Refus d'obtempérer au Chesnay : «Ce policier municipal est un miraculé», souligne Linda Kebbab

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Linda Kebbab, policière et secrétaire nationale du syndicat de police Unité SGP Police-Force Ouvrière, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet du nouveau refus d'obtempérer au Chesnay lors duquel un policier municipal a été gravement blessé, des nuits d'émeutes qui se succèdent en Martinique contre la vie chère, de l'affaire Nahel et de la lutte contre l'insécurité.

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00:00Bonjour Lida Kebab. Bonjour. C'est votre grande interview sur CNews et Europe 1.
00:05Bienvenue à vous. Vous êtes policière, secrétaire nationale du syndicat Unité.
00:09Vous êtes l'auteur du livre Gardienne de la paix et de la révolte. On va en parler à la fois de la
00:13paix et de la révolte. Mais tout d'abord, je voudrais qu'on démarre cet entretien par ce
00:16qui s'est passé hier au Chenet, où un policier municipal a été violemment percuté après un
00:22refus d'obtempérer. Le choc a été d'une très grande violence. Le policier est projeté sur
00:26plusieurs mètres. On va entendre l'une de ses collègues hurler et choquer après ce qui s'est
00:31passé. Je préviens que la vidéo peut évidemment heurter ou choquer certains d'entre vous. Regardez
00:36et écoutez. Le policier a été transporté à l'hôpital en urgence relative. Fort heureusement,
00:51ces jours ne sont pas en danger. Le suspect qui a été interpellé a transporté une importante
00:54quantité de drogue. Gérald Darmanin, encore ministre de l'Intérieur, a réagi sur X. Est-ce
01:00qu'on peut encore parler, Linda Kebab, d'un refus d'obtempérer, comme je l'ai dit ? Ou est-ce une
01:04volonté manifeste, consciente, délibérée de tuer ? Que ceux qui nous écoutent ou nous regardent
01:10comprennent qu'un refus d'obtempérer, c'est le fait de ne pas respecter l'injonction d'un policier
01:15de s'arrêter pour se soumettre à un contrôle. Il y en a un toutes les 20 minutes, sauf que tous
01:19ne sont pas accompagnés, comme sur ces images, d'une tentative de meurtre ou d'un meurtre.
01:23Il y a quelques jours, nous rendions hommage à un gendarme, M. Comines. Et puis, aujourd'hui,
01:30on a affaire à un miraculé. Ce policier municipal est un miraculé.
01:33Miraculé. En tenue du choc.
01:34Absolument. Je veux dire, le bruit qu'on entend, malheureusement pour nous,
01:39est familier, parce que beaucoup de policiers ont connu, sur la voie publique, des collègues
01:44qui ont été percutés. Et évidemment que lorsque l'on parle à chaque fois des tentatives de
01:48domicile sur les forces de l'ordre, les policiers, les gendarmes, les policiers municipaux,
01:52les policiers nationaux, à l'occasion d'un refus d'obtempérer, il y a, je pense,
01:56dans l'imaginaire collectif, quelque chose d'un peu fictif, quelque chose qui manque de concret.
