« Pour que la honte change de camp », une fresque représentant Gisèle Pelicot interpelle les passants à Gentilly

  • il y a 3 heures
Certains passent devant sans même l'apercevoir. D'autres, des femmes surtout, font un détour pour la prendre en photo. Une fresque représente Gisèle Pelicot avec cette phrase : « Pour que la honte change de camp ». Pour de nombreuses femmes, le visage de celle qui accuse son mari de nombreux viol, filmés, par des dizaines d'hommes alors qu'elle était droguée, incarne un combat contre la domination masculine.

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Transcript
00:00Le procès, pour les hommes, je pense que ça nous met très mal à l'aise.
00:04On est dans une situation où, vraiment, ça tord les boyaux.
00:08Est-ce que ça vous inspire de voir comme ça se descend là ?
00:11Il faut que je la regarde correctement,
00:14mais beaucoup d'empathie pour elle et beaucoup de colère aussi,
00:19déjà envers les agresseurs.
00:22Je pense que oui, ça a toute sa place ici,
00:24dans le sens où c'est important que les gens sachent, le voient.
00:29Donc ça ne reste pas silencieux.
00:31On la laisse prisonnière d'un système qui pointe beaucoup du doigt les victimes,
00:35alors que, ça c'est ce qui est écrit ici.
00:38Il faut que là, on change de camp.
00:39Et je trouve que, justement, l'écriture à côté
00:42est hyper percutante et hyper pertinente, justement, dans cette affaire.
00:46Ce n'était sûrement pas sa volonté de devenir iconique,
00:49mais pour autant, elle a choisi de le faire hors du huis clos.
00:52Et je crois que c'est important que les gens s'en emparent,
00:54c'est aussi pour ça qu'elle le fait.
00:56Elle est victime et elle devient icône malgré elle.
01:00Ça fait des années qu'on dit qu'on change les choses,
01:02et on pense que ça change.
01:05Et j'ai l'impression que ça touche que les femmes,
01:07et que ça fait des années qu'on dit la même chose,
01:10qu'on répète, qu'on va aux manifs.
01:12Et je n'ai pas forcément l'impression que ce soit, on va dire,
01:16les bonnes personnes qui changent, qui prennent conscience de la chose.
01:19Il y a pas mal de mecs qui se considèrent comme étant not all mens.
01:23Pas tous les hommes sont des violeurs.
01:26Et il y a eu une prise de position en disant que si, malgré tout,
01:31on est tous des violeurs potentiels,
01:33puisque dans la cour des accusés,
01:35on se rend compte que peu importe la catégorie socioprofessionnelle,
01:39peu importe l'âge,
01:41tous les hommes sont représentés sur le banc des accusés.
01:44Mon père, mon frère, mon enfant est un violeur potentiel.
01:48Et fondamentalement, je crois que c'est vrai.
01:49Et du coup, pourquoi les hommes ont du mal à répondre à vos questions ?
01:52Parce qu'en fait, on est dans cette situation-là,
01:55on est confrontés à cette réalité-là,
01:57on est face à ce miroir que les hommes sont responsables
02:01de commettre ce type de crime.
02:03C'est pas difficile d'en parler, il faut en parler.
02:05Et il faut surtout que ça se sache, parce que, voilà,
02:08avant, bien sûr, tous ces cas-là s'étaient vus
02:14comme quelque chose de honteux à cacher.
02:16Et donc, ça restait dans la société cachée, quoi.
02:20Et donc, il faut en parler, il faut que les gens soient conscients.
02:25Il faut changer la conscience.
02:27C'est très important de remettre en question le patriarcat
02:31qui a quand même marqué son empreinte,
02:36qui marque encore son empreinte sur la société.
02:39Peut-être que petit à petit, les consciences s'éveillent, comme j'ai dit.
02:41Et même si ça ne change pas du tout au tout,
02:43mais beaucoup de personnes suivent cette affaire.
02:45Et je pense qu'au niveau des femmes, je parle vraiment pour les femmes,
02:49petit à petit, on a vraiment un ras-le-bol d'entendre tout ça.
02:52C'est beaucoup d'efforts pour sortir de notre silence.
02:54Je pense que c'est douloureux certainement physiquement,
02:57douloureux psychologiquement.
02:58Et du coup, je pense que l'homme aussi doit faire cet effort
03:01de sortir son silence.

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