Jeudi 12 septembre 2024, SMART IMPACT reçoit Cécile Degrave (Directrice, Terra Institute) , Marie Chéron (Responsable de la e-mobility, Transport et environnement France) et Sylvain Boyé (Sociétaire, Maze)
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00:00Générique
00:08Bonjour, bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de celles et ceux qui font de la transformation environnementale et sociétale
00:15un axe fort de leur stratégie. On vit une révolution économique et c'est ce que l'on essaie de partager avec vous tous les jours.
00:21Mon invité, c'est Céline Degrave, la directrice de Terra Institute, l'école des métiers du développement durable qui lance un nouveau diplôme universitaire
00:29avec Panthéon Assas consacré au nouveau modèle d'affaires. Pour le zoom de ce Smart Impact, on se demandera comment l'Europe veut contrer
00:38l'offensive chinoise des véhicules électriques, la hausse des droits de douane va-t-elle s'appliquer, pourquoi les Allemands sont-ils réticents ?
00:46Réponse tout à l'heure. Et puis dans notre rubrique consacrée aux start-up éco-responsables, je vous présenterai Maize et son modèle coopératif
00:55pour les chauffeurs VTC. Voilà pour les titres. On a 30 minutes pour les développer. C'est parti.
00:59Générique
01:06L'invité de ce Smart Impact, c'est Céline Degrave. Bonjour.
01:10Bonjour.
01:10Bienvenue. Vous êtes la directrice de Terra Institute, l'école des métiers du développement durable qui a été créée en 2010.
01:162010, on peut dire que vous étiez des pionniers, des pionnières. Vous avez été beaucoup copiée, j'imagine, depuis.
01:22Alors effectivement, 2010, c'était un peu le début de l'émergence des métiers de la durabilité, des métiers de la RSE. Donc effectivement, en cela, l'école a été pionnière.
01:31On a été tranquille un certain nombre d'années.
01:34De trop longues années.
01:35De trop longues années où on a demandé globalement au directeur du développement durable d'organiser la semaine du développement durable et le tri des déchets dans les bureaux.
01:43Depuis 5 ans, ça s'accélère très fortement. Il y a eu quelques étapes réglementaires. Il y a eu la crise du Covid aussi.
01:51Effectivement, aujourd'hui, il y a un certain nombre d'établissements, que ce soit des établissements de l'enseignement supérieur privé.
01:56Terra Institute est un établissement de l'enseignement supérieur privé, mais également des institutions publiques qui se sont positionnées sur cette thématique, sur ces formations.
02:04Et j'ai tendance à dire heureusement.
02:05Oui, heureusement, il était temps. Combien d'étudiants formés en une quinzaine d'années ?
02:11Alors, avec la promo qui termine à la fin de la semaine, on sera environ 1150.
02:17D'accord, qui ont essaimé dans toutes sortes d'entreprises.
02:20Ils vont dans des grands groupes ou ils vont plutôt, ils essaient de créer leur entreprise ? On est sur quel profil ?
02:26Alors, c'est une très bonne question. Je pense que majoritairement, on reste sur des salariés de grands groupes ou d'entreprises de toute forme.
02:35On a une petite proportion qui s'est lancée dans l'entreprenariat.
02:40Mais ça reste quand même essentiellement des salariés de grands groupes qui sont d'ailleurs des partenaires de la première heure,
02:47puisque c'est eux qui se sont quand même emparés les premiers de ces sujets.
02:50Vous lancez avec l'université Panthéon à Sass un diplôme intitulé Nouveau modèle d'affaires et organisations durables.
02:58Quand sera lancée la première proposition ? Et puis surtout, quel est votre objectif ?
03:04Alors, la première rentrée aura lieu en janvier. On attend 20, 25, peut-être 30 apprenants.
03:12Cette formation s'adresse aux professionnels en poste, cadres, managers, dirigeants qui ont entre leurs mains la direction d'un département ou d'une entreprise.
