INVITEE - Isabeau Glinka, coprésidente de l'association Diversités Pastel.
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00:00Bonjour madame Glynka, vous êtes la co-présidente de Diversité Pastel, c'est ça ?
00:05Exactement.
00:06La première association LGBTQIA+, du TARN j'ai bien dit, donc vous luttez contre les discriminations.
00:15Quand France Blue Occitanie vous a appelé hier pour venir dans ce studio réagir à cette agression,
00:21est-ce que vous avez tout de suite accepté ou pas ? Est-ce qu'en parler, c'est lutter aussi ?
00:26Visibiliser, c'est lutter, mais pas que effectivement.
00:30Oui, on a un peu hésité, mais au final on s'est dit que c'était important de pouvoir témoigner en tant qu'association
00:36de ce qu'il y a au quotidien et de ce que les gens vivent au quotidien en fait.
00:40Paul, il a donc 17 ans et samedi dernier à Mazamé, il a été tabassé par une dizaine de personnes.
00:45Après avoir dit à ces jeunes qu'il aimait les garçons, une agression pareille en pleine journée,
00:51loin des grandes villes, est-ce que cela vous étonne ?
00:55Je pense qu'on est tout le temps étonnés de toute façon.
00:58Clairement maintenant, qu'on soit en ville ou en ruralité, la discrimination est présente.
01:03Donc on n'est pas plus étonnés que ce soit en ruralité en réalité.
01:07Donc c'est la même chose et peut-être ce qui nous a étonnés le plus,
01:12c'est la jeunesse de cette violence-là, de ces jeunes personnes.
01:17C'est incroyable de s'imaginer que si jeunes, on peut en arriver à ce point-là.
01:22Des jeunes qui s'en prennent à un jeune, ça c'est d'autant plus déconcertant ?
01:26Oui parce qu'on s'imagine que plus les droits avancent, moins la discrimination est présente.
01:33Mais ce n'est pas la réalité. La réalité c'est que la discrimination elle est là
01:37et elle sera là si au quotidien on n'a pas ce travail d'éducation, de sensibilisation.
01:42Donc il faut continuer à lutter et à visibiliser la diversité de nos amours, de nos genres, de nos sexualités.
01:49C'est hyper important et plus on visibilisera, plus on parlera de tolérance et de compréhension de l'autre
01:58et moins cette discrimination sera présente en fait.
02:00Et que vous soyez dans une grande ville comme Toulouse ou ailleurs,
02:03peut-être que vous avez des témoignages à nous apporter sur ce sujet.
02:07On prend tous vos appels comme chaque matin dans le quartier Toulousain au 05 34 43 31 31.
02:12Vous avez pu je crois discuter, en tout cas échanger au téléphone avec la maman de Paul.
02:16Est-ce que vous a donné des nouvelles de son fils ?
02:19Après je ne voulais pas les déranger mais oui effectivement il récupère.
02:26Mais comme toute agression, la récupération sera longue.
02:29Et effectivement là tout le monde prend des nouvelles de Paul.
02:34Mais quand sera-t-il ? Dans quelques mois en fait.
02:36Parce que cette violence là, il la vivra, il l'aura vécue.
02:40Et en fait c'est par rapport à l'expérience qu'on a des personnes qui sont victimes de violences,
02:46c'est quelque chose qu'on a appris sur le long cours en fait.
02:49Donc il faudra lutter et il faut lutter au quotidien.
02:52Comment on lutte alors ?
02:53Comment on lutte ? En sensibilisant, en faisant de l'éducation, en allant dans les collèges, dans les lycées,
02:57en parlant de tolérance et en fait en donnant les moyens aux associations qui luttent au quotidien
03:02de pouvoir aller faire cette sensibilisation.
03:04Cette sensibilisation elle est au long cours.
03:06Elle n'est pas quand il y a un événement marquant et d'un coup on s'empare de ce sujet là.
03:11Vous par exemple, à Diversité Pastel, est-ce que vous avez des moyens ?
03:15Quelles subventions vous avez pour justement sensibiliser dans les collèges, dans les lycées ?
03:20Alors les subventions, on en avait jusqu'à cette année très peu, enfin voire pas du tout.
03:25Et on commence à en avoir parce qu'on commence justement à essayer d'aller de l'avant.
03:33Mais en fait c'est hyper difficile.
03:35Qui vous donne quelques sous ? Qui vous a donné des sous ?
03:38Du coup il y a la DILCRA, c'est l'institution qui lutte contre toutes les discriminations,
03:46qu'elles soient raciales, homophobes ou autres.
03:48C'est l'État ?
03:49Exactement, mais c'est des subventions.
03:51Le département, la région, ils vous aident ?
03:53Pour l'instant le département nous soutient.
03:57On continue à espérer que ce soutien sera plus fort.
04:02La région, nous en tout cas dans le Tarn, non.
04:05Parce que c'est un travail d'aller chercher des subventions.
04:09Mais quand on est bénévole, qu'on a un travail à côté, c'est difficile de trouver.
