Après le décès dramatique de la petite Kamilya, première réaction et intervention de l'avocat de la famille : prise de parole exclusive sur RTL de Nabil Boudi, avocat de la famille de Kamilya.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 02 septembre 2024.
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00:007h43 sur RTL, Thomas vous recevez ce matin Maître Nabil Boudi, l'avocat de la famille de la petite Camilia, fauchée par un motard la semaine dernière à Valoris.
00:11Bonjour et merci d'être sur RTL Maître Nabil Boudi.
00:14Bonjour.
00:15Camilia avait 7 ans, elle aurait dû faire sa rentrée scolaire comme tous les enfants de France ce matin, sauf que jeudi soir, Camilia a été fauchée par un motard qui faisait du rodeo urbain dans une rue de Valoris.
00:25Camilia est morte, c'est son papa qui l'a annoncé hier soir, son papa vous êtes son avocat, vous le connaissez, vous connaissez bien la famille, vous êtes vous aussi Maître un enfant de Valoris, c'était qui Camilia ?
00:36Camilia c'était une jeune valorienne, connue de tous les habitants du quartier, puisque ses parents, notamment sa maman qui était avec moi à l'école, est une famille très honorable, très respectée, respectable à Valoris.
00:51Donc c'est une petite commune, c'est un petit village, tout le monde se connaît, donc voilà, elle était bien connue du fait de ses parents et c'était une habitante, une jeune valorienne, comme il en existe des centaines dans cette ville.
01:02Même dans sa mort, elle n'a pas pleuré, on m'a dit qu'elle n'a pas souffert, Camilia va maintenant reposer en paix, a dit son papa lors de l'hommage rendu à sa petite fille, vous avez pu échanger avec lui, avec ses parents depuis hier soir ?
01:14Oui, oui, c'est les mots du papa que j'ai trouvé particulièrement fort. Moi, si vous voulez, j'ai rencontré les parents quelques heures après le drame, puisque j'étais à Valoris à ce moment là, ce sont des parents qui sont très forts, qui ont fait preuve d'une particulière dignité et aujourd'hui, tout naturellement, avec l'annonce par les médecins du décès de Camilia, il y a une explosion de colère, d'incompréhension, de consternation qui les anime aujourd'hui et c'est une réaction tout à fait légère.
01:44C'est légitime de la part de parents qui sont totalement désemparés.
01:46Vous parlez de colère, le papa de Camilia avait manifesté sa colère quand il avait appris que le conducteur de la moto, le jeune homme, avait été relâché sous contrôle judiciaire, il n'avait pas été placé en détention provisoire, c'est un dysfonctionnement de la justice ou pas ?
01:59Alors si vous permettez monsieur, l'avocat que je suis ne peut pas se permettre de rentrer dans des accusations à travers la justice, alors un, c'est pas mon rôle, deuxièmement, les audiences devant le juge de la liberté de la détention, ce sont toujours des audiences qui sont particulières puisque c'est un magistrat qui ne traite pas du fond du dossier mais qui doit statuer si sa place est en détention ou pas.
02:19Ce que je peux vous dire moi, en tant qu'avocat des parents, c'est qu'il y a eu un véritable sentiment de consternation de leur part, de dégoût et de colère puisque eux, leur fille ne rentrera jamais à la maison.
02:32Donc en fait la libération de ce jeune conducteur a accentué leur détresse et cette détresse est naturellement transformée en colère.
02:41Qu'est-ce que vous pouvez nous dire précisément du profil de ce jeune homme de 19 ans qui a tué Camilia ? C'était un récidivisme, il avait un casier, qu'est-ce qu'on sait ?
02:48L'enquête vient de commencer, c'est très bien qu'il ait été interpellé dans la foulée du drame puisque c'est très important de recueillir les premiers mots de la part de l'auteur et des témoins, c'est tout l'intérêt d'avoir ouvert une enquête très rapidement.
03:01Donc maintenant, sur l'auteur en question, visiblement, il était seul sur sa moto, donc si vous voulez, la question de sa responsabilité qui, bien sûr, sera tranchée par la justice, aujourd'hui ne fait pas beaucoup de doute.
03:11Je n'ai pas le sentiment de prendre beaucoup de risques en disant que c'est l'auteur de la mort de cette jeune fille.
03:16Maintenant, ce que la famille, et c'est aussi pour ça qu'elle m'a mandaté, vous le savez, enfin je ne sais pas si vous le savez, mais en tout cas nous, habitants de Valoris, on sait depuis des décennies que cette route est particulièrement dangereuse, mais vraiment vraiment vraiment dangereuse.
03:30Les riverains s'en sont souvent pleins d'ailleurs.
03:33On commence à avoir des échanges par courrier, dont on a déjà pris connaissance au cabinet, où on sait qu'il y a des riverains qui, par exemple, ont saisi le conseil régional, ont saisi les députés.
03:43Il y a une pétition aussi qui a été lancée.