03:22Parce que là, on parle de modèle d'affaires, donc on vient vraiment frapper au cœur de la stratégie de l'organisation et du management de l'entreprise.
03:30Et globalement, aujourd'hui, il y a beaucoup de choses à faire et il faut se former pour être capable de mener la transition de A à Z de manière opérationnelle.
03:39Comment ça s'est passé ? C'est l'université Panthéon à Sass qui est venue vous chercher, qui est venue chercher votre expertise ?
03:43C'est vous qui leur avez dit « il y a un besoin là » ? Comment ça s'est passé ?
03:46Alors, c'est souvent une histoire de rencontres. Et il s'avère qu'à la naissance d'Othéra en 2010, il y avait une personne qui s'appelle Sylvie Faucheux,
03:54qui travaillait à l'époque à l'université de Saint-Quentin-en-Yvelines, qui était le premier partenariat universitaire d'Othéra,
04:00et qui, quelques années plus tard, travaille sur la prospective pour Paris Panthéon à Sass et se dit « on a besoin sur ces sujets
04:08d'aller chercher des partenaires qui ont un minimum d'expertise et d'expérience et que, par ailleurs, elles connaissent très bien ».
04:15Et donc, on a organisé l'année dernière, ensemble, un séminaire d'introduction pour nos étudiants et elle nous a dit « nous, on cherche des partenaires,
04:24est-ce que vous voulez qu'on réfléchisse à quelque chose ? »
04:26Alors, on va rentrer un peu dans le détail de ces apprentissages. Je vais citer ce que vous annoncez « intégrer des pratiques managériales innovantes
04:34au cœur des modèles d'affaires ». Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que le management actuel, il n'est pas forcément adapté aux défis de la transformation ?
04:43Oui. Alors, peut-être pour revenir sur les nouveaux modèles d'affaires, les nouveaux modèles d'affaires apparaissent dans des périodes de grand bouleversement.
04:50On est dans une période de grand bouleversement. Le contexte dans lequel travaillent les entreprises se dégrade, les risques climatiques,
04:58la pénurie de ressources qui entraîne le renchérissement, donc tout ça met à mal les modèles économiques, la réglementation qui se durcit,
05:05le facteur humain aussi, avec les risques sur la santé des salariés ou la réputation. Et donc, il y a un certain nombre et un nombre croissant d'entreprises
05:14qui se posent la question, plutôt qu'ils arrivent au constat « si je ne change pas radicalement ma stratégie, à court terme, pas en 2100,
05:21dans 5 ans ou 10 ans, je n'existe plus. Donc, je dois me poser une question fondamentale qui est « comment je crée de la valeur autrement ? ».
05:28Et donc, les changements sont tellement profonds que non seulement il faut avoir la vision stratégique, mais il faut ensuite mettre en œuvre tout ça.
05:35Et en fait, il est bien connu que les solutions, ce sont les collaborateurs qui les ont. Et donc, on a besoin de ramener de la responsabilité,
05:44de l'autonomie, de la prise de décision au niveau des collaborateurs. Et clairement, le modèle pyramidal qui est quand même le modèle de management
05:50largement répandu ne répond pas tout à fait à ces obligations.
05:54– Avec un défi quand même compliqué, parce que ça fait des siècles, plus que ça qu'on est dans ce fonctionnement pyramidal dans les entreprises,
06:03sauf quelques cas particuliers d'entreprises qui ont déjà testé des modèles plus horizontaux.
06:06Et d'ailleurs, certaines en sont revenues. Vous voyez ce que je veux dire ? Il va falloir contrer des générations d'habitude.
06:14– Exactement. Et c'est pour ça qu'en parallèle, et c'est aussi un des sujets d'enseignement clé chez Terra Institute,
06:20on travaille aussi sur les nouveaux récits, les nouveaux imaginaires, quels discours il faut mener pour amener à ce changement
06:27qui, oui, bouleverse pas seulement les organisations d'entreprises, un paradigme de société en quoi nous, consommateurs,
06:35on donne de la valeur à telle ou telle chose quand on dépense de l'argent. Donc oui, c'est assez vertigineux.
