• il y a 2 mois
Comment unir les classes populaires ? Le débat organisé entre François Ruffin, Raphaël Arnault, Marie Pochon et Nicolas Sansu à l'Agora de la Fête de l'Humanité a créé beaucoup de remous. Le plus souvent à partir de courts extraits partagés sur les réseaux sociaux qui ne reflètent pas la qualité des débats.

Si les échanges ont été vifs, les quatre députés se sont échinés à "tout mettre sur la table" pour répondre à cette question vitale pour la gauche.

Le débat n'a malheureusement pas été capté en vidéo, mais nous vous proposons l'intégralité des échanges en audio, pour vous faire votre propre opinion sur la teneur de la discussion : ferme, sans faux-semblant, mais constructive.

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Transcription
00:00:00Nous allons, dans quelques instants,
00:00:01parler de lutte contre la Rassemblement national.
00:00:04Nous aurons aussi l'ambassadrice de Palestine en France
00:00:07qui sera avec nous pour parler de Gaza tout à l'heure.
00:00:11Et puis, nous, ce soir, l'émission Backseat
00:00:14sera en direct de la Fête de l'Humanité
00:00:17avec Fabien Guay et Sophie Binet, l'inscription générale de la CGT.
00:00:21Mais tout de suite, nous allons passer
00:00:24à la 2e partie du débat pour ceux qui étaient là hier,
00:00:27défaire l'URN,
00:00:28puisque la lutte contre l'extrême droite
00:00:30est une lutte fondamentale pour le journal de l'Humanité
00:00:33et pour la gauche en général.
00:00:35Donc, cet après-midi, nous accueillons des élus de terrain
00:00:39pour qu'ils débattent de la meilleure façon
00:00:41de lutter contre leur Assemblée nationale.
00:00:43J'accueille donc Raphaël Arnaud, qui est député France Insoumise.
00:00:47Applaudissements
00:00:50Nicolas...
00:00:52Nicolas Sansu, qui est député communiste.
00:00:55Applaudissements
00:00:56François...
00:00:57Applaudissements
00:00:59François...
00:01:00Applaudissements
00:01:02François Ruffin, qui est député Picardie-Debout.
00:01:05Et Marie Pochon...
00:01:07Applaudissements
00:01:09Et Marie Pochon, qui est députée écologiste.
00:01:12Applaudissements
00:01:14Marie Pochon, s'il vous plaît, accueillez.
00:01:16Marie Pochon, dignement.
00:01:18Applaudissements
00:01:20Désolé, Marie. Marie Pochon.
00:01:22Applaudissements
00:01:24Un débat animé par Antony Cortès,
00:01:26du service politique de l'Humanité.
00:01:29...
00:01:34...
00:01:39...
00:01:44...
00:01:48...
00:01:53...
00:01:57...
00:02:02...
00:02:06...
00:02:11...
00:02:14Bonjour. Bonjour à tous.
00:02:16Merci. Vous pouvez vous applaudir, évidemment.
00:02:18Applaudissements
00:02:21Merci d'être aussi nombreux aujourd'hui
00:02:24pour battre le Rassemblement national, évidemment,
00:02:27mais pour en discuter,
00:02:28pour discuter de comment surtout unir les classes populaires
00:02:32d'abord, une petite introduction pour dire
00:02:34qu'on est là pour discuter avec nos contradictions,
00:02:38pour trouver des points d'accord.
00:02:40On est, je sais, souvent divisés,
00:02:43mais on reste une même famille.
00:02:45Donc j'aimerais que ça se passe en le respect.
00:02:47Comme je l'ai dit à nos invités, je le vous le dis aussi à vous,
00:02:51ça n'empêche pas d'être engagé.
00:02:54Le respect.
00:02:55Applaudissements
00:02:58...
00:03:01Alors j'ai à mes côtés Marie Pochon.
00:03:03Marie Pochon, vous êtes députée écologiste de la Drôme,
00:03:06réélue face à un candidat de l'Alliance RN-Ciotis.
00:03:09Ca s'applaudit, ça aussi.
00:03:11Applaudissements
00:03:14...
00:03:16J'ai à mes côtés également Raphaël Arnaud,
00:03:19député France Insoumise du Vaucluse.
00:03:21Applaudissements
00:03:25Élu face à un candidat Rassemblement national
00:03:28et qui est l'un des rares candidats
00:03:29à avoir ravi une circonscription au Rassemblement national.
00:03:32Applaudissements
00:03:36...
00:03:37J'ai à mes côtés également Nicolas Sansu,
00:03:39député PCF Duchère-Caillechaud.
00:03:41Il a gagné de 519 voix face à un Rassemblement national.
00:03:46Applaudissements
00:03:49...
00:03:50Et s'il vous plaît, j'aimerais vraiment
00:03:51qu'on applaudisse François Ruffin,
00:03:53parce que gagner dans la somme...
00:03:55Applaudissements
00:03:58...gagner dans la somme, ce n'est pas rien.
00:04:01Et c'est une immense victoire pour la gauche.
00:04:03Applaudissements
00:04:07...
00:04:15Bien.
00:04:16...
00:04:19On va quand même commencer à répondre à des questions.
00:04:21On va arrêter de s'applaudir.
00:04:23...
00:04:25Une 1re question pour Marie Pochon.
00:04:28Marie, dans l'intitulé de ce débat,
00:04:31il y a classe populaire au pluriel.
00:04:33Est-ce que ça fait sens, selon vous ?
00:04:35Est-ce qu'il y a vraiment 2 classes populaires,
00:04:37une classe populaire urbaine, une classe populaire rurale,
00:04:40ou est-ce qu'il y a plus de points communs, qu'on le dit,
00:04:43dans l'espace médiatique et politique ?
00:04:48Merci d'abord pour l'invitation.
00:04:50J'ai essayé de faire court sur cette 1re question.
00:04:53Je veux vous dire d'abord que c'est super impressionnant
00:04:55d'être devant autant de monde.
00:04:58Je veux vous dire le plaisir que j'ai à débattre
00:04:59avec ces 3 personnes qui sont à côté de moi.
00:05:02On a tous des parcours différents, on a tous des circos différents.
00:05:04On a parfois des stratégies différentes.
00:05:06On partage un fond. C'est le programme du Nouveau Front populaire.
00:05:09On se bat ensemble pour cet objectif commun.
00:05:11Et je crois que c'est ça qui devrait nous unir.
00:05:13Applaudissements
00:05:16Maintenant, sur...
00:05:18Bien évidemment qu'il y a des différences de sociologie,
00:05:22bien évidemment qu'il y a des différences de vécu
00:05:23entre les territoires ruraux et des territoires
00:05:26de périphérie urbaine ou des centres-villes.
00:05:29Moi, je suis élue sur une circonscription
00:05:31qui est de très grande ruralité, 240 communes,
00:05:34très enclavées dans les montagnes du Vercors,
00:05:36des Baronies, pour ceux qui connaissent, dans la Drôme.
00:05:40C'est un territoire magnifique.
00:05:42C'est un territoire aussi qui vit beaucoup de difficultés.
00:05:45Les gens qui y habitent vivent beaucoup de difficultés
00:05:46en matière de désertification médicale,
00:05:49en matière d'écoles qui ferment,
00:05:51en matière d'accès aux services publics.
00:05:53Alors certes, on a des France Services
00:05:55qui s'installent un petit peu partout,
00:05:56mais c'est souvent des associations
00:05:57ou les communes qui les portent,
00:05:59et l'Etat s'est totalement désengagé
00:06:01de ces espaces France Services.
00:06:02On a des soucis en matière d'accès à la culture.
00:06:05On a des soucis également en termes de mobilité,
00:06:09et c'est peut-être ça, l'aspect central.
00:06:11Aujourd'hui, à peu près 80-85% des gens sur mon territoire
00:06:15utilisent la bagnole tous les jours pour aller au travail,
00:06:18et c'est une dépendance absolument terrible,
00:06:19alors que 40 ans, 50 ans de politique publique
00:06:23n'ont fait que construire du tout voitures absolument partout.
00:06:26Quand on a 10 à 15% des gens qui n'ont pas le permis,
00:06:29on a sans doute encore plus de personnes
00:06:31qui n'ont pas les moyens aujourd'hui
00:06:32ni de se payer une bagnole, ni de se payer les prêts du carburant.
00:06:37Je compte pas les 2 millions aujourd'hui de voitures
00:06:41qui circulent sur les routes de France
00:06:42sans contrôle technique, parce que les gens
00:06:43n'ont absolument pas les moyens de se le payer.
00:06:46La crise sociale que nous sommes en train de vivre
00:06:49creuse encore plus une forme de fracture territoriale
00:06:52qui peut exister.
00:06:53Par contre, là où je veux en venir,
00:06:54c'est que ces inégalités, cette fracture-là,
00:06:57elle existe de manière commune également
00:06:59avec des quartiers populaires,
00:07:01avec des territoires périphériques des centres-villes
00:07:05où on constate le même désinvestissement
00:07:07en matière de services publics,
00:07:08on constate les mêmes sujets de désertification médicale.
00:07:12Aujourd'hui, c'est à peu près 95% du territoire national
00:07:15qui est un désert médical,
00:07:17donc c'est pas seulement les campagnes
00:07:19et c'est pas seulement les quartiers populaires,
00:07:21mais c'est des combats, en tout cas, qui nous sont communs.
00:07:24Ce que je voulais dire, de ce qui est commun également
00:07:26sur ces différentes sociologies,
00:07:29mais c'est compliqué à résumer,
00:07:35les classes populaires dans leur ensemble,
00:07:38c'est plus de la moitié de la population active.
00:07:42C'est des salariés qui sont généralement des salariés
00:07:45qui vont être sans perspective dans leur entreprise,
00:07:48qui vont être généralement assez mal rémunérés.
00:07:51Souvent, ce sont des femmes.
