Chaque jour, entre 9h et 9h30, retrouvez Pascal Praud dans L'Heure des Pros en direct sur CNews et Europe 1. Ce jeudi, il revient sur le nouveau refus d'obtempérer d'un homme qui a foncé sur un policier municipal pour échapper à un contrôle avant d'être arrêté en possession de stupéfiants et sans assurance. Il revient ensuite sur l'affaire Pelicot dont le procès se poursuit et sur les violences qui s'accentuent en Martinique contre la vie chère.
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00:00Bonjour à tous et bienvenue ce matin à l'heure des pros sur Europe 1 jusqu'à 9h30 et sur CNEWS jusqu'à 10h30.
00:11Il y avait hier au procès Mazan quelque chose d'énomondantesse chez Gisèle Pellicot.
00:18Son château d'Yves fut sa chambre à coucher, séquestrée, droguée, violée pendant 10 ans.
00:25Gisèle Pellicot est une héroïne d'Alexandre Dumas.
00:28Elle revient de l'enfer, elle a refusé le huis clos, elle veut que le monde sache, elle veut confondre ses agresseurs,
00:36elle s'adresse à eux, elle les regarde, elle leur parle, elle leur dit quand on voit une femme endormie sur son lit,
00:42il n'y a pas un moment où on s'interroge, ils ont quoi à la place du cerveau ?
00:47Pour moi ce sont des dégénérés et ils sont là, les misérables qui regardent leurs pieds,
00:53qui fuient le regard des jurés, qui sont déjà condamnés, déshonorés, à jamais.
00:59La honte recouvrira leur existence, oui, il y a du conte de Montécristo dans cette affaire Pellicot.
01:06La mort de ceux qui avaient envoyé énomondantesse au fond d'une cellule n'a pas effacé les années volées de sa jeunesse.
01:13Les futures condamnations des accusés de Mazan n'enlèveront rien aux blessures de Gisèle Pellicot.
01:20Mais la justice sera passée et peut-être ce procès, ces soutiens, cet accueil, bien au-delà de la salle d'audience d'Avignon,
01:29peut-être cela agit-il comme un boum, comme un pansement sur le corps et le cœur brisés de cette femme martyrisée.
01:37Il est 9h01, Chana Lusso.
01:399h, 9h30, l'heure des pros sur CNews et Europe.
01:50Bonjour Pascal, bonjour à tous.
01:52Un policier municipal victime d'une tentative de meurtre au chenet dans les Yvelines.
01:57Un homme au volant d'une voiture lui a délibérément foncé dessus pour échapper à un contrôle routier.
02:02Il a été interpellé peu de temps après les faits.
02:04De la drogue a été retrouvée dans son véhicule.
02:06Heureusement, le pronostic vital du policier n'est pas engagé.
02:10Deux hommes ont été tués par balle cette nuit en Nouvelle-Calédonie.
02:14Ça s'est passé pendant une opération des forces de l'ordre à Saint-Louis.
02:18À leur arrivée, les gendarmes ont été visés par des tirs.
02:20C'est à ce moment-là que l'un d'eux a ouvert le feu.
02:23Ces deux hommes, âgés de 29 et 30 ans, faisaient l'objet d'un mandat de recherche.
02:27Au total, 13 personnes ont perdu la vie depuis le début des émeutes en mai dernier.
02:32Et puis en Martinique, un couvre-feu a été décrété de 21h à 5h du matin dans plusieurs quartiers de Fort-de-France.
02:39Il était effectif dès hier soir et le sera jusqu'à nouvel ordre.
02:42Des forces de l'ordre ont également été appelées en renfort.
02:44Depuis plusieurs jours maintenant, les nuits de violence s'enchaînent sur fond de mobilisation contre la vie chère.
02:50Mais selon le maire de Fort-de-France, c'est un prétexte pour certains.
02:55Ce sont des personnes qui profitent de ces moments de tension, de ces poussées de tension.
03:00Ce sont des personnes qui profitent de la colère exprimée par la rue, par les citoyens,
03:06pour se livrer à ces exactions.
03:10Je ne vois pas derrière ça de mains étrangères qui chercheraient à déstabiliser la Martinique.
03:20Et voilà, pour l'essentiel de l'information, c'est à vous, Pascal.