06:41Maintenant, il faut prendre les choses de manière pragmatique. C'est un peu notre signature, on dit rêver grand,
06:46commencer petit, agir maintenant. Il faut que ça bouge, il faut y aller maintenant et… pardon.
06:52– Non, non, allez-y, continuez, continuez. Donc il faut agir maintenant.
06:55– Donc il faut agir maintenant. Et donc, il y a par contre, dans les grands changements, les grandes transitions,
07:01il y a aussi des courbes qu'on observe de manière assez systématique. Et c'est les 15 premiers pourcents de personnes
07:08à convaincre et à faire pivoter qui sont les plus durs à atteindre. Une fois qu'on a passé ce seuil, ça accélère.
07:12– Vous parliez du récit, ça veut dire qu'il y a aussi le rôle des médias, notre rôle à nous, journalistes.
07:18– Exactement. – Vous questionnez dans cette formation ?
07:20– En fait, on a quand même, il faut le dire, aujourd'hui une image de l'écologie qui est celle un peu de la punition.
07:25Il faut arrêter de faire ça, il faut renoncer à ça, c'est pas bien ce que vous faites.
07:29Et donc, c'est humain, personne n'a envie d'y aller. Il faut vraiment qu'on fasse basculer les discours en proposant,
07:35mettons-nous tous ensemble pour construire un nouveau modèle de société.
07:39Ça va être génial, on va le faire ensemble, on va avoir notre pied rapporté à l'édifice.
07:43Et ça, pour le coup, en termes de dynamique et de capacité à y aller, ça change tout.
07:47Et oui, bien sûr, les médias ont un rôle fondamental.
07:50Et c'est d'ailleurs un des enseignements du diplôme universitaire d'Assas, le rôle des médias dans la tradition.
07:56– Oui, je vis évaluer de manière critique les informations délivrées par les médias.
08:00– Oui, parce que…
08:01– Il faut que les managers formés dans ce module aient un esprit critique
08:06sur ce que les médias peuvent dire sur l'entreprise ou d'une manière générale sur la transformation ?
08:10– D'une manière générale, on a quand même…
08:12Alors, malheureusement, on en est encore au stade où on questionne les constats scientifiques.
08:18Il peut y avoir certains médias qui questionnent les constats scientifiques.
08:22Il faut avoir suffisamment d'esprit critique pour savoir ce qui est entendable, acceptable,
08:26est-ce qu'il ne l'est pas ou est-ce qu'il y a une position, une vue de l'esprit.
08:31Il y a également beaucoup, beaucoup d'informations auxquelles on a accès.
08:35Aujourd'hui, ces informations doivent être challengées.
08:39Est-ce qu'elles sont vraies ? D'où elles viennent ?
08:41Quelles sont les sources ? Quelle est la méthodologie ?
08:43Comment on a posé les questions ? Est-ce que c'est biaisé ou pas biaisé ?
08:47Donc, c'est tout ça, cette capacité à analyser, à collecter la donnée
08:51qu'on essaye aussi de transmettre à nos étudiants.
08:53– Donc, vous parlez de nouveaux modèles d'affaires.
08:55On va être forcément, on va se pencher vers l'économie circulaire,
09:00vers l'économie sociale et solidaire.
09:02C'est aussi dans cet environnement-là, dans ces modèles-là qui sont en croissance
09:07que vous allez puiser les enseignements ?
09:09– Tout à fait.
09:10Alors, quand on dit nouveaux modèles d'affaires,
09:12il y en a certains qui existent depuis plus de dix ans.
09:16Et c'est la bonne nouvelle parce qu'en fait, on n'est pas dans des modèles prospectifs
09:21issus d'un roman de fiction ou de projection.
09:25On est vraiment dans des choses qui ont été éprouvées.
09:27– Oui, on peut s'appuyer sur des bonnes pratiques qui existent, qui ont fonctionné.
