A l’occasion de la Journée internationale du droit des femmes du 8 Mars Binder Média vous propose tous les jours des portraits de femmes inspirantes.
Aujourd’hui c’est Ludivine Retory qui nous raconte son parcours de femme animatrice TV & Radio. Elle aborde avec nous sa vision sur les droits et les combats des femmes passés présent et futurs.
Aujourd’hui c’est Ludivine Retory qui nous raconte son parcours de femme animatrice TV & Radio. Elle aborde avec nous sa vision sur les droits et les combats des femmes passés présent et futurs.
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00:00 Bonjour les binders, j'espère que vous allez bien.
00:01 Je suis Ludivine Rettori et évidemment, le 8 mars c'est bientôt,
00:05 on va parler du droit des femmes.
00:07 Les bonbons, les chocolats, les fleurs, les déclarations d'amour,
00:15 c'est pas du tout le jour où faire ça, c'est une journée de lutte.
00:18 Parce que malheureusement, la lutte continue.
00:19 Alors c'est vrai que quand on parle de lutte,
00:21 on voit tout de suite deux entités qui s'affrontent.
00:23 C'est pas ça, c'est une journée de reconnaissance,
00:26 justement, du fait que les femmes aient juste envie d'égalité et d'équité.
00:29 Entre les hommes et elles, parce qu'on le sait,
00:32 la route est encore tellement longue, on gagne toujours pas les mêmes...
00:36 Voilà, l'inégalité salariale persiste, elle perdure.
00:39 L'inégalité sociétale perdure.
00:42 Le patriarcat est toujours tellement ancré et fait encore tellement de dégâts partout.
00:47 Donc c'est juste une journée où on dit "Pardon, on veut juste être comme ça,
00:51 50-50, comme ça, on avance ensemble, main dans la main."
00:53 C'est juste ça en fait pour moi le 8 mars.
00:55 Je pense que les femmes, c'est celle de cette nouvelle génération,
00:59 celles qui ont été abreuvées dans leur biberon des "Mlin-Pankers",
01:03 elles se sont tellement vite rebellées que les écarts commencent à se restreindre.
01:08 Mais dans certains métiers, dans certains milieux malheureusement,
01:11 et dans mon domaine d'audiovisuel,
01:13 il y a des femmes qui gagnent souvent plus que des hommes.
01:16 Tout dépend effectivement de la place où elles se situent,
01:18 mais en tant que chroniqueuse et par rapport à ce que je sais de mes petits camarades de jeu,
01:22 ça se joue plus à l'ancienneté qu'au genre.
01:24 Et heureusement, féminité et féminisme, ça n'a rien à voir.
01:27 Le féminisme, c'est juste revendiquer l'égalité des droits.
01:29 Ça ne passe pas du tout par le fait d'avoir envie de mettre du rouge à lèvres
01:33 ou de s'épiler les aisselles.
01:34 On est d'accord, ce n'est pas du tout le même, ça n'a rien à voir.
01:36 D'ailleurs, je parlais d'Emily Pankhurst tout à l'heure,
01:38 mais son mari est l'un des premiers hommes féministes à avoir encouragé sa femme dans tous ses combats.
01:44 Donc évidemment qu'il y a des hommes qui sont féministes
01:46 et qui aujourd'hui nous permettent d'avancer peut-être plus vite qu'on l'aurait fait si on était solo.
01:52 Ce n'est pas que ce soit un inconvénient, c'est qu'on doit juste faire 10 fois plus.
01:55 On a tout le temps nos preuves à faire quand on est femme.
01:59 Et je parle, moi j'ai deux combats parce que je suis femme et noire.
02:03 Donc comment te dire que pour moi, ça n'a jamais été véritablement facile ?
02:07 Parce qu'on doit toujours effectivement prouver qu'on est bon, qu'on est bonne,
02:11 qu'on est percutante, que je suis rigoureuse, que je vais performer comme tout le monde,
02:16 que je vais travailler parce que quand les grossesses arrivent,
02:19 moi j'ai deux enfants, à chaque fois, ça veut dire que tu seras absente.
02:23 Les gens ne se rendent pas compte que malheureusement,
02:25 les femmes sont toujours perçues comme des petites choses fragiles,
02:28 qu'ils ne pourront pas assumer.
02:29 Moi j'ai travaillé jusqu'au bout de mes deux grossesses,
02:32 je me suis arrêtée 15 jours de congé de maternité.
02:35 Enfin voilà, on est des bosseuses, malheureusement on ne nous voit pas encore trop
02:40 comme des guerrières du quotidien, mais c'est pourtant ce qu'on est.
02:43 Moi quand je vois des choses sur les réseaux sociaux,
02:45 des fois j'ai l'impression que je suis au milieu des années 20, c'est n'importe quoi.