03:22Merci, Chana Lousteau.
03:24Et j'ai demandé ce matin à Fanny Marceau, qui est journaliste, que vous connaissez,
03:28qui présente l'édition de 8h sur Europe 1, qui est née en Franche-Comté,
03:33mais qui a passé toute sa jeunesse en Martinique.
03:36Toute ma vie, presque.
03:37Bonjour, Fanny, et qui était cet été, pendant trois semaines, un mois, en Martinique.
03:42Je suis rentrée à la maison.
03:44Votre famille vit ?
03:46Ma famille est toujours là-bas, bien sûr, une partie de ma famille, toujours.
03:48Et vous nous direz, votre regard, parce qu'on parle de la Martinique,
03:51on parle de la Guyane, on parle de la Nouvelle-Calédonie,
03:53on a l'impression que tout ça est sur un volcan,
03:56et que tout ça peut exploser, que les mêmes problèmes sont partout.
04:00Sarah Salman est avec nous ce matin, Gérard Carrérou, que vous connaissez, Gérard,
04:05je vois que vous avez un petit pansement, donc les gens vont s'interroger,
04:08j'espère que tout va bien.
04:09Oui, on m'a fait des biopsies, voilà.
04:11Bon, il faut toujours dire la vérité aux téléspectateurs,
04:14à la radio, évidemment, ça se voit moins,
04:16mais ceux qui nous écoutent et nous regardent, vous voient,
04:19et j'espère évidemment que vous allez bien.
04:21Philippe Bilger et Olivier Dartigolles,
04:23vous disiez d'ailleurs que les derniers mots de Montécristo, c'est « attendre et espérer ».
04:27Alexandre Dumas, la dernière phrase, c'est « attendre et espérer ».
04:30Je me disais en vous écoutant que beaucoup de femmes qui vivent des situations dramatiques,
04:34encore aujourd'hui, en vous écoutant, se sont peut-être dit ça.
04:37Gauthier Lebrecht est avec nous et vous le connaissez.
04:39On va commencer par ce refus d'obtempérer.
04:41Hier matin, on a commencé par cette justice qui était passée ou mal passée
04:46sur ce jeune homme qui avait attaqué une voiture
04:50et qui s'en était sorti avec 18 mois avec sursis.
04:53Là, on va parler de ce refus d'obtempérer,
04:55et comme toujours, qu'apprend-on dans ces cas-là ?
04:58Le profil du jeune homme, qui est de nationalité française,
05:02bien connu au tribunal, avec 17 rôles, défauts de PC,
05:07de transport, détention, acquisition de stupe, vol accravé,
05:12violence sur conjoint, conduite sans permis.
05:14La totale, comme toujours, il a failli tuer un policier.
05:18Vous connaissez ce que je vous dis sans arrêt.
05:21Au bout d'un moment, un nombre d'infractions.
05:23En fait, ces gens sont irrécupérables.
05:24C'est triste pour eux, d'ailleurs, mais ils sont irrécupérables.
05:27C'est surtout dangereux pour la société.
05:28Et il faut protéger la société.
05:29Donc, il y a un moment, au bout d'un certain nombre d'infractions,
05:32le problème se pose de les laisser dehors,
05:34puisque ça recommencera, quoi qu'il arrive.
05:37Et hier, un policier a failli perdre la vie.
05:39Donc, je vous propose de voir le sujet d'Augustin Donat Dieu,
05:42et nous en parlons ensemble.
05:46Le choc est d'une extrême violence.
05:49Ce chauffard en plein refus d'obtempérer
05:51fonce délibérément sur ce policier municipal
05:54qui a tenté de lui barrer la route.
05:57Quelques minutes plus tôt,
05:58l'équipe de policiers procédait à un contrôle routier banal.
06:01Mais au moment de décliner son identité,
06:03le suspect a démarré en trombe.
06:06Pour le maire de la ville,
06:07l'intention du conducteur est sans équivoque.
06:09Il n'y a aucun doute possible.
06:11On est en pleine journée,
06:12le véhicule fonce sur un policier municipal
06:14qui est debout et qui est parfaitement identifié,
06:16qui est en tenue.