00:07:53Et là, je pense qu'en termes de politique publique,
00:07:55nous, en tant que députés du Nouveau Front populaire,
00:07:59devons porter, c'est d'abord avoir un focus
00:08:01sur cette moitié de la population
00:08:02dont on parle assez peu, en vérité,
00:08:04quand on parle des classes populaires,
00:08:05qu'elles soient rurales, qu'elles soient urbaines,
00:08:07mais 50% d'entre eux sont des femmes.
00:08:11Et ça, je pense que c'est absolument essentiel.
00:08:16Et je le dis d'autant plus comme députée
00:08:18qui a beaucoup parlé des sujets agricoles
00:08:20ces dernières années à l'Assemblée nationale,
00:08:23je les ai portées avec beaucoup de fierté
00:08:24et avec beaucoup d'énergie.
00:08:25Pour autant, la place des femmes sur les enjeux agricoles,
00:08:29en tout cas, n'existe absolument pas
00:08:32alors qu'elle est absolument centrale.
00:08:34Ce qui unit ces différentes classes populaires, à mon sens,
00:08:37c'est une aspiration à être traitées comme les autres.
00:08:40Et je pense que ça, ça...
00:08:42Moi, je l'ai beaucoup lu dans les doléances du Grand-État,
00:08:44notamment sur lesquelles on a pas mal travaillé
00:08:47avec pas mal de députés, d'ailleurs,
00:08:49de tous les camps républicains de l'Assemblée nationale.
00:08:53On va chercher à les publier, à les restituer,
00:08:55ces doléances, parce qu'elles disent beaucoup
00:08:57de cette aspiration à être traitées comme les autres,
00:08:59tout simplement et avec dignité.
00:09:01La 2e chose qui unit l'ensemble de ces classes populaires,
00:09:04entre urbains et rurales, c'est, à mon sens,
00:09:07mais je pense que mes collègues pourront compléter également,
00:09:10c'est un profond sentiment d'incertitude
00:09:12et d'impuissance qui s'est creusé par 7 ans de macronisme
00:09:16qui a créé cette impuissance publique.
00:09:18C'est-à-dire qu'on laisse faire les marchés,
00:09:20on laisse faire la désindustrialisation,
00:09:22on laisse faire les changements climatiques,
00:09:25on laisse faire tout cela,
00:09:26et on creuse un sentiment d'impuissance
00:09:28comme si on pouvait absolument rien faire,
00:09:30comme si la politique ne pouvait rien régler.
00:09:32Et je crois que c'est là notre enjeu à faire en commun.
00:09:35Je crois que c'est là l'enjeu même du Nouveau Front populaire
00:09:37dans son ensemble, c'est de pouvoir montrer
00:09:39que, en fait, la politique, ça peut tout changer.
00:09:42Et voilà pour mon 1er point.
00:09:46Merci, Marie.
00:09:48Applaudissements
00:09:55Raphaël, maintenant, toi, est-ce que...
00:09:59Pardon, vous, est-ce que vous pensez
00:10:01qu'il y a effectivement plus de ponts qu'on le dit
00:10:04et surtout, est-ce qu'il y a un espace
00:10:06pour réanimer une conscience de classe globale
00:10:10qui peut réunir les classes populaires urbaines et rurales ?
00:10:14Bonjour à tout le monde.
00:10:15C'est un immense honneur d'être présent à vos côtés
00:10:17et de pouvoir débattre de cette question
00:10:19ô combien nécessaire dans la période
00:10:21et de clarification politique.
00:10:23Applaudissements
00:10:30J'aimerais bien commencer le débat
00:10:32ou cette table ronde par autre chose,
00:10:34mais le fait est qu'on a entendu tout à l'heure
00:10:36la colère qui s'est exprimée de la part de certaines personnes
00:10:38ici dans la salle, notamment parce que, François,
00:10:41récemment, tu es allé sur BFM
00:10:43et je te le dis avec la plus grande sincérité militante
00:10:46que je peux avoir, tu as blessé énormément de camarades,
00:10:49notamment la jeunesse qui s'est mobilisée
00:10:50lors de ces dernières élections.
00:10:52Et si je dis ça, si je dis ça...
00:10:56Attention, si je dis ça,
00:10:58c'est pas seulement pour s'en prendre à la personne
00:11:00qui est François Ruffin, là, n'est pas le problème.
00:11:02C'est pour pointer le problème
00:11:04de ce que ça voulait dire politiquement,
00:11:06et notamment de la question antiraciste,
00:11:08qui va être centrale dans la période,
00:11:10et j'espère que toutes et tous, vous en avez confiance,
00:11:13parce qu'on va affronter,
00:11:15on va affronter une période, et on l'a vu déjà,
00:11:18où les classes possédantes, la bourgeoisie
00:11:21est en train de poser un agenda raciste,
00:11:24et que si on esquive cette question,
00:11:26on est mort, on est mort.
00:11:29Et je pense, je pense, camarades,
00:11:33je pense, camarades, que l'électoralisme,
00:11:36l'électoralisme qui a pu traverser
00:11:38nombre de nos organisations politiques,
00:11:41l'électoralisme, vous savez,
00:11:43qui, pour moi, freine nos idées,
00:11:46freine nos programmes politiques,
00:11:48parce que moi, quand j'ai débarqué,
00:11:50par exemple, sur le Vaucluse, très rapidement,
00:11:52j'aurais pu me mettre à me dire,
00:11:54c'est le RN, ça vote RN à plein pot,
00:11:58il va falloir que j'adapte un peu mon discours,
00:12:00que je sois pas trop radical et compagnie et blablabla,
00:12:01tout ce qu'on nous chante sans arrêt dans les médias.
00:12:04Eh ben, on n'a pas pris la chose comme ça,
00:12:06parce que peut-être que je suis un militant de terrain
00:12:08et que j'en ai rien à faire de ce que racontent
00:12:10BFM et CNews, voilà ce qui s'est passé.
00:12:13Et derrière, sur la circonscription,
00:12:17pourquoi est-ce que je m'attarde ?
00:12:19Pourquoi est-ce que je m'attarde sur cette victoire ?
00:12:22C'est parce que la victoire, elle s'est pas jouée
00:12:24à 100, 200 voix,
00:12:26on lui a mis 4 000 voix dans la tronche
00:12:28à la députée RN sortante,
00:12:30on l'a ratatinée.
00:12:32Voilà pourquoi est-ce qu'on doit être fier
00:12:34de ce qu'on a accompli durant cette campagne.
00:12:36Et je te le dis, François,
00:12:38encore une fois, tu as blessé nombre de camarades
00:12:40et surtout, je pense que tu es dans la faute politique
00:12:42à ce moment-là, parce que...
00:12:44S'il vous plaît, s'il vous plaît, le but est à l'échange.
00:12:48Je pense que tu as été dans la faute politique
00:12:50dans le sens où diviser les classes populaires entre elles
00:12:54n'est pas la bonne façon d'entrevoir la période politique.
00:12:57Et je tiens à rappeler,
00:12:59sur cette histoire de conscience de classe,
00:13:01sur cette histoire de conscience de classe,
00:13:03oui, effectivement, il y a un réel enjeu à remettre
00:13:06cette question au coeur de notre projet politique.
00:13:08Et c'est une bataille qu'on a menée
00:13:10notamment durant la bataille des retraites
00:13:12où, rappelez-vous, 93 % des salariés
00:13:15étaient opposés à la réforme des retraites.
00:13:18Oui, il existe une conscience de classe dans ce pays,
00:13:20mais notre plus grande épine dans le pied,
00:13:22c'est encore une fois ce racisme
00:13:24qui pollue les classes populaires
00:13:27et qui fait qu'on vienne rédiviser les classes entre elles.
00:13:30Et juste...
00:13:33Et juste...
00:13:36Je vais prendre un exemple qui montre
00:13:38que ces ponts de solidarité, il y en a déjà.
00:13:40Alors nous, on peut donner notre avis, là,
00:13:42à bien assis sur nos sièges,
00:13:43mais il y en a déjà des ponts de solidarité.
00:13:45Je pense au mouvement des Gilets jaunes
00:13:47qui ont été boycottés par la plupart
00:13:49de nos organisations politiques et syndicales
00:13:51au départ du mouvement, qui les ont méprisés violemment.
00:13:55Je pense notamment au comité Adama
00:13:57qui, dès le départ, a rejoint ces manifestations-là.
00:14:00Personne n'a de leçons à donner au mouvement antiraciste
00:14:04qui a sans cesse tendu des mains
00:14:06entre les classes populaires qu'on appelle blanches
00:14:08et le mouvement antiraciste.
00:14:09Ces ponts de solidarité existent déjà.
00:14:11À nous toutes et tous de les incarner
00:14:13et non pas de les diviser,
00:14:15parce qu'ils existent, encore une fois.
00:14:17Et juste, pour répondre à ça,
00:14:19parce que je sais que la petite musique
00:14:20qui se déroule dans nos têtes, et c'est normal,
00:14:22c'est qu'est-ce qu'on fait de ce vote, Hérène ?
00:14:24Notamment le fait qu'il y ait des classes populaires
00:14:26qui se tournent vers les programmes du RN.
00:14:28Déjà, j'aimerais qu'on arrête un peu cette illusion
00:14:30de croire que, d'un coup, il y a eu un vote d'extrême-droite.
00:14:33Il y a eu un vote historique à droite dans les classes populaires.
00:14:37Jacques Chirac faisait des scores énormes
00:14:39dans les classes populaires.
00:14:41La droite a toujours fait des scores dans les classes populaires.
00:14:43Ca n'empêche pas qu'il le faisait par un vote de classe.
00:14:45Là n'est pas la question.
00:14:46Le fait est que les classes dirigeantes aujourd'hui
00:14:48se sont radicalisées, encore une fois, et toujours plus.
00:14:50Et donc, oui, ce vote de droite
00:14:52qui, historiquement, était de droite, se radicalise
00:14:54et donc se tourne vers l'extrême-droite.
