Assemblée nationale ou «Ferme des Animaux» ?
Chaque lundi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Philippe Val livre son regard sur l'actualité.
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00:00On retrouve tout d'abord Philippe Valle, bonjour Philippe !
00:02Bonjour Dimitri, bonjour à tous !
00:04Vous nous proposez Philippe ce matin une visite de la ferme des animaux.
00:09Oui, rapidement, parce que je ne voudrais pas gâcher le plaisir de ceux qui n'ont pas encore lu
00:14le récit que George Orwell a qualifié par dérision de « conte de fées ».
00:19Alors les animaux d'une ferme se révoltent contre les hommes et décident de s'organiser.
00:24A la première assemblée générale, réunie par un vieux cochon réputé pour sa sagesse,
00:30il y a un incident.
00:31Les rats sortent de leurs trous pour l'écouter.
00:34Aussitôt, les chiens et la chatte de la ferme se jettent sur eux.
00:38L'assemblée vote alors pour savoir si les rats doivent être traités
00:42comme des ennemis de classe ou des amis.
00:45La majorité vote pour les considérer comme des camarades,
00:48malgré les protestations des chiens et de la chatte, lesquelles votent contre.
00:52C'est la première faille dans l'élan révolutionnaire.
00:55Et de chapitre en chapitre, le crime, la corruption et les trahisons conduiront les animaux à la catastrophe.
01:02Chacun ne défendant que les intérêts de son espèce,
01:05les cochons se gafent du lait des vaches et provoquent une famine chez les poules
01:10en exportant les grains à l'étranger.
01:12Un cauchemar.
01:13George Orwell, dans ce « conte de fées », enfin pas vraiment de fées,
01:16mais dans ce conte on va dire, a voulu faire la satire du totalitarisme.
01:21Oui, il s'agit là évidemment de l'animal qui en nous prend le pouvoir sur ce que nous avons d'humain.
01:27Et Orwell a parfaitement réussi à rendre comique une des pires tragédies de notre humanité.
01:33Mais les écrivains doivent rester modestes.
01:36Malgré le succès de leurs fables, le succès mondial pour ce qui concerne la ferme des animaux,
01:41l'humanité ne tire aucun profit de la morale qui se dégage de leurs œuvres.
01:46Il suffit pour s'en convaincre d'observer notre vie politique depuis quelques mois
01:50et singulièrement depuis la dissolution de l'Assemblée Nationale.
01:54Je plains mes confrères politologues, les divers du Hamel,
01:58les quatrainets Benjamin Morel et autres Nathalie Saint-Cricq.
02:02Leurs compétences et leurs talents qui leur permettent d'analyser
02:05comment les êtres humains interagissent grâce à la politique
02:09sont inadaptés à la situation actuelle.
02:11Ce ne sont pas des politologues qu'il nous faut,
02:14mais des éthologues qui sont les spécialistes du comportement des animaux.
02:18Vous êtes en train de traiter d'animaux nos députés, nos chefs de parti, Philippe ?
02:21Je m'en garderai bien.
02:22Mais ce sont eux qui, sous nos yeux consternés,
02:25abolissent la condition humaine censée justifier l'art de la politique.
02:29Le débat consiste à s'opposer, certes,
02:33mais sur la base d'une reconnaissance d'intérêt commun à notre humanité commune.
02:37Or, tout se passe comme si les cochons d'eux et les filles
02:40voulaient piller à leur profit les carottes des ânes du PS
02:43et les dindes du Centre, voler le grain des coques du RN
02:47qui eux-mêmes convoitent les glands des cochons d'extrême gauche.
02:50Dans l'indifférence totale de l'intérêt général,
02:53chaque espèce se bat pour elle-même,
02:55et à l'intérieur de chaque espèce,
02:57le mâle dominant exclut ses rivaux.
02:59On l'a vu quand la gauche a tout fait
03:01pour éliminer Bernard Cazeneuve et la droite,
03:03pour éliminer Xavier Bertrand.
03:05Bon, il faut convenir qu'il y a des ressemblances de comportement.
03:07Eh oui, grâce à un original système de calcul
03:12mis au point par son ami le bouc vénézuélien Maduro,
03:16la gauche porcine proclame qu'avec 32% des sièges,
03:20elle est majoritaire.
03:22Et chacun de menacer de censure le premier
03:25qui met un pied sur le territoire de l'espèce voisine,
03:28pour des motifs à des années-lumières
03:30du moindre intérêt général.
03:31Ainsi, lorsque la dette publique de la France
03:34affiche 5,6% du PIB,
03:37et que l'on propose de baisser la TVA sur les carburants
03:40et de ramener la retraite à 60 ans,
03:42que fait-on sinon prendre les électeurs
03:44ou des moutons sans cervelle
03:46à qui l'on peut raconter impunément un conte de fées ?
03:49Et pour notre malheur, ça finit toujours
03:52comme la dernière phrase du conte de George Orwell, je cite
03:56« Les bêtes, au dehors, faisaient aller leur regard d'un cochon à un homme,
04:00puis d'un homme à un cochon,
04:02puis de nouveau d'un cochon à un homme,
04:04mais il n'était déjà plus possible de distinguer l'un de l'autre. »
04:08Signature Europe, Philippe Vall. Merci beaucoup Philippe.