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00:00Il est 7h47, merci d'être avec nous dans Ici Matin, vous avez la parole donc pour discuter avec nous et pour décrypter ensemble ce nouveau gouvernement.
00:08Oui, un gouvernement avec des personnalités très à droite, avec aussi un either way, Didier Migaud, issu de la gauche.
00:13Bonjour Olivier Hill, politologue, professeur à Sciences Po au Grenoble.
00:17D'abord, comment vous qualifiez ce gouvernement à droite, carrément ?
00:21Alors c'est un gouvernement élargi au républicain, donc plus à droite que le précédent,
00:25mais qui comporte toujours, je le rappelle, un bloc présidentiel, c'est-à-dire des gens venus du centre gauche et du centre droit.
00:32Et donc cette coalition, le mot maintenant peut être utilisé sans crainte d'être repris.
00:36Même si le chef du gouvernement a dit hier, on n'est pas en coalition, mais on va détailler tout ça.
00:42Oui, c'est une coquetterie.
00:44D'accord, vous allez nous expliquer ce que ça veut dire. Dans un instant, je vous propose d'abord d'écouter ces Grenoblois,
00:49interrogés dans les rues de Grenoble après l'annonce du gouvernement, qui sont très moyennement satisfaits.
00:54Vous allez l'entendre.
00:55On trouve ça déplorable, parce qu'il y a des législatives qui sortent plutôt à gauche, et puis on a un gouvernement droite-centriste.
01:02C'est nul.
01:03C'est un grand manque de respect de mettre à l'écart le vote des Français.
01:07C'est peu représentatif de ce qui s'est passé après la législative, etc.
01:10C'est inquiétant. On est de plus en plus à droite, de plus en plus à l'extrême droite.
01:13Au final, le RN se retrouve avec la possibilité de choisir ce qui va se passer dans les semaines à venir.
01:19Il y a pas mal de choses.
01:20Un gouvernement pas représentatif du vote, un gouvernement très à droite.
01:24C'est aussi ce qu'on retrouve dans les commentaires de notre page Facebook, Swazik.
01:28Exactement. Maëlian qui nous dit que ce gouvernement ne correspond pas au vote du peuple.
01:32Rose qui nous parle de déni de démocratie affligeant.
01:36Joss aussi, qui a un petit espoir quand même à voir l'efficacité de ces nouveaux ministres, pour Joss ce matin sur la page Facebook.
01:43Olivier Hille, notre invité politologue et professeur à Sciences Po Grenoble.
01:47Est-ce que ce gouvernement n'est pas représentatif du vote de juillet, comme le disent certains de nos auteurs ?
01:53Il ne pouvait pas l'être.
01:54Puisque je rappelle que le vote du peuple s'est partagé en trois blocs de force égale.
01:58Grosso modo, un tiers, un tiers, un tiers.
02:00Entre la gauche, le bloc présidentiel, et l'extrême droite avec les alliés siotistes.
02:07A partir de ce moment-là, deux de ces blocs faisaient alliance et on pouvait avoir une majorité, j'utilise le mot.
02:12Soit ce n'était pas le cas, nous y sommes, et à ce moment-là, il y avait forcément de la déception.
02:17Que ce soit à gauche, ou que ce soit à l'extrême droite.
02:20Les électeurs du Rassemblement National sont tout aussi déçus.
02:24Leur vote n'est pas représenté dans ce gouvernement.
02:26C'est un gouvernement minoritaire.
02:28Par définition, il y a une majorité de Français qui ne s'y retrouvent pas.
02:32Avec peut-être des conséquences inquiétantes à plus long terme.
02:34On a un certain nombre de gens qui disent, à quoi bon voter pour avoir un résultat comme ça ?
02:40Est-ce que ça vous inquiète, vous, en tant que politologue ?
02:42Non, parce que si vous voulez, d'abord, il y a eu une très bonne participation au dernier scrutin législatif.
02:47Un front républicain.
02:48Un front républicain.
02:49Et puis, qu'il y ait de la déception, c'est inévitable.
02:52Et elle est forte dans certains segments de l'échiquier politique.
02:55Mais comment, encore une fois, faire autrement ?
02:57Il fallait bien former un gouvernement.
02:59Et ce gouvernement n'étant pas majoritaire, il ne pouvait pas réunir une majorité d'approbation dans le pays.
03:04Dans ce qui a été dit, aussi, dans cet extrait de Grenoblois, il y avait une personne à la fin qui disait
03:09que c'était un gouvernement, en quelque sorte, sous la coupe de l'extrême droite et de Marine Le Pen.
03:13Concrètement, ça veut dire quoi, ça ?
03:15Ça veut dire qu'en fait, parce que la gauche a accepté le principe, donc le nouveau front populaire, de la censure a priori,
03:22eh bien, une carte est donnée, magnifique dans ce jeu, c'est une sorte de mystiquerie,
03:26au Rassemblement national, qui peut appuyer sur le bouton, motion de censure, à tout moment,
03:31dès lors que, attention, il y a quand même une condition,
03:34il accepte, ce Rassemblement national, de voter avec le NFP, ou vice-versa.