09:30– Et en fait, dans les nouveaux modèles d'affaires,
09:31vous avez trois grandes catégories.
09:33Vous avez effectivement l'économie sociale et solidaire.
09:36C'est quand même les premiers à avoir démontré
09:38qu'on pouvait avoir un objectif social et rencontrer une forme de rentabilité,
09:45quand bien même elle est limitée, quand bien même elle est encadrée.
09:47Et là, vous avez plein d'exemples dans tous les secteurs.
09:50Je crois que vous avez reçu, il y a quelques mois, le fondateur de Tenzing Conseil,
09:53le premier cabinet de conseil dans l'économie sociale et solidaire.
09:56Ça, c'est un bon exemple.
09:57Vous avez d'autres modèles qui sont plus proches des modèles capitalistes.
10:01Je pense notamment à ce qu'on appelle l'économie de la fonctionnalité,
10:04où la bascule fondamentale, c'est que vous arrêtez de vendre des produits
10:07à des clients qui, au bout d'un certain nombre d'années,
10:09doivent se périmer pour qu'ils en rachètent.
10:11Vous, entreprise, vous restez propriétaire du produit
10:14et vous allez louer à plusieurs usagers.
10:16Et donc, vous avez tout intérêt à ce que votre produit soit plus durable.
10:19Et donc là, on voit comment on peut reboucler
10:21avec la performance et la rentabilité telle qu'on la connaît.
10:24Et vous avez en effet des modèles plus prospectifs à l'expérimentation,
10:28mais déjà avérés chez certaines entreprises.
10:31Et là, on va être sur des terminologies, l'économie régénérative,
10:35l'entreprise contributive, la perma-entreprise, l'économie symbiotique,
10:41où globalement, vous êtes sur une pensée globale qui est de penser en système.
10:47Tout est lié.
10:48Il faut que l'entreprise ait conscience de sa place
10:50dans un écosystème plus vaste.
10:52Et ensuite, l'envie non pas de respecter la réglementation
10:55ou d'atténuer les externalités négatives,
10:58mais d'être vraiment dans un impact positif,
11:01de réparer le vivant quelque part.
11:03Voilà.
11:03Merci.
11:04Merci beaucoup Céline de Grave et à bientôt sur Be Smart For Change.
11:07On passe à notre débat.
11:09Comment l'Union européenne contre l'offensive des véhicules électriques chinois ?
11:21Comment contrer l'offensive des véhicules électriques chinois en Europe ?
11:25C'est le thème du Zoom de ce Smart Impact avec Marie Chéron.
11:29Bonjour.
11:29Bonjour.
11:30Bienvenue.
11:30Vous êtes responsable de la e-mobility chez Transport et Environnement France,
11:33qui est l'organisation experte du transport propre et de l'énergie en Europe.
11:39Il y a donc eu une décision européenne annoncée en juin dernier
11:42actant d'une concurrence déloyale des véhicules électriques chinois.
11:46Déjà, pourquoi on peut parler de concurrence déloyale ?
11:49Il y a une concurrence qui s'est durcie entre trois blocs,
11:53la Chine, l'Europe et les Etats-Unis.
11:55Il faut bien comprendre que la Chine a un temps d'avance sur l'électrique
11:59et qu'en ce moment, ce qui se joue,
12:01c'est qui va prendre sa place dans cette course à l'électrique.
12:04Donc les Chinois ont un temps d'avance.
12:06Ils ont aujourd'hui un marché qui commence à être dominé par l'électrique.
12:10Ils ont 50% de part de marché électrique.
12:13Ils fabriquent des batteries deux fois moins chères,
12:15LFP deux fois moins chères que les batteries qui sont produites en Europe en NMC.
12:20Et il y a eu un contexte de suspicion de sursubvention aux acteurs chinois.
12:26Et il faut savoir que les Chinois ont une surcapacité,
12:30c'est-à-dire qu'ils produisent plus de véhicules.
12:31Donc il y a la tentation...