02:00Et là, on voit clairement une voiture qui percute un homme, comme on l'a vu il y a quelques jours,
02:04lors du drame qui a coûté la vie à M. Comines, à ce gendarme. Et là, il faut que l'opinion
02:10publique se rende compte qu'un refus d'obtempérer, ce n'est pas anodin. Ce n'est pas seulement refuser
02:16l'injonction, non, c'est tenter par tout moyen de fuir à ses obligations, quitte à tuer la vie
02:21humaine qui demande de s'arrêter. Qu'est-ce que ça dit de la personne, de l'individu ? Je sais que
02:24le profil ne vous surprend pas, il a été interpellé avec une grande quantité de stupéfiants,
02:30il est connu de services de police, il a énormément, je crois qu'il a 17 mentions sur le fameux fichier
02:35des... J'en ai 17 en judiciaire. Effectivement. Qu'est-ce que ça dit de sa manière d'appréhender
02:42la police aujourd'hui, quand il fonce comme ça délibérément sur un agent ? Eh bien, ça vient
02:45répondre finalement à ces défaillances que l'on vient trop souvent dénoncer, c'est-à-dire que des
02:50refus de tempérer, je vous l'ai dit il y a quelques instants, il y en a un toutes les 20 minutes,
02:53toutes les 30 minutes, tous ne font pas l'objet d'une tentative d'homicide. Beaucoup de personnes,
02:56même des personnes dites lambda, on rappelle quand même que le refus de tempérer est un délit,
03:01qu'il faut quand même se soumettre aux injonctions des policiers et des gendarmes,
03:04mais néanmoins, on a parmi les gens qui commettent des refus de tempérer, des personnes qui font
03:08demi-tour, qui tentent en tout cas de fuir sans nécessairement, sciemment mettre en danger la vie
03:13aussi bien de ceux qui demandent l'arrêt que les usagers de la route. Là, en revanche, on est sur
03:18autre chose. On est sur ces personnes qui ont peut-être peu d'intérêt pour la vie humaine,
03:22mais surtout qui s'inscrivent dans un parcours délinquant. Vous avez cité le fait qu'il avait
03:2617 mentions, non pas dans son casier judiciaire, mais dans les fichiers de police.
03:29La nuance est importante, c'est pour ça que je veux préciser, donc ça n'a pas entraîné
03:33condamnation. Écoutez, je ne veux pas radoter, mais je pense que ceux qui nous écoutent et nous
03:37regardent savent que qui dit interpellation, même en flagrant délit, qui dit enquête qui met en
03:42avant des faits impliquant une responsabilité, ne dit pas toujours condamnation. On a tout un
03:49processus aujourd'hui judiciaire où la condamnation n'arrive qu'en tout bout de chemin et malheureusement
03:53souvent trop tard. On est sur le parcours délinquant typique. Le parcours délinquant, face auquel il
03:58n'y a pas eu de choc d'autorité, et notamment le choc, comme j'en appelle souvent de mes vœux,
04:02de ces peines d'emprisonnement très courtes, des peines d'emprisonnement qui ne désociabilisent pas
04:07et durant lesquelles, parce qu'aujourd'hui le système pénitentiaire en France est aussi en
04:11faillite, bien durant lesquelles on pourrait dans un peut-être une utopie apporter à ces
04:16personnes le choc nécessaire pour éviter en sortant qu'il ne soit pire qu'au moment où ils
04:21sont rentrés. Le mot que vous utilisez est important Linda Kepab, utopie. Vous dites utopie parce que
04:26là il y a quelques jours, parce qu'on va parler quand même de la peine que peut écouper cet
04:31individu, la question est posée car lorsque des policiers sont pris à partie dans leur véhicule
04:35comme ce fut le cas l'an dernier lors d'une manifestation dite contre la violence policière,
04:40le coupable qui est reconnu comme tel, il n'y a pas de doute, il a été reconnu par la justice
04:43comme coupable, eh bien il a écopé de 18 mois de prison avec sursis. Comment vous avez réagi quand
04:50vous entendez cela ? Et je rappelle qu'il ne s'en est pas pris à une voiture de police, il y avait
04:53des policiers à l'intérieur qui ont vraiment eu peur d'être lynchés. Oui, c'est typiquement le
05:00genre de profil dont la peine avec sursis signifie souvent rien. Il peut y avoir des
05:04personnes pour lesquelles la peine avec sursis est un vrai coup de semonce qui les remettrait
05:08dans le droit chemin. Mais lorsque l'on a une personne qui prétend en tout cas considérer que
05:14la violence est un acte légitime pour faire passer des idées politiques, moi j'ai tendance
05:18à utiliser le mot terreur dans ces cas-là, puisque c'est finalement la méthodologie qui
05:23importe. Oui, quand vous faites passer la violence, l'action violente pour répandre vos idées
05:30politiques. Donc c'est un projet. Je n'ai pas d'autres termes. C'est un projet. La méthodologie
05:33est délibérée. L'indacalade, c'est un projet délibéré. Il y a un projet délibéré qui est assumé de ces
05:39personnes. Et ce sont des personnes pour lesquelles la peine avec sursis n'est rien et elle est
05:43totalement insignifiante. Vous avez dit il y a quelques instants, on ne parle pas d'une voiture
05:46de police seulement qui a été dégradée. On parle de policiers qui ont été agressés avec des armes,
05:49par destination, parfois avec des cocktails Molotov, des barres à mine, des pavés, etc. Un
05:55policier qui a cru sa vie et celle de ses collègues en danger et qui s'est senti obligé de sortir son
05:59arme. On imagine bien, quand bien même il s'agit de policiers formés, on imagine quand même
06:04l'impact psychique sur ces agents. Et pourtant, à la fin, on dit à cette personne, vous êtes
06:09venue aujourd'hui, vous êtes convoquée par la justice et vous vous en ressortez libre avec rien.