06:17Donc, il n'y a pas du tout volonté d'esquiver le policier,
06:20de passer à côté.
06:21Le chauffeur a foncé sur le policier.
06:24Et c'est pour moi, clairement,
06:26quelque chose qui relève de l'homicide volontaire.
06:27Tentative d'homicide volontaire, en tout cas.
06:29Avant d'être percuté violemment,
06:31le policier municipal a sorti son arme de service
06:33et a sommé l'individu de s'arrêter.
06:35Les habitants ont tout vu et tout entendu.
06:38Je ne suis pas quelqu'un qui se choque facilement,
06:40pourtant.
06:41Mais l'assister en vrai,
06:43parce qu'on en voit des choses de nos jours,
06:45mais l'assister en vrai et le bruit surtout,
06:47c'est le bruit qui était choquant.
06:48Le bruit des chocs, de la tête sur la voiture
06:52et de l'impact de la voiture sur le policier,
06:54c'était ça qui était surtout très choquant.
06:56Le suspect, un homme âgé de 23 ans,
06:58roulait sans assurance.
06:59Il était bien connu des services de police
07:01avec 17 inscriptions au fichier de traitement
07:03des antécédents judiciaires,
07:05notamment pour conduite sans permis
07:07ou encore détention de stupéfiants.
07:09Au moment de son interpellation
07:10dans le 15e arrondissement de Paris,
07:12il transportait une quantité importante de drogue
07:14dans son véhicule.
07:16C'était ce matin l'invité de Sionnet Mabrouk,
07:18qu'elle a réagi sur Europe 1 et sur ses news.
07:22Aujourd'hui, on a affaire à un miraculé.
07:24Ce policier municipal est un miraculé.
07:25Miraculé.
07:26Absolument.
07:27Compte tenu du choc.
07:28Absolument.
07:29Le bruit qu'on entend, malheureusement pour nous,
07:32est familier parce que beaucoup de policiers
07:34ont connu sur la voie publique
07:36des collègues qui ont été percutés.
07:38Et évidemment que lorsque l'on parle
07:40à chaque fois des tentatives de domicile
07:41sur les forces de l'ordre,
07:42les policiers, les gendarmes,
07:43les policiers municipaux, les policiers nationaux,
07:45à l'occasion d'un refus de tempérer,
07:47il y a, je pense, dans l'imaginaire collectif,
07:50quelque chose d'un peu fictif,
07:51quelque chose qui manque de concret.
07:53Là, il faut que l'opinion publique se rende compte
07:55qu'un refus de tempérer, ce n'est pas anodin.
07:58Ce n'est pas seulement refuser l'injonction,
08:00non, c'est tenter par tout moyen
08:02de fuir à ses obligations,
08:04quitte à tuer la vie humaine.
08:07Débat qu'on a eu dix fois, cent fois,
08:10mille fois et qu'on aura dix mille fois,
08:12mais tout ça ne sert à rien
08:14puisqu'on va dire les mêmes choses qu'on a dit
08:16des milliers de fois.
08:19M. Bilger, qui est magistrat.
08:21Vous avez beau les répéter, Pascal,
08:23il arrive que vous ayez raison.
08:27Le fait de...
08:31Ce refus d'obtempérer à nouveau
08:33qui est suivi par une tentative de meurtre,
08:36c'est clair,
08:37on n'en sortira pas.
08:39Si, à un moment donné,
08:41on n'exclut pas
08:44l'individualisation de la peine
08:47et si on raisonne par rapport
08:49à ce qui se passe tous les jours,
08:51un magistrat doit intégrer le fait
08:55pour les refus d'obtempérer
08:57suivis de crimes ou de délits
08:59qu'il est aussi en charge
09:01de la tranquillité sociale
09:03et du respect des politiques.
09:05Mais nous l'avons dit combien de fois,
09:07donc ça ne sert à rien, en fait.
09:09Mais si, ça servira.
09:12Mais il est hallucinant.
09:15Si.
09:18Mais parce qu'un jour,
09:20Thomas, la magistrature,
09:23comprendra que dans ces affaires-là...
09:25Mais quand ?
09:26Mais jamais.
09:27J'espère, je suis moins pessimiste que vous
09:30dans la mesure où j'espère
09:32qu'une lucidité collective...