12:32Oui, leur marché ne peut pas absorber tous les véhicules qu'ils produisent.
12:35Exactement. Et donc du coup, il y avait la crainte aussi de voir arriver
12:38des véhicules chinois, donc nettement moins chers,
12:40si on prend le contexte, que ceux des constructeurs européens
12:44qui ont pris du retard sur l'électrique.
12:47Donc la concurrence est rude vis-à-vis des Chinois.
12:49Et en parallèle, on a les Américains qui ont mis en place une politique
12:52de subvention très forte sur les batteries notamment et des droits de douane,
12:57et qui appliquent aussi des droits de douane sur les véhicules chinois.
13:00Donc on est dans une concurrence, une configuration internationale très, très dure.
13:05C'est pour ça que l'Europe doit renforcer sa politique industrielle.
13:08Avec une décision qui a donc été annoncée, qui cible plusieurs marques.
13:13On va regarder quels droits de douane ont été annoncés sur trois marques.
13:19Ça va de 17% à 38%.
13:23Et puis alors ce qu'il faut savoir, c'est qu'il y a les producteurs
13:26de véhicules électriques chinois qui ont coopéré ou pas.
13:29Ceux qui ont coopéré à l'enquête, mais qui n'ont pas été retenus dans l'échantillon,
13:33ils vont avoir un droit moyen pondéré de 21%.
13:35Et ceux qui n'ont pas coopéré, effectivement, on sera à 38%.
13:40Tiens, petite question, pourquoi ils n'ont pas tous coopéré ?
13:43C'est une question de Béossia, mais on se dit pourquoi prendre le risque de fâcher l'Europe
13:48et donc d'avoir des droits de douane encore plus lourds que les autres ?
13:51Alors là, il y a des enjeux qui peuvent être un peu complexes à comprendre.
13:54Je ne m'aventurerai pas sur ce terrain.
13:56Je pense qu'il y a effectivement de gros, gros enjeux industriels.
14:00La Chine a répliqué aussi par rapport à cette décision,
14:03étant donné qu'elle a saisi l'OMC et le processus n'est pas terminé.
14:06C'est-à-dire que même si cette décision rentre en application le 4 juillet,
14:10les États doivent être encore consultés et la Commission doit finaliser son enquête.
14:14Donc, on est plutôt sur une précision du dispositif fin octobre.
14:19Oui, c'est ça. Décision finale en novembre à la majorité qualifiée,
14:23ça veut dire qu'il faudrait 15 pays représentant 65% de la population totale de l'Union européenne
14:28pour bloquer la décision.
14:29On n'en est pas là, mais en revanche, il y a des freins.
14:32Et notamment, il y a l'Allemagne qui freine.
14:33Est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi ?
14:35Ça s'explique par, j'imagine, la place de ces marques sur le marché chinois ?
14:39Certains des gros constructeurs allemands ont vraiment pris comme stratégie
14:43d'aller vendre du thermique en Chine.
14:45Donc, ils ont aussi un intérêt.
14:46S'il y avait des mesures de réplique de la Chine vis-à-vis de l'Europe,
14:52certains constructeurs pourraient y perdre beaucoup.
14:55Voilà, c'est des choix stratégiques qui expliquent que chacun n'a pas les mêmes intérêts dedans.
15:01Les Français exportent moins en Chine.
15:04Au-delà de ces droits de loi, parce que c'est un levier,
15:08mais c'est certainement pas le seul.
15:10Qu'est-ce qui manque au niveau européen dans ce secteur automobile ?
15:14Des choix, une politique industrielle coordonnée ?
15:17Comment vous pouvez évaluer ça ?
15:19Une politique industrielle coordonnée.
15:21Alors, effectivement, les droits d'honneur, c'est intéressant, mais ça ne suffit pas.
15:25Ça ne suffit pas parce qu'il y a besoin d'avoir des investissements massifs à côté
15:30et puis des politiques nationales qui permettent d'orienter la production
15:35vers les produits qui sont les plus cohérents avec ce vers quoi on va,
15:40c'est-à-dire des véhicules qui soient vraiment propres.
