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Quelles seront concrètement les conséquences du déficit de la France sur le quotidien des français ? Écoutez Mathieu Plane, économiste, directeur adjoint de l'OFCE qui publie aux éditions La découverte son ouvrage de référence, "L'économie française 2025", un bilan accessible et rigoureux de l'économie française.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau du 19 septembre 2024.

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00:006h13 sur RTL, c'est l'heure de votre rendez-vous au plus près de l'info et au plus près,
00:09ce matin, de cette question que vous êtes nombreux à vous poser.
00:12Qui va payer ? Michel Barnier tente de boucler son gouvernement.
00:16Dans quelques jours, il faudra présenter un budget et la petite musique d'une hausse
00:19des impôts est dans l'air.
00:20Je rappelle ce chiffre, 3 milliards, c'est le montant colossal de notre dette, détenue
00:25d'ailleurs pour une bonne moitié, je le rappelle au passage, par des investisseurs
00:27étrangers qu'il va donc bien falloir rembourser.
00:29Alors, où trouver les sous ? Bonjour Mathieu Plana, vous êtes économiste, directeur adjoint
00:35de l'OFCE qui publie d'ailleurs aux éditions La Découverte son ouvrage de référence
00:39« L'économie française 2025 », tout un programme.
00:42Alors, il y a ceux qui disent pour faire entrer les sous, il faudra forcément augmenter
00:46les impôts et les autres qui disent il suffit de baisser les dépenses.
00:50Alors, qui a raison ? Au regard de l'ampleur du redressement
00:57des comptes publics, alors la dette c'est plus de 3 000 milliards, c'est quand même
01:00colossal.
01:01Au regard du redressement des comptes publics, si on veut revenir, alors il y a le déficit
01:06public, on parle aussi du déficit, en dessous des 3 %, alors même si l'horizon est à
01:112029 et pas 2027, c'est plus de 100 milliards d'euros qu'il va falloir certainement
01:16trouver, en plusieurs fois certainement, mais il est difficile d'écarter les deux pistes
01:21et ça ne passera pas où mais plutôt et à mon avis.
01:24Donc, ça veut dire qu'il y aura certainement des mesures sur la dépense publique qui sont
01:28déjà annoncées d'ailleurs, plus ou moins, mais aussi, et ça c'est un dogme qui tombe
01:33quelque part, quelque chose de nouveau, certainement des hausses d'impôts parce que les seules
01:37baisses de dépenses publiques ne suffiront pas.
01:38Alors, on dit hausses d'impôts des plus riches, mais c'est qui les plus riches ?
01:41Bon, ben justement, c'est important de le définir et c'est pour ça qu'on a besoin
01:46d'un budget et d'un ministre de l'économie pour nous éclairer un peu là-dessus.
01:50Ce qui circule en réalité, c'est qu'il y a des pistes autour d'une augmentation de
01:57la fiscalité du capital, par exemple.
01:59La fiscalité du capital a été baissée pendant le quinquennat précédent, ce qu'on appelle
02:04la flat tax, c'est-à-dire que les revenus du capital sont moins taxés que les revenus
02:07du travail.
02:08Donc, il pourrait y avoir un ajustement de ce côté-là.
02:10Il y a la question...
02:12Par exemple, on avait un boulanger tout à l'heure à l'antenne qui nous disait « je
02:15ne veux pas payer plus d'impôts », lui, a priori, il n'est pas concerné.
02:18Sauf s'il a un gros patrimoine financier, mais ce n'est pas le cas, non.
02:22À mon avis, l'idée, c'est quand même...
02:25J'imagine, dans un premier temps, c'est d'écarter des hausses d'impôts qui toucheraient la
02:29classe moyenne.
02:30C'est pour ça que le Premier ministre a parlé de justice fiscale et donc ça soutend
02:35en tout cas l'idée que ce seraient plutôt les plus hauts patrimoines ou les plus riches
02:40ou peut-être les plus grosses entreprises qui, dans un premier temps, mettraient le
02:43plus la main à la patte du redressement fiscal.
02:47Donc ça, augmentation des impôts, des plus aisés, on comprend, ce sera incontournable.
02:51Tailler dans les dépenses, où est-ce qu'on taille ? Parce que, vous avez eu raison de
02:56m'en prendre, j'ai dit 3 milliards de dettes, c'est effectivement 3 000 milliards, mais
03:00c'est tellement énorme.
