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Quand sera nommé le nouveau Premier ministre, après la chute de Michel Barnier mercredi ? La France pourrait-elle avoir un nouveau chef du gouvernement dès jeudi soir ? "Je ne veux pas simplement témoigner ou protester, je veux gouverner", affirme le socialiste Olivier Faure

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Transcription
00:007h48, Sonia De Villers, votre invité, le premier secrétaire du Parti Socialiste.
00:05Et député de Seine-et-Marne, bonjour Olivier Faure.
00:08Bonjour à vous.
00:09Grève aujourd'hui, nous sommes le 5 décembre, dans les écoles, les cantines, les hôpitaux,
00:13les entreprises du gaz et de l'électricité, les aéroports, des plans sociaux chez Michelin,
00:17Vancorex, Auchan, nous sommes le 5 décembre, donc la France n'a plus de gouvernement
00:21et n'a pas de budget pour 2025.
00:23Vous assumez d'avoir voté cette censure ?
00:26Bien sûr, je l'ai fait avec gravité, ce n'était pas l'été de cœur,
00:30ça n'était pas écrit d'avance non plus.
00:32Ça n'était pas écrit d'avance ? Dominique Seux vient de rappeler qu'à peine...
00:36Mais Dominique Seux vient de se tromper.
00:38En réalité, nous avons toujours considéré que...
00:41Évidemment, nous avons contesté la désignation, la nomination de Michel Barnier.
00:46Mais une fois qu'il avait passé le cap de la première censure,
00:49il devenait un premier ministre légitime.
00:51C'est-à-dire au moment de son discours de politique générale ?
00:53Exactement. Et à partir de là, il devenait un premier ministre légitime.
00:56Et nous avons cherché, tout au long de la discussion parlementaire,
00:59à faire prévaloir ce que nous croyons juste pour le pays.
01:02Et malheureusement, nous n'avons vu ni le premier ministre,
01:05ni même ce socle commun qui était absolument absent pendant tout le débat.
01:10Ils étaient, je crois, au maximum de leur présence, 18 dans l'hémicycle.
01:15C'est vous dire à quel point ils ont traité ce débat par-dessus la jambe.
01:18Mais Michel Barnier n'a cessé de rappeler, Olivier Faure,
01:20que vous avez refusé de venir à Matignon quand il vous y a appelé pour la première fois.
01:24Non, il nous a appelés au mois de septembre avant sa discussion de politique générale.
01:27Et vous avez refusé d'y aller.
01:28Depuis, il n'a jamais cherché à établir le contact.
01:31Et ce que je vois, c'est que la réalité, c'est que le seul contact qu'il ait cherché à établir,
01:36c'est avec Marine Le Pen. Alors qu'on ne nous fasse pas de mauvais procès.
01:39La réalité, c'est que nous avons là un gouvernement qui a cherché son...
01:44Parce que d'ailleurs, Marine Le Pen était la raison de sa nomination.
01:48Puisque je vous rappelle que le chef de l'État avait dit
01:50« Je cherche un Premier ministre qui pourra assurer une forme de stabilité. »
01:54Et comme Marine Le Pen est prête à censurer les socialistes, les écologistes, les communistes, les insoumis,
01:59eh bien, évidemment, je choisis Michel Barnier.
02:02Donc il ne devait son existence qu'à Marine Le Pen.
02:05Et ensuite, il n'a cherché qu'à négocier avec elle.
02:08Si Marine Le Pen est la raison de sa nomination, elle est aussi la raison de sa chute.
02:15Voilà, donc quelles voix ont compté hier ?
02:17Celles du Rassemblement National, celles de la France Insoumise,
02:20celles du Parti Socialiste. Sans vos voix, ça ne passait pas.
02:23Vous vous retrouvez donc à faire un trio.
02:25Avec un parti qui accule le Président de la République à la démission.
02:28Et avec un autre qui réclame à corps et à gris sa destitution.
