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Lichouki Dejean, frère de Lilian, l'agent municipal tué à Grenoble, témoigne sur BFMTV, ce mardi 10 septembre.

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Transcription
00:00Simplement, vous avez participé et on a tous vu hier ces images assez incroyables, cette émotion collective, tous les collègues qui ont voulu rendre hommage à votre frère, tous les habitants de Grenoble.
00:11Qu'est-ce que vous gardez, vous, en tête de cette journée d'hier ?
00:16C'est un très beau rassemblement, ça a été un très bon soutien pour nous tous, pour la famille, les amis, les collègues de boulot de Lilian qui sont venus en nombre.
00:33Je les remercie tous pour d'être venus individuellement et je ne pourrais pas dire tous les noms, toutes les personnes qui étaient là, mais je sais que Lilian, c'était quelqu'un de respecté, de respectable,
00:46qui a été beaucoup aimé, qui a beaucoup donné autour de lui et quand on s'aime des belles choses, on retourne à des belles choses.
00:54Hier, ce rassemblement avec toutes ces personnes qui étaient là pour me soutenir, pour m'aider, vous m'avez fait du bien et merci à vous tous.
01:04Je sens, on voit votre émotion, Lichouki. Évidemment, il y a une chose qui m'a marqué, un mot, une expression qui m'a marqué pour décrire votre frère.
01:15Quelqu'un disait hier dans la foule, c'était un vrai gentil.
01:20Lilian, c'était un vrai gentil, c'était quelqu'un de fier, de courageux, de respectable. C'était quelqu'un qui aimait la justice aussi et c'était quelqu'un qui avait un grand cœur,
01:32qui a donné à beaucoup de personnes autour de lui et en retour, lui donner aussi beaucoup d'amour. Et c'était un mec en or, c'était un mec en or, c'était un grand frère en or,
01:43c'était un papa pour ses enfants, exceptionnel. Il manquera à beaucoup de personnes et il laisse un grand vide.
01:53Qu'il ait eu ce geste-là, dimanche matin, d'aller porter secours, ça lui ressemble, c'est tout votre frère ?
01:59Ça lui ressemble et je pense que s'il devait le refaire aujourd'hui, il le referait. C'est tout à fait lui. Le courage et la justice.
02:11On va reparler de la justice dans un instant. Vous insistiez sur ce qu'il a transmis, notamment à ses enfants. L'un de vos frères parlait de toutes les valeurs qu'il a transmises à ses enfants, à ses petits-enfants.
02:21Quelles valeurs ?
02:25Des valeurs de respect, d'empathie, de gentillesse, des belles valeurs, de courage aussi, de fierté. J'ai envie de dire à mon petit-neveu qui vient, qui a 8 ans, que leur papa sera toujours là, dans leur cœur.
02:45Et que toutes les belles choses qu'il leur a apprises, il faut qu'ils le gardent et qu'ils avancent avec ça, avec la paix et l'amour. Beaucoup de paix et beaucoup d'amour.
02:54Vous arrivez à avoir ces mots-là aujourd'hui, deux jours après ?
02:59J'arrive à avoir ces mots-là aujourd'hui, oui. Le message que j'ai envie de faire passer, c'est de ne pas avoir de haine. J'essaye, ça va être très compliqué. Il y aura un gros travail sur nous-mêmes à faire avec les psychologues.
03:14Je ne connais pas l'individu qui a fait ce geste. Je ne suis pas encore dans le pardon, je suis dans le deuil, mais je n'ai pas envie de le haïr.
03:30On m'a élevé dans l'amour, en aimant les autres, en aimant son prochain. Et cette personne, je ne la connais pas et du coup, je ne veux pas la haïr.
03:40Mais voilà, je pense qu'il y aura une justice et qu'on va se voir au tribunal. J'espère qu'il paiera pour ce qu'il a fait, parce que c'est un crime, c'est un assassinat.
03:52Il a fait ça délibérément. Il sait très bien ce qu'il faisait et c'est horrible. C'est horrible. Il enlève à ma nièce un papa protecteur, à son fils, qui sait qui va l'amener à l'école, à ma mère,
04:06qui sait qui va s'occuper de ma mère, qui va ranger la maison, qui va faire le jardin, qui sait qui va être le chef d'équipe dans son travail.
04:14Qui sait qui va supporter mon petit frère au rugby, qui va aller faire un footing avec lui ? Il ne sera plus là et il a enlevé tout ça, ce monsieur.
04:24Et j'ai un petit peu le seum, comme on me dit.
04:30Mais vous arrivez, par mon échoqué, à repousser la colère ?
04:39Oui, je fais tout, parce qu'autour de moi, il y a beaucoup d'amour. Il y a mes nièces, il y a mes neveux, il y a la famille. Je veux leur montrer qu'il ne faut pas avoir de la haine.
04:50Il ne faut pas avoir de la haine contre cette personne. Je ne sais pas ce que je peux avoir pour lui, de la pitié. Je ne sais pas encore les sentiments que j'ai pour cette personne.
04:59Je vais essayer de rester calme. J'espère qu'il y aura une justice.
05:12Ce suspect est en fuite ce matin, depuis 48 heures. Qu'est-ce que vous lui dites ?