00:14:56Ca n'empêche pas qu'il peut y avoir certaines personnes
00:14:58qui votaient à gauche, qui votent aujourd'hui RN,
00:15:01mais ça reste minoritaire.
00:15:02Donc bien prendre en compte cette question-là.
00:15:04Et nous, par contre, ce qu'on a à faire,
00:15:06c'est non pas d'aller séduire des racistes,
00:15:08même si c'est une réelle question,
00:15:11d'aller s'adresser à un électorat RN,
00:15:13notamment de démobiliser le vote RN sur un truc,
00:15:15de regarder ce qui vote le RN véritablement
00:15:17à l'Assemblée nationale.
00:15:18Et je pense que, d'ailleurs, les victoires sociales
00:15:20qu'on n'a pas obtenues ces dernières années
00:15:22ont largement contribué à faire monter
00:15:24le Rassemblement national.
00:15:25Si, tout à coup, on était venus à gagner
00:15:27sur la bataille des retraites,
00:15:29alors le RN aurait dû enlever son masque soi-disant social
00:15:32et se ranger du côté du patronat.
00:15:34Donc on a ce double intérêt à, d'une part,
00:15:35obtenir des victoires sur le combat social
00:15:38et, là, que personne ne vienne nous faire la reproche
00:15:40de ne pas y avoir participé,
00:15:42ce serait quand même un comble pour nous, militants et militantes
00:15:44qui nous battons depuis des années sur toutes ces questions-là
00:15:47et, de l'autre côté, encore une fois,
00:15:48retendre des bras au mouvement antiraciste
00:15:50parce que l'enjeu est énorme, camarades,
00:15:52et c'est se mettre le doigt dans l'oeil
00:15:54que penser que le fascisme est juste la continuité du libéralisme.
00:15:57Non, le fascisme,
00:15:58lorsqu'on observe ces analyses historiques et politiques,
00:16:01c'est bel et bien un projet autonome de toute politique
00:16:03qu'on a eue jusqu'ici.
00:16:05Et le coeur de ce projet idéologique, c'est le racisme.
00:16:07C'est le racisme parce que l'économie, pour eux,
00:16:09n'est qu'une variable d'ajustement.
00:16:11C'est ce qui fait que Jean-Marie Le Pen,
00:16:12durant toutes les années 80,
00:16:14nous dresse des discours à la tchatchère ultra-néolibérales.
00:16:17Et puis que là, aujourd'hui, Marine Le Pen
00:16:19tente de nous faire passer pour social.
00:16:21L'économie est une variable d'ajustement.
00:16:24Le racisme est le coeur de leur projet.
00:16:26Donc il va pas falloir tenter d'esquiver,
00:16:27espérer qu'on vexe pas trop tel électorat,
00:16:29espérer qu'on vexe pas trop tel journaliste, etc.
00:16:32Non, il faut y aller plein fer, les affronter,
00:16:34et dire qu'on ne reculera pas d'un centimètre.
00:16:38Merci à toutes et tous.
00:16:39Applaudissements
00:16:41...
00:16:52...
00:17:17Merci.
00:17:18...
00:17:20Nicolas s'en suit maintenant.
00:17:24Justement, dans cette volonté de construction de ponts,
00:17:27d'unifier ces classes populaires,
00:17:30comme le disait Raphaël,
00:17:31est-ce qu'on ne doit pas s'inspirer
00:17:33du mouvement des Gilets jaunes ?
00:17:34C'était déjà des classes populaires,
00:17:36des classes moyennes, des classes laborieuses,
00:17:39mobilisées et déterminées déjà
00:17:41pour lutter contre des injustices,
00:17:43contre un pouvoir vertical.
00:17:45Est-ce que c'est une source d'inspiration
00:17:46pour créer cette classe populaire unifiée ?
00:17:51Bonjour à tous, d'abord.
00:17:54Merci de votre présence nombreuse.
00:17:55Et je veux dire une chose tout de suite.
00:17:57Il n'y a pas de racistes à la fête de l'Humard.
00:18:01Il n'y a que des antiracistes.
00:18:04Il n'y a pas de xénophobes à la fête de l'Humard.
00:18:07Il n'y a pas d'antisémites à la fête de l'Humard.
00:18:12Voilà. Nous sommes tous ici des antiracistes.
00:18:171re chose. 2e chose.
00:18:19Ce que tu dis, tu as raison.
00:18:21Comment on fait pour aller unir les classes populaires,
00:18:24qu'elles soient dans les villages
00:18:26ou dans les quartiers populaires ou dans les centres-villes ?
00:18:30Comment on fait ?
00:18:31Et tu parles des Gilets jaunes.
00:18:32Mais moi, j'y suis allé sur les ronds-points des Gilets jaunes.
00:18:35J'étais maire de Vierzon à cette époque-là.
00:18:37Je leur ai amené des infrastructures
00:18:39pour qu'ils puissent aller aux toilettes,
00:18:41pour qu'ils puissent s'organiser.
00:18:42Mais j'entendais aussi des choses qui n'étaient pas belles.
00:18:45Ne faisons pas comme si ça n'existait pas.
00:18:47Et donc, oui, cette question du racisme,
00:18:51elle traverse aussi notre société.
00:18:53Elle traverse notre société et elle joue aujourd'hui
00:18:56contre le camp, contre le camp des travailleurs,
00:18:59contre le camp des salariés,
00:19:00contre celles et ceux qui veulent changer la vie.
00:19:03On en est tous persuadés de cela.
00:19:05Et après, il y a quand même des chiffres et des réalités.
00:19:08Et donc, il faut qu'on s'y attaque.
00:19:10Sur 185 circonscriptions,
00:19:13les plus rurales en France, les plus rurales,
00:19:16aujourd'hui, le Nouveau Front populaire
00:19:18n'en détient que 31.
00:19:2031.
00:19:22Marie en fait partie, François aussi et moi aussi.
00:19:2531.
00:19:27En 2022,
00:19:31c'était plus de 50.
00:19:33En 2012, alors, vous allez me dire, c'était le Parti socialiste.
00:19:37C'était 103.
00:19:39103. Voilà.
00:19:40Il y a une perte quand même dans les circonscriptions rurales
00:19:44sur laquelle on ne peut pas faire l'impasse aujourd'hui.
00:19:46On ne peut pas faire l'impasse.
00:19:48Je vais vous donner l'exemple de ma circonscription.
00:19:51Vierzembourg, en 1995,
00:19:55sur une élection présidentielle.
00:19:57Cette circonscription était la 158e à gauche.
00:20:01158 sur 577.
00:20:04En 2024, aux Européennes,
00:20:07on est 450e sur 577.
00:20:10Ca veut dire que la gauche a perdu des votes
00:20:13et que les votes sont allés ailleurs.
00:20:15Et c'est pas la peine de se mettre un mouchoir devant les yeux.
00:20:20Il y a une réalité qu'il faut affronter,
00:20:23qu'il faut affronter, mes chers camarades.
00:20:25Et donc, dans ce cadre-là,
00:20:28qu'est-ce qui nous unit ?
00:20:29Qu'est-ce qui fait France en commun ?
00:20:31C'est ça, la seule question.
00:20:32Parce que la personne du village de 200 habitants,
00:20:36comme celle des quartiers populaires de Bourges,
00:20:39Chancellerie, qui est dans ma circonscription,
00:20:41si elle est au RSA, elle ne peut pas remplir le frigo.
00:20:44Elle ne peut pas remplir le frigo.
00:20:46Parce que le retraité ou le retraitable qui a 62 ans,
00:20:50qu'il habite dans un quartier de Vierzembourg
00:20:53ou qu'il habite dans un bourg ou un village,
00:20:56il ne peut pas partir à cause de la loi
00:20:58qui a été imposée par Macron.
00:21:01Voilà, c'est ça, la réalité.
00:21:02Alors oui, il faut évidemment s'inspirer
00:21:05de ce qu'ont fait les Gilets jaunes,
00:21:07bien entendu, parce que c'était le peuple qui s'était levé.
00:21:10Mais il faut aussi que nous,
00:21:11nous puissions faire France en commun.
00:21:13Et moi, je peux vous dire que...
00:21:15Rappelez-vous, on parle des Gilets jaunes,
00:21:17tu en as parlé, Raphaël.
00:21:19Moi, j'ai vu un très beau film sur les Gilets jaunes
00:21:21et je ne l'oublie pas.
00:21:22Et oui, je veux du soleil.
00:21:24Applaudissements
00:21:26...
00:21:36Alors justement, je me tourne vers vous, François Ruffin.
00:21:40Vous parlez régulièrement de jeter des ponts
00:21:42entre la France des bourgs et la France des tours.
00:21:45Des bourgs largement touchés par le vote RN,
00:21:48qui est souvent un vote populaire,
00:21:51et un vote, comme le montre le sociologue Félicien Faury,
00:21:54motivé par deux axes, le pouvoir d'achat d'abord,
00:21:57puis un rejet de l'immigration.
00:22:00Comment la gauche peut convaincre dans les bourgs
00:22:03qu'elle peut changer la vie sans taper sur celle des autres ?
00:22:06Bon. En préalable,
00:22:09je vais évidemment répondre à Raphaël.
00:22:12Et d'abord, je voudrais le féliciter,
00:22:14le féliciter pour sa victoire,
00:22:16l'une des rares circonscriptions reprises
00:22:18au Rassemblement national dans la métropole d'Avignon.
00:22:20Et je salue cette victoire.
00:22:22Applaudissements
00:22:24...
00:22:31Ensuite, la fête de l'Humas, c'est un peu une fête de famille.
00:22:35C'est la famille de la gauche qui est là,
00:22:37et on s'engueule en famille, c'est normal.
00:22:41On se secoue, on se chahute, ça fait partie du jeu,
00:22:44et y compris, quand il faut le dire avec franchise,
00:22:47on commet des maladresses.