02:32Ça aussi, vous l'assumez Olivier Faure ?
02:34Mais j'ai dit exactement le contraire.
02:36J'ai dit que je ne souhaitais pas la démission du chef de l'État ni sa destitution.
02:40C'est très clair, ça a été dit, rappelé, c'est public.
02:43Et donc, moi, je ne cherche pas à bloquer les institutions pour pousser le chef de l'État à sa démission.
02:48Il y a déjà eu la folie...
02:50Parce que là, nous sommes dans une situation de blocage et que sans vos 66 députés...
02:53Je finis ma phrase en vous disant qu'il y avait déjà eu la folie de la dissolution.
02:56On n'allait pas continuer avec une folie de la destitution.
02:59Pourquoi ? Parce que nous sommes dans une situation où le pays doit être gouverné.
03:04Et que de toute façon, même si on avait un nouveau Président de la République,
03:07au passage, ça pourrait être Marine Le Pen, ce que, évidemment, je ne souhaite pas.
03:11Mais de toute façon, l'Assemblée reste la même, puisque aucun Président ne peut dissoudre l'Assemblée avant le mois de juillet.
03:17Donc, tout cela concourt à une seule chose.
03:19Il faut chercher de la stabilité, permettre au pays d'être gouverné.
03:23Et c'est ce que je souhaite le plus ardemment.
03:25Et Jean-Luc Mélenchon, qui n'a aucun mandat, qui est venu hier en personne à l'Assemblée nationale,
03:30assister à une situation qu'il avait prophétisée, assis au balcon, la mine réjouie,
03:35comme au spectacle, comme s'il était à la comédie française.
03:38Sans vous, sans le vote socialiste, la pièce était gâchée ?
03:42Mais, moi, je ne joue aucune pièce.
03:44Et je n'ai pas...
03:45Jean-Luc Mélenchon, qui n'a même pas assisté au discours de Boris Vallaud.
03:48Oui, mais moi, je ne me pose pas la question de ce que fait Jean-Luc Mélenchon.
03:51Ça m'est complètement indifférent.
03:53Ce que je crois, c'est qu'à chaque fois que nous sommes appelés à prendre nos responsabilités,
03:57nous avons à faire des choix.
03:59Et ces choix-là, effectivement, je les assume.
04:01Quels que soient les choix des uns et des autres.
04:03Et ce que je veux maintenant, Sonia De Villers,
04:05c'est effectivement que le chef de l'État comprenne aussi qu'il y a eu des votes.
04:09Et il faut respecter les Français.
04:11Il y a eu un vote au mois de juillet, il y a un vote du Parlement maintenant.
04:14Et donc, je souhaite que, dans la journée,
04:16le chef de l'État appelle l'ensemble des chefs de parti
04:19et qu'il puisse avoir avec eux une discussion,
04:22chef de parti, chef des groupes parlementaires.
04:25Mais, Sonia De Villers, j'ai été à plusieurs reprises voir le chef de l'État
04:29à chaque fois que nous avons été invités à le rencontrer.
04:31C'était ces fameuses rencontres dites en Format Saint-Denis.
04:34Je n'ai pas de problème pour discuter.
04:36Et je suis prêt même à avancer pour pouvoir arriver à trouver
04:39les conditions dans lesquelles ce pays peut être valablement gouverné.
04:42C'est simple.
04:43Donc, concrètement, Olivier Faure, vous demandez à Emmanuel Macron, là,
04:46de réunir tous les chefs de parti.
04:49Chef de parti, président de groupe,
04:51de ceux qui ont participé au Front républicain,
04:53puisque l'évidence, c'est quand même que le Front républicain
04:56l'a emporté le 7 juillet.
04:58Et donc, je souhaite que cette rencontre puisse avoir lieu dans les meilleurs délais
05:01et faire en sorte que nous puissions discuter
05:03des conditions dans lesquelles on peut avancer.
05:05Et donc, il n'appelle pas Marine Le Pen ?