03:37Ce qui n'est pas fait.
03:38Il faudra l'assumer.
03:39Il faudra l'assumer devant le pays, parce que, tout de même, dans le pays, au-delà de la déception 2 tiers, par définition, des électeurs,
03:44il y a un grand soulagement, je pense que tout le monde le ressent,
03:47un soulagement de voir un gouvernement arriver, parce qu'il faut bien adopter un budget.
03:51Tous les fonctionnaires dans ce pays sont sensibles à cette question.
03:54Ça touche leur bulletin de paye.
03:56Et puis, des artisans, des entrepreneurs, des jeunes ménages qui veulent acheter un logement.
04:01Bref, toute la société française attend que des décisions soient prises.
04:04Il faut bien qu'un gouvernement puisse les prendre.
04:07On va voir dans un instant ce qui est, effectivement, sur la table de ce nouveau gouvernement,
04:11quelles sont ses marges de manœuvre.
04:13On rappelle, peut-être d'abord Mathieu, que vous pouvez nous appeler pour participer à la discussion.
04:17Justement, si vous partagez, quelles que soient les visions de ceux dont on a parlé,
04:21en accord, en déception, avec de l'espoir,
04:2404-76-46-45-45, il vous reste quelques instants pour nous appeler.
04:28Donc, allez-y, appelez-nous tout de suite, qu'on ait l'occasion d'entendre aussi votre avis.
04:31Le premier gros écueil de ce gouvernement, Olivier Hille, vous en avez parlé,
04:35c'est sans doute le budget qui va devoir arriver très vite.
04:38La date, en principe, butoir, c'est le 1er octobre.
04:41Ça risque d'être compliqué.
04:43Tout à fait, d'ailleurs, pour savoir quels sont les grands défis auxquels est confronté le gouvernement de Michel Barnier,
04:47il suffit de voir quels sont les ministres ou secrétaires délégués qu'il a rattachés directement à Matignon.
04:52Il y a l'Europe, avec les risques de sanctions pour dépenses excessives.
04:57Il y a la Nouvelle-Calédonie et la Martinique,
05:00puisqu'on le sait, des émeutes se produisent sur ces territoires.
05:04Et puis, il y a la question, évidemment, du déficit, donc de la reformulation d'un budget.
05:08Ce sont les trois grands défis qu'il va falloir, évidemment, mettre en haut de la pile.
05:13Et puis, que peut faire, au-delà du budget, le gouvernement ?
05:17Il y a eu beaucoup de tests qui ont été stoppés par la dissolution.
05:20On pense à la fin de vie, à l'aide à mourir.
05:22On pense à une loi, peut-être, sur l'immigration qui arriverait.
05:25Quelles sont les marges de manœuvre de ce gouvernement ? Sur quoi est-ce qu'il peut travailler ?
05:28Alors, les marges de manœuvre sont très faibles, pour les raisons que nous avons évoquées tout à l'heure.
05:32C'est-à-dire que, comme il n'est pas majoritaire à l'Assemblée nationale,
05:35il va devoir, évidemment, travailler au trébuchet le moindre texte qu'il va proposer aux députés.
05:42Il va falloir faire très attention à ne pas irriter, provoquer des levées de boucliers.
05:47Et notamment, puisque, par définition, la gauche a dit qu'elle votera la motion de censure,
05:51c'est plus de ce côté-là que se trouve l'incertitude.
05:53C'est du côté du Rassemblement national.
05:55Et là, effectivement, il y a tout un jeu qui va se mettre en place.
05:58Reste à savoir si le Rassemblement national a intérêt à créer le désordre,
06:03le rejet du gouvernement, le chaos politique, avant quelques mois.
06:08Ça, évidemment, c'est une question qui se pose.
06:11D'accord. Votre pronostic, c'est que le gouvernement puisse tenir quelques mois.
06:15Moi, je pense qu'il va tenir quelques mois.
06:17C'est toujours difficile de faire des prévisions.
06:19Mais je vois mal les députés, d'ailleurs, prendre le risque de repartir devant les électeurs assez vite.
06:26Donc, il va falloir quand même qu'avant neuf mois,
06:31c'est le temps de probation pendant lequel le président ne peut pas dissoudre,
06:35il va falloir quand même qu'il réfléchisse à ce qui va se passer.
06:38Parce que sans gouvernement, le travail des députés n'a plus de sens.
06:42Le pronostic d'Olivier Hill ce matin.
06:45On vous invitera évidemment pour en reparler.
06:48Soit pour le goudron et les plumes si je me suis trompé,
06:50soit pour m'offrir un croissant si j'ai eu raison.
06:52On restera sur le croissant les deux fois, ne vous inquiétez pas.
06:55Merci Olivier Hill, politologue et professeur à Sciences Po Grenoble,
06:58d'avoir décortiqué avec nous ce nouveau gouvernement.