00:22:50Maintenant, je vais dire
00:22:53si on veut-on unir les classes populaires.
00:22:57C'est la 1re question. Comment on fait ?
00:22:59Mais y a une 1re question qui est, veut-on les unir ?
00:23:02Et là, j'ai un désaccord moral et électoral profond
00:23:07dans la durée avec Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise.
00:23:11Applaudissements
00:23:13...
00:23:18S'il vous plaît, on s'écoute, s'il vous plaît.
00:23:21...
00:23:24On se met les choses sur la table.
00:23:26Quand, la semaine dernière, Jean-Luc Mélenchon dit
00:23:30qu'il faut tout faire pour la jeunesse et le quartier populaire,
00:23:34le reste, on laisse tomber, c'est perdre son temps.
00:23:38Qui, ici, est d'accord avec cette ligne-là ?
00:23:42Levez les mains.
00:23:44...
00:23:47OK.
00:23:48Levez les mains, qu'on fasse un sondage. Voilà.
00:23:51OK, y en a quelques-unes. Y a quelques mains qui se lèvent
00:23:55pour approuver la ligne stratégique de Jean-Luc Mélenchon
00:23:59et de la France insoumise.
00:24:01...
00:24:02Depuis 2 ans, maintenant.
00:24:05Vous pouvez me huer, vous pouvez me huer,
00:24:08mais vous savez...
00:24:11J'entends, je mens. D'accord ?
00:24:14J'entends, je mens. Je vous dis,
00:24:16en 2022, au lendemain de l'élection législative,
00:24:22alors que, jusqu'alors, dans ma Picardie,
00:24:24il y avait zéro député Rassemblement national,
00:24:27là, il y en avait huit,
00:24:29tous les Hauts-de-France, le Nord-Pas-de-Calais
00:24:31étaient contaminés.
00:24:34Le Midi rouge basculait à l'extrême droite.
00:24:38Le Médoc, des terres ouvrières, populaires,
00:24:42qui ont envoyé des députés socialistes et communistes
00:24:44pendant un siècle à l'Assemblée nationale,
00:24:47y compris les années de défaite.
00:24:49Que nous dit Jean-Luc Mélenchon ?
00:24:52Il nous dit que ce sont des territoires
00:24:55qui n'ont jamais accepté la démocratie ni la République.
00:24:58Et il ajoute que, pour désalifier l'Allemagne,
00:25:03il a fallu 25 ans.
00:25:05Eh bien, là, ça sera pareil.
00:25:08Vous pouvez me huer. Je le dis.
00:25:11Moi, j'ai une immense sympathie pour Raphaël Arnault.
00:25:15J'ai de l'affection pour Jean-Luc Mélenchon,
00:25:19dont je considère qu'il est l'homme
00:25:21qui a remis la gauche debout
00:25:23et qui l'a remis debout sur ses deux jambes.
00:25:26Maintenant, il y a un choix stratégique pour nous.
00:25:30Est-ce qu'on pense qu'il faut tout faire
00:25:33pour la jeunesse et les quartiers populaires,
00:25:36et le reste, on laisse tomber, c'est perdre son temps ?
00:25:42Mais...
00:25:46Vous pouvez me huer.
00:25:48Vous pouvez me huer.
00:25:50C'est factuel.
00:25:52Et ce n'est pas factuel seulement
00:25:55par une manifestation la semaine dernière.
00:25:57C'est ce qui est pratiqué, affiché et théorisé
00:26:01depuis au moins 2 années maintenant.
00:26:08Et c'est un choix
00:26:11Je peux être minoritaire ici,
00:26:13mais c'est un choix que je considère comme suicidaire.
00:26:16C'est un choix qui ne nous permet pas d'être majoritaire.
00:26:23Et je le pense,
00:26:25c'est un choix de l'abandon,
00:26:27c'est un choix de la défaite.
00:26:32Pour moi, je pense que...
00:26:37il nous faut tout faire pour toutes les classes populaires.
00:26:41Qu'il s'agisse des quartiers populaires
00:26:44ou des campagnes populaires.
00:26:51Il s'agit de ne laisser tomber personne
00:26:56et discuter avec tout le monde,
00:26:59essayer de convaincre partout,
00:27:01gagner en Picardie comme en Seine-Saint-Denis,
00:27:04ça n'est jamais perdre son temps.
00:27:12Je dis qu'il y a là un désaccord moral.
00:27:16François Hollande disait
00:27:18perdre les ouvriers, ce n'est pas grave.
00:27:21Je pense que pour la gauche, perdre les ouvriers,
00:27:24quand plus de la moitié vote aujourd'hui
00:27:26au Rassemblement national,
00:27:28c'est grave.
00:27:30C'est grave parce qu'on perd des électeurs,
00:27:33mais c'est grave parce qu'on perd notre âme.
00:27:37Mais c'est grave parce qu'on perd notre âme.
00:27:43Et qu'il doit y avoir pour objectif
00:27:45d'aller les chercher, les chercher, les chercher...
00:27:49Des accords morals, des accords électoraux.
00:27:53Pense-t-on vraiment que sur cette ligne-là,
00:27:57nous pouvons gagner demain ?
00:27:59Pense-t-on que sur cette ligne,
00:28:01nous pouvons être majoritaires demain ?
00:28:03Est-ce qu'on pense que les trous
00:28:08que nous avons à combler...
00:28:10J'identifie un trou géographique, la France des bourgs.
00:28:14J'identifie un trou démographique, les personnes âgées.
00:28:19J'identifie un trou social,
00:28:21la France des salariés, 1 500, 2 000 euros.
00:28:24Est-ce qu'on pense que c'est seulement en se renforçant,
00:28:27là où on est déjà forts,
00:28:29qu'on va gagner demain ?
00:28:31Ou bien est-ce qu'on pense que c'est en allant chercher
00:28:34ce qu'aujourd'hui nous manque, qu'on va faire mieux ?
00:28:37Voilà ma conviction.
00:28:47J'ajouterai...
00:28:50J'ajouterai enfin le danger.
00:28:54Il me semble que c'est un danger pour les quartiers populaires,
00:28:58pour les personnes racisées,
00:29:00d'être isolées politiquement possiblement du reste du pays.
00:29:03Il nous faut les raccrocher.
00:29:06Je le dis face à une extrême droite
00:29:09qui construit des murs,
00:29:11qui construit des murs entre les vrais Français
00:29:14et ceux qui ne le sont pas vraiment.
00:29:16Une extrême droite qui construit des murs
00:29:20entre une vraie France des clochers
00:29:22et une fausse France des quartiers.
00:29:24Le rôle de la gauche est de tout faire pour détruire ces murs,
00:29:28et pour construire des ponts
00:29:30plutôt que pour se bâtir une forteresse.
00:29:39Voilà la conviction qui m'anime,
00:29:42avec la conviction qu'il y a un immense commun,
00:29:46un immense commun entre la France des tours et la France des bourgs,
00:29:50entre les quartiers populaires et les campagnes populaires,
00:29:53et qu'il y a un chemin toujours pour les unir.
00:29:58Applaudissements
00:30:01...
00:30:08Marie.
00:30:10Justement, sur le même sujet,
00:30:12on a parlé du fait d'aller chercher, ou pas,
00:30:15de la possibilité, ou pas, d'aller conquérir,
00:30:18d'aller récupérer les électeurs de classe populaire
00:30:22qui ont donné leur voix au RN,
00:30:24mais peut-être se pencher sur les abstentionnistes aussi.
00:30:28Il y a une manne électorale incroyable de ce côté-là.
00:30:32Et quand on s'intéresse, par exemple,
00:30:34aux travaux de Vincent Tibéri,
00:30:36on voit que les abstentionnistes sont plus progressistes
00:30:39qu'on ne le dit.
00:30:41Ils sont pour un Etat protecteur, un Etat redistributeur.
00:30:46Ils sont plus tolérants aussi.
00:30:48Est-ce qu'il y a quelque chose à aller chercher
00:30:50chez les abstentionnistes,
00:30:52chez les membres des classes populaires abstentionnistes ?
00:30:56Oui, bien sûr.
00:30:58Après, des abstentionnistes, notamment dans les territoires ruraux,
00:31:01on a des comportements électoraux un peu différents
00:31:03que dans les territoires urbains, etc.
00:31:05Et de manière générale,
00:31:06en tout cas sur le territoire sur lequel je suis élue...
00:31:10Il y a du vent.
00:31:11Mais les gens votent de manière générale.
00:31:15Moi-même, en 2022,
00:31:16j'étais élue avec 60 % de participation.
00:31:18Là, c'était 80 %.
00:31:20On peut aller chercher les abstentionnistes.
00:31:22C'est important.
00:31:23La plupart des abstentionnistes font partie
00:31:25des classes populaires.
00:31:26Pour autant, ça ne réglera pas tout.
00:31:28Et moi, pour revenir juste sur mon expérience,
00:31:32en 2022, j'étais élue avec 33 000 voix
00:31:35avec l'ensemble de la NUPES au second tour
00:31:37face à une candidate macroniste sortante.
00:31:39Là, en 2024, 2 ans plus tard seulement,
00:31:42alors je suis élue avec plus de voix à la fin,
00:31:4543 000 voix,
00:31:46mais parce que le candidat macroniste
00:31:48s'est désisté au second tour,
00:31:49et donc j'ai l'ensemble des voix macronistes.
00:31:51Moi, je garde à peu près 33 000 voix au premier tour,
00:31:54sauf que le Rassemblement national arrive au second tour
00:31:57avec 33 000 voix.
00:31:59On a donc...
00:32:00Moi, je suis tout mouillée
00:32:02avec tout le nouveau Front populaire,
00:32:03les partis politiques, les associations, les syndicats.
00:32:06J'arrive à 33 000 voix dans la Drôme.
00:32:09Le RN fait pareil.