06:14Le message qui est envoyé en un mot, c'est ?
06:17Le message, il est dramatique. Je vous dis très sincèrement qu'il est très mal accueilli dans
06:20les rangs des forces de l'ordre, qui reste malgré tout loyaliste aux institutions. Néanmoins,
06:24pour l'opinion publique, je pense que beaucoup, je ne m'avance pas trop en estimant et dans cette
06:30séquence politique qui est importante pour notre pays, il est temps peut-être de siffler à la fin
06:34de la récré. C'est important ce que vous dites. J'allais vous poser la question ce matin sur
06:37CNews et Europa. On parle beaucoup, et dans nos médias, des bisbis entre Michel Barnier,
06:41Emmanuel Macron, peut-être de l'impossibilité à former un gouvernement. Et pendant ce temps-là,
06:45des commerces brûlent, sont payés en martinique, des policiers sont blessés. Une population a peur
06:50également. Ils demandent des renforts de policiers. Quel est le risque dans un tel contexte ? Parlons
06:56vraiment de ce qui se passe en Martinique. Et un couvre-feu, je crois, partiel a été décrété.
07:00Écoutez, la Martinique est aux portes de ce qui s'est passé en Nouvelle-Calédonie il y a quelques
07:04mois. Et d'ailleurs, la Nouvelle-Calédonie continue encore à connaître des épisodes de violence. Il y
07:08a évidemment un sujet social et économique dans les dramecoms qui, pour moi, je vous le dis très
07:13sincèrement, est indigne de notre nation. On ne peut pas gérer les dramecoms avec l'éloignement
07:17philosophique qui est le paradigme, qui est le nôtre. Il faut sincèrement apporter des réponses
07:21sociales et économiques aux populations qui sont installées là-bas. Leur apporter un vrai
07:25projet républicain qui, aujourd'hui, est inexistant. Mais une fois qu'on a dit ça, on ne peut cautionner
07:29d'aucune manière les violences qui sont exercées contre les forces de l'ordre. Et pas seulement des
07:33violences, mais des tentatives d'homicide. Je vous le dis, des policiers ont dû utiliser leur
07:37pistolet mitrailleur parce qu'ils étaient pris dans le feu d'armes automatiques, de fusils, d'armes
07:42d'épaule, des tentatives d'homicide. C'est un miracle qu'il n'y ait pas de mort. Et je vous le dis
07:46très sincèrement, puisque je suis en contact avec notre secrétaire départementale sur place,
07:49qui nous explique qu'on est aux portes du drame, qu'il n'y en a pas pour le moment, mais qu'à tout
07:54moment, ça peut arriver. Il y a évidemment des pillages qui, en soi, et des violences, ne répondent
07:59pas tant à la question politique de la vie chère localement. On a aussi une population qui est
08:04divisée. Il y a ceux qui apportent leur soutien aux émeutiers et, de l'autre côté, une population
08:08qui est effrayée. Je vous le dis très sincèrement, Madame Mabrouk, si on interroge aussi bien les
08:13effectifs de terrain que l'opinion de ceux qui ont conscience de ce qui se passe, c'est la frilosité
08:18avec laquelle l'autorité sur place n'agit pas. Pourquoi une telle indifférence ? Vous dites
08:22frilosité, peut-être même impuissance. Mais pourquoi cette indifférence à ce qui se passe
08:27en métropole ? Des policiers sont blessés. Vous parlez d'armes lourdes qui sont utilisées. Une
08:31partie de la population n'en peut plus. Les commerces sont pillés, brûlés, alors que c'est
08:35contre la vie chère. C'est très paradoxal. Pourquoi aujourd'hui, on laisse les policiers
08:39ainsi comme un filet ténu de sécurité seul ? Pour les mêmes raisons que l'on ferme les yeux
08:44parfois sur les actes de violence en métropole, c'est-à-dire un sentiment de pouvoir tenter de
08:49récupérer la paix sociale, mais en réalité, la paix sociale ne se récupère pas par la pudeur
08:54ou la frayeur ou la frilosité. On a une réponse judiciaire, visiblement, en Martigny qui est
09:00insuffisante. Je vous le dis, il y a des députés qui se sont déplacés localement pour rendre visite