09:34Ça changera rien ?
09:35Si.
09:36Rien ?
09:37Si.
09:38Rien ?
09:40Rien ?
09:41Ça changera rien ?
09:42Hier, je vous assure, les policiers,
09:44ils sont formidables, les policiers, en fait.
09:47Bien sûr.
09:48Parce qu'ils sont toujours engagés,
09:50ils ne démissionnent pas,
09:52ils y croient encore,
09:54mais quand vous voyez le policier,
09:56l'affaire d'hier dont on a parlé,
09:58et ce jeune homme, s'il passe devant un tribunal,
10:01il sera condamné à quoi ?
10:02À rien.
10:03Il aura peut-être une petite peine d'intérêt général.
10:05Non, Pascal.
10:06Mais c'est ce qui s'est passé.
10:08Il y en a un qui a traîné un flic sur 50 mètres.
10:11Ça changera.
10:12Mais pourquoi vous dites ça ?
10:13Mais il n'y a rien qui permet de nous dire que ça va changer,
10:15parce qu'à chaque fois qu'il y a de nouveaux...
10:16Je ne vous crois plus.
10:17Mais si.
10:18Je crois que c'est foutu.
10:19Mais croyez-moi,
10:20parce que si on abonde dans votre pessimisme un peu global,
10:23rien jamais ne changera.
10:25Bah oui.
10:26J'espère.
10:27Rien jamais ne changera.
10:28Mais non.
10:29Maître Sarah Salman.
10:30Il y a eu une loi en 2022
10:31qui est venue alourdir la peine.
10:32Oui.
10:33Parce que souvent, on nous dit
10:34quand il y a des choses comme ça,
10:35on va alourdir la peine,
10:36alors qu'en réalité, ça ne sert à rien,
10:37vu que la peine maximale n'est déjà pas appliquée.
10:40La peine maximale, c'est deux ans d'emprisonnement,
10:4215 000 euros d'amende.
10:43En réalité, ce qu'il faudrait,
10:44c'est le retour des peines planchées.
10:46Au moins, on aurait un minimum,
10:47parce que là, si ça se trouve,
10:48il va s'en sortir avec un sursis.
10:50Dans la tête de ces délinquants,
10:51un sursis, ça veut dire à la maison
10:53et ça veut dire pas de sanctions.
10:55Le refus d'obtempérer est un drame ?
10:57Oui, il y en a un, je crois,
10:58toutes les 20 secondes.
10:59Non.
11:00Toutes les 20 minutes.
11:01Toutes les 20 minutes.
11:03Il n'y a jamais eu autant de démissions
11:05de policiers et de gendarmes.
11:06Et de suicides.
11:07Je comprends.
11:08Moi, ce que je vous propose,
11:10c'est de ne pas en parler pendant des heures,
11:13parce que ça ne sert à rien du tout.
11:14En revanche, on peut écouter Thierry Colomard,
11:16qui est président de la Fédération nationale
11:17des policiers municipaux.
11:20Je suis horrifié, bien sûr.
11:22Encore une fois,
11:23un policier municipal est blessé
11:25lors d'un refus d'obtempérer.
11:26Encore une fois,
11:27un membre des forces de l'ordre
11:29est blessé lors d'un refus d'obtempérer.
11:31Honnêtement, la profession,
11:33que ce soit les forces statiques
11:34ou les policiers municipaux,
11:36la profession en a marre.
11:38Ça aurait pu être dramatique.
11:40En plus, la personne,
11:41on voit nettement sur la vidéo
11:42qui tourne sur les réseaux sociaux,
11:44que la collègue qui était avec notre collègue blessé
11:49a évité de justesse le véhicule.
11:51Il n'a pas hésité à foncer aussi sur elle.
11:54C'est presque une tentative d'assassinat.
11:57La personne sait très bien,
11:59en percutant le policier
12:00qu'il peut le tuer.
12:02On avait parlé de cette affaire à Nantes.
12:0435 heures de travail d'intérêt général
12:06en 2023 à Nantes
12:08pour un voleur de voiture
12:09qui avait percuté un policier
12:10de la compagnie départementale d'intervention.
12:12Il y a des mois de soins
12:13et des séquelles irréversibles pour l'agent.