05:19C'est un lâche. C'est lâche. C'est lâche. Il ne l'assume pas. Il n'est pas responsable. Et ça ne pourra pas durer très longtemps.
05:26Qu'il se rappelle bien du prénom et du nom de mon frère, parce que je pense qu'il l'en rendra toute sa vie. Toute sa vie, je pense.
05:36Je veux dire, il va être attrapé, j'en suis sûr. Je fais confiance à la police. Et voilà, c'est un lâche. Tout ce que j'aurais dû lui dire, c'est un gros lâche.
05:48Lillian Dejean, je répète le nom de votre frère. Vous dites que ce nom-là doit le hanter. Lillian Dejean, c'est le nom de votre frère.
05:55Vous parliez de justice. A plusieurs reprises, vous avez parlé de justice. Lichuky, qu'est-ce que vous attendez maintenant de la justice ?
06:05J'attends qu'il y ait un procès, qu'il soit condamné pour les actes qu'il a faits, parce que c'est apparemment, en plus, un récidiviste qui a sacré dossier derrière lui.
06:15J'attends qu'il paye pour l'acte horrible qu'il a fait à mon frère. Et je pense qu'il prendra jamais assez. Et voilà. Je sais pas dans quoi je me lance, mais voilà, justice soit faite.
06:32Vous avez entendu toutes les polémiques de ces derniers jours. On parlait du maire Éric Piolle. Vous avez été en contact avec lui.
06:38Comment est-ce que vous avez été entouré notamment par le maire de Grenoble ?
06:45J'ai pas été en contact directement avec Éric Piolle. Mon petit frère l'a eu au téléphone. Je pense qu'on vit dans une... Alors je sais pas que Grenoble, c'est vrai.
06:57On vit dans une ville... On a sa sécurité. La violence, ça fait 20 ans, 30 ans qu'il y en a, qu'il y a des crimes sur Grenoble.
07:11C'est horrible. Et qu'il n'y ait pas de sécurité à Grenoble, qu'il n'y ait pas de vidéosurveillance, qu'il n'y ait pas plus d'agents... Moi, j'ai peur de vivre dans cette ville. J'ai peur.
07:31Il y a un des collègues de votre frère qui disait hier parfois on se demande dans quel état on va revenir. Est-ce que Lilian a parlé de ça ?
07:42Est-ce que Lilian a parlé d'eux ? Excusez-moi.
07:44Du fait justement de cette insécurité dont vous parliez. Il y a un de ses collègues qui disait parfois on est confronté à la violence et on ne sait pas dans quel état on va rentrer chez nous.
07:53Exactement. Exactement. Je suis tout à fait d'accord avec ça. On ne sait pas comment on va rentrer chez nous si on va se faire agresser. Je ne trouve plus les mots. Je ne trouve pas les mots.
08:13Je pense à tous ces jeunes. Vivre comme ça, je ne sais pas comment on peut vivre dans un monde aussi violent, autant de haine, avec des armes à feu qui se baladent.
08:25Ça a l'air normal. Ça a l'air normal. La violence, on y a pris goût. Elle est là. Elle fait partie de notre quotidien. On vit avec la peur.
08:35On ne peut pas vivre comme ça. On ne peut pas vivre en amenant son enfant à l'école et qu'il se fasse agresser. On vit dans un monde comme ça, que ce soit à Grenoble, en France, en 2024.
08:48On en est encore là. C'est horrible. C'est horrible pour l'avenir pour les jeunes.
08:53Encore une question, Lichouki. Hier, il y a eu ces hommages, notamment l'hommage auquel ont participé les collègues de votre frère.
09:00Qu'est-ce qui est prévu maintenant autour des obsèques ? Est-ce qu'il y aura un autre moment pour les grenoblois pour rendre hommage à votre frère ?
09:09Alors il n'y a encore rien d'officiel. Moi, personnellement, j'aimerais qu'on fasse une marche blanche pour mon frère.
09:16Ensuite, je pense que les obsèques, je ne sais pas comment ça va se passer parce que mon frère, c'est un Guadeloupéen et qu'il aimait la Guadeloupe.
09:25C'est un amateur de Rome et qu'il avait sûrement le vœu d'être enterré là-bas auprès de mon père.
09:32Donc ça va être assez compliqué. Et pour lui rendre un dernier hommage, je pense qu'on fera une grande marche blanche tous ensemble avec ses collègues de boulot, ses amis, la famille.
09:42Il n'y a encore rien à organiser, mais ça serait mon souhait pour lui donner un dernier hommage à Grenoble, où il a travaillé pendant des années, où il a tout donné.
09:54J'espère qu'il aura un hommage et un enterrement à sa hauteur qu'il adore.
10:04Merci beaucoup, Lichouki. Merci pour toute la force que vous nous avez montrée ce matin en direct sur BFM. Merci à vous. Bon courage pour la suite, bien évidemment.
10:15Merci à tout le monde, à toute la France et à tous ceux qui m'ont soutenu, tous les messages. Merci à tous. J'en ai besoin, on en a tous besoin. Merci, au revoir.
10:25On est avec vous. Merci beaucoup, Lichouki, d'avoir été notre invité ce matin.

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