09:05à un des leaders de ce mouvement violent pour s'assurer... Figure emblématique et très
09:13controversée. Très connue, très controversée, qui a déjà eu des peines de prison et pour des faits
09:19de droit commun, donc on n'est pas en train de parler d'un homme politique lambda. Une personne
09:23qui a quand même bénéficié d'une visite d'élus localement pour s'assurer des bonnes conditions
09:28de sa garde à vue. Qu'est-ce que vous voulez dire ? C'est-à-dire que ces élus ont légitimé ce
09:31personnage qui lui-même légitime la violence ? Disons que ça apporte une forme de soutien qui
09:35interroge. C'est grave pour des élus de la nation. Bien sûr, mais ce qui interroge aussi, c'est d'un
09:40côté le fait d'apporter une forme de soutien, parce que c'est ce qui se passe quand on s'assure
09:44de ses bonnes conditions de garde à vue avant de s'assurer que la justice fonctionne bien. Et puis
09:49après, il y a derrière peut-être une autorité qui n'ose pas frapper du poing sur la table. Une
09:54autorité aussi en France... Alors, est-ce qu'il y en a encore une dans ce mouvement un peu de
09:58remaniement qui n'a pas de parole ferme à l'égard de ce qui se passe en Martinique ? Et puis il y a
10:03aussi peut-être la crainte que la situation ne s'embrase encore plus et que dans l'opinion
10:07publique, finalement, il y ait, disons les choses peut-être, une adhésion plus forte à l'égard de
10:11ces violences. Linda Kebab, nous parlons ce matin sur CNE de sujets graves, de sujets importants. Au
10:18même moment, c'est un gouvernement qui peine justement à se former avec, je l'ai dit, des
10:22tensions, des bisbis. Vous avez parlé de ce choc d'autorité. Est-ce que vous y croyez encore à
10:26l'aune de tout ce que vous venez de dire ? On a commencé par un refus d'obtempérer qui est
10:30d'avantage, mais ça c'est la justice qui le qualifiera peut-être une intention de tuer
10:33manifeste. On est passé par ces émeutes en Martinique. Est-ce que ce choc d'autorité,
10:38il peut vraiment arriver, quelles que soient les incarnations à l'intérieur et à la justice ?
10:42Il peut, je ne sais pas, il doit certainement et il n'est pas trop tard. La problématique,
10:46souvent en politique, c'est le fait de ne pas prendre en compte la nécessité d'avoir un
10:50individu avec deux jambes en matière de sécurité intérieure et de justice. On ne peut pas faire
10:55dur en même temps. Malheureusement, c'est ce qu'on connaît un petit peu trop souvent,
10:58avec une forme de récurrence où on va nommer un homme à l'intérieur ou une femme à l'intérieur
11:03avec une certaine sensibilité politique et tous sont opposés à la justice pour tenter de satisfaire
11:07un petit peu tout le monde. Là, vous parlez évidemment de ce qu'on a connu entre M. Darmanin
11:10et M. Dupond-Moretti. Ça, les policiers, ils ont aussi leur mot à dire, si je puis dire. En tout
11:15cas, ils n'en veulent plus, ils n'en peuvent plus. Et ça crée une forme d'incohérence. Je veux dire,
11:19quand vous avez, à juste titre, un ministre de l'Intérieur qui engage une parole de fermeté à
11:23l'égard, je donne un exemple qui me concerne et qui concerne ceux que je représente,
11:26les agresseurs de force de l'ordre et la nécessité d'être ferme avec eux et que,
11:30dans le même temps, vous avez, pas seulement pour les forces de l'ordre, mais l'ensemble de la
11:32société, une circulaire qui a toujours cours aujourd'hui, qui date de Mme Belloubet, qui
11:37continue d'exister sous M. Dupond-Moretti et qui dit que la peine d'emprisonnement ne doit être
11:42prononcée qu'en fonction de la capacité hôtelière des établissements pénitentiaires et que ça doit
11:46être la dernière solution. C'est-à-dire que quand on est petit, on nous apprend que la prison
11:50est la réponse qui doit être donnée aux délinquants et aux criminels. En France,
11:53aujourd'hui, c'est la philosophie, c'est le paradigme. La prison est la dernière solution.