12:1535 heures de travail d'intérêt général.
12:18C'est ridicule.
12:19Le travail d'intérêt général, d'ailleurs,
12:22est une sanction généralement ridicule
12:25par rapport à la gravité
12:27de ce qu'elle prétend réprimer.
12:30Il ne faut pas désespérer.
12:32Il ne faut ne désespérons pas.
12:34Je ne vois pas quel élément d'espoir nous avons.
12:36Il y en a tout le temps, il y en a toujours.
12:38Tout simplement, quand on connaît la France...
12:40On ne parle jamais des trains qui arrivent à l'heure.
12:42Il y a des pratiques qui sont tout à fait conformes
12:45à ce qu'exige la civilisation.
12:46Il y a des condamnations aussi.
12:48Pas à la hauteur du quai.
12:50Rien de dire qu'il n'y a qu'un le faucon.
12:54Ça ne sert à rien.
12:56On va parler de Mazan.
12:59Et de ce qui s'est passé hier.
13:01Je trouvais qu'il y avait quelque chose
13:03chez cette femme, effectivement,
13:05d'être confrontée, de vouloir confondre
13:08ces hommes, d'avoir refusé le huis clos
13:11et de les avoir désignés,
13:13d'avoir dit vous, vous, vous.
13:16Il y a quelque chose de l'ordre, effectivement,
13:18qui peut être intéressant, même pour la société.
13:20On voit bien, d'ailleurs,
13:22combien ce procès est médiatisé.
13:24La déflagration.
13:27Parfois, il y a de l'instrumentalisation aussi.
13:29Parfois, il ne faut pas être dupe de tout ça, bien sûr.
13:31Mais il n'empêche qu'il y a une réflexion
13:33qui est en place.
13:34L'avocate que vous êtes, forcément,
13:36doit être intéressée par ça.
13:38Je voudrais qu'on commence peut-être
13:40par Maître Babonneau,
13:42qui hier rapportait
13:44ce qui s'était passé
13:46dans cette audience.
13:49C'était une audience qui était
13:51une audience avec beaucoup d'émotions.
13:53C'est une audience avec des questions difficiles
13:55qui ont été posées.
13:57Mais Gisèle Pellicot a répondu
13:59à toutes les questions qui lui ont été posées.
14:01Elle l'a dit et elle le redit.
14:03Elle veut que ce procès soit public.
14:05Elle veut montrer qu'elle n'a rien à cacher,
14:07que les victimes n'ont pas à avoir honte,
14:09y compris quand on va les confronter
14:11à des aspects qui sont particulièrement intimes
14:13de leur vie.
14:15D'ailleurs, ce qui fait peur aux victimes,
14:17c'est qu'on puisse sortir des éléments
14:19qui sont pris sur une vie entière.
14:21Gisèle Pellicot a eu 50 ans de vie avec son mari.
14:23Il y a des photos qui ont été trouvées.
14:25Qu'on en prenne quelques-unes
14:27pour la confronter
14:29avec potentiellement
14:31la perspective de la mettre en difficulté.
14:33C'est ce qu'on a pu voir aujourd'hui.
14:35Mais comme je l'ai dit,
14:37elle ne se cache absolument pas
14:39et elle continuera à répondre.
14:41Parfois, effectivement, elle peut s'en porter
14:43parce que c'est une épreuve difficile.
14:45Mais elle continuera à répondre.
14:47Il y a des phrases très fortes.
14:49Aujourd'hui, j'ai l'impression que la coupable, c'est moi
14:51et que ce sont eux qui sont derrière moi.
14:53On me traite tantôt d'alcoolique, tantôt d'exhibitionniste
14:55parce que j'ai eu le malheur de sortir de la douche
14:57et de rejoindre ma chambre sans serviette.
14:59Je m'interroge à partir de quel moment
15:01un homme décide pour sa femme.
15:03C'est quoi ces hommes ? Ce sont des dégénérés.
15:05Ils n'ont pas de cerveau ou quoi ?
15:07Quand on voit une femme inerte, comme ça,
15:09dans son lit, on la viole.
15:11Je n'ai pas l'habitude de m'énerver.
15:13Alors là, c'est un autre passage qu'on verra tout à l'heure
15:15parce qu'elle est revenue sur cette notion de viol.
