Yaël Braun-Pivet, Présidente de l'Assemblée nationale est l'invitée des 4 vérités ce lundi 30 septembre 2024.
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00:00Yael Brandt-Pivet qui présidera, bonjour, demain la séance pour le discours de politique générale du Premier ministre.
00:10C'est toujours un moment agité, est-ce que vous pensez que demain sera encore plus agité que d'habitude, vu les circonstances ?
00:15En tout cas, c'est un moment qui est extrêmement attendu, attendu par les Français, attendu par les parlementaires,
00:21parce que le gouvernement est responsable devant le Parlement.
00:25Il est important que le Premier ministre nouvellement nommé vienne présenter son gouvernement et présenter sa feuille de route aux parlementaires.
00:32Donc effectivement, ce moment risque d'être probablement tendu, parce que, comme vous le savez, ça n'a échappé à personne,
00:40certains contestent jusqu'à sa nomination même.
00:43Mais en tout cas, moi je suis sereine, cette Assemblée, elle représente les Français,
00:47et moi je suis convaincue que nous allons vivre un jour, et puis des moments importants à l'Assemblée.
00:52On l'espère. En tout cas, ce qui est attendu surtout, ce sont les annonces sur les impôts.
00:56Vous êtes favorable, vous, à des hausses d'impôts pour ceux qui gagnent beaucoup et pour les grandes entreprises ?
01:01Alors moi, je suis d'abord favorable à ce que nous fassions un effort commun pour que le budget de notre pays soit davantage à l'équilibre
01:11et que nous réduisons ainsi notre dette, que nous arrêtions de la creuser.
01:15Pour ce faire, il faut évidemment travailler sur les dépenses.
01:18J'ai toujours dit que je n'étais pas opposée à ce que nous travaillions sur les recettes,
01:22à partir du moment où les Français ont la perception d'un effort partagé.
01:27Et donc, regarder plus d'équité fiscale, regarder s'il y a des niches fiscales qui sont inopportunes ou inefficaces,
01:35je crois que c'est ce qu'il faut faire.
01:38Maintenant, il ne faut pas toucher à nos trajectoires, et surtout, ne pas casser la croissance.
01:42C'est fondamental, parce que la croissance, c'est elle qui était créatrice d'emplois,
01:46et c'est donc la première pourvoyeuse du pouvoir d'achat des Français.
01:49Alors, on sent que c'est un point de vue qui ne fait pas l'unanimité dans votre camp.
01:52On a entendu hier Gérald Darmanin qui a dit qu'il ne soutiendrait pas un gouvernement qui annoncerait des hausses d'impôts
01:57dans le vote sur le budget. Il y a une tribune aussi qui a été publiée hier par 27 parlementaires,
02:01dont certains qui sont très en avance, Sylvain Maillard par exemple, qui refusent aussi ces hausses d'impôts.
02:06Est-ce que votre camp est en train de se déchirer sur cette question ?
02:09Absolument pas, mais vous savez, moi je suis présidente de l'Assemblée nationale.
02:12Que fait-on à l'Assemblée nationale ?
02:14On débat, on délibère, on discute, on échange des arguments.
02:18Et que serions-nous si nous étions des parlementaires qui ne réfléchissions pas
02:23et qui ne seraient pas capables d'évoluer ?
02:26Donc moi, ce que je crois, c'est qu'il faut que ce débat ait lieu.
02:29Quelles sont la meilleure façon et les meilleures pistes à explorer
02:33pour pouvoir réduire notre déficit, rétablir un budget de l'État à l'équilibre ?
02:38Donc discutons-en, regardons cela à l'intérieur de ma famille politique
02:42et plus largement au Parlement, c'est à ça que nous servons.
02:45Ce sera une discussion animée, on l'imagine en tout cas.
02:47Est-ce que malgré tout vous pensez que le budget pourra être adopté dans les délais ?
02:50On sait qu'ils sont extrêmement courts.
02:52Alors les délais sont très courts, ce sont des délais constitutionnels.
02:55Et donc nous devons les respecter, c'est le devoir de l'exécutif et le devoir du Parlement.