11:56Vous avez forcément une incohérence entre les deux. On a l'impression d'avoir une forme de
11:59dahu qui ne marche pas droit. Et au final, on a, dans l'opinion publique, des interrogations sur
12:05le bon sens de l'action politique. Il faut aujourd'hui deux jambes qui partent dans la
12:09même direction. Dans une autre affaire ô combien emblématique et politique, l'affaire Nahel qui
12:13avait entraîné des émeutes partout en France. Je rappelle qu'après un refus d'obtempérer,
12:17là encore, Nahel a été touché mortellement par un tir policier. Évidemment, la mort d'un
12:22homme est à regretter et à condamner. Mais à l'aune, aujourd'hui, des procès verbaux,
12:26Linda Kebab, consultés par nos journalistes, notamment du JD News, il semble que la version
12:31des partis civils, je mets quand même des conditions et des nuances, se retrouve fragilisée
12:35sur certains points. Par exemple, sur le fait que Nahel ait été frappé. Il n'y a pas de traces de
12:40coups. Je rappelle qu'à l'époque, l'avocat de la famille de Nahel avait parlé d'un assassinat,
12:46avec un peu de recul aujourd'hui. Qu'est-ce que ça vous inspire ?
12:49Ça m'inspire uniquement le fait que déjà, à l'époque, je disais que si je refusais d'entrer
12:54sur le fond de l'affaire et que je laissais la justice faire, hors l'hystérie médiatique et
12:58politique qui avait lieu autour de ce drame, il y avait aussi le fait que, en effet, comme vous
13:03l'avez dit il y a deux secondes, un avocat qui allumait les braises, qui, dès les premiers
13:08instants, avait déclaré sur une chaîne d'infos en continu qui n'est pas la vôtre, et sans aucune
13:13opposition à ce moment-là, contre sa parole qui était pourtant mensongère, que les policiers
13:17avaient fait un faux. Or, les policiers n'ont jamais rien rédigé, puisqu'au moment des faits,
13:21immédiatement, le policier est emmené à l'hôpital, puis dans les locaux de l'IGPN,
13:25où il est désarmé. Et donc, il n'a jamais rien rédigé, et pourtant, on a parlé d'infos,
13:28ce qui a participé à embraser le pays. D'infos et de policiers qui se seraient
13:31entendus, justement, pour une même version. C'est cela, ce qui est absolument faux,
13:35pour le coup. Donc, on a accusé les policiers d'être auteurs d'infos en écriture publique,
13:39on a parlé de coups qui avaient été donnés. Évidemment, moi, personnellement, j'avais
13:44l'intime conviction que ce n'était pas la réalité.
13:46Mais vous ne le saviez pas à ce moment-là.
13:47Mais les faits nous donnent raison. Également, l'intentionnalité, parce qu'en fait,
13:51toute l'affaire va tourner autour de l'intentionnalité du policier. On peut remettre
13:55en question, peut-être, la technique professionnelle, on peut remettre en question
13:59le fait que la technique professionnelle puisse conduire, éventuellement, à une mise en danger
14:02de soi-même, qui, ensuite, a un effet domino, un effet papillon, et conduit à un drame. Mais
14:08parler d'assassinat et de créer dans l'opinion publique... Je veux dire, l'idée que des policiers
14:14sortirent avec leur arme dans le but d'assassiner des jeunes au volant d'une voiture, je suis
14:19désolée, c'est criminel.