15:17Ces hommes
15:19sont des magistrats.
15:21On rappelle que ces hommes entrent dans une chambre.
15:23Cette femme dort. Donc le problème du consentement,
15:25par définition,
15:27elle ne peut pas être consentante
15:29puisqu'elle est endormie et peut-être dans un état
15:31comateux.
15:33Et surtout, on leur a donné des instructions.
15:35Se déshabiller ailleurs.
15:37Ne pas parler fort.
15:39Il est évident
15:41que le problème du consentement
15:43est réglé dans cette affaire.
15:45Nous sommes d'accord.
15:47Il y a eu des échanges sur le viol.
15:49Je vais vous faire écouter ce que disait
15:51Guillaume de Palma, qui est l'un des avocats
15:53des accusés qui, il y a quelques jours,
15:55c'était le 10 septembre,
15:57s'était exprimé sur le consentement
15:59et le viol.
16:01Ses propos avaient pour le moins choqué.
16:03Écoutez.
16:07À partir du moment où, effectivement,
16:09il y a une intention coupable,
16:11à partir du moment où on arrive à rapporter la preuve
16:13du fait que la personne qui a commis les actes
16:15de viol
16:17avait conscience de commettre des actes de viol,
16:19il y a viol. Sinon, il n'y a pas de viol.
16:21Et c'est ce que l'on dit depuis le début
16:23pour l'ensemble de nos clients.
16:25On n'est pas en droit américain. C'est-à-dire qu'en France,
16:27il ne faut pas avoir recueilli le consentement
16:29de la victime pour faire en sorte,
16:31nécessairement, qu'il n'y ait pas de viol.
16:33Il faut, pour qu'il y ait un viol, que la démonstration
16:35soit faite de l'intention coupable
16:37de l'auteur. Si l'auteur s'est trompé,
16:39s'est mépris, la Cour de cassation
16:41dit toujours qu'il n'y a pas de viol.
16:43Est-ce qu'il est dans un coma, comme disait l'expert hier ?
16:45La question du coma, on l'examinera en détail
16:47pour savoir effectivement, au cas par cas,
16:49s'il y a coma ou pas.
16:51Nous, nous le refutons, nous ne sommes pas les seuls avocats à le dire.
16:53C'est juste inaudible.
16:55Ce qu'il dit est juste inaudible, si vous me permettez.
16:57Et je ne sais pas comment il va organiser
16:59sa défense. C'est inaudible. Pour qu'il y ait
17:01viol, pour caractériser l'infraction, il faut
17:03la réunion d'un élément matériel, là c'est filmé,
17:05et d'un élément intentionnel. On rappelle que
17:07le forum sur le groupe s'appelle
17:09Assoninsu. A partir du moment où vous avez
17:11un forum qui s'appelle Assoninsu, comment
17:13voulez-vous expliquer qu'elle était d'accord ?
17:15Ça ne tient pas la route. Alors, elle a répondu
17:17précisément à M. De Palma
17:19hier, elle a dit je n'ai pas l'habitude
17:21de m'énerver mais là franchement ça suffit. Non,
17:23il n'y a pas viol et viol. Le
17:25bâtonnier qui a dit ça, il doit être bâtonnier M. De Palma.
17:27C'est un ancien bâtonnier. Est-ce qu'il aurait
17:29dit ça si c'était sa fille aujourd'hui à la barre ?
17:31Non, un viol
17:33est un viol. Point.
17:35Et Guillaume De Palma a répondu
17:37Madame, que les propos vous ont blessé
17:39et choqué, j'en suis désolé. Mon
17:41intention était de rappeler la règle de droit.
17:43Mais Madame, il ne faut pas rajouter
17:45du sel au débat.
17:47Si vous me permettez.
17:49C'est vrai que ce n'est pas facile pour ces avocats
17:51sans doute de défendre cela
17:53parce que c'est juste indéfendable.
17:55Tout le monde a le droit à une défense.
17:57Je ne sais pas comment organiser une défense.
17:59Après on peut organiser...
18:01Il y a trois axes. Soit vous dites
18:03le viol n'a pas eu lieu, c'est compliqué, il y a les vidéos.
