• il y a 2 mois
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Ce mercredi, sur Europe 1, Olivier Babeau s'intéresse aux moyens dédiés au service public en France.
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Transcription
00:00Et à 7h20 sur Europe, en place à l'édito éco. Bonjour Olivier Babaud, bonjour Dimitri,
00:06bonjour Anissa, bonjour à tous. Olivier, ce matin vous nous parlez du paradoxe des services
00:10publics, ils se dégradent sans cesse mais nous coûtent toujours plus cher. Oui si, on écoute
00:15les reportages, les micro-trottoirs, ce n'est qu'un cri, qu'un sentiment apparemment partagé
00:19par tous, les services publics se délitent, ils sont à l'os, dépourvus de moyens, leur qualité
00:25baisse. Et pourtant, il y a quelque chose qui cloche dans ce constat. Oui, parce que l'impression
00:29qu'on a concernant la baisse de la qualité de nos services publics, elle est bel et bien là.
00:33Oui, je confirme, l'impression est partagée, les résultats catastrophiques de notre école,
00:38le temps d'attente moyen aux urgences, la chute d'attractivité des métiers du public,
00:41tout ça plaide en ce sens. Ce qui cloche, c'est autre chose. Vous connaissez la phrase de
00:47l'économiste Robert Solow, on peut voir les ordinateurs partout, sauf dans les statistiques
00:51de productivité. C'est une phrase qui soulignait le paradoxe de l'absence de gains de productivité
00:55visible avec l'arrivée de l'informatique. Et bien, il y a chez nous une autre sorte de ce paradoxe,
01:00on peut voir l'abandon des services publics par l'État partout, sauf dans les chiffres des budgets
01:05de l'État. Justement, ces chiffres du budget de l'État, qu'est-ce qu'ils nous disent ? Ce qui
01:09est stupéfiant quand on regarde l'évolution du train de vie de l'État, c'est qu'on a beau mettre
01:13ses lunettes, on ne distingue pas à quel moment il y aurait eu abandon. Nos dépenses publiques sont
01:18autour de leur record historique à 57% du PIB environ. Nos prélèvements obligatoires tutoient
01:23aussi les sommets de tous les temps à 45% environ. On écarquille les yeux, on cherche en vain
01:29l'austérité dont certains nous rebattent les oreilles. Tenez, prenons l'emploi public. Alors
01:34que la population de la France n'augmentait que de 13% entre 1996 et 2021, la fonction publique
01:39territoriale augmentait de 44% et la fonction publique hospitalière de 35%. Même chose si
01:46on se compare aux autres pays développés. La France dépense plus en moyenne en part de PIB pour
01:51la vieillesse, pour la santé, pour la protection sociale en général et l'école que la moyenne de
01:56l'OCDE et parfois beaucoup plus. On nous parle toujours des baisses d'impôts d'Emmanuel Macron.
02:01Alors c'est oublié qu'elles ont juste été un petit retour en arrière après l'incroyable choc
02:06fiscal sous François Hollande qui avait provoqué le ras-le-bol dont on se souvient. Alors sur le
02:11papier et dans les avis d'imposition, l'État est toujours bien présent. Aucun abandon à l'horizon.
02:15Mais comment expliquer ce paradoxe français, Olivier ?
02:18Ah et bien comme dirait l'autre, oh ce n'est pas une question de moyens. C'est un problème
02:24d'allocation de ressources. Trop présent ou il n'est pas utile, l'État s'éparpille, ratant ses
02:28missions régaliennes de justice et de sécurité notamment. Nous avons trop de strates administratives.
02:32La réforme Hollande des régions avait coûté plusieurs dizaines de millions d'euros alors
02:36qu'elle devait provoquer des économies. Suradministrée, la France est sous-gérée. Les
02:41actions inutiles ne sont pas seulement dramatiques parce qu'elles ne servent à rien. Elles le sont
02:45surtout parce qu'elles captent des moyens qui, de ce fait, manquent ailleurs. Dans nos hôpitaux,
02:49le taux de personnel autre que médical, c'est-à-dire l'administration, est de 10 points
02:54supérieurs à celui de l'Allemagne. L'appel à plus de moyens n'est pas qu'une paresse intellectuelle,
03:00détrompée par les chiffres. La casse des services publics est un mal auto-infligé par notre refus de
03:05regarder ces gâchis en face. Ce qui manque, ce n'est pas les moyens, mais c'est le courage. Et
03:10c'est vrai que par les temps qui courent, c'est au moins aussi rare.
03:13Sénature Europe 1, Olivier Babaud. Merci beaucoup, Olivier.

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