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Binder vous propose le portrait de @marinethibault_music, une femme qui existe!
Suite à un choc émotionnel dans le milieu du spectacle, elle écrit une lettre dans l'espoir de soulager sa douleur. Comme un instinct de survie, elle se demande "Et si je pouvais faire de cette expérience quelque chose de constructif? la sublimer?" Alors elle saisie la lettre et commence à rapper avec le titre "Soundcheck".
Entre indignation et poésie, dérision et mélodies, Marine fabrique un univers dan slequel les influences métisses et les rythmiques urbaines tissent un tapis volant pour faire voyager ses messages.

Attaché de presse: @daydreammusicfr

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Musique
Transcription
00:00Salut Dailymotion, c'est Marine Thibault, je viens ici pour l'interview sur Binder.
00:08Je suis ici pour vous présenter mon nouvel album de chansons, même mon premier album
00:23de chansons, vu qu'avant je faisais surtout de la musique instrumentale.
00:25Ça mélange musique électronique avec des textes que j'ai écrits au fur et à mesure.
00:30C'est un projet assez intimiste, j'ai mis très peu de temps pour le faire en fait.
00:36Tout est sorti d'un coup, c'était vraiment un cri du cœur.
00:39A la base c'était une lettre à un ami, j'avais besoin de lui écrire des choses
00:43puis finalement je ne l'ai jamais envoyée, je me suis dit mais quel gâchis perdre ce
00:46temps-là, ça ne sert à rien d'écrire des choses qu'on n'envoie jamais, et puis
00:50je me suis dit qu'est-ce que je pourrais en faire pour que ça devienne quelque chose
00:52d'utile et du coup j'ai pris la lettre et je l'ai rappée.
00:54Et ça a fait les cinq premières chansons.
00:56Je suis née au château des Rouvilles qui est un studio d'enregistrement mythique
00:59des années 70 où mon père était ingénieur du son et ma mère était musicienne, organiste
01:04à la base, compositrice et chanteuse.
01:07Et une femme vraiment très douée qui m'a appris la musique d'une façon très originale
01:11dans les années 80, vu qu'il ne s'agissait pas de lire les notes ou des partitions,
01:16d'être interprète, mais vraiment de composer, de raconter des histoires, d'être à l'écoute
01:20de ses ressentis, de ses émotions, et du coup je me suis beaucoup amusée avec son
01:25matériel, avec ses boîtes à rythme TR-808, les synthés d'époque, je jouais au vaisseau
01:30spatial avec les sons, mais je voyais aussi son parcours de femme en tant que musicienne
01:35qui était très difficile dans ce milieu d'homme très macho et d'une violence inouïe
01:41parfois.
01:42Personne n'est intervenu en fait.
01:44Il pouvait même arriver qu'elle soit frappée, qu'on dise aux enfants qui voulaient intervenir
01:53« mais c'est bon, c'est pas grave, venez regarder la télé, on s'emboque », des choses
01:59comme ça.
02:00Il n'y a qu'une personne qui est intervenue pour l'aider et oui, j'ai assisté vraiment
02:04à des choses très dures dans cet endroit qui est le château d'Éroville et qui ne
02:08concerne pas que ma mère.
02:09En fait, quand j'avais 13 ans, je chantais, je chantais devant le collège et tous les
02:14plus grands s'étaient moqués de moi et je n'ai plus jamais rechanté.
02:17Ma mère qui était musicienne rêvait que je sois chanteuse et moi je n'avais pas du
02:21tout envie de faire cette carrière-là parce que je trouvais qu'il y avait beaucoup de
02:23sexisme et je n'avais pas du tout envie d'être une femme objet entre guillemets ou devant
02:28les projecteurs.
02:29Mais par contre, j'ai toujours composé et continué à écrire des choses, parfois sous
02:35forme de journalisme, de texte ou de clips et là, j'ai tout réuni dans des chansons.
03:05C'est un hommage pour les femmes aussi, pour dénoncer l'hypocrisie de la société
03:23occidentale, aussi pour dénoncer l'hypocrisie de ce monde qui prétend donner la liberté
03:30aux femmes, l'égalité aux femmes, une dignité aux femmes, alors qu'ils sont je ne sais pas
03:35combien de millions à se masturber sur des images complètement trash et hardcore et que
03:42toute la jeunesse qui arrive là grandit aussi avec ces images qui sont profondément violentes
03:47et qui, à mon sens, ne sont pas le reflet d'une relation d'amour et égalitaire qu'on
03:52peut avoir entre un homme et une femme.
03:53Cet album a été une véritable thérapie.
04:11C'était un moment donné où je vivais une situation très difficile dont je ne pouvais
04:15pas parler.
04:16J'étais dans une situation d'emprise et du coup, j'ai pu mettre des mots sur des situations,
04:22sur des ressentis, des choses que j'aurais aimé exprimer, que je n'ai pas pu exprimer.
04:26Et je pense que ça a été un petit peu comme une barque qui m'a évité de me noyer.
04:32L'album que je sors n'est pas forcément une dédicace aux femmes, mais il est vraiment
04:37une dédicace à toutes les personnes qui ont été victimes de violences, que ce soit violences
04:41psychologiques, sexuelles, sexistes.
04:44Il y a plein de types de violences, tout un panel merveilleux dans notre monde.
04:48Et du coup, c'est un hommage à ces souffrances-là, mais c'est aussi une « renaissance » de
04:56dire qu'on peut s'en sortir, on peut avancer avec ça, on peut en faire des choses et puis
05:00on peut peut-être essayer à notre échelle de propager d'autres idées pour que tout
05:04cela cesse et que ça ne se répète pas.
05:06Je pense que ça peut être plus difficile pour une femme de percer dans la musique dans
05:10la mesure où il y a des compromis qu'on refuse.
05:15Je n'aurais jamais imaginé être cette femme-là quand j'étais petite, mais j'ai vécu des
05:20situations où il y avait énormément d'injustices, notamment dans le milieu de la musique.
05:26Et je suis très contente de parler et de rendre ces injustices avec la musique aujourd'hui.
05:33Bye bye Dailymotion, merci Stella pour cette interview et ces bons moments.
05:38J'ai hâte que vous retrouviez maintenant mon album sublimé sur toutes les plateformes.