03:01Où est-ce qu'on taille dans les dépenses ? Parce que forcément, tout le monde va défendre
03:06son petit précaré, là.
03:08Bien sûr.
03:09Alors, il faut savoir que, justement, ça va être les arbitrages qu'on attend et qu'on
03:13regarde, de savoir où ces économies peuvent être faites.
03:17Pour le moment, on parle surtout des dépenses de l'État.
03:22Donc, dans les dépenses de l'État, par exemple, vous avez des dépenses assez importantes
03:26en ce moment sur l'apprentissage.
03:27Donc, ça peut être une réduction des dépenses de la prime, par exemple, sur l'apprentissage.
03:31Mais donc, ça veut dire aussi que les entreprises seront moins aidées pour prendre des apprentis.
03:35Donc, potentiellement, ça veut dire aussi moins d'emplois créés chez les jeunes, typiquement.
03:40Vous avez peut-être certains crédits d'impôts qui vont être passés à la moulinette.
03:45On parle, par exemple, du crédit d'impôt recherche pour les entreprises.
03:49Et puis après, vous avez certainement des revalorisations de salaire du côté des fonctionnaires
03:54qui seront moindres ou des embauches qui seront moindres, si vous êtes plus contraints
03:58sur votre dépense publique.
03:59Et puis après, vous avez toute la sphère sociale.
04:01En réalité, ça, on n'a pas les éléments encore qui sont très importants en France.
04:05C'est pratiquement 50% des dépenses publiques.
04:07Et c'est savoir, est-ce que, par exemple, il y aura des coupes dans certaines prestations sociales ?
04:11Est-ce que ça peut concerner, à terme, les retraités ?
04:14Est-ce que ça peut concerner des remboursements de santé ?
04:16Par exemple, les indemnités, aujourd'hui, journalières de santé, peuvent être aussi réduites.
04:20C'est-à-dire que, par exemple, il faudra une durée de carence pour les arrêts maladies qui soient supérieurs.
04:24Donc, vous voyez, on aura certainement une palette assez large de mesures qui pourraient être prises.
04:29Mathieu Plane, 3 000 milliards d'euros de dettes.
04:32Concrètement, est-ce que la France est dans la situation de la Grèce en 2008 ?
04:36Non. Alors, je rassure quand même nos auditeurs, on n'est pas dans la situation de la Grèce.
04:40Mais on est dans une mauvaise situation.
04:42On n'est pas dans la situation de la Grèce.
04:43La Grèce avait une situation qui était catastrophique, avec des fragilités économiques aussi très fortes.
04:49Donc, nous, ce n'est pas catastrophique ?
04:51On n'est pas la Grèce. On ne fera pas défaut.
04:53On ne fera pas défaut, comme ce qui s'est passé en Grèce.
04:55Et par contre, on va certainement devoir redresser la barre très vite, et plus vite que ce qu'on a pu connaître.
05:01On va certainement aussi avoir ce qu'on appelle une priorité de risque.
05:04On la voit déjà aussi aujourd'hui, c'est-à-dire que quand l'État se refinance,
05:08parce que ça va lui coûter certainement un peu plus cher que ce qu'il payait avant.
05:12Et donc, ça, on va payer certainement, on va avoir des taux d'intérêt un peu supérieurs.
05:15Mais pour faire défaut, il ne faut plus être capable du tout de lever de financement.
05:19Et donc, à un moment donné, vous faites défaut.
05:21Aujourd'hui, voilà, la France reste quand même une économie solide.
05:25Les agents de notations l'ont dégradée.
05:26Mais si on doit mettre une note, on a encore 17 sur 20.
05:28Donc, on a un peu de marge de manœuvre.
05:30Oui, 17 sur 20.
05:31Mais ça veut dire qu'il va falloir... On peut être encore dégradé.
05:34Ça veut dire qu'il va falloir faire des efforts.
05:36Le problème aujourd'hui, c'est à la fois cette dette, mais c'est surtout la crise politique et qu'on n'a aucune vision.
05:41Quand vous me demandez où est-ce qu'on va faire des économies, où vont être augmentées les impôts,
05:44le problème, c'est qu'on n'en sait rien.
05:45Pour l'instant, on n'en sait rien. Merci beaucoup, Mathieu Plan.
05:48Donc, oui, 3 000 milliards de dettes, c'est énorme.
05:51Et il va falloir agir tout de suite.
05:52Mais ce n'est pas la Grèce. On ne risque pas de faire des faux comme la Grèce en 2008.

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