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00:00La situation évolue donc d'heure en heure au Proche-Orient. Washington met depuis quelques minutes en garde contre une attaque imminente de l'Iran, contre Israël, la Stéphane Amard.
00:10On vous retrouve en direct de Jérusalem. D'abord, quelles sont vos informations, vos précisions sur cette information capitale ?
00:16Nous avons exactement les mêmes informations que vous, et le New York Times, le grand journal américain, relaie également.
00:26Lui parle peut-être d'attaques dans les prochains jours, mais en tout cas, effectivement, le pays est sur le qui-vive.
00:31Le gouvernement a déjà pris des mesures. Il a interdit les rassemblements massifs à l'extérieur.
00:38Il faut savoir qu'on va rentrer ici, en Israël, dans une période de fêtes, dans la période de la fin d'année,
00:45avec une fête extrêmement importante qui rassemble les familles ici, en Israël, jeudi, vendredi, qui sera suivie du Shabbat.
00:52Et donc, on craint, bien sûr, qu'à l'occasion de ces rassemblements, il y ait des tirs, notamment iraniens, mais aussi du Hezbollah,
01:00puisque le Hezbollah a visé à tirer des roquettes jusque l'intérieur du pays, aujourd'hui, la région de Tel Aviv.
01:06Donc, il y a une très grande vigilance et, en même temps, une véritable incertitude, parce que le dernier raid,
01:12les derniers missiles iraniens avaient été interceptés pour l'essentiel, soit au-dessus de la Jordanie, soit dès leur arrivée sur le territoire israélien.
01:21On s'en souvient, au mois de mai, cette attaque avait été relativement inoffensive pour Israël.
01:25Cette fois-ci, on craint quelque chose de beaucoup plus sérieux, mais tout en étant, bien sûr, dans l'incertitude la plus totale.
01:31Un mot, Stéphane, sur les frappes qui continuent, les frappes israéliennes, notamment sur Beyrouth, en cette fin d'après-midi ?
01:40Oui, absolument. Il y a une double action de l'armée israélienne.
01:43D'une part, ces frappes, vous le disiez, ces frappes qui se poursuivent, puisqu'elles ont commencé il y a maintenant une bonne dizaine de jours.
01:51Elles frappent Beyrouth, elles frappent les points névralgiques du Hezbollah, ses dépôts d'armes, ses lanceurs de missiles.
01:59Et puis, parallèlement, il y a ces incursions terrestres.
02:02On ne peut pas véritablement parler d'une invasion, mais ce sont plutôt des incursions ponctuelles en territoire libanais, à la frontière nord d'Israël.
02:12Et cet après-midi, l'état-major de Tssal affirme avoir découvert, dans ces maisons de la frontière entre le Liban et Israël,
02:23des documents prouvant que le Hezbollah préparait une invasion terrestre, sur le modèle de celle du 7 octobre, celle du Hamas.
02:31C'est-à-dire une invasion terrestre, mais cette fois-ci en Galilée, avec plusieurs milliers d'hommes qui s'apprêtaient à envahir le territoire israélien.
02:39Et c'est ainsi que justifie l'armée israélienne cette opération au sud de Liban.
02:44Merci beaucoup Stéphane Amar, depuis Jérusalem.
02:47Antoine Mariotti, revenons donc sur cette information donnée par les Américains.
02:53Pour l'instant, c'est officiel. Ils affirment que l'Iran est en train de préparer une attaque sur Israël, un peu sur le mode du 7 octobre.
03:02En tout cas, la déflagration serait d'ampleur.
03:05Plutôt qu'avril, plutôt que le 7 octobre, quand l'Iran a frappé, parce qu'il s'agit là d'une attaque d'un état et pas d'une attaque terrestre,
03:14ce sont des sources au sein de la Maison-Blanche qui se sont confiées à nos confrères américains.
03:19Les Américains ont prévenu Israël en disant, attention, l'Iran s'apprête à lancer des missiles balistiques vers Israël.
03:25On parle même d'une attaque dans les 12 heures qui viennent.
03:28Israël dit de son côté, nous, nous n'avons rien qui le prouve pour l'instant, nous n'avons pas vu de notre côté, mais nous vous croyons évidemment.
03:35Il y a des règles, comme vient de le dire très justement Stéphane à Jérusalem, qui ont été mises en place aujourd'hui.
03:40Parce qu'il y a aussi de nombreux tirs depuis le Liban, notamment sur le nord et la région d'Haïfa et de Métoula,
03:45la ville la plus au nord d'Israël qui est sous le feu des roquettes depuis ce matin, pour pouvoir protéger les civils.
03:51Donc il peut y avoir classe, mais uniquement à proximité d'abri, les regroupements sont limités, etc.
03:58S'il y a un tir de missile balistique, évidemment, c'est extrêmement important.
04:02C'est pris tellement au sérieux par les États-Unis, qui ont manifestement des informations crédibles,
04:08à Jérusalem, et bien à demander à tous ces ressortissants, à tous ces employés, partout dans le pays,
04:14et bien de se rendre dans des abris jusqu'à nouvel ordre.
04:17C'est bien qu'ils estiment que c'est extrêmement imminent.
04:20Et on parle là donc de missiles balistiques qui peuvent arriver assez rapidement sur le territoire israélien.
04:26Je vous rappelle qu'en avril, il y a eu plus de 300 drones et missiles qui ont été tirés sur Israël,
04:30mais l'immense majorité avait mis 4, 5 heures pour arriver.