05:06Donc, il n'appelle pas Marine Le Pen.
05:08Mais, ça me paraît évident.
05:09On ne peut pas... Enfin, il y a des votes, quoi.
05:11Moi, je ne comprends pas cette façon qu'on a de mépriser
05:14complètement la démocratie.
05:16Et vous vous étonnez ensuite que les Français disent, au fond,
05:19la démocratie, ce n'est plus un sujet.
05:21Les Français le disent très très fort, Olivier Faure.
05:24C'est-à-dire que là, l'enquête Yves Sausset,
05:26qui est publiée par Le Monde,
05:27la crise de confiance qui concerne le personnel politique,
05:30jugée corrompue à 63%,
05:32non-représentative à 70%,
05:34agissant pour ses intérêts personnels à 83%.
05:37C'est-à-dire qu'on va droit vers un sentiment
05:39qui se tème extrêmement, extrêmement grave.
05:41Qu'est-ce que je vous dis là, ce matin ?
05:42Je vous dis exactement le contraire.
05:44J'essaie de faire la démonstration inverse
05:46en vous montrant qu'il y a des gens qui sont prêts à dialoguer,
05:49qui sont prêts à avancer.
05:50Prêts à dialoguer, ça veut dire quoi ?
05:51Mais dans la clarté.
05:52Alors, justement, dans la clarté, éclaircissez-nous,
05:54puisque depuis quelques jours, vous plaidez pour un changement de méthode,
05:57puisque depuis quelques jours,
05:59vous plaidez pour la nomination d'un premier ministre de gauche
06:02qui applique les priorités du nouveau front populaire,
06:05mais avec le souci permanent du compromis.
06:07Ça veut dire quoi ?
06:09Ça veut dire que les Français,
06:10et je reviens toujours à eux,
06:12le 7 juillet, ils ont donné l'avantage à la gauche,
06:16mais ils ne lui ont pas donné une majorité absolue.
06:19Et donc, il est logique que nous ayons une forme de priorité
06:23au sens où nous devons avoir la capacité d'initiative,
06:25c'est le gouvernement,
06:27mais que nous devons nous en remettre au Parlement,
06:29et donc accepter l'idée que nous ne pouvons pas de toute façon
06:32faire adopter quelques projets que ce soit,
06:34sans aboutir à un compromis.
06:36Ça supposerait quoi ?
06:37Ça supposerait que nous puissions dire
06:39que nous abandonnons le 49-3,
06:41qu'il n'y aura pas de passage en force,
06:43et donc, sur chaque texte, nous serons obligés
06:45de trouver des compromis avec...
06:47Ah, sur chaque texte ?
06:49C'est-à-dire que, vous restez...
06:51Mais l'Assemblée, c'est sur chaque texte, c'est pas...
06:53Donc vous restez, exactement comme le dit Mathilde Panot,
06:55le programme, rien que le programme,
06:57seulement le programme, c'est ce qu'avait dit Jean...
06:59Non, non, non, justement.
07:01Mais, ensuite, au texte par texte,
07:03on va chercher
07:05des majorités à l'Assemblée Nationale.
07:07C'est ça que vous voulez ?
07:08Je viens de vous dire que, sur les priorités
07:10qui ont été celles du Front Populaire,
07:12nous devons pouvoir avancer.
07:14C'est normal que nous représentions nos électrices et nos électeurs.
07:16Nous nous sommes faits élire sur un projet.
07:18Et donc, ensuite,
07:20je suis conscient du fait que nous ne sommes pas seuls,
07:22et que de toute façon, nous ne pouvons pas appliquer
07:24tout le programme, rien que le programme,
07:26selon la formule consacrée.
07:28Donc, ça suppose que nous rentrions en dialogue
07:30avec ceux qui seront au Parlement,
07:32et permettre, sur chaque texte...
07:34Donc, c'est pas tout à fait ce dit Mathilde Panot, en effet.