18:05Soit vous dites je pensais qu'elle était d'accord,
18:07c'est compliqué. Soit vous adoptez la ligne de défense
18:09de M. Dominique Pellicot qui est, oui je reconnais
18:11mais je demande la clémence du tribunal parce que
18:13j'ai beaucoup souffert, etc.
18:15On reparlera de ça, notamment dans la deuxième
18:17partie, mais puisque Fanny Marceau est avec
18:19nous ce matin, je voulais que Fanny
18:21que vous connaissez, qui présente le 8h d'Europe 1
18:23je voulais faire un petit focus
18:25sur la Martinique
18:27avec ce qui se passe
18:29évidemment dans ces
18:31territoires d'outre-mer.
18:33On sera avec Régine Delfour, que je salue
18:35Régine et qu'on
18:37pourra écouter tout à l'heure.
18:39Le procès a repris ce matin,
18:41Régine, juste quelques mots et on vous
18:43écoutera dans la deuxième partie, mais l'audience a
18:45repris à l'instant.
18:47Oui,
18:49on entend encore la cour
18:51qui doit arriver, théoriquement,
18:53aujourd'hui, dans quelques
18:55instants, il devrait y avoir deux des causes
18:57accusées qui devaient être entendues hier
18:59et qui ne l'ont pas été puisque hier, l'après-midi
19:01a été le témoignage de Gisèle Pellicot.
19:03Merci, Régine. Le couvre-feu
19:05a donc été décrété hier soir dans certains quartiers de
19:07Fort-de-France, après une nouvelle nuit de violence urbaine
19:09dans un contexte de mobilisation contre la vie chère
19:11en Martinique. Le préfet de la
19:13Martinique, Jean-Christophe Bouvier, a annoncé
19:15avoir signé un arrêté de couvre-feu
19:17entrant en vigueur de 21h à 5h du matin
19:19dans les quartiers les plus touchés par les violences.
19:21J'ai l'impression que la Martinique, que je connais
19:23très mal, évidemment, c'est pourquoi
19:25comme beaucoup de Français
19:27de métropole, on connaît très mal
19:29en fait la Martinique, parce que quand on y va
19:31on y va 15 jours et dans des situations
19:33souvent très favorables.
19:35Je voulais connaître
19:37votre expertise sur cette île
19:39et j'ai l'impression qu'aucun des problèmes
19:41n'est jamais réglé depuis la nuit des temps.
19:43Depuis la colonisation,
19:45on n'a jamais rien réglé depuis.
19:47Il y a eu l'esclavage, l'abolition, etc.
19:49Et en fait, tout, si vous voulez, se tricote
19:51pour les populations locales. C'est-à-dire
19:53que vous avez en Martinique
19:5527% des habitants
19:57qui vivent sous le seuil de pauvreté. C'est deux fois plus
19:59quasiment que dans l'Hexagone. Vous avez
20:01les prix de l'alimentaire qui coûtent 40%
20:03plus cher. Alors on nous dit que c'est pour
20:05les frais d'approche, pour tout ce qui est
20:07le transport, pour faire venir...
20:09Vous me disiez ce matin un 4 quarts,
20:11une beurre... Un 4 quarts à 8 euros.
20:13J'ai pris des tarifs. Vous avez par exemple
20:15du beurre demi-sel. A Paris, c'est 2,49 €.
20:17Le même exactement, il est à 3,90 €
20:19en Martinique. Vous avez un
20:21dentifrice, le même qui est à Paris
20:23à 3,92 €. Il est à 5,40 €
20:25en Martinique. Et à chaque fois, vous rajoutez
20:273, 4 €. Et pour certaines choses,
20:29cet été, j'ai dû acheter de la lessive pour ma mère
20:31qui m'a coûté 26 €.
20:33Elle en coûte 13 à Paris.
20:35Il y a plusieurs enseignes,
20:37évidemment, mais ce sont des enseignes nationales.
20:39Vous avez un Carrefour, un Auchan, un Leclerc, etc.
20:41qui sont des franchises
20:43et qui sont tenues
20:45par de grandes entreprises
20:47qui s'entendent très bien entre elles.
20:49Mais ça tient pas
20:51l'argument de dire qu'il faut acheminer...
