• le mois dernier
En salles le mercredi 4 septembre
Transcription
00:00À son image, c'est le grand film de la semaine,
00:01c'est un des grands films de l'année, on ne va pas se mentir,
00:04et déroule la vie sur 20 ans d'une jeune femme corse,
00:07en commençant par sa mort.
00:08Que sont retranchées depuis 3h ce matin
00:11les membres du collectif autonomiste de Bastélica.
00:13Pascal, c'est quelqu'un qui me parle de ses idées le moins possible.
00:16Ce qu'il fait, ce qu'il ne fait pas, il ne m'en parle pas,
00:18il ne veut pas me mêler.
00:19Je ne veux pas que tu te fasses de soucis.
00:23Tu comprennes bien, s'il casse la porte,
00:25c'est ici qu'ils vont la casser, qu'ils vont venir te chercher.
00:27Chez nous, on y va seul, à son combat.
00:29On n'y entraîne pas une jeune fille.
00:31Je suis amoureuse de lui, papa, je ne vais pas faire comme si je ne l'aimais pas.
00:33Tout commence par un accident de voiture banal,
00:36une jeune femme qui s'endort au volant.
00:39Et à ses funérailles, on va remonter le temps,
00:42on va partir 20 ans en arrière, on est en 1979, en Corse toujours.
00:47Et Antonia tombe folle amoureuse d'un garçon qui s'appelle Pascal,
00:52qu'elle trouve irrésistible.
00:54Elle le trouve irrésistible au point qu'elle va le photographier tout le temps,
00:57qu'elle va le désirer tout le temps, qu'elle va l'attendre tout le temps.
01:01Pourquoi ? Parce que ce jeune homme, Pascal,
01:04il est dans un combat militant pour l'autonomie, pour l'indépendance,
01:08un combat nationaliste corse.
01:10Elle est plutôt spectatrice de ce qui se passe,
01:13mais en même temps témoin, et témoin un peu actif,
01:16puisqu'elle va vraiment enregistrer toute l'évolution du nationalisme.
01:20Et elle est suffisamment à l'écart pour voir la beauté romantique
01:24de ce combat révolutionnaire.
01:25On peut même dire, pour certaines fois, la justesse de ce combat,
01:28d'un point de vue peut-être idéologique, mais aussi toutes les dérives,
01:31avec tout ce folklore un peu corse de vendetta, de vengeance,
01:36de violence par les armes aussi.
01:39On sort son fusil pour un oui et pour un non.
01:41Et tout ça va être observé par le personnage d'Antonia.
01:44Il y a une scène vraiment formidable.
01:45Quand Marion a parlé, quand elle prend en photo son amoureux,
01:50il y a vraiment une espèce de fascination érotique.
01:52Il est en train de téléphoner et elle lui tourne autour de son appareil photo.
01:54Elle le prend sous toutes les coutures.
01:56Il y a cette image-là.
01:58Et puis, ponctuellement, Thierry Peretti montre les photos d'Antonia
02:03et qui sont splendides.
02:04On sait que la photographie, c'est aussi un petit peu enregistrer la mort au travail.
02:09Ça enregistre aussi la vie.
02:10Et il y a une espèce de souvenir qui passe à travers ces photos,
02:14d'une espèce de beauté de la jeunesse enfouie,
02:16une certaine mélancolie qui traverse le film de cette manière-là
02:19et qui fait vraiment toute la force de ce film.
02:25Oh, comment arrêter ?
02:26Qu'est-ce qu'il se passe ?
02:27Ils ont fait ce qu'ils avaient à faire et baste.
02:29Et on reste tous les trois sous le déchir.
02:31C'est la situation dans laquelle on est.
02:33C'est un État colonial qui organise l'élimination de la minuité en politique.
02:41Ça fait deux ans que tu brosses, ça fait dix photos dans ta vie,
02:43tu connais le métier.
02:45Je ne sais pas, il se passe quand même quelque chose d'historique
02:46et on ne va pas le couvrir.