15:42Aujourd'hui, un véhicule électrique, ce n'est pas parce qu'on a un véhicule électrique
15:45qu'il est forcément performant d'un point de vue environnemental.
15:50Donc, il y a bien aussi d'orienter la production.
15:53Mais ça veut dire quoi, si on rentre dans le détail, orienter la production ?
15:57Ça veut dire qu'on a besoin d'aller vers des véhicules
15:59qui soient réellement performants d'un point de vue environnemental.
16:01Ça veut dire qu'on a besoin de renforcer les normes sur, par exemple,
16:03l'efficacité énergétique ou l'empreinte environnementale des batteries.
16:07Alors là, on touche un point important sur les batteries.
16:10On a parlé des droits de douane sur les véhicules, ça ne touche que les véhicules.
16:14Aujourd'hui, la grosse partie de la valeur ajoutée d'un véhicule,
16:17ce n'est plus le moteur, c'est devenu la batterie.
16:19Et avec tous les enjeux environnementaux qu'on connaît dessus,
16:21c'est-à-dire sur les ressources, la nécessité de pouvoir récupérer les matières, etc.
16:25Et la valeur est dedans.
16:26Et aujourd'hui, il n'y a pas de droits de douane sur les batteries.
16:29Tout à l'heure, je vous disais qu'on produit des batteries en Chine deux fois moins chères
16:33que celles qui sont produites en Europe.
16:35Du coup, les gros investissements qui ont été faits sur les projets de batteries en Europe,
16:40on a une cinquantaine de projets de fabrication de batteries,
16:43aujourd'hui ne sont pas protégés par des barrières douanières.
16:46On le voit avec les difficultés notamment du Suédois Norsvold qui a été annoncé il y a quelques jours.
16:51Exactement. Et ça, ça donne une idée du risque qu'on a.
16:55C'est pour ça que Djenny, on propose qu'il y ait également des droits de douane sur les batteries
16:59ou qu'il y ait au moins une sorte de norme pour caper finalement l'empreinte environnementale des batteries
17:07et donner la priorité à celles qui sont les plus propres sur notre territoire européen.
17:11Ça, ça permettrait d'avantager les batteries européennes.
17:14Je reprécise un truc, c'est que les batteries européennes,
17:17en moyenne, leur empreinte environnementale est 40% plus faible, si on prend un indicateur global.
17:22Et donc, il y a un vrai intérêt à avoir une production européenne de batteries.
17:27Est-ce que ça veut dire aussi produire des voitures plus petites, plus légères et moins de SUV électriques ?
17:32Oui, tout à fait. Le gros défaut de la stratégie des constructeurs européens,
17:36ça a été de rentrer dans l'électrique par les gros modèles.
17:39C'est l'inverse de ce qu'avaient fait les Chinois qui sont rentrés dans l'électrique par des petits modèles.
17:43Et du coup, ces gros modèles, ils sont en général plus chers.
17:45Le Covid, avec les problèmes d'approvisionnement, cette période-là a renforcé cette stratégie.
17:51Donc, ils se sont dit, on a moins d'équipements, donc on fait moins de véhicules,
17:54donc on va miser sur des véhicules plus chers pour faire au moins autant de profits.
17:58Résultat, on a des gros véhicules.
18:00Le marché, les automobilistes, ils attendent des véhicules peu chers, abordables en fait.
18:05On l'a vu évidemment avec le leasing social qui a été mis en place au début de cette année 2024
18:11et qui a duré quelques semaines à peine, tellement l'engouement a été important.
18:17On verra quelle enveloppe lui est consacrée pour l'année 2025.
18:21C'est un des gros enjeux.
18:22C'est un des gros enjeux. On est bien d'accord.
18:24Ces droits de douane, ils seraient appliqués pendant 5 ans.
18:26Ça veut dire quoi ? Il faut gagner du temps en fait ? C'est ça l'explication ?