00:32:10Le mec, on ne l'a jamais vu,
00:32:11il n'habite même pas sur la Circo,
00:32:13il n'y a jamais mis les pieds,
00:32:14il n'a même pas collé ses affiches.
00:32:17C'est même pas le sujet.
00:32:18Le mec fait 33 000 voix.
00:32:20Donc c'est pour vous dire à quel point
00:32:21je suis absolument convaincue que oui,
00:32:24bien évidemment que je ne perds rien
00:32:26en la radicalité qui me meut et qui a mu
00:32:29l'ensemble de mes engagements,
00:32:31notamment écologistes, avant.
00:32:33Et ce n'est pas forcément facile tous les jours
00:32:34en territoire rural, bien évidemment.
00:32:36Mais par contre, il faut que j'aille chercher plus loin.
00:32:39Et je ne vais pas pouvoir m'en sortir,
00:32:40et la prochaine élection, en tout cas,
00:32:41que ce soit moi ou quelqu'un d'autre
00:32:43qui se présente dans la Drôme dans cette circonscription,
00:32:46en fait, ça ne passera pas.
00:32:48Et donc il faut effectivement pouvoir aller convaincre des gens
00:32:50qui, cette fois-ci, en tout cas,
00:32:52ont mis des bulletins de vote qui étaient différents,
00:32:54qu'on avait perdus lors des différentes décisions électorales.
00:32:57Et donc je pense que cet enjeu-là, il est absolument abyssal
00:33:00et il est particulièrement important
00:33:02dans les territoires ruraux.
00:33:04Et moi, de ce que je vois,
00:33:05je vois une belle animation dans la salle,
00:33:07et c'est assez impressionnant.
00:33:08Moi, je ne suis pas ultra à l'aise non plus à parler en public
00:33:11et de voir toute cette animation-là.
00:33:14Mais il y a un truc, parfois,
00:33:17d'être content, d'être tous d'accord entre nous,
00:33:22mais il y a un sujet à comment on arrive à les convaincre
00:33:25en dehors de nos cercles également
00:33:27et qui est d'une immense difficulté.
00:33:29Je ne sais pas s'il y a sans doute plein de gens
00:33:31qui militent dans les territoires ruraux,
00:33:33qui sont élus locaux, qui sont autre chose.
00:33:35Mais putain, c'est dur.
00:33:36Quand on est dans des petits villages,
00:33:37ça coûte putain de cher.
00:33:39Généralement, nos familles politiques,
00:33:40quelles qu'elles soient, moi, je le dis en tant qu'écologiste,
00:33:44n'ont peut-être pas ultra investi, en vérité,
00:33:46dans les efforts qu'il nous faut pour faire campagne
00:33:49et pour mailler le territoire,
00:33:51même entre 2 campagnes dans les territoires ruraux.
00:33:54C'est super difficile.
00:33:55C'est super difficile financièrement,
00:33:56c'est plus cher financièrement,
00:33:57mais c'est aussi beaucoup plus difficile
00:33:59parce qu'à cause d'une forme de mépris
00:34:02qui est en train de s'étendre
00:34:04dans la manière dont se mènent les discussions
00:34:07sur ces territoires-là.
00:34:08Mais il ne fait pas bon de se dire écologiste par chez moi.
00:34:13Et il y a sans doute des territoires encore plus difficiles
00:34:16où les gens se cachent d'être écologistes,
00:34:19où les gens se cachent d'être de gauche.
00:34:21Parce que la nouvelle normalité, c'est de voter RN.
00:34:25Et ça en devient une fierté,
00:34:26ça en devient un motif d'appartenance
00:34:29à un collectif qui rend fier.
00:34:32Alors quels sont les ressorts du vote RN ?
00:34:34J'en sais rien. Il y a du racisme, bien évidemment.
00:34:36Et c'est une réalité.
00:34:39Je pense qu'il y a beaucoup de ce sentiment d'impuissance,
00:34:41ce sentiment de relégation,
00:34:42ce sentiment de vouloir, effectivement,
00:34:44être considéré comme les autres.
00:34:46Ce sentiment que l'UMPS, ce parti unique,
00:34:48ils sont en train de ressortir les mêmes...
00:34:50Je ne sais pas si vous avez vu
00:34:51les journées du RN qui avaient lieu ces derniers jours.
00:34:53Ils sont en train de ressortir la même chose
00:34:55sur le parti unique qui se serait reformé
00:34:57suite, justement, au front républicain
00:34:59des dernières législatives.
00:35:01Ils sont la seule alternative.
00:35:02Ils sont les seuls qui n'ont jamais été au pouvoir.
00:35:04Et effectivement, la gauche, quand elle a été au pouvoir,
00:35:05elle a failli, elle a construit ce narratif-là.
00:35:09Il y a l'autre chose, c'est cette incertitude
00:35:11dont je parlais tout à l'heure.
00:35:12Cette construction d'une identité
00:35:17quand on est de plus en plus isolé,
00:35:19quand on est de plus en plus reclus.
00:35:21Il y a toute une manière d'aménager le territoire,
00:35:23une disparition des services publics
00:35:25qui construit l'isolement
00:35:26et qui fait qu'un certain nombre de personnes
00:35:29vont se retrouver vachement isolées.
00:35:31Il n'y a plus personne qui va aider personne.
00:35:32Il y a la disparition des lieux de sociabilité aussi
00:35:34qui pouvait exister dans un certain nombre de villages
00:35:36avec des cafés où tout le monde se retrouvait,
00:35:38même si on pensait pas la même chose.
00:35:39Au moins, on se connaissait, on se respectait.
00:35:41Au moins, on existait.
00:35:42Et là, il n'y a plus d'identité positive de soi
00:35:44jusqu'à ce que la seule identité, ce soit...
00:35:47Je suis français, moi, monsieur.
00:35:49Ou je suis un homme. Moi, je suis un bonhomme.
00:35:52Il y a beaucoup de trucs-là.
00:35:54Et en vrai, ça, c'est un truc à déconstruire.
00:35:57Alors c'est énormément de travail,
00:35:59et notamment pour une jeune femme écologiste de gauche
00:36:02dans un territoire comme celui-là.
00:36:03Mais il faut le mener.
00:36:06Et un dernier truc sur la radicalité.
00:36:09Parce que je pense que faire ça...
00:36:11Enfin, on a besoin des appareils politiques,
00:36:13on a besoin que tout le monde nous aide,
00:36:14on a besoin de force sur ces territoires-là.
00:36:17Mais faire ça, c'est pas abandonner la radicalité d'un projet,
00:36:20qu'il soit antiraciste,
00:36:21qu'il soit fondamentalement écologiste,
00:36:23qu'il soit fondamentalement social et égalitaire.
00:36:27Faire ça...
00:36:28Enfin, moi, je le dis dans ma posture et de mon...
00:36:30Ma courte expérience, du coup, ça fait que 2 ans que je suis là,
00:36:33mais en fait, les gens, ils attendent rien de moi.
00:36:35Les gens qui votent RN
00:36:37ou les gens qui votent à droite qui ont déjà basculé,
00:36:40ils attendent rien de moi.
00:36:41Et de manière générale,
00:36:43soit ils attendent rien de la politique de manière générale,
00:36:45et c'est pour ça qu'ils votent RN,
00:36:47soit ils attendent rien de la gauche,
00:36:48parce qu'on a beaucoup déçu,
00:36:50et ils attendent encore moins des écologistes
00:36:52et d'une jeune meuf comme moi.
00:36:54Et donc j'ai rien à leur prouver.
00:36:55Et donc je pense qu'il y a un enjeu d'être très sincère
00:36:59dans la manière dont les gens votent.
00:37:01D'être très sincère dans la manière dont on mène nos combats,
00:37:05d'être très transparente sur ce pour quoi on se bat,
00:37:07de travailler dur, d'être accompagnée pour cela
00:37:11et, effectivement, d'investir dans la construction de ponts.
00:37:15Et je finis là-dessus. Pardon, je suis un peu longue.
00:37:18Il y a eu l'affaire Crépol, l'affaire Thomas.
00:37:22Ca a été un des sujets de discussion de ces derniers jours.
00:37:24C'était dans la Drôme, c'est pas très loin de chez moi,
00:37:26c'était dans le lycée à côté de là où je suis allée au lycée, moi.
00:37:29Thomas, c'est un petit gars de Crépol
00:37:31qui a été tué lors de la fin d'un bal de village.
00:37:34L'enquête est en cours sur qu'est-ce qui a mené à ce crime.
00:37:37L'extrême-droite, juste après ce crime,
00:37:39s'est déversée sur tous les réseaux avec même des milices
00:37:43qui se sont rendues à Romand-sur-Isère
00:37:44pour aller désinguer les jeunes des quartiers
00:37:47qui vivaient à La Monnaie,
00:37:49en disant que c'est du racisme anti-blanc.
00:37:51Ils ont tué Thomas. C'était quelque chose d'organisé.
00:37:53Ils ont voulu le tuer parce qu'il était blanc.
00:37:56Et tout s'est construit comme ça.
00:37:57Ca continue à se construire comme ça.
00:37:59Désormais, c'est un député RN qui a été élu là-bas
00:38:01sur la circonscription de Crépol et de Romand.
00:38:04C'est un député... Oui.
00:38:06C'est un député RN qui est en train de dire
00:38:08qu'il va déposer sans doute une proposition de loi
00:38:10pour lutter contre le racisme anti-blanc cet automne.
00:38:12Ca va être super.
00:38:14Mais voilà ce qu'il a prévu de faire.
00:38:15Donc le mec est en train de propager ses fake news
00:38:17puisque l'enquête est en train de montrer, en vérité,
00:38:20tout le contraire.
00:38:21En vérité, voilà, c'est plus complexe que ça,
00:38:25cette affaire qui s'est passée à Crépol ce jour-là.
