• il y a 3 mois
En soutien à Gisèle Pelicot, la graffeuse Maca a réalisé une fresque à l'image de la retraitée, victime de viols en série dans l'affaire de Mazan.

« Je trouve que cette affaire est très représentative des problèmes qu'on a en France sur le viol, la notion de consentement et le rapport que les hommes entretiennent avec le corps des femmes » nous explique la street-artiste Maca, face à sa fresque, en hommage à Gisèle Pelicot.

Le 14 septembre dernier, La Ferme de l'Ilot, une ferme urbaine pédagogique située à Gentilly, dans le Val-de-Marne, organisait une Graffiti Jam. Un événement où des artistes graffeurs se rassemblaient pour peindre ensemble, sur les murs extérieurs de l'association.
Une occasion pour Maca, street-artiste, de partager sa passion pour le portrait féminin alors qu'elle ne se considère absolument pas comme une artiste engagée dans son art.

« La semaine précédent le 14 septembre, des appels à manifester ont commencé à circuler, en soutien à Gisèle Pelicot, alors que je m'étais engagée à peindre lors de la Jam de la ferme de l'Ilot. J'ai donc pris la décision de faire mon mur en soutien à Gisèle Pelicot », souligne Maca.

« Parmi les accusés, on toutes les catégories socio-professionnelles, toutes les classes sociales, tous les âges et on a aussi toutes les origines donc j'espère qu'on va s'éloigner du mythe du violeur qui ne serait pas dans la même catégorie que nous » tient à préciser l'artiste qui soulève une forme de déni collectif sur cette problématique.

Le slogan en lettrage, réalisé par un ami de Maca, est venu habillé le portrait. « Pour que la honte change de camp » représente le message de Mme Pelicot, c'est la raison pour laquelle elle a refusé le huis clos et ça parle également à toutes les victimes de violences sexuelles ».

Alors que les images de sa fresque font le tour des réseaux sociaux, Maca souhaite avant tout alerter l'opinion publique sur la notion de consentement qui n'est pas intégrée à la définition pénale du viol en France.
« Aujourd'hui, dans notre pays, on part du principe qu'elle était consentante et il faut prouver qu'il y a eu : menaces, contraintes, violences ou surprises.» Une situation qui entretient la culture du viol et qui ne permet pas de protéger les femmes, précise la féministe.

Maca espère que cette affaire « va nous permettre de réfléchir collectivement à toutes ces questions et nous éloigner de la culture du viol, bien présente en France ».

Vous pouvez retrouver l'œuvre de l'artiste au 15 bis rue la paix à Gentilly, jusqu'à la fin octobre, avant qu'une nouvelle graffiti Jam la recouvre.

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Transcription
00:00Pour moi, c'était un besoin viscéral de soutenir Mme Pellicot.
00:05Je trouve que cette affaire, elle est très représentative
00:08de tous les problèmes qu'on a en France sur la notion de consentement,
00:11sur le viol, le rapport que les hommes entretiennent avec les femmes
00:15et en particulier avec le corps des femmes.
00:26Parmi les accusés, on a toutes les catégories socioprofessionnelles.
00:29On a toutes les classes sociales.
00:31On a tous les âges aussi et on a toutes les origines.
00:33On a bien vu la liste des noms circuler.
00:36On a absolument toutes les origines parmi les accusés.
00:38Donc, j'espère qu'on va enfin s'éloigner de ce mythe du violeur
00:44qui ne serait pas dans la même catégorie que nous.
00:47Ça peut être notre famille, ça peut être nos amis, ça peut être nos collègues.
00:50Je trouve qu'il y a une forme de déni collectif sur cette problématique-là.
01:00La réponse à la question « qu'avez-vous fait pour vous assurer
01:03du consentement de Mme Pellicot ? », la réponse, c'est rien.
01:06Moi, c'est ça que j'aimerais, c'est qu'ensemble, collectivement,
01:10on aille vers une notion du consentement donné de façon active,
01:15de façon concrète et qu'on ne soit pas dans la présomption de consentement.
01:20Parce qu'aujourd'hui, dans notre pays, on part du principe qu'elle était consentante
01:23et il faut prouver qu'il y a eu menace, contrainte, violence ou surprise.
01:26Donc, c'est ça qui participe à la culture du viol,
01:29qui ne permet pas de protéger les femmes.
01:35Le combo coupe plus lunettes plus âge, ça la rend hyper reconnaissable.
01:40J'aime bien souvent cacher le regard parce que je trouve qu'on peut
01:43projeter ce qu'on veut au niveau de la signification.
01:46En plus, ça correspondait aux lunettes teintées de Mme Pellicot.
01:49Et pour finir, pourquoi il y a un ciel étoilé dans ses lunettes ?
01:52Ça, c'est pareil, c'est une signature d'artiste.
01:55Je fais tout le temps des portraits féminins
01:56et je mets très régulièrement un ciel étoilé quelque part.
02:00Il faut savoir que mon amie qui a fait le lettrage a fait pareil,
02:03un fond étoilé avec un peu les mêmes couleurs pour qu'on soit raccord,
02:07pour que les deux aillent ensemble.
02:08Et d'ailleurs, quand j'étais en train de peindre, il y a un monsieur qui m'a demandé
02:11est-ce que l'espace qui est dans ses lunettes,
02:13c'est son espace à elle que personne ne pourra jamais lui enlever ?
02:16Et en fait, j'ai trouvé ça super joli.
02:18Il a fait un lien entre l'espace le cosmos que j'étais en train de représenter
02:21et l'espace personnel de Mme Pellicot.
02:24J'ai trouvé ça super beau comme interprétation.
02:26Ce n'était pas, moi, mon idée au départ,
02:28mais voilà, j'ai trouvé ça très joli.
02:32Pour que la honte change de camp,
02:33déjà, c'est le message que Mme Pellicot veut porter depuis le début.
02:37C'est la raison pour laquelle elle a refusé le huis clos.
02:39Et aussi, c'est plus généraliste.
02:41Ça peut parler à toutes les victimes de violences sexuelles
02:44et ce n'est pas uniquement sur une personne.
02:47Donc, ça en fait vraiment un message global.
02:50Et je trouve qu'il y a tout dans cette affaire
02:52qui, j'espère, va nous permettre collectivement de réfléchir
02:56à toutes ces questions-là et de s'éloigner de la culture du viol
03:00qui est malheureusement encore très présente chez nous.

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