04:15C'est un travail à temps plein de faire tout ça.
04:17Et ce qu'il faut comprendre c'est que toutes les associations qui luttent au quotidien,
04:22c'est des associations, c'est des bénévoles.
04:24Il n'y a pas de salariés.
04:25Et si on veut continuer à ce que cette sensibilisation avance,
04:28il va falloir donner les moyens aux assos de pouvoir le faire.
04:31Le président de votre département, Christophe Ramon, a réagi,
04:35a salué le courage de Paul ce matin sur France Bleu Occitanie.
04:38Il dit que la peur doit changer de camp.
04:40Est-ce que vous lui demandez ce matin sur France Bleu des fonds
04:44pour pouvoir aller faire de la sensibilisation dans les établissements scolaires ?
04:47Oui, notamment. Exactement.
04:49Et en fait, il nous faut des fonds.
04:50Il faut qu'on puisse avoir des gens qui puissent y aller
04:53et qu'on puisse faire des interventions de qualité.
04:57Pas des interventions au lance-pierre.
04:59J'ai bien compris.
05:00Vous avez des permanences, vous, dans votre association.
05:02Est-ce que vous accueillez de plus en plus de familles et de jeunes ?
05:04Effectivement, on accueille de plus en plus de monde.
05:07Ça s'est décalmé un petit peu, les permanences.
05:09Juste après le Covid, il y avait un petit calme.
05:12Et là, en fait, chaque permanence, on a des écoutes.
05:16On a des gens qui ont besoin de venir parler.
05:18Ils viennent dire quoi ?
05:19Ils viennent parler de leur quotidien, de leur questionnement,
05:22de la discrimination qu'elles peuvent vivre.
05:24En fait, ces permanences d'écoute,
05:26elles servent à plusieurs choses.
05:31C'est-à-dire qu'il y a vraiment des gens
05:32qui viennent parler de leur mal-être au quotidien
05:34et des autres qui viennent parler du fait que
05:36ils ne savent plus où ils en sont.
05:38Ils se questionnent et ils veulent avancer dans leur questionnement.
05:41Et on a des jeunes qui viennent nous voir aussi
05:43parce que, par exemple, leurs parents n'acceptent pas
05:46leur binarité ou leur questionnement.
05:49Donc oui, en fait, ces permanences sont nécessaires.
05:52Et vous leur dites quoi ?
05:53Dis ça à ton papa, dis ça...
05:55Comment ils doivent faire ?
05:56Nous, déjà, on recueille leurs témoignages, leurs paroles.
06:00Et vous en faites quoi, en fait ?
06:02En fait, on leur amène le soutien nécessaire.
06:05On les oriente vers les institutions
06:07qui sont plus spécialisées que nous
06:10sur certains questionnements.
06:12C'est mieux d'aller vers des associations
06:15qui sont très spécifiques.
06:16Donc nous, on les oriente.
06:17Mais en fait, nous, on est le vecteur confiance.
06:20C'est-à-dire que s'il n'y a pas ces associations de terrain,
06:23les personnes n'ont pas la confiance nécessaire
06:25pour aller communiquer.
06:26Nous, on les recueille.
06:28On passe du temps avec eux.
06:30On fait en sorte que tout se passe bien,
06:32d'amener de la chaleur humaine.
06:33En fait, c'est ça qu'on a besoin.
06:34Et notamment en ruralité.
06:36Parce qu'ici, à Toulouse, vous avez des lieux pour...
06:38C'est vrai.
06:39Voilà, la communauté LGBTQIA+, peut se rencontrer.
06:43Mais nous, en ruralité, c'est plus compliqué.
06:45Donc, en fait, on a la nécessité
06:47que ce genre d'association existe
06:49pour que toutes les personnes se sentent accueillies quelque part.
06:53Mais effectivement, Mazamé, c'est loin d'Albi,
06:55où nous, nous avons notre permanence.
06:57On va des fois à Castres, mais ça reste loin.
06:59Donc, il faut que ça grandisse, tout ça.
07:01Et donc, vous avez besoin de fonds,
07:02notamment du département de la région.
07:03Vous lancez un appel ce matin sur France Bleu.
07:05Votre permanence, juste, elle a lieu quand à Albi ?
07:08Donc, ça a lieu le mardi.
07:10C'est aux 13 rues de Négodanos.
07:11C'est de 17h30 à 20h30.
07:14Et effectivement, on est une fois
07:17toutes les deux semaines permanence d'écoute.
07:19Et après, le reste du temps,
07:20on organise des moments conviviaux
07:22pour justement se voir aussi en dehors.
07:25Plutôt que de faire que des permanences,
07:27il faut aussi qu'on crée de la chaleur
07:29et de la douceur de vivre et d'être ensemble, en fait.
07:32Votre travail est essentiel.
07:33J'avais un petit doute sur votre prénom, excusez-moi.
07:34Isabaud.
07:35Isabaud, c'est bien ça.
07:36Isabaud Glinka, coprésidente de Diversité Pastel dans le Tarn.
07:39Merci, bonne journée.