00:38:28Quelques semaines après,
00:38:30moi, j'avais invité les jeunes de Romand-sur-Isère
00:38:33à l'Assemblée nationale.
00:38:34C'était des jeunes de La Monnaie.
00:38:35Et je te remercie, François, parce que t'étais venu.
00:38:38Il y avait très peu de députés qui étaient venus
00:38:40lors de cette rencontre.
00:38:43C'était toi, Raquel, je crois,
00:38:44et quelques écologistes et socialistes.
00:38:47Mais c'était un moment extrêmement dur.
00:38:49Et ces jeunes de Romand, tout comme les jeunes de Crépol,
00:38:52en vérité, ils vivent une dislocation
00:38:56de leur rapport à ce qu'est la nation,
00:38:59à ce qu'est notre communauté nationale,
00:39:01ce qu'on devrait vivre ensemble, qui est juste énorme.
00:39:04Les deux vivent une dislocation qui est un petit peu différente.
00:39:08C'est des gens qui sont ensemble au lycée,
00:39:11qui ont un avenir en commun sur ce territoire-là,
00:39:14mais que l'extrême-droite cherche à diviser.
00:39:17Je crois que notre enjeu principal, c'est d'être à côté,
00:39:20à la fois des jeunes qui étaient aux côtés de Thomas
00:39:22lors de cette soirée de bal de village
00:39:24et à la fois des jeunes qui s'en prennent plein la gueule
00:39:28à Romand-sur-Isère, à La Monnaie,
00:39:31et qui, en fait, ont juste une envie,
00:39:33c'est d'être considérés juste comme les autres,
00:39:37tout comme les copains de Thomas.
00:39:39Et je pense que ce sujet-là,
00:39:40il faut qu'on le porte radicalement à gauche.
00:39:43Et à ce moment-là, on ne l'a pas porté.
00:39:45Et ça, c'est toute la gauche qui ne l'a pas porté.
00:39:48Et je pense qu'il faut effectivement passer à un enjeu.
00:39:54Applaudissements
00:39:56...
00:40:03Raphaël, j'ai une question très, très simple.
00:40:06Est-ce que vous y croyez, vous, aux fâchés, pas fachos ?
00:40:09Rires
00:40:11Je pense que vous connaissez déjà la réponse.
00:40:13Non, juste, c'est toujours très frustrant,
00:40:15ce type de format,
00:40:18parce que j'aimerais discuter notamment avec François
00:40:20beaucoup plus longuement
00:40:21et peut-être qu'on en aura l'occasion,
00:40:22même si, avec les 2 autres camarades députés,
00:40:24évidemment, on a tout un tas de choses à discuter.
00:40:27Mais là, quand même, le nerf de la guerre,
00:40:28ça va être aussi ce sujet-là.
00:40:30Juste quand même, pour revenir un peu là-dessus,
00:40:32je pense qu'il y a une confusion totale
00:40:35sur le projet de la France insoumise
00:40:37et ce que dit Jean-Luc Mélenchon.
00:40:38Ce que dit précisément Jean-Luc Mélenchon,
00:40:41c'est que le coeur des luttes qui vont advenir
00:40:44et les classes qui ont le plus intérêt aujourd'hui
00:40:47à renverser cette société on-ne-peut-plus inégalitaire
00:40:50et à obtenir des victoires, c'est bel et bien la jeunesse
00:40:53que l'on voit parfaitement représentée ici
00:40:55et les quartiers populaires.
00:40:56C'est tout ce que dit Jean-Luc Mélenchon.
00:40:58Mais sans jamais, sans jamais, sans jamais,
00:41:02sans jamais abandonner une seule seconde
00:41:05les autres groupes sociaux
00:41:07qui font partie intégrante de nos classes sociales.
00:41:10Sans jamais oublier ces gens-là.
00:41:12Et qui pourra faire le constat à la France insoumise
00:41:15une seule fois qu'on ait abandonné ces gens-là ?
00:41:18La France insoumise a organisé des caisses de grève
00:41:20dans toute la France
00:41:21pour soutenir chaque lutte locale en cours,
00:41:23partout, sans oublier un centimètre du territoire.
00:41:28Et quand même, il y a un bilan quand même à tirer de la gauche.
00:41:33C'est bien gentil de remettre toute la faute
00:41:34sur Jean-Luc Mélenchon.
00:41:36C'est sympa.
00:41:38On peut dire qu'effectivement, trop faire d'antiracisme,
00:41:40c'est pas top dans notre camp, etc.
00:41:42Très bien, c'est un avis.
00:41:43Par contre, j'aimerais qu'on soit lucides
00:41:46sur le bilan de notre camp politique.
00:41:48Qui a fait fuir le plus la classe ouvrière de la gauche,
00:41:51si ce n'est le bilan du Parti socialiste,
00:41:53lorsqu'il est un pouvoir qui,
00:41:57au bout d'un moment, va falloir arrêter.
00:42:00Il va falloir arrêter de nous prendre pour des imbéciles.
00:42:02Et c'est nous qui avons toujours tenu un programme de rupture,
00:42:05de remise en bien commun des services publics
00:42:08sur tous les territoires et dans les quartiers populaires
00:42:11et dans les campagnes.
00:42:12Partout, nous portons ce projet-là.
00:42:15Et juste, je reviens sur le débat.
00:42:17Encore une fois, c'est frustrant,
00:42:19parce que j'aimerais dire plein de choses.
00:42:20Je pourrais revenir sur Crépole.
00:42:21Bref, j'ai pas tout à fait le temps
00:42:23pour revenir sur ce débat faché, pas facho, pardon.
00:42:27Bon, j'espère que tout le monde a bien conscience
00:42:30que chaque personne qui met un bulletin de vote
00:42:33Rassemblement national dans les urnes
00:42:35n'est pas un néofasciste en puissance.
00:42:37Ca, on va s'accorder là-dessus.
00:42:39Par contre, de nier le fait
00:42:42que les gens qui mettent ce bulletin de vote
00:42:44ne sont pas racistes, c'est gravissime !
00:42:47C'est un vote raciste !
00:42:49Et si on le prend pas en compte, on est morts !
00:42:52On est morts !
00:42:54Mais quand je dis ça,
00:42:55c'est pas Raphaël Arnaud, antifasciste,
00:42:57qui a envie de se faire plaisir en disant ça.
00:43:01C'est pas ça.
00:43:02C'est des sociologues, notamment,
00:43:04qui ont étudié la question, comme Félicien Faury,
00:43:06qui nous expliquent que oui,
00:43:07la 1re motivation du vote du Rassemblement national
00:43:10reste le racisme, ni plus ni moins.
00:43:13Et surtout, camarades,
00:43:15on a une terrible erreur dans cette analyse,
00:43:20une terrible erreur
00:43:21qui nous fait beaucoup de mal
00:43:22à comprendre ce qui est en train de se passer.
00:43:24C'est l'idée de croire que l'émancipation sociale
00:43:28serait dissociée de la question de la lutte antiraciste,
00:43:31alors que ces 2-là fonctionnent ensemble.
00:43:34Le racisme fonctionne avec cette idée-là
00:43:37de faire mal aux classes populaires.
00:43:39Et les personnes qui subissent le racisme,
00:43:41le subissent aussi pour des questions économiques
00:43:43et d'exploitation.
00:43:44Alors on a un intérêt à, d'une part, encore une fois,
00:43:46lutter sur ces questions sociales et antiracistes,
00:43:49parce que lorsqu'on fait reculer les racistes,
00:43:51on avance aussi sur la lutte des classes, camarades.
00:43:53Ne jamais s'enlever cette question,
00:43:56comme j'ai pu entendre durant la campagne,
00:44:02et aussi de la part de camarades bienveillants,
00:44:04qui me disaient, Raphaël, fais attention,
00:44:07bon, les tatouages, les boucles d'oreilles,
00:44:09j'ai tout entendu,
00:44:10mais c'est pas grave,
00:44:11ils me disaient, fais attention,
00:44:12notamment avant le second tour,
00:44:14tu parles un peu trop de la question de l'islamophobie,
00:44:16un peu trop de la question de la Palestine.
00:44:18Mais ces camarades le faisaient en toute bienveillance.
00:44:21C'est parce qu'on a tellement intégré l'agenda politique
00:44:25que nous imposent les réactionnaires
00:44:26et ces classes possédantes
00:44:28qu'on en vient à nous-mêmes réfléchir comme ça.
00:44:30Mais est-ce qu'on va reculer d'un centimètre
00:44:32sur la question de la Palestine ?
00:44:33On ne parlera jamais assez de cette question
00:44:35tant que le peuple palestinien se fait reculer.
00:44:38Le peuple palestinien se fera génocider,
00:44:41et je fais partie.
00:44:42Applaudissements
00:44:45...
00:44:47Et puisque certains,
00:44:49puisque certains essaieraient de nous faire croire,
00:44:51puisque certains essaieraient de nous faire croire
00:44:53qu'ils représentaient, vous savez,
00:44:56les anciennes organisations qui représentaient le plus
00:44:59les masses ouvrières,
00:45:01je tiens à rappeler quand même
00:45:02qu'au coeur du projet de la classe ouvrière,
00:45:04et notamment de la part de nos organisations,
00:45:05comme le Parti communiste français,
00:45:07mais pas qu'eux,
00:45:08il y avait la question internationaliste
00:45:10au centre de toutes les préoccupations
00:45:13de la solidarité entre les peuples.
00:45:15Et ça, si on les vince, camarades,
00:45:17on est cuits, et évidemment,
00:45:20et évidemment, au coeur de cette question internationaliste,
00:45:22il y a la question, encore une fois, antiraciste.
00:45:25Donc, encore une fois, toutes ces luttes sont alliées entre elles.
00:45:28Elles ne sont pas à être opposées.
00:45:29Et je sais, les camarades, vous allez me dire,
00:45:31oui, mais on ne les différencie pas.