07:36Oui, je crois, en effet.
07:38C'est bien de clarifier les choses.
07:40C'est clair depuis le début.
07:42Donc, il y a rupture avec Mathilde Panot ?
07:44Il y a divergence.
07:46Oui, absolument.
07:48Parce que là, elle vous accuse déjà de passer dans le camp adverse.
07:50Elle vous accuse déjà de pactiser avec les macronistes.
07:52Je ne sais pas pour qui vous êtes la porte-parole ce matin,
07:54si c'est celle de M. Macron ou de Mme Panot,
07:56mais c'est normal, vous faites votre boulot.
07:58Du coup, je vous réponds aussi.
08:00Si je vous disais que moi, j'étais en train de dire
08:02que je veux tout édulcorer
08:04de ma propre volonté, je comprendrais
08:06qu'on m'accuse de dire que je veux faire une alliance avec d'autres.
08:08C'est pas ce que je dis.
08:10Je dis que je suis fidèle à ce que je porte et à ce que je crois.
08:12Simplement, je suis aussi un démocrate,
08:14et en démocratie, on accepte le loi des Français.
08:16Et le loi des Français, il a dit quoi ?
08:18Il a dit que nous ne sommes pas majoritaires à nous seuls,
08:20et donc ça suppose qu'il y a des compromis.
08:22Et qu'il vaut mieux parfois faire un pas
08:24qui n'est pas exactement celui qu'on avait prévu de faire,
08:26mais plutôt que de ne rien faire
08:28et de rester dans la protestation et le témoignage.
08:30Je ne veux pas simplement témoigner et protester
08:32ou résister, je veux gouverner.
08:34Est-ce que vous pouvez y aller, par exemple,
08:36dans ce compromis, dans ce futur gouvernement
08:38avec des macronistes, avec éventuellement
08:40des députés
08:42qui suivent Édouard Philippe ?
08:44Est-ce que vous pouvez y aller sans les Verts ?
08:46Est-ce que vous pouvez y aller sans les communistes ?
08:48Est-ce qu'ils sont prêts à vous suivre ?
08:50Je lis ce que disent les communistes et les écologistes,
08:52ils sont parfaitement sur la même ligne que celle que je vous donne ce matin.
08:54Ils sont prêts à prendre
08:56leurs risques et à dire que
08:58le pays mérite mieux que de
09:00sinistres calculs.
09:02Pourquoi vous n'avez pas commencé par là ?
09:04Pourquoi je n'ai pas commencé par là ?
09:06Pourquoi ne pas avoir
09:08cherché le compromis
09:10dès le départ ? Pourquoi annoncer
09:12aujourd'hui, là, cette semaine,
09:14que vous voulez changer de méthode ?
09:16Vous dites on va changer de méthode.
09:18Je dis on va changer de méthode par rapport à ce que
09:20fait Michel Barnier. Moi j'ai toujours dit
09:22que j'étais pour le compromis. Je l'ai dit,
09:24je l'ai même écrit le 22 août et
09:26les présidents de groupe l'avaient écrit le 12 août.
09:28Donc pour moi c'est une évidence,
09:30je suis un socialiste.
09:32Et les socialistes ont déjà gouverné,
09:34ils ont déjà fait la démonstration qu'ils savaient bâtir
09:36des compromis. Même ce qu'on appelle
09:38la social-démocratie, c'est quoi ? C'est donc la construction
09:40d'un rapport de force, d'abord,
09:42et sur la base d'un rapport de force,
09:44on a fait des compromis parce que nous ne sommes pas seuls.
09:46Voilà, c'est aussi simple que ça.
09:48qui diverge maintenant officiellement avec Jean-Luc Mélenchon. Merci Olivier Faure.
09:50Merci Sonia De Villers, c'est une conclusion
09:52à laquelle je ne m'attendais pas
09:54et moi je l'assume parfaitement aussi.
09:56Et bien voilà, merci Sonia.

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