20:53Ça tient pas comme argument.
20:55C'est-à-dire que c'est pas suffisant, en tout cas, pour expliquer
20:57à quel point les prix peuvent être élevés.
20:59Et vous avez des populations qui n'arrivent plus à joindre les deux bouts.
21:01Alors, on pourrait nous dire, oui,
21:03ils n'ont pas de chauffage à payer,
21:05ils ont du soleil, ils sont contents,
21:07mais la misère n'est pas meilleure au soleil.
21:09Et donc, forcément, les gens
21:11sont en souffrance. Vous avez, en plus,
21:13d'autres problématiques. Cette impression d'être...
21:15Il y a cette expression qui revient souvent,
21:17d'être non pas des Français à part entière,
21:19mais des Français entièrement à part,
21:21avec cette impression que l'éloignement
21:23ou le manque de compréhension de la situation
21:25fait qu'on est regardé avec un certain dédain
21:27ou avec un...
21:29Une forme d'indifférence.
21:31Oui, une forme d'indifférence, bien sûr.
21:33Vous avez plein de promesses politiques.
21:35Mais là, par exemple, le président
21:37du conseil exécutif de la collectivité territoriale,
21:39on fonctionne un peu comme la Corse,
21:41on a une collectivité territoriale avec deux chambres,
21:43le président du conseil exécutif a dit
21:45bon, écoutez, je vais baisser les...
21:47On va faire en sorte qu'il n'y ait plus d'octroi de mer,
21:49c'est une taxe spécifique qui permet de financer les collectivités,
21:51qu'il n'y ait plus d'octroi de mer sur des milliers de produits alimentaires,
21:53on expérimente ça pendant trois ans.
21:55Et à côté de ça, il a sollicité le Premier ministre
21:57pour lui dire, faites en sorte de bloquer les prix,
21:59faites quelque chose pour nous aider,
22:01prenez des mesures radicales.
22:03Mais on n'a pas de gouvernement, donc c'est compliqué d'avoir des réponses,
22:05on a un Premier ministre qui, pour le moment,
22:07a d'autres chats à fouetter, et donc cette impression
22:09de toujours parler dans le vide,
22:11parce que même quand il y a un ministre, finalement,
22:13il y a des pseudo-réponses.
22:15Mais en vérité, on voit bien que les problèmes ne sont pas réglés.
22:17Vous disiez que vous êtes née en Franche-Comté
22:19et que vous avez grandi en Martinique.
22:21Oui, ma mère est martiniquaise.
22:23Est-ce que vous diriez que la situation aujourd'hui est pire
22:25qu'il y a 20 ou 25 ans quand vous étiez enfant ?
22:27Je vous avoue que quand j'avais 20-25 ans,
22:29je ne regardais pas les prix des courses.
22:31Mais aujourd'hui...
22:33On va changer.
22:35Bah oui.
22:37On va s'arrêter.
22:39On a enlevé la sirène parce qu'elle était,
22:41paraît-il, un peu tonitruante.
22:43Elle était un peu anxiogène.
22:45Pour tout vous dire,
22:47j'ai eu un ou deux mails
22:49de gens qui habitent
22:51en Israël et qui nous regardent
22:53et qui m'ont dit que c'est la même
22:55sirène qu'on entend
22:57à Tel Aviv ou dans les grandes villes.
22:59Voilà. Donc, je me suis dit
23:01qu'effectivement, il fallait peut-être changer de sirène.
23:03Non, en baladur, c'est mieux.
23:05On a pris Édouard Baladur qui dit
23:07« je vous demande de vous arrêter ».
23:09Ce n'est pas très original, vous me direz,
23:11mais ça a arrêté notre débat.
23:13On dit bonjour
23:15à Thomas Hill et on va finir avec vous, Fanny.
23:17Bonjour, Pascal.
23:19Vous allez bien ?
23:21Ça va, mais ça va mal finir.
23:23Ça va mal finir ?
23:25Je pense, d'abord en général,
23:27mais en particulier, on ne sait pas comment ça va finir,
23:29mais on imagine que tout ça va très mal finir.
23:31C'est pourquoi on pourra prendre un peu plus
23:33de légèreté en vous écoutant, j'imagine.
23:35Merci, Thomas.