14:19Mais à ce moment-là, le venin du soupçon est parti très vite.
14:22Il est parti très vite. En plus, on nous a parlé de révolte urbaine. Il n'y avait pas de révolte.
14:26Qu'est-ce qu'il y a de révoltant ? De révolter, pardon, à aller piller des magasins de criateurs.
14:31Et quand même, la mort d'un homme.
14:33Non, mais je veux dire, vous allez piller... Je suis désolée pour la marque, mais on ne va pas
14:36piller des magasins à la coste pour crier selon sa révolte lorsqu'il y a la mort d'un homme.
14:41On ne crame pas. Je suis désolée.
14:42C'est un prétexte pour vous ? Vous savez, tout ce qui s'est passé était un prétexte.
14:45Mais bien sûr que c'est un prétexte.
14:47Pas grand monde n'a manifesté, et même cassé, j'allais dire, par rapport à l'indignation suite
14:53à la mort d'un homme.
14:5480 % des interpellés, ce sont les chiffres qui le disent, ne connaissaient même pas le prénom de
14:58ce jeune homme qui est mort. Donc c'est dire à quel point c'était totalement opportuniste.
15:03Quel est le sens de la révolte lorsque des gens vont brûler la voiture d'un ouvrier d'un quartier
15:08populaire qui voit sa voiture brûlée et alors même qu'il n'a pas les moyens de s'offrir les
15:12garanties de pouvoir être remboursé pour avoir une nouvelle voiture ?
15:15Quel est le sens de la révolte lorsqu'on nous dit que 80 %, comme je vous l'ai dit, des interpellés
15:20ne connaissaient même pas le prénom de Nahel ? Et surtout, quel est le sens de la révolte
15:25lorsque, une fois qu'on a tout pillé et tout brûlé, il n'y a absolument aucun projet des
15:29acteurs politiques qui ont pourtant fait s'embraser la situation ? Et moi, ce sur quoi
15:33je veux revenir aujourd'hui, c'est que ce trouble à l'ordre public, pour prendre le terme un petit
15:39peu politiquement correct, a coûté à ce policier quatre mois de détention préventive. Quatre mois
15:45de détention, non pas parce qu'il était possible qu'il réitère les faits, non pas parce que
15:49potentiellement son profil ne garantissait pas toute représentation face à la justice, non,
15:54mais parce qu'il y avait des craintes de continuité des meutes. Et c'est ça qui est dramatique dans
15:58notre pays. C'est-à-dire que la main des magistrats a décidé, en fonction de délinquants et de
16:02criminels qui ont mis le pays à feu et à sang. Parallèlement, vous avez parlé il y a quelques
16:08jours sur votre chaîne, on a tous une pensée pour la famille de cette petite Camilia qui est morte
16:13sous les roues d'une moto ou d'une personne qui faisait un rodéo-moto. Là, les images, clairement,
16:17démontrent que l'enquête continuera de confirmer. Mais en tout cas, il y a visiblement quelque chose
16:24qui est plutôt assimilable... Vous avez été choquée par le fait qu'il ne soit pas en détention ?
16:29Alors, choquée parce qu'il n'est pas en détention, je vous le dis tout le temps, les décisions de
16:32justice appartiennent aux magistrats qui ont le dossier entre les mains. Mais néanmoins, quand on
16:36met en policier quatre moments préventifs alors qu'on est assuré de son profil et de sa garantie
16:40de représentation et qu'on a, dans l'opinion publique, l'écoute d'une situation où un enfant
16:45meurt, d'une personne qui fait preuve visiblement de mauvaise foi et dont on n'a pas la garantie
16:49qu'il restera dans le droit chemin et qu'il y a un quelconque contrôle judiciaire, oui, ça interroge
16:53dans l'opinion publique. Et ça, ça participe à la remise en question de la confiance de nos
16:58concitoyens dans les institutions. Votre colère aussi est froide et votre indignation. Merci Linda
17:02Kebab, gardienne de la paix et de la révolte aussi. On l'entend ce matin. Merci à vous.

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