18:31Je pense que c'est au moins 5 ans. Après, je pense qu'en fonction du contexte qui sera subi dans 5 ans,
18:36ce sera remis ou pas.
18:37Je vous pose la question, pardon. Il faut gagner du temps parce qu'il y a cette barrière temporelle 2035,
18:44avec l'interdiction de la vente des voitures thermiques en Europe.
18:49On a peut-être fait un peu les choses à l'envers.
18:51C'est-à-dire qu'on prend cette décision à un moment où nos constructeurs ne sont pas tout à fait prêts.
18:55C'est vrai ou ce n'est pas vrai ça ?
18:57Alors, deux choses. Il y a une course à l'électrique et effectivement, c'est une course, ça veut dire qu'il faut aller vite.
19:02Il faut aller vite. Il faut que les constructeurs européens soient positionnés sur l'électrique.
19:06Sinon, la concurrence des véhicules chinois va arriver et du coup, il y a des vrais risques.
19:11Et ce n'est pas moi qui le dis, c'est les constructeurs eux-mêmes, de recomposition du secteur et notamment, éventuellement, de mort de certains constructeurs.
19:18Donc oui, ils jouent leur survie et ils jouent la survie de tissus industriels avec tous les emplois qu'il y a derrière.
19:23Donc là, il y a un enjeu qui est crucial.
19:25Oui, il faut aller vite et il faut que les constructeurs européens se mettent sur l'électrique.
19:27Aujourd'hui, qu'est-ce qui tire les investissements ?
19:30C'est cette loi sur les émissions de CO2.
19:33C'est cette échéance 2035.
19:35Il fallait quand même la mettre cette échéance.
19:37Sinon, la révolution n'aurait pas eu lieu dans le secteur automobile.
19:40Exactement, il n'y aurait pas eu les 150 milliards d'investissement s'il n'y avait pas eu ces normes CO2.
19:45Et si les objectifs 2025-2030 ne sont pas maintenus en 2035, il y a un vrai risque que les projets qui sont aujourd'hui encore des projets périclites.
19:57Et donc là, ça veut dire concrètement des emplois en moins.
20:02On parlait de mesures de rétorsion, on parlait de la réaction des Allemands.
20:07Est-ce qu'il y a un risque de mesures de rétorsion sur des produits français de la part de la Chine ?
20:11Est-ce que ce n'est pas forcément lié ou annoncé ?
20:15Sur les français, en termes de véhicules, pour l'instant, il n'y a pas de risque.
20:21Sur d'autres produits que les véhicules ?
20:23Mais ça pourrait arriver, effectivement.
20:25Ce qu'il faut, c'est qu'effectivement, l'Europe ne soit pas naïve vis-à-vis d'un contexte international où, sur certains produits, la concurrence n'était pas équitable.
20:33Donc, c'est important qu'elle remontre un peu sa capacité à imposer aussi le respect des règles.
20:40Merci beaucoup d'être venue nous parler de ce bras de fer qui est donc un bras de fer triangulaire, on l'a bien compris, puisque les États-Unis ne sont pas en reste.
20:49À bientôt sur Vismark.
20:50Fortem, c'est l'heure de notre rubrique Startup, tout de suite.
20:52Smart Ideas, notre rubrique consacrée aux startups éco-responsables avec Sylvain Boyer, bonjour.
21:04Bonjour.
21:05Bienvenue. Vous êtes sociétaire chez Maize, chauffeur VTC. C'est quoi le modèle de Maize ? C'est particulier.
21:10Oui, très particulier. Tout à fait.
21:12On veut sortir du modèle classique des applications comme Uber ou Bolt, etc., pour pouvoir s'en sortir parce que, malheureusement, le secteur est saturé à l'heure actuelle.
21:28Les prix sont low cost à l'heure actuelle et, malheureusement, les chauffeurs n'arrivent plus à s'en sortir.
21:34Donc, vous avez choisi un autre modèle.
21:36On a choisi carrément un autre modèle qui est une coopérative de chauffeurs VTC.