02:48C'est un magnifique film de Thierry Peretti.
02:51Ce n'est pas étranger au sujet Corse
02:52parce que depuis les Apaches, il a une vie violente.
02:55Évidemment, c'est quelque chose qu'il a déjà abordé,
02:57mais là, ce n'est pas un sujet original.
02:59Il adapte le roman de Jérôme Ferrari
03:01et qui, tout à coup, réussit quelque chose d'extrêmement fort.
03:05C'est-à-dire, un, basculer le point de vue, porter un regard féminin,
03:08le regard de l'héroïne sur cette luste très masculine,
03:12voire masculiniste, virile en tout cas,
03:15et faire entendre comme ça une espèce de musique intime
03:19et un regard un peu distancié sur les événements politiques
03:22et les événements violents qui ont secoué longtemps l'île de beauté.
03:26Ce qui est assez passionnant, c'est que c'est une femme qui s'interroge énormément,
03:30notamment sur la nature des images qu'elle produit.
03:33Et il y a une vraie réflexion dans son travail
03:35sur la responsabilité de celui qui prend la photo.
03:39Est-ce qu'on va aller chercher la douleur ?
03:41Est-ce qu'on va aller chercher l'indécence ?
03:43Et en même temps, comment on enregistre l'histoire en train de se faire ?
03:46Et vraiment, on vit toute cette histoire qui est d'abord une histoire d'amour.
03:51Et je trouve que c'est la grande force du film.
03:52Et c'est ce qui fait qu'on est tellement happés dans la beauté de ces images.
03:59Bon, ils ont rien, comme toujours.
04:01Cette fois-ci, je ne vais pas t'attendre.
04:03C'est dégueulasse ce que tu as fait.
04:04Ce que tu as fait, Pascal ? Tu comprends bien, là, ou pas ?
04:06Il y a les prémices d'une guerre.
04:07On ne peut pas laisser le contrôle du mouvement à certaines personnes.
04:11Bon, et nous, on fait quoi ?
04:12On porte le deuil ? On subit ?
04:14On élève seuls vos enfants ?
04:16On savait que c'était un grand metteur en scène, Peretti,
04:19si vous avez vu Enquête sur un scandale d'État en 2020,
04:22si vous aviez vu Une vie violente.
04:24Mais là, vraiment, pour moi, il signe son plus grand film,
04:27qui est par ailleurs porté par une actrice qui est une révélation,
04:30une inconnue de 20 ans.
04:32Elle est corse.
04:33Elle a baigné dans le militantisme et dans la politique.
04:36Je ne sais pas si elle refera des films,
04:37mais en tout cas, elle porte celui-ci, vraiment,
04:40En fait, tous les comédiens, toutes les comédiennes du film,
04:42en fait, sont des novices ou presque,
04:45trouvés par Thierry de Peretti et sa directrice de casting
04:49à l'issue d'un très long travail de recherche,
04:51travail préparatoire qui fait,
04:52qui renforce le côté authentique du film.
04:55C'est vrai qu'on y croit.
04:56On croit à tous les personnages.
04:57Pour certains ou certaines,
04:58ce ne sont peut-être pas des grands comédiens,
05:00mais ils existent, vraiment.
05:01On croit à leurs personnages, peut-être.
05:03Oui, parce qu'à ce vif-là,
05:04on croit à tous les personnages.
05:05C'est vrai qu'on croit à tous les personnages.
05:07C'est vrai qu'on croit à tous les personnages.
05:09Peut-être pas, oui, parce qu'à ce vécu derrière,
05:11cette connaissance intime de l'environnement corse,
05:15ils n'ont pas forcément tous milité
05:16dans les rangs nationalistes ou indépendantistes,
05:19mais voilà, ils sont là, ils existent,
05:20on y croit de bout en bout.
05:22À son image de Thierry de Peretti,
05:24c'est très beau, c'est très bien.
05:25À son image, c'est mieux que très bien, c'est bravo !

Recommandations