00:45:34Oui, mais à partir du moment où vous dites
00:45:36qu'on se concentre trop sur une population
00:45:38ou pas assez, etc.,
00:45:39qu'on va essayer de ramener les quartiers populaires
00:45:42à nos luttes, etc.,
00:45:43encore une fois, l'exemple des Gilets jaunes
00:45:44a été un très bon exemple.
00:45:45Les antiracistes ne nous ont pas attendus.
00:45:47Et heureusement, pour s'y mettre plein pot
00:45:50et aller soutenir toutes les luttes,
00:45:51notamment écologiques, notamment sociales,
00:45:54et toutes les autres luttes. Bref.
00:45:57Voilà, je ne vais pas trop m'attarder
00:45:58et je laisse les camarades répondre.
00:46:02Nicolas, une question pour vous.
00:46:05Est-ce que pour aller chercher et pour unir
00:46:08les classes populaires,
00:46:09est-ce que les partis doivent aussi davantage s'ouvrir
00:46:11à la société civile ?
00:46:12Parce qu'aujourd'hui, les partis de gauche
00:46:14ne sont pas vraiment représentatifs
00:46:16des classes populaires.
00:46:17C'est souvent, pour la majorité,
00:46:21mais c'est souvent des urbains très diplômés.
00:46:23Est-ce qu'il y a un travail à faire de ce côté-là ?
00:46:36C'est bon, là ? Ca marche ?
00:46:37Oui.
00:46:38Juste pour dire une chose,
00:46:41parce qu'évidemment que le Parti communiste français
00:46:44n'a jamais lâché son combat pour l'internationalisme
00:46:48et notamment pour la Palestine,
00:46:49et je suis bien placé pour le savoir,
00:46:51puisque Vierzon, quand j'ai été élu,
00:46:54a fait un jumelage aussi avec un camp palestinien au Liban.
00:46:58Vous avez vu venir des jeunes Palestiniens à Vierzon
00:47:00plusieurs fois.
00:47:01Et je dois vous dire que ce combat-là,
00:47:03c'est le combat historique, évidemment, du Parti communiste,
00:47:06comme l'a été la libération de Mandela,
00:47:09et je veux le souligner,
00:47:10et comme l'ont été aussi les droits civiques aux Etats-Unis.
00:47:14Et je suis très heureux qu'on ait pu avoir Angela Davis
00:47:17ici à la fête de l'UMA.
00:47:19Donc jamais...
00:47:22Jamais nous n'opposerons,
00:47:24et personne ici ne dit qu'il faut opposer les luttes
00:47:28les unes aux autres.
00:47:29Au contraire, il faut unir.
00:47:31Et quand je dis unir, tu parles du monde du travail.
00:47:34La question, elle est toute simple.
00:47:36Aujourd'hui, les gens résonnent entre nous et eux.
00:47:41Quand le combat, c'est le nous tous ensemble
00:47:44contre eux, les 500 plus grosses fortunes
00:47:47qui s'en mettent plein les fouilles
00:47:48et qui, depuis Macron, ont progressé comme jamais,
00:47:51eh bien là, on fait des ponts entre tout le monde,
00:47:54entre toutes les classes populaires.
00:47:56Quand le nous, quand on perd le combat idéologique
00:48:00et que le nous, c'est un certain nombre de gens
00:48:03qui disent que les eux, ce sont les assistés,
00:48:06ce sont les étrangers, celui qui est juste en dessous de moi,
00:48:10eh bien là, on perd, on perd tout,
00:48:12et on fait des ruptures entre les classes populaires.
00:48:15C'est pour ça que, mes chers camarades,
00:48:16il ne faut pas, d'abord, faire d'un athème,
00:48:19je le dis, c'est la 1re des choses,
00:48:21et il faut être lucide.
00:48:23Parce qu'aujourd'hui, quoi qu'on dise,
00:48:26nous avons perdu une partie de notre pays
00:48:30et l'influence de la gauche s'est effondrée
00:48:33dans une partie de notre pays.
00:48:35Ne pas le voir serait un drame.
00:48:37Et dans tous les territoires,
00:48:39désindustrialisés, comme on dit, c'est pas très beau,
00:48:42mais désindustrialisés, comme Vierzon,
00:48:44comme flics secours, comme d'autres,
00:48:48mais nous avons subi,
00:48:50nous avons subi parce que nous avons perdu
00:48:51la bataille idéologique.
00:48:52Alors, évidemment, on peut penser
00:48:54que c'est une question de volontarisme,
00:48:57mais c'est pas seulement ça.
00:48:59C'est une question de se battre avec les salariés,
00:49:03comment nous recréons des choses, des solidarités,
00:49:06comment nous faisons pour faire en sorte que,
00:49:09je le dis, le nouveau Front populaire
00:49:11ne reste pas entre 4 chefs à plume,
00:49:14que le nouveau Front populaire s'élargisse,
00:49:17s'élargisse aux associations,
00:49:19s'élargisse aux syndicats,
00:49:21s'élargisse au peuple
00:49:22et qu'il nous mette des coups de pied dans les fesses,
00:49:24et qu'il nous mette des coups de pied dans les fesses,
00:49:26parce que c'est ça qui fera
00:49:28qu'on donnera un projet politique,
00:49:30un projet politique pour le pouvoir d'achat,
00:49:32pour l'abrogation des retraites,
00:49:34pour la lutte contre le racisme, la xénophobie, l'antisémitisme.
00:49:37C'est ça qui fera que la gauche,
00:49:39le nouveau Front populaire, réussira.
00:49:40Donc, mes chers camarades, surtout, je le dis,
00:49:43je le dis à tout le monde, et en particulier à Raphaël,
00:49:46il ne faut pas faire d'anathème.
00:49:48Ici, il n'y a que des combattants,
00:49:50que des combattants pour le progrès social
00:49:53et pour la transformation du monde.
00:49:55Applaudissements
00:50:02Alors...
00:50:05François,
00:50:07est-ce que la gauche doit travailler également sur son implantation ?
00:50:10J'étais à Flixcourt pour votre rentrée politique.
00:50:15Vous appeliez les militants à s'engager dans les clubs de foot,
00:50:17dans les assos,
00:50:18pour ne pas arriver aux élections ni vues ni connues,
00:50:21pour que la gauche n'arrive pas aux élections ni vues ni connues.
00:50:24Ça rappelle un petit peu le maillage communiste d'antan.
00:50:26Est-ce qu'on peut encore y parvenir et comment, surtout ?
00:50:29Alors, je vais répondre à cette question rapidement
00:50:32et puis je vais en venir à la suite du débat avec Raphaël.
00:50:36Applaudissements
00:50:37Non, mais la gauche...
00:50:39C'est un duo.
00:50:40...a perdu...
00:50:42ne propose pas un discours
00:50:45qui parle à tout le pays aujourd'hui.
00:50:47Ca, c'est une chose.
00:50:48Et donc, il y a à changer le discours par le haut.
00:50:50Et si on ne change pas ce discours par le haut,
00:50:52on ne va pas y arriver seulement par le bas.
00:50:54Mais il y a à se réimplanter par le bas.
00:50:58C'est-à-dire quoi ?
00:50:59C'est-à-dire qu'auparavant, dans les villages,
00:51:03il y avait au moins une ou deux figures
00:51:05très clairement identifiées à gauche,
00:51:07portant les valeurs de gauche.
00:51:09Il y avait l'instituteur, l'institutrice,
00:51:11qui était aussi secrétaire de mairie.
00:51:14Et il y avait le cheminot, président du club de foot.
00:51:17Voilà.
00:51:18Evidemment, quand il y a quelques repères
00:51:20qui sont posés comme ça dans un village,
00:51:22ça sert d'obstacle,
00:51:24ça vient recadrer le débat et ainsi de suite.
00:51:27Donc c'est quelque chose d'essentiel.
00:51:28Maintenant, je vous le dis...
00:51:30Enfin, moi, je m'adresse à vous ici avec gravité.
00:51:35Je le disais le 7 juillet au soir,
00:51:39lors de ma victoire,
00:51:41et je mets énormément de guillemets à ce mot victoire,
00:51:45à flics secours.
00:51:47Nous avons obtenu un sursis.
00:51:50Nous avons obtenu un répit.
00:51:52Nous avons obtenu une dernière chance pour la France.
00:51:55Mais pas plus.
00:51:58La lame de fond en faveur du Rassemblement national,
00:52:01elle ne s'est pas arrêtée le 7 juillet au soir,
00:52:04elle se poursuit.
00:52:05Ils ne sont plus à une marge du pouvoir,
00:52:07ils sont à une demi-marge du pouvoir.
00:52:10Et donc, du coup, ça doit nous demander du sang-froid
00:52:14pour se demander quelle est la meilleure stratégie
00:52:17pour avancer.
00:52:20Et je ne recherche pas les applaudissements.
00:52:26L'antiracisme de terrain, il est évident et permanent,
00:52:30comme quand on est dans un coin comme le mien.
00:52:33C'est quoi ?
00:52:34Quand on défend les usines de Picardie,
00:52:37on sait que bon nombre d'ouvriers qui sont touchés
00:52:41sont déracisés.
00:52:42Et on mène le combat aux côtés de Samir Ben Yahya,
00:52:45délégué CFDT de chez Metex.
00:52:47On sauve l'usine,
00:52:48et je le dis parce que demain,
00:52:50si le Rassemblement national est au pouvoir,
00:52:52Samir Ben Yahya, franco-marocain,
00:52:55ne sera plus autorisé à avoir des mandats syndicaux.
00:52:57Ils voudront les lui interdire.
00:53:04Quand on défend les auxiliaires de vie,
00:53:06les assistantes maternelles, les accompagnantes d'enfants
00:53:09en situation de handicap, les aides à domicile,
00:53:11on sait qu'on défend à la fois les femmes racisées
00:53:17dans les métropoles qui exercent ça
00:53:19et les femmes blanches qui font les mêmes métiers
00:53:22dans les campagnes.