03:01Donc moi j'espère que nous pourrons suffisamment discuter, échanger pour pouvoir le voter.
03:06Après c'est la mission du gouvernement de pouvoir présenter un budget
03:10qui puisse être voté par les parlementaires.
03:12En tout cas le Parlement est au travail.
03:14Vous avez vu la Commission des finances est réunie à un certain nombre de reprises.
03:18Nous sommes là, nous sommes présents et nous regarderons cela très attentivement.
03:22On attend aussi des annonces demain sur des questions de sécurité,
03:25des questions d'immigration aussi, sécurité après ce qui s'est passé,
03:27évidemment le drame du meurtre de Philippine.
03:30La question du suivi judiciaire est évidemment posée après ce qui s'est passé.
03:33Vous avez sans doute vu cette lettre qui a été envoyée à la presse
03:36par la première victime du suspect du meurtre de Philippine.
03:40Elle demande un certain nombre de choses sur le suivi judiciaire.
03:42Elle demande notamment la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire sur la récidive.
03:47Y êtes-vous favorable ?
03:49Écoutez, ce sera au Parlement d'en décider.
03:52Je n'ai pas vu ce courrier donc je suis désolée, je ne peux pas le commenter.
03:56C'est une lettre qui est poignante, qui est déchirante,
03:58où elle dit voilà manifestement il y a un problème et il faut une commission d'enquête.
04:01Est-ce que sur le principe vous dites oui bien sûr, il faut écouter cette voix ?
04:04Vous savez, le Parlement est là pour, d'une part légiférer, c'est sa mission essentielle,
04:10mais une autre mission essentielle du Parlement c'est de contrôler l'action du gouvernement.
04:14Donc regarder si les lois que nous avons adoptées sont efficaces,
04:18si elles atteignent leurs objectifs et s'il ne faut pas les améliorer ou les modifier.
04:23Et elles le sont de votre point de vue ?
04:25Donc il faudra regarder si le Parlement pense qu'une commission d'enquête est utile.
04:30Allons-y, moi je n'y suis pas opposée par principe,
04:33parce qu'il faut toujours regarder si nous faisons bien et si les lois,
04:37vous savez la société évolue, les situations changent
04:40et donc les lois ne doivent pas être figées dans le temps,
04:43elles doivent évoluer également.
04:45Donc il faudra regarder tout cela.
04:47Est-ce qu'il faut faire évoluer les lois sur ces sujets ?
04:50Comme le souhaite Bruno Retailleau, on voit bien cette polémique qui est en train de monter.
04:53Alors oui, mais faisons très attention parce que faire évoluer les lois,
04:57oui, évidemment, si elles n'atteignent pas les objectifs qu'on leur a assignés.
05:02Mais en revanche, il ne faut pas toucher à nos lois fondamentales.
05:06Moi j'ai été assez inquiète hier lorsque j'ai vu les déclarations du ministre de l'Intérieur,
05:12lorsqu'il dit l'État de droit est ni intangible ni sacré.
05:16Il faut savoir que l'État de droit, c'est ce qui protège nos concitoyens.
05:20L'État de droit, c'est le principe de séparation des pouvoirs
05:23entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire.
05:26L'État de droit, c'est l'égalité de tous devant la loi.
05:29L'État de droit, c'est la hiérarchie des normes,
05:31c'est-à-dire qu'un ministre ne peut pas prendre toutes les dispositions qu'il le souhaite.
05:36La Constitution fixe le champ entre ce que peut faire le ministre
05:40et ce que peut faire et ce que doit faire le Parlement.
05:43Moi je crois que lorsque la situation est tendue, lorsqu'il y a des crises,
05:48il ne faut surtout pas remettre en cause l'État de droit.
05:51L'État de droit, c'est ce qui protège notre démocratie,
05:54c'est ce qui protège tous les citoyens de notre pays.
05:57Soyons extrêmement respectueux de notre cadre,
06:01ce n'est vraiment pas le moment de tout chambouler.
06:05C'est une mise en garde que vous portez devant le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau,
06:10qui a expliqué qu'il souhaitait passer par la voie réglementaire
06:13si effectivement les textes sont susceptibles de ne pas passer au Parlement.
