[#CoupDeLibération] Récit du 30 Août 2023 : témoignage de Roger Abessolo, Président par intérim de dynamique unitaire
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00:00Et il y a lieu de savoir que le Gabon veut faire son petit chemin.
00:06Dieu ne nous a pas donné les droits de faire du Gabon ce que nous sommes en train de faire.
00:13Moi j'ai une famille, les membres de ma famille l'on connaisse comme telle.
00:17Il bouge, il bouge !
00:18Et le PDG au pouvoir n'a pas l'intention de vous passer le relais.
00:22Ce jour, 30 août 2023, nous, forces de défense et de sécurité,
00:28avons décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place.
00:3830 août 2023 est une date qu'aucun Gabonais ne peut oublier.
00:47La particularité pour ce qui est de ma personne est que je l'avais vécu,
00:52j'étais dans l'Ogwe Lolo pour faire élire le prisonnier Jean-Rémy Ayama, député, face à Libongo.
01:04Vous comprenez que le risque était grand.
01:08Et quand, après avoir effectivement battu à Libongo dans les urnes, dans ce canton de l'Ogwe Aval,
01:17le 30 août, dans la nuit, nous avons appris qu'Ali Bongo avait encore gagné l'élection à sa manière.
01:29Vous comprenez ce que cette annonce pouvait d'abord représenter pour des gens comme nous.
01:37Nous nous voyons déjà en prison, nous nous voyons déjà effacés de notre pays
01:42parce que nous étions convaincus que si Ali Bongo était encore au pouvoir, c'était fini pour nous.
01:49Quelques 15 minutes après, nous recevons un coup de fil d'un ami de Libreville
01:55qui nous annonce la prise de pouvoir par les militaires.
01:59On n'a pas d'abord cru et quand on va regarder la télé,
02:03ce qui nous a rassurés, c'est de voir tous les corps de défense et de sécurité réunis.
02:12On a dit effectivement c'est bien et ça a été une joie, ça a été une sorte de délivrance,
02:19ça a été une euphorie que vous ne pouvez pas imaginer.
02:24Nous étions en joie, nous n'avions plus dormi jusqu'au matin
02:27et c'est ce qui nous a amené à faire la déclaration depuis l'intérieur du pays
02:32pour marquer notre soutien à ce qui venait de se passer à Libreville.
02:37Cela était dans le but de permettre à ce que d'autres couches de la société
02:42adhèrent à l'acte posé par nos forces de sécurité et de défense.
02:48Depuis un an, depuis que la transition a été mise en place,
02:52le premier faux pas pour moi et pour le commun des Gabonais,
03:00c'est le fait que le président ramène ceux-là qu'il a déposés,
03:07que les militaires ont déposés, c'est-à-dire les compatriotes qui ont mis le Gabon à terre.
03:14Et quand le président les ramène, ça a quand même attiré ma curiosité.
03:19Jusqu'à présent, je ne comprends pas pourquoi ces gens sont revenus
03:27pour servir aux côtés du président.
03:29Et c'est ce qui peut aujourd'hui justifier les dérapages
03:34que nous pouvons observer depuis que la transition a été mise en place
03:38parce qu'ils ne vont plus changer ces gens.
03:41C'est le premier couac, le choix des collaborateurs du président
03:45qui n'obéit pas à la volonté du peuple qui a été délivré le 30 août.
03:51Deuxièmement, nous avons observé effectivement des travaux,
03:55d'infrastructures qui sont lancés pratiquement à travers tout le Gabon.
03:59Nous saluons, même si jusqu'à maintenant nous attendons toujours
04:03la restauration des institutions.
04:06Et la restauration des institutions qui a été promise aux Gabonais,
04:13c'est la nouvelle constitution, le référendum que nous attendons de plein pied.
04:21Nous observons malheureusement également que cette transition
04:25semble être la seule affaire des militaires et des forces de sécurité.
04:31Parce que rarement on a entendu le président et le CETERI
04:36reconnaître qu'avant le coup de libération,
04:39il y a eu des gens, la société civile qui s'est élevée,
04:42qui a secoué avec ses moyens les médias que vous représentez
04:47qui ont abattu un travail formidable pour affaiblir le pouvoir d'Ali Bongo.
04:52Mais ces acteurs-là ne sont pas suffisamment cités.
04:56Ce qui nous revient toujours, c'est que les militaires ont pris des risques,
05:00les militaires ont pris des risques, c'est vrai,
05:02mais avant que les militaires ne prennent des risques,
05:04des civils avaient déjà pris ces risques des années durant.
05:08Les militaires sont venus tout simplement achever le travail
05:11que la société civile, les syndicats comme le nôtre,
05:15vous, les médias, certains bien entendu,
05:17avaient déjà abattu depuis un bon moment.
05:20C'est après le référendum, c'est ce que la nouvelle constitution
05:25va nous proposer qui nous permettra de dire
05:28la transition a réussi ou pas.
05:31Parce que ce ne sont pas des routes qui nous avaient été promises,
05:34c'est la restauration des institutions.