Il revient sur l'isolement sociétal que subissent les jeunes de quartiers populaires face aux questions de santé mentale.
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00:00Un psychologue aujourd'hui, qui s'est dit dé-psychologue,
00:02ne peut plus s'économiser pour rester derrière son bureau.
00:06Docteur Jean-Oscar Macasso, je suis un ethno-psychologue.
00:10Je représente aussi un dispositif, un psy dans la cité.
00:14On a commencé il y a à peu près 5 ans de cela.
00:16C'était vraiment une démarche d'expérimentation,
00:20avec non seulement les jeunes, mais c'est la population entière.
00:23Ça permet qu'ils viennent me voir régulièrement,
00:26sans pourtant se dire qu'on vient voir un psychologue.
00:29J'ai vécu avec mes grands-parents,
00:32et ma mère ne s'est pas vraiment occupée de moi quand j'étais petite.
00:36Ils viennent avec de diverses problématiques.
00:39L'école, l'échec scolaire, d'autres tout simplement parce que
00:44les parents voient qu'ils sont dépressifs, qu'ils n'arrivent plus.
00:47Il y a aussi la violence dans les cités, les rixes, tout ça.
00:50Mais quand je les écoute, c'est pas seulement que
00:53j'ai une histoire condamnée, condamnée, condamnée, jugée.
00:56Non, je reçois une personne, un jeune, qui vient se confier à moi.
01:09Le tabou reste, parce que les jeunes qui sont dans les banlieues,
01:14ce sont les jeunes qui se retrouvent dans une cité,
01:17ils sont entre eux, ils ont leurs codes.
01:19Et deuxièmement, je pense que le tabou est tout simplement parce que
01:25on peut te considérer comme un fou, même dans la famille.
01:28Mais comme je dis toujours, si eux sont fous, moi aussi je suis fou.
01:31Il faut les sensibiliser.
01:32Il faut essayer de leur faire comprendre le sens de la prise en charge,
01:36parce que la santé mentale, c'est très important.
01:38J'essaie de faire le pèlerin pour que chacun puisse retrouver sa place
01:42et de voir quand même que la place est pour tout le monde.
01:44Parfois, d'autres me disent,
01:46mais je ne savais pas qu'il y avait un psychologue africain.
01:48Imaginez-vous !
01:49Parce que c'est là, les jeunes ou les familles
01:52qui ont resté avec l'esprit de leur pays,
01:55en disant ici, la psychologie, c'est pour les blancs.
01:58Donc cette notion transposée fait que c'est dans leur fonctionnement de quotidien.
02:04Le plus difficile, c'est de faire le premier pas.
02:07Ce qui est important aujourd'hui, j'ai dit aux jeunes,
02:08si vous êtes dans le mal-être, même si vous vous posez des questions,
02:11même si vous voulez faire des projets,
02:13les psychologues peuvent aussi vous écouter, vous conseiller.
02:16Qu'est-ce que t'as mis en place alors au Côte d'Azur depuis la dernière fois ?
02:20Je fais plus mes devoirs.
02:23J'écoute plus mes parents.
02:28Je fais quoi d'autre ?
02:29Je ne joue pas trop aux jeux vidéo en ce moment.
02:31Ces jeunes-là, ce qui les rapporte, c'est aussi de retrouver la confiance en eux.
02:35Et en même temps, de se dire aussi,
02:38mais je ne suis pas différent que ça des autres.
02:41Ils sont dans une phase aussi où dans un fonctionnement où
02:44ils sont dans le réflux sur eux-mêmes.
02:46Donc faire cette ouverture-là,
02:49je pense qu'ils prennent conscience aussi de leur vie.
02:53Je pense qu'aujourd'hui, ils sont ouverts et il faut faire un effort.
02:57Un psychologue aujourd'hui qui se dit dive psychologue
03:00ne peut plus s'économiser pour rester derrière son bureau.
03:03Dans les cités, c'est un coût.
03:05Une consultation plus ou moins moyenne aujourd'hui,
03:0850 euros si c'est non remboursé.
03:12Mais je sais que l'État, ils ont déjà mis en place un système de remboursement.
03:18Il faut qu'on continue à sensibiliser
03:21et que les collègues professionnels s'investissent.
03:26Peut-être ils ont le moyen, peut-être ils ont peur d'aller dans les quartiers.
03:30Peut-être les jeunes du quartier, ils ont peur aussi de venir vers eux.
03:34Mais il faut savoir qu'à un certain moment, on aura de belles rencontres
03:38et ça permettra que chacun puisse aussi trouver sa place.