, bonne nouvelle,
46:44les habitués sont là pour les soutenir.
46:46Bonjour !
46:48C'est la première journée ?
46:50C'est ça.
46:52Et ça, c'est l'apprenti ?
46:54C'est ça.
46:58Gwen et Vincent ont aussi fait le pari
47:00de mettre au menu plus de légumes verts.
47:04Alors, si certains restent fidèles
47:06au classique steak frites,
47:08d'autres osent le filet mignon aux courgettes.
47:10Merci.
47:12Voilà.
47:14Là, je vois des légumes,
47:16t'as changé de frites.
47:18Moi, j'aime bien la présentation,
47:20j'aime tout.
47:22C'est confit, c'est bon, il y a une bonne sauce,
47:24c'est chaud, pour le prix,
47:26c'est vraiment parfait.
47:30Ça vous convient ou pas ?
47:32Oui.
47:34C'est délicieux.
47:36Un petit peu de légumes, ça fait du bien ?
47:38On va pas faire frites et pâtes tous les jours.
47:40C'est très bien.
47:42C'est le routier traditionnel
47:44qu'on aime bien.
47:46Sympathique, bonne cuisine,
47:48et pas trop chère.
47:50Gwen aussi est inquiète
47:52du retour des clients.
47:54C'était bon ?
47:56Super.
47:58On reviendra.
48:00Quand ils disent que c'était bon, ça fait plaisir.
48:08Oui, c'est positif.
48:10Il faut le temps que les gars sachent
48:12que c'est réouvert aussi.
48:14Je pense que c'est positif.
48:16Ils ont l'air satisfaits.
48:26Les relais routiers,
48:28une institution qui jalonne toutes les routes de France
48:30et qui a même réussi à se faire une place
48:32au cœur de Paris.
48:38Comme ici, dans cette rue étroite
48:40où il est pourtant impossible de garer son poids lourd.
48:44Dans ce restaurant,
48:46pas de douche pour les chauffeurs,
48:48mais tout le folklore d'un authentique routier.
48:50De la borne kilométrique
48:52au fameux macaron
48:54tricolore décliné à l'envie.
48:56Tout y est.
49:00Une idée de Margot
49:02et son frère Félix
49:04qui ont bien saisi le potentiel marketing
49:06de l'image des routiers.
49:10On va faire la nouvelle carte
49:12pour le mois prochain.
49:14Pour les entrées, on rajouterait
49:16Thérine de Pieds-de-Cochon, le toast.
49:18Le toast grillé Pieds-de-Cochon, il serait bien.
49:20Le friso à lardons, il marche très bien.
49:22Ah, mais si, on va rajouter aussi
49:24les oemerettes,
49:26les pommes de terre tièdes avec l'ajout
49:28d'oeufs confites.
49:30Les routiers, c'est un label
49:32qui parle beaucoup à une génération
49:34qui peut être la génération de nos parents, par exemple.
49:36Donc,
49:38ça rappelle un restaurant
49:40où on mange bien,
49:42où on est bien accueilli, où il y a une bonne ambiance.
49:44Et c'est vraiment l'image qu'on voulait trouver.
49:46Et ça parle tout de suite.
49:48En fait, les clients, quand ils s'approchent,
49:50ils voient ce logo et ça leur parle tout de suite.
49:52Le concept colle tellement
49:54à l'esprit des routiers que Margot
49:56et Félix n'ont eu aucun mal
49:58à obtenir le label auprès du guide officiel.
50:00Ils ont dit oui,
50:02ça a du sens juste par le fait
50:04que c'est une bonne cuisine maison,
50:06une bonne cuisine familiale.
50:08Et l'esprit qu'on retrouve
50:10dans les routiers est présent
50:12même si, en effet, on n'accueille pas
50:14tous les jours des poids lourds
50:16et qu'on n'a pas des douches ni un vestiaire
50:18dans le restaurant.
50:20Ça nous est arrivé de recevoir
50:22des anciens routiers et quand ils passent
50:24le pas de la porte, ils disent mais c'est incroyable,
50:26ça me rappelle vraiment les routiers dans lesquels
50:28j'étais plus jeune et ça fait plaisir.
50:30Dans l'assiette, on retrouve tous les classiques
50:32du genre. Blanquette de veau,
50:34oeufs mayo ou choux farci.
50:36Mais pas vraiment
50:38au même prix. Ici,
50:40pas de menu à 15 euros.
50:42Manger une entrée, un plat et un dessert
50:44revient presque au double.
50:46Et pourtant,
50:48les parisiens en mal d'authenticité
50:50se bousculent pour goûter ces recettes de grand-mère
50:52servies à la bonne franquette.
50:54Les oeufs mayo, c'est un classique
50:56incontournable.
50:58Ils sont magnifiques.
51:00Sans chichu, il y a une ambiance sympa
51:02qu'ils ont su conserver.
51:04C'est vrai qu'on a plaisir
51:06même à Paris à retrouver
51:08ce type de restaurant.
51:10Moi, j'ai pris des rognons.
51:12Des rognons à moutarde à l'ancienne.
51:14Et en fait, concrètement, nous,
51:16c'est notre repas familial du dimanche
51:18depuis que je suis petite.
51:20Là, je suis juste à la maison.
51:22Un peu désuets en province,
51:24furieusement tendance
51:26dans la capitale.
51:28Et si, finalement,
51:30la planche de salut des relais routiers
51:32venait de l'envie des Français
51:34de renouer avec une cuisine simple
51:36et sincère.
51:38Une cuisine que les citadins
51:40redécouvriraient avec plaisir
51:42sur la route de leurs vacances.
51:52Musique jazz
52:22...

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