04:34Donc c'était un peu chorégraphié, c'était un peu une réponse symbolique, j'ai envie de dire,
04:40parce qu'on savait très bien, et l'Iran savait très bien, qu'Israël et ses alliés,
04:44il y avait notamment les Français et les Américains, mais aussi les Jordaniens,
04:47intercepteraient tous ces projectiles, que ce soit missiles ou drones, et c'est en effet ce qui s'était passé.
04:53– Et Mathieu Mabin, vous êtes à Washington pour France 24.
04:55Un haut responsable américain affirme que si attaque il y a de la part de l'Iran,
05:02et bien cette attaque aurait de graves conséquences pour Téhéran.
05:09– Oui, absolument. Le département d'État américain ne cesse de le répéter.
05:15Effectivement, les États-Unis ont les moyens militaires dans la région
05:19de contraindre l'Iran à une forme de passivité.
05:23C'est très probablement le scénario qui est privilégié par les analystes
05:29qui entourent le président des États-Unis au moment où nous parlons.
05:32Mais pour en revenir à cette offensive qui justifie d'ailleurs la réaction iranienne,
05:37vu d'ici, et c'est un sentiment partagé par quelques-uns des think tanks
05:41qui travaillent ici dans le sillage du Pentagone et qui sont en réalité
05:45des succursales du ministère de la Défense américain,
05:48vu d'ici, on a l'impression d'assister à une sorte d'opération fantôme pour le moment,
05:53avec une première phase très visible qui a consisté en des mouvements importants
05:58de véhicules blindés et de convois logistiques à la frontière nord d'Israël ces derniers jours,
06:03des colonnes de chars Merkava, les célèbres Merkava,
06:06se mettant ostensiblement en place face à la ligne bleue,
06:10parfois perché sur des mouvements de terrain, au vu et au su de tous.
06:14Un peu comme si l'état-major israélien avait voulu reproduire la manœuvre de 2006,
06:19au moins en image et avec la garantie de dévoiler son dispositif
06:24à tous les observateurs de la région.
06:26Nos confrères sur place, bien sûr, mais également les observateurs du contingent de l'ONU,
06:31dont les postes jalonnent la frontière israélo-libanaise
06:35et forment justement cette fameuse ligne bleue aux couleurs des Nations Unies,
06:40en témoignent heure par heure.
06:42Tous ces mouvements ont bien eu lieu, mais s'il y a bien une chose
06:47qui caractérise l'armée israélienne, c'est sa propension relativement unique
06:53à apprendre de ses erreurs, en tout cas dans le domaine du renseignement
06:57et plus largement dans le domaine de la tactique.
06:59Or, on se souvient évidemment qu'en 2006,
07:02Sahal avait au moins perdu la bataille de la communication militaire
07:06en s'engageant, par excès de confiance sans doute, avec ses chars Merkava
07:11sur un terrain naturellement escarpé et surtout valorisé par les combattants du Hezbollah
07:16pour se transformer en véritable piège à chars.
07:19Visiblement, cette fois l'armée israélienne a choisi une tout autre stratégie
07:24et pour comprendre cette stratégie justement, les observateurs ici,
07:28et j'inclue les officiers américains qui n'auraient pas directement accès
07:31aux synthèses de renseignements transmises par l'armée israélienne,
07:34les analystes font l'inventaire des objectifs israéliens en territoire libanais
07:39pour déduire la manœuvre israélienne.
07:41Alors concrètement, qu'est-ce qu'on sait ?
07:43On sait que depuis le 8 octobre, le Hezbollah libanais
07:47pilonne le territoire israélien avec des roquettes de 122 mm,
07:51c'est-à-dire des munitions de faible portée, de conception soviétique
07:55et de fabrication locale, c'est-à-dire artisanale.
07:58Ces roquettes sont le plus souvent dissimulées sur des rampes de lancement,
08:03elles aussi artisanales, et enfouies dans des caches creusées
08:07dans la roche des mouvements de terrain.
08:09Pour avoir pu observer ces caches sur le terrain il y a quelques années,
08:13je puis vous assurer qu'elles sont extrêmement difficiles à déceler
08:17et surtout qu'elles sont extrêmement nombreuses.
08:19Opposer des chars à ce genre d'objectifs n'aurait tactiquement aucun sens.
08:24Pour détruire ces objectifs avec des stocks de munitions qui les accompagnent,
08:28l'armée israélienne doit donc se soumettre à l'obligation d'une présence humaine
08:33sur le terrain, des hommes avec des fusils équipés
08:36pour détruire ces infrastructures artisanales.
08:38Mais attention, artisanale à la manière du Hezbollah,
08:41on doit bien se représenter que la milice chiite travaille le terrain
08:45depuis des décennies jusqu'à le transformer en un gigantesque réseau
08:49de grottes, de bunkers percés à même la roche
08:52et reliés par des réseaux de tunnels qui courent tout le long de la frontière.
08:57Et donc si l'opération est invisible pour le moment,
09:00c'est parce qu'elle se limite vraisemblablement à une succession
09:03de coups de main rapides menés par des groupes commandos
09:06et des éléments du génie spécialisés dans la destruction.
09:09La vaste manœuvre des chars Merkava ne vise donc qu'à appliquer des tirs
09:14depuis le territoire israélien et donc sans exposer les chars d'une part
09:19mais je dirais aussi et surtout, elle consiste en ce que l'on appelle
09:22en jargon militaire, une manœuvre de déception, c'est-à-dire
09:26une ruse visant tout simplement à tromper l'adversaire.
09:29Et ces opérations devraient se renouveler ce soir, merci beaucoup
09:32Mathieu Mabin pour ces explications, merci également à vous Antoine.