00:53:23Et...
00:53:27qu'on défend des personnes qui sont en cumul de fragilité,
00:53:32populaires, femmes, d'origine immigrée, pour beaucoup.
00:53:36Et il y a un combat pour les mettre ensemble
00:53:40et voir ce qui les rapproche plutôt que ce qui les différencie.
00:53:44Quand je me retrouve en 2017
00:53:46sur la fermeture de l'usine Whirlpool à Amiens,
00:53:50puisque le sèche-linge part pour la Pologne,
00:53:54qu'est-ce que j'entends en venant distribuer mes tracts
00:53:56chez les ouvriers et les ouvrières ?
00:53:59Que c'est de la faute des étrangers, des immigrés,
00:54:01des réfugiés et ainsi de suite.
00:54:03Qu'est-ce que je fais ? Je discute avec eux.
00:54:06Je leur dis que c'est les étrangers, les réfugiés, les immigrés
00:54:10qui vous ont licenciés.
00:54:11Non, ben non, bon, mais ça suffit pas, ce petit dialogue.
00:54:14Je reviens avec un tract.
00:54:16Sur le tract, il y a Jeff Fettig.
00:54:18Je sais pas si vous connaissez Jeff Fettig.
00:54:20Eux non plus ne le connaissaient pas.
00:54:22Pourtant, Jeff Fettig, c'est leur PDG.
00:54:25Il a une baraque à 5 000 km de là, aux Etats-Unis,
00:54:29avec 17 salles de bain, 2 cours de tennis,
00:54:33un accès direct à la plage.
00:54:34Je mets la photo de ça, je raconte ça.
00:54:36Pourquoi ? Parce que le souci,
00:54:38c'est que les ouvriers et les ouvrières de chez Whirlpool,
00:54:41ils ont pas ce contact direct avec Jeff Fettig.
00:54:44Il y a des tas d'intermédiaires.
00:54:46Et ils voient encore moins en sortant de chez eux
00:54:49son immense baraque, son château moderne.
00:54:52Et donc, il faut avoir des images pour leur remontrer
00:54:56qui est l'adversaire, qui est leur véritable adversaire,
00:55:00sinon ceux que leur montre la télé...
00:55:07Bon, ça se réchauffe.
00:55:11Sinon, ce que leur montre la télé,
00:55:13c'est que l'adversaire, c'est le réfugié,
00:55:16c'est l'immigré, c'est l'étranger.
00:55:18Et évidemment, il faut se bagarrer
00:55:21contre cette division, soit horizontale,
00:55:24soit même aller regarder en-dessous
00:55:26qui est plus malheureux que toi
00:55:27et en faire la cause de ton malheur.
00:55:29Il faut lui proposer une autre cause à ce malheur.
00:55:32Et évidemment, venir répéter
00:55:34que dans le classement de Challenge,
00:55:36né en 1996, à l'époque,
00:55:38les 500 premières fortunes françaises
00:55:41équivalaient à 5% du PIB,
00:55:43qu'à l'arrivée d'Emmanuel Macron, c'est 20%
00:55:45et qu'on a aujourd'hui dépassé les 40%,
00:55:48quand on a des salariés qui sont amenés à se rationner
00:55:52et qu'il y a un immense gavage là-haut,
00:55:54oui, je considère que c'est un axe de combat
00:55:58contre le racisme,
00:56:00sachant que le racisme est à combattre
00:56:02parce que si on veut unir les classes populaires,
00:56:04il est évident que le racisme est un obstacle
00:56:07qui sépare à l'intérieur des classes populaires.
00:56:10Et Marx le disait déjà,
00:56:12puisqu'on a la fête de l'Humain, autant en profiter,
00:56:14Marx le disait déjà quand il montrait
00:56:17que la bourgeoisie installait un conflit
00:56:20entre les ouvriers anglais et les ouvriers irlandais
00:56:23et que le devoir des socialistes était de casser cette barrière
00:56:26entre les ouvriers anglais et les ouvriers irlandais.
00:56:29Applaudissements
00:56:37Les responsabilités dans l'installation
00:56:41et la montée en puissance du Rassemblement national dans le pays.
00:56:45La 1re responsabilité, Raphaël l'a dit,
00:56:49et j'approuve, 40 ans d'une gauche
00:56:52qui accompagne la mondialisation,
00:56:55qui accompagne cette Europe du libre-échange,
00:56:57de la libre-circulation des capitaux et du marchandise,
00:57:00de la concurrence limbre et non faussée,
00:57:02qui fait partir les usines en série.
00:57:05C'est évident que la 1re responsabilité, elle est là,
00:57:08et jusqu'à la loi travail.
00:57:10Bon. 2e...
00:57:12Applaudissements
00:57:14Ca, c'est sur le temps long, depuis 1983.
00:57:182e responsabilité, là, sur le temps court,
00:57:20la responsabilité d'Emmanuel Macron,
00:57:23qui à la fois institutionnalise le Rassemblement national,
00:57:27avec un cynisme, je veux dire,
00:57:29il joue un jeu auquel François Mitterrand a joué dans les années 80,
00:57:33sauf que là, il y a un baril de poudre.
00:57:36Et c'est quoi ?
00:57:38Pendant les élections présidentielles pour le 2e tour,
00:57:42il vient faire la cour aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon,
00:57:45et pendant les élections législatives aussitôt,
00:57:48il introduit un signe d'égalité entre extrême droite
00:57:51et ce qu'il appelle extrême gauche.
00:57:54Et en donnant 2 vice-présidences au Rassemblement national,
00:57:59et ainsi de suite.
00:58:00Mais ça n'est pas la plus grosse faute d'Emmanuel Macron
00:58:03qui explique ce bond.
00:58:05Ce bond s'explique par le traitement de la crise des Gilets jaunes
00:58:08et par le traitement des retraites.
00:58:10Qu'est-ce qui se passe à ce moment-là ?
00:58:12On a 2 puissants mouvements populaires
00:58:14auxquels n'est pas apportée une réponse politique,
00:58:17mais une réponse policière.
00:58:20Et...
00:58:24Et dès lors, les gens se disent si c'est ça la démocratie,
00:58:27à quoi bon la démocratie,
00:58:29et c'est ce qui va venir nourrir le vote du Rassemblement national.
00:58:343e point, la responsabilité de notre gauche aujourd'hui,
00:58:39c'est de ne pas apparaître comme un débouché,
00:58:42et de ne pas apparaître sur un débouché sur quoi ?
00:58:45Le dernier bouquin de Vincent Tiberge
00:58:47sur la droitisation du pays
00:58:49pose qu'il n'y a pas de droitisation des classes populaires,
00:58:52il n'y a pas une droitisation par le bas,
00:58:55qu'au contraire, même dans la durée,
00:58:57il y a plutôt davantage d'acceptation
00:58:59des minorités et des étrangers,
00:59:01mais qu'en revanche, il y a une droitisation par le haut,
00:59:04et notamment par les médias.
00:59:06Bon.
00:59:07En revanche, ce que dit...
00:59:11Ce que dit Vincent Tiberge,
00:59:15c'est que pour regagner les classes populaires,
00:59:19il y a à basculer pour beaucoup sur le terrain socio-économique
00:59:24et d'apparaître comme une force de protection.
00:59:27Je le dis sur le ton.
00:59:30Quel est le ton que nous devons adopter ?
00:59:32Est-ce que c'est une exigence de radicalité, radicalité, radicalité ?
00:59:36Je le dis, si j'y vais avec cette radicalité,
00:59:40avec la violence de la parole
00:59:41qui a été revendiquée par Jean-Luc Mélenchon,
00:59:44je perds des voix.
00:59:46C'est-à-dire que...
00:59:48Mais...
00:59:52Huez-moi ! Huez-moi ! Huez-moi ! D'accord ?
00:59:58Mais je parle d'une chose grave,
01:00:00c'est quels sont les choix qu'on doit faire
01:00:02pour gagner face au Rassemblement national.
01:00:05Et je le dis que la même chose
01:00:08peut être présentée sur le ton de la radicalité
01:00:10ou sur le plan du sens et du bon sens.
01:00:13Moi, quand je dis qu'il faut taxer les superprofits,
01:00:16ça va de soi.
01:00:17C'est de l'ordre de la décence et du bon sens.
01:00:20Dans ma campagne,
01:00:21j'ai posé la fin des contrôles d'identité.
01:00:25Non pas un récipicé,
01:00:27mais la fin des contrôles d'identité.
01:00:29Je ne l'ai pas posé comme une mesure de radicalité,
01:00:32je l'ai posé comme une mesure de décence et de bon sens
01:00:35quand aucun délit n'est constaté.
01:00:40Donc, nous avons des choix à faire,
01:00:44nous avons des choix stratégiques à faire.
01:00:46Je regrette qu'on n'ait pas un lieu pour faire ça.
01:00:49Il nous faudrait un grand congrès, un grand rassemblement
01:00:52où nos accords et nos désaccords qu'on voit là traverser la salle
01:00:56puissent être posés, débattus
01:00:58et qu'on dépasse la contradiction.
01:01:01Il y a la possibilité d'un dépassement de la contradiction,
01:01:04mais il nous faut des lieux pour poser ces débats.
01:01:06...
01:01:14Il est l'heure de conclure.
01:01:18Ce lieu, il existe. Ce lieu, c'est la fête de l'humain.
01:01:21Donc merci d'y avoir pris votre part,
01:01:23par vos voix, par vos chants et surtout par les arguments.
01:01:27Je crois qu'il n'y a que comme ça qu'on préservera l'unité.
01:01:30Et à la place, il nous convainc !
01:01:33Et à la place, il nous convainc !
01:01:36Merci beaucoup.
01:01:39Merci, Anthony.
01:01:41Merci, Nicolas Sansu, François Ruffin,
01:01:44Marie Pochon et Raphaël Arnault.
01:01:47Merci à tous.

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