21:41D'accord.
21:41Ce projet a été construit dès le départ par M. Brahim Ben Ali et qui ont été suivis après sur 500 sociétaires.
21:53Donc, vous êtes 500 sociétaires aujourd'hui ?
21:55On est à l'heure actuelle 500 chauffeurs VTC qui ont investi en fait dans cette coopérative.
22:00D'accord.
22:01Voilà, avec des parts sociales et on a été aidé aussi par le département de la Seine-Saint-Denis, par la ville aussi de Saint-Denis, qui ont investi aussi des parts sur cette coopérative.
22:16Donc, on est dans une coopérative, ça veut dire que chaque sociétaire, chaque chauffeur a une voix.
22:21Complètement, oui.
22:23C'est un modèle très particulier, mais qu'est-ce que ça apporte aux chauffeurs ?
22:27On va se passer du côté des chauffeurs pour commencer.
22:30Qu'est-ce que ça change à leur quotidien, peut-être à leur modèle économique aussi ?
22:35Complètement, oui.
22:36À l'heure actuelle, on est en vraie crise et on aura notre propre outil de travail.
22:42C'est-à-dire qu'on a créé notre application qui a été créée par une société française, Maiter.
22:50Donc, on a investi énormément d'argent sur cette application et on veut cibler, tout à son, dès le départ, les entreprises.
23:01C'est-à-dire qu'on va travailler uniquement sur du B2B pour sortir de ce modèle de réservation.
23:09La réglementation est bafouée à l'heure actuelle sur les VTC et en fait, nous, on veut sortir de ce modèle pour suivre exactement ce...
23:22Mais ça veut dire que les chauffeurs seront mieux payés ?
23:24Complètement, oui. Tout à fait, oui.
23:26Déjà, le pourcentage de commission sera réduit et, bien sûr, cette commission rentre dans cette coopérative
23:35et sera, après, redistribuée aux chauffeurs, aux actionnaires de la coopérative.
23:41Donc, ça passe par une appli, on l'a compris.
23:43Pourquoi vous avez choisi de vous adresser prioritairement aux entreprises ?
23:47Parce qu'en fait, on veut sortir de ce modèle low-cost et en fait, on veut apporter un modèle de course...
23:59Un peu plus haut de gamme ?
24:01En gamme, complètement, oui.
24:03Avec des chauffeurs qui ont été formés dans notre centre de formation directement sur notre siège social.
24:13Un dress code qui sera très strict au niveau de la tenue, du fonctionnement, de la prise de commande.
24:21C'est-à-dire qu'on demande 20 minutes entre la demande d'un chauffeur et l'arrivée du chauffeur.
24:31Donc, au niveau réglementation, on est vraiment au top.
24:35Et, bien sûr, après, le suivi du départ et jusqu'à la fin.
24:45Est-ce que ça veut dire aussi pour les chauffeurs, c'est souvent difficile quand tu es chauffeur VTC ou chauffeur taxi,
24:51de concilier vie de famille et activités professionnelles. Est-ce que vous avez ça en tête aussi ?
24:57Si la rémunération des chauffeurs sera plus importante,
25:01notre but, c'est de limiter les heures de travail de nos chauffeurs.
25:07C'est-à-dire qu'à l'heure actuelle, les chauffeurs font 10, 12, voire 14 heures de travail par jour.
25:137 jours sur 7.
25:15En sortant de ce modèle-là, on veut apporter à tous ces chauffeurs une rémunération plus importante
25:22et une limitation au niveau de leurs heures de travail pour qu'ils puissent profiter de leur famille et de la vie.
25:30Merci beaucoup à suivre le développement de Maize, modèle coopératif de chauffeurs VTC.
25:37Merci de m'avoir invité à tout ça.
25:41Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
25:43Merci à toutes et à tous de votre fidélité.
25:46Je vous dis à demain pour un nouveau numéro consacré à la transformation environnementale et sociétale de notre économie.
25:51Salut !