Un an des massacres du 7-Octobre: "Ceux qui ont survécu ont de l'espoir", raconte Sébastien Spitzer, journaliste qui sort un livre sur les victimes du 7-Octobre

  • il y a 3 heures
À 3 jours des un an du 7-Octobre, le journaliste Sébastien Spitzer est l'invité de BFM Story. Il a écrit le livre "Et nous danserons encore" chez Albin Michel dans lequel il a recueilli les témoignages des survivants et des proches des victimes. 

Category

📺
TV
Transcription
00:00Le titre de votre livre, Et nous danserons encore, il est optimiste et pourtant en lisant les récits, j'ai le sentiment d'israélien qui était meurtri, qui était épuisé par cette guerre, il y a encore de l'espoir ?
00:15Ça c'est la grande question, ça c'est la vraie question, la seule question qui va être, oui il y a de l'espoir puisqu'il y a ceux qui ont survécu ont de l'espoir.
00:27Pour répondre à votre question, plus simplement, je voudrais citer Jonathan Silver. Jonathan Silver, c'est ce jeune homme d'une trentaine d'années, sa mère pendant 30 ans a milité pour la paix, sa mère pendant 30 ans a accompagné les mères palestiniennes, les femmes palestiniennes de Gaza vers les hôpitaux israéliens.
00:48Sa mère pendant 30 ans, elle portait ce charpe turquoise de Women Watch for Peace, elle organisait des grandes marches à travers tout le pays avec les femmes palestiniennes, main dans la main, pour la paix, c'était une pacifique, une pacifiste, une colombe, une peacenix comme on dit.
01:03Jonathan, le 7 octobre, était en ligne avec sa mère via WhatsApp, via les réseaux de télécommunication et elle a vu les terroristes faire éruption chez elle et la communication s'est rompue avec Jonathan.
01:20Elle lui envoie un message, elle lui dit les terroristes sont là, ils sont dans la maison, il lui répond je suis avec toi maman, elle lui répond je te sens mon fils, je peux sentir ta présence et là plus rien.
01:29Je te sens mon fils, je peux sentir ta présence. Imaginez, ce sont les derniers mots qu'un fils va lire de sa mère. Après, juste après, elle va se faire massacrer.
01:38Et Jonathan, la première chose qu'il me dit quand on se retrouve, quand on échange, quand il me raconte son histoire et l'histoire de sa mère et l'histoire de leurs grands-parents, toute son histoire, parce que ce livre raconte toute la généalogie de ses familles.
01:52La première chose qu'il me dit, c'est qu'il va reprendre le combat de sa mère. Il n'est pas dans la rancœur ou dans un désir de vengeance, il veut reprendre le combat de sa mère pour la paix.
02:04Pour moi, c'est un modèle absolu, c'est un évangile.
02:08Et il dit tuer des bébés à Gaza pour venger les enfants tués par le Hamas, ça ne sert à rien.
02:12C'est un pacifiste, ce sont des pacifistes. Ils habitaient à côté de l'enveloppe de Gaza, de la bande de Gaza, non pas pour occuper ce lieu, mais pour être prêts à aider.
02:23Ce qui est intéressant dans votre récit, c'est qu'il n'est pas manichéen, il est très en nuance à travers tous ces personnages, toutes ces personnes qui témoignent.
02:33Tous sont des rescapés, sont des proches de victimes, mais tous n'ont pas le même regard sur ce qui est en train de se passer, sur la guerre qui a lieu en ce moment à Gaza.
02:42Il y a effectivement des désirs de paix chez les uns, et vous prenez le cas de Jonathan, mais à contrario, il y a aussi une volonté de vengeance chez d'autres.
02:50Par exemple, Hugo, qui est un rescapé habitant du kibbutz de Berry, il a un discours très différent.
02:55Lui, il dit on était à gauche, on était très à gauche, on était engagés pour la paix, mais ce jour-là, tout a changé.
03:00Oui, mais c'est ça la réalité d'un drame, c'est-à-dire qu'on peut se le représenter de loin, sans faire une abstraction, avec des grandes idées qui vont le traverser,
03:08et finalement l'enfermer dans une réalité qui est limitée.
03:12Ils l'ont tous vécu dans leur chair, de manière différente, et en sorte, pour ceux qui n'ont survécu pas, heureusement, changé, mais chacun a son idée.
03:26C'est ça la réalité d'une situation.
03:28Quand on va sur place, quand on s'en va sur place, on comprend la complexité de ce drame, et la diversité, évidemment, de ceux qui vont traverser.
03:39Des réactions au sein de la population aussi israélienne.
03:41Mais c'est l'humanité, c'est en effet de cette complexité-là.

Recommandations