06:17Il essaie de vous contourner, il essaie de passer en force.
06:19Mais vous savez, ça n'est pas une mise en garde.
06:21Je suis présidente de l'Assemblée nationale et j'entends que l'Assemblée que je préside,
06:26les représentants de la nation qui y siège soient respectés dans l'entièreté de leurs prérogatives
06:32parce que, à nouveau, c'est ce qui protège les citoyens.
06:36Chaque citoyen, vous, moi, nos enfants.
06:39Et donc j'entends bien que le ministre de l'Intérieur a beaucoup...
06:43Il y a aussi des citoyens qui ne se sentent pas protégés face aux délinquances
06:46et ce qui a révélé aussi ce terrible drame de la mort de Philippine.
06:49Vous savez, renforçons notre arsenal juridique, renforçons l'application de nos règles,
06:56mais ne contournons pas pour se faire ces mêmes règles.
07:00Vous savez, c'est ça, justement, l'État de droit.
07:02Et donc, oui, travaillons.
07:04Vous savez, moi, je suis spécialisée sur les questions de sécurité et de justice.
07:07J'ai présidé la commission des lois à l'Assemblée nationale pendant cinq ans.
07:11Qu'il y ait un problème sur l'exécution des peines,
07:16qu'il y ait un problème sur les questions d'exécution des invitations
07:21ou des obligations de quitter le territoire.
07:23Ça me paraît être une réalité et une évidence.
07:26Mais pour le régler, il faut regarder les choses froidement, calmement,
07:32et les regarder avec les règles et les principes qui sont les nôtres
07:37et qui nous ont précédés et qui nous succéderont.
07:39Mais de façon très concrète, est-ce qu'il faut, par exemple, l'expulsion systématique
07:42des délinquants étrangers quand ils ont purgé leur peine, on les renvoie dans leur pays ?
07:45Alors, vous savez, aujourd'hui, on expulse déjà la plupart du temps les délinquants
07:50lorsqu'ils ont purgé leur peine.
07:52Et on voit bien qu'il y a un gros travail qui est fait
07:55entre les autorités judiciaires et les autorités de police.
07:59C'était le cas ici, dans le sens où cette personne a été placée
08:04dans un centre de rétention pour être expulsée.
08:07Malheureusement, cela n'a pas été possible.
08:10Mais la procédure, d'une façon générale, avait été faite pour cela.
08:14Et effectivement, il faudra regarder froidement
08:17ce qui n'a pas marché dans ce cas précis.
08:20Il faut toujours regarder cela.
08:22Il faut toujours essayer de faire mieux.
08:25Il faut évoquer aussi la situation au Proche-Orient
08:27parce qu'on voit qu'elle a des répercussions ici, en France, dans le débat politique.
08:31Notamment sur un point, vous avez entendu Jean-Luc Mélenchon dire
08:34que le ministre des Affaires européennes, Benjamin Haddad,
08:36était acquis à la politique de M. Netanyahou.
08:38La porte-parole du gouvernement, Maude Bréjon, a dit qu'elle y entendait
08:41des sous-entendus nauséabonds, pour ne pas dire antisémites.
08:44Est-ce que ces sous-entendus, vous les entendez aussi
08:46de la même façon que la porte-parole du gouvernement ?
08:48Moi, je suis lassée des sous-entendus de Jean-Luc Mélenchon
08:52et surtout lorsqu'il porte sur cette question.
08:55Donc, j'ai décidé depuis longtemps de ne plus commenter ses propos.
08:59Et est-ce que le monde est plus sûr aujourd'hui,
09:01après la mort d'Assad Nasrallah, comme l'a dit Israël, ou pas ?
09:03De votre point de vue.
09:04De mon point de vue, le Hezbollah est coupable de nombreux crimes,
09:09de nombreuses attaques terroristes.
09:11Nous avons été, nous, les Français, touchés dans notre chair.
09:15Le combat contre le terrorisme doit tous nous réunir aujourd'hui.
09:19Merci beaucoup, Yael Brune-Pivet, invitée des 4V.
09:22Et puis bon courage pour la séance de demain qui va être agitée.
09:24Merci à vous.