02:48 Quand on voit des personnes du gouvernement, comme ce cher monsieur Darmanin, n'est-ce pas,
02:52 qui siège encore et qui ose parler à Pauline de Malher en disant
02:55 "Tout va bien se passer ma petite dame, tout va bien se passer",
02:57 ben non, parce qu'il ne parlerait jamais comme ça à un homme.
03:00 Et on le voit même dans l'hémicycle, les femmes qu'on va traiter de poules je ne sais pas quoi,
03:05 ou bien une meuf arrive parce qu'elle a un décolleté ou elle est en robe,
03:08 elle va se faire siffler à l'Assemblée nationale,
03:11 enfin c'est vraiment n'importe quoi.
03:13 Donc je crois qu'en fait c'est toutes les strates de la société qui méritent d'être éduquées
03:17 pour que demain, je l'espère, mon petit garçon de 11 ans,
03:20 qu'il agisse normalement, enfin de la même façon avec un homme, avec une femme,
03:24 mais qu'il voit juste le niveau de compétence et pas du tout le genre.
03:27 Mais je lui assène des trucs des fois, il a eu l'occasion quand il était plus petit,
03:30 de dire à sa grande sœur, parce que j'ai une fille aînée,
03:33 enfin je sais plus, elle lui demande de débarrasser,
03:36 il lui dit "Non mais t'es là pour ça", mais je crois que ce jour-là, le pauvre,
03:39 il a failli, c'était sa dernière heure, sa dernière heure avait presque sonné.
03:44 Et en fait, c'est là qu'on se rend compte que très tôt on apprend aux petits garçons
03:47 "Mais non, t'inquiète, ta sœur est là, maman est là, ou nanana",
03:50 quand ils nous voient passer.
03:52 Et c'est pour ça que malheureusement j'en veux, limite à certains parents,
03:55 parce que ça commence à la maison en fait.
03:57 C'est-à-dire qu'à la maison, tout le monde participe, c'est une mini société,
04:00 tout le monde doit participer à la vie de la mini société.
04:03 Et quand ça se fait pas, et quand on explique aux petits garçons
04:05 "Mais non, les filles elles aiment ça, laver le linge, faire la vaisselle,
04:08 faire le ménage, passer l'aspirateur, regarde, en plus il est rose,
04:11 il y a des aspirateurs roses pour les filles",
04:13 quand ça se fait dès la base même et quand ça se fait au sein du foyer,
04:17 je pense qu'on voit totalement la différence d'éducation après au quotidien.
04:22 Quand j'ai commencé à travailler, je me rappelle, j'avais une oreillette
04:25 et le producteur avait fait une déclaration dans le TV Magazine d'ailleurs,
04:30 c'est le TV Mag à l'époque, en disant "le cerveau est au bout de l'oreillette".
04:34 Voilà ce qu'il avait dit. C'est sympa.
04:37 Alors il s'est excusé, et comment ?
04:40 "Tu veux savoir comment ? Je te le donne en mille, avec des chocolats,
04:43 des fleurs et du champagne", parce qu'évidemment, on sait qu'on ne peut pas résister à ça.
04:47 Et je pense que ce qui s'est pris derrière de ma part,
04:50 en devant revenir sur ces déclarations,
04:53 aura été pour moi justement la plus belle de ces excuses.
04:55 Mais elle est partout, la misogynie elle est au volant,
04:58 parce que voilà, les gars ils se permettent de faire n'importe quoi
05:00 quand ils voient des femmes sur la route, elle est partout quoi,
05:03 dans un supermarché, la façon dont un vigile va s'adresser à une femme
05:07 en pensant que je ne sais pas quoi...
05:10 Moi je la vois partout, je la vis même des fois chez moi
05:13 où je suis obligée de dire "mec, pardon, mais fais attention,
05:16 parce que là on va se battre, fais attention à toi,
05:19 on va en venir aux mains". Je rigole quand je dis ça évidemment,
05:22 mais c'est vrai qu'elle est partout, et malheureusement,
05:25 et c'est pour ça que je parlais de double combat pour moi,
05:27 parce que je vis du racisme ordinaire très fréquemment,
05:30 et la misogynie ordinaire c'est la même en fait.
05:32 Ils sont persuadés des fois, les hommes, de limite, de nous faire un compliment,
05:35 alors qu'il n'en est rien, on est totalement dans le cas inverse.
05:39 Les binders, j'espère que vous avez passé un bon moment avec moi,
05:41 j'ai beaucoup parlé parce que je suis une pipelette,
05:43 mais j'espère surtout que je vous verrai le 7 mars,
05:46 à la soirée qui sera juste exceptionnelle, n'est-ce pas ?
05:49 Notre soirée donc, "Je suis une femme et j'existe".
05:52 On se voit donc le 7 mars.
05:57 ♪ ♪ ♪