“Je ne pouvais pas le laisser là”: Le témoignage de Sadia, la randonneuse qui a découvert le crâne du petit Émile

  • il y a 1 heure
Six mois après la découverte des ossements du petit Émile, Sadia, la sexagénaire qui avait retrouvé le crâne de l'enfant disparu le 8 juillet 2023 dans la commune du Vernet, témoigne sur BFMTV

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Transcription
00:00Sadia, c'est un petit bout de femme, elle est proche de la retraite, elle en paraît dix de moins.
00:04Elle a été assez difficile à convaincre, avec Mathieu Lepenier qui m'accompagne,
00:10parce qu'elle estime que cette découverte du crâne, ça appartient au passé en fait,
00:14et qu'elle veut avancer, elle veut se reconstruire.
00:17Elle nous a raconté finalement cette randonnée, c'était un 30 mars.
00:21Initialement, elle ne devait pas y aller parce qu'il y avait beaucoup de sirocco.
00:24Finalement, elle y va et fait la macabre découverte.
00:30Je marche, je marche, je marche, et là, au milieu du sentier, il y a le crâne,
00:36qui a été nettoyé, je pense, par la pluie, parce qu'il est tout blanc.
00:42Vous le prenez ?
00:44Pas tout de suite, parce que j'ai peur, c'est choquant.
00:53Donc je respire, je me calme, je me questionne, je fais quoi ?
01:00Non, je ne peux pas le laisser là, parce que si tu le laisses là,
01:05il va partir, il va voler, il va bouger, il y a trop de vent.
01:13Donc je prends l'initiative de le ramasser avec les fameux sacs plastiques,
01:17parce que dans ma tête, je me dis qu'il ne faut pas qu'il y ait d'empreintes.
01:19Donc je fais méticuleusement, je l'enveloppe, voilà, prêt à partir.
01:30Et là, je fais quatre, cinq pas et je me dis non.
01:34La gendarmerie, parce que mon but, c'est la gendarmerie,
01:37ils vont te faire revenir ici et comment tu vas te repérer ?
01:40Et là, il y a le petit sapin qui est couché, un petit sapin mort,
01:45et je recule, donc je dis, le voilà ton repère.
01:48Je tremble, j'ai froid, j'ai peur, je ne suis pas bien, c'est normal.
01:55Tendu, bras tendus, parce que je n'ose pas, voilà, j'ai peur, je ne suis pas bien.
02:01Je fais quelques mètres et je prends la décision,
02:04parce que je commence à avoir une crampe à le ranger,
02:06il faut que je le range dans mon sac à dos.
02:08Et là, je cavale, je commence à cavaler,
02:10tout en faisant attention à ne pas trébucher.
02:13Et là, enfin, j'arrive, et j'entends les cloches, comme j'ai dit,
02:16j'entends le clocher, ça sonne, bing, bing, j'ai dit, il est 14h.
02:22Et là, je pose mon sac à dos sur la terrasse,
02:25parce que je n'ai pas envie de rentrer dans ma maison.
02:27Je sors mon petit carnet et j'appelle les gendarmes.
02:31Qu'est-ce qu'ils vous disent, les gendarmes ?
02:33Tout de suite, ils me rassurent au téléphone, ils me disent, vous inquiétez pas,
02:36ça, ça m'a fait plaisir.
02:37On arrive tout de suite, raccroché, on arrive.
02:42Elle avait été critiquée, d'ailleurs, Lola, à l'époque,
02:46on s'en rappelle, pour avoir déplacé les ossements,
02:48pour les avoir pris avec elle, pour les emmener auprès des gendarmes.
02:52Comment elle a vécu les critiques et comment elle va aujourd'hui ?
02:58Tout à fait.
02:58Ce qu'il faut savoir déjà, c'est que Zadia n'a pas de téléphone portable,
03:02elle n'a qu'un téléphone fixe.
03:03Elle, en plus en elle-même, elle se décrit comme quelqu'un de solitaire.
03:06Un jour, elle découvre de voir ce qui se dit sur elle sur les réseaux sociaux.
03:10Elle tombe alors sur un flot de commentaires haineux.
03:13On l'a sentie avec Mathieu Lepenier, encore très choquée,
03:16très en colère, assez indignée et aussi un petit peu déçue
03:21du fait qu'elle n'ait pas reçu beaucoup de soutien.
03:25Avant, je disais la chose parce que, bon, j'étais sous le choc.
03:29Voilà, il y avait l'image.
03:31Là, aujourd'hui, j'arrive à mettre un nom, donc le crâne, voilà.
03:36Non, j'ai repris ce sentier.
03:38Bien sûr, ça dure deux, trois secondes.
03:41Je me dis, tiens, voilà.
03:42Mais non, il n'y a plus d'appréhension, il n'y a pas de...
03:47Non, je suis bien.
03:48C'est que parfois, dans mon esprit, il y a...
03:49Ah, t'as servi d'instrument pour apporter la paix à ces gens.
03:53De temps en temps, ça, ça revient.
03:55Mais je crois qu'avec le temps, ça va aussi disparaître
03:57ou alors ça restera toujours en moi.
03:59Mais c'est la seule chose qui surgit dans mon esprit.
04:03S'il s'agit d'un crime, il faut que la personne soit punie.
04:08Pourquoi elle ne se dénoncerait pas après tout ?
04:10Il y a des gens qui se dénoncent.
04:12Mais voilà, ça, c'est une autre histoire.
04:14Il faut laisser ça aux gendarmes, à la police, à la justice,
04:19qui fassent leur travail.
04:21Non, ce serait bien quand même.
04:23Parce que je crois qu'on appelle les affaires non résolues
04:27des cold case.
04:29Il ne faut pas que ce soit un cold case.
04:31Il faut que ce soit résolu.
04:33Et est-ce qu'elle a eu, depuis, des contacts,
04:36des échanges avec la famille d'Émile ?
04:40Non, aucun contact, nous a-t-elle confié.
04:43Pas même un coup de fil, alors qu'elle aurait souhaité
04:45s'entretenir avec eux.
04:46Elle nous assure que ses pensées vont avant tout à la famille
04:50et qu'elle espère que l'enquête va pouvoir avancer.

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