03:44Il y a une pétition qui est lancée.
03:45Alors, quand je me suis rendu chez les parents de la jeune Camélia, figurez-vous que j'ai croisé des voisins, dont les mêmes enfants ont été percutés eux-mêmes par d'autres conducteurs sur le même passage piéton il y a de ça quelques mois.
03:57Ce qui signifie d'un point de vue judiciaire et juridique, voilà, de ces éléments-là, c'est que la question qui sera posée au juge d'instruction, c'est est-ce que ce drame aurait pu être évité ?
04:07Est-ce que ça veut dire qu'il faudra peut-être se poser la question de la responsabilité de la municipalité ?
04:12Oui, clairement.
04:13Vous l'avez dit de manière beaucoup plus cash que moi.
04:16Les parents s'interrogent.
04:17Les voisins, même s'ils ne sont pas directement touchés par ce drame, s'interrogent, puisque c'est l'avis de tous les enfants de cette avenue qui a été touché par ce drame-là.
04:27Et bon, il y a le maire de Valory, c'est la préfecture.
04:30Ils ont fait un communiqué conjoint en disant qu'ils allaient prendre des mesures, en tout cas qu'ils envisageaient de prendre des mesures.
04:36Pourquoi prendre des mesures aujourd'hui ?
04:37Si on décide de prendre des mesures aujourd'hui, c'est qu'il y a un dysfonctionnement.
04:40Et ce dysfonctionnement-là était déjà existant avant le drame.
04:43Donc voilà, la question de la responsabilité pénale des élus locaux, d'un point de vue de la famille, se pose aujourd'hui.
04:51C'est l'avenue du tapis vert à Valory que vous évoquez.
04:55Ce lundi, maître, le pays va rendre hommage à une autre victime d'un autre drame, l'adjudant Éric Comines.
05:00Dans toutes les préfectures et gendarmeries du pays, mais aussi à Nice, avec une cérémonie qui sera présidée par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
05:07Éric Comines fauchait mortellement lors d'un refus d'obtempérer.
05:10C'était il y a une semaine à Mougins.
05:12On a entendu encore les mots très forts et très durs de celle qui est désormais sa veuve, Harmonie Comines.
05:16« Je remercie notre France d'avoir tué mon tendre époux que j'aime tant, le père de nos enfants.
05:21La France a tué mon mari. La France a tué mon mari. »
05:25Vous leur donnez quel sens à ces mots ?
05:27On a l'impression que ça résonne avec l'autre mise en cause de la justice qu'on entend dans l'affaire de Camilia.
05:33Oui, le parallèle est intéressant dans la mesure où on est en présence.
05:39C'est à peu près la même ville. Vous savez, la ville de Mougins est une ville limitrophe à Valoris.
05:45Ces deux drames-là sont particulièrement touchants.
05:49Ils ont causé un trouble à l'ordre public qui est énorme.
05:52Mais ils sont une double mise en cause de la justice aujourd'hui, à quelques jours d'intervalle ?
05:55Encore une fois, je vais me répéter, je ne peux pas faire le procès de la justice.
06:00Je vais vous dire pourquoi, puisque la justice vient à peine de commencer dans ces deux affaires-là.
06:04Et c'est à la justice seule d'établir les responsabilités pénales.
06:08Que l'épouse du gendarme défunt puisse exprimer ses émotions, il faut qu'elle le fasse, c'est important qu'elle le fasse.
06:15Même si elle a utilisé des mots très forts avec lesquels je suis parfois en désaccord.
06:19Mais on ne peut pas retirer la parole des victimes qui font face à de tels drames.
06:24Que ce soit l'épouse de ce gendarme tragiquement tué, ou les parents de Camilia,
06:30c'est important que les familles, que les victimes, puissent exprimer leur colère.
06:35Il faut les accompagner, il faut les écouter, il faut les entendre, même si on n'est pas toujours d'accord avec elles.
06:39Vous allez demander ce lundi, Maître Boudine, recalification de l'enquête, pourquoi ?
06:44La recalification va s'imposer d'elle-même, puisque l'enquête a été ouverte par un juge d'instruction pour des faits de blessure involontaire.
06:51Or là, la fille vient de rendre l'âme, de manière tragique.
06:55Donc naturellement, le juge d'instruction va recalifier en homicide involontaire.
06:59Et cette recalification est importante pour la famille, puisque même les auteurs indirects pourraient être inquiétés.
07:07Je fais référence aux élus locaux dont je vous parlais tout à l'heure.
07:10Je voudrais qu'on termine, si vous le voulez bien, en pensant à Camilia, à ses parents, à ses proches.
07:15Qu'est-ce qui pourrait encore les apaiser un peu aujourd'hui ?
07:19Je ne sais pas si aujourd'hui ils peuvent être apaisés.
07:21Ils vont commencer leur deuil, ils vont faire les obsèques de leur fille, ils vont l'accompagner jusqu'au bout.
07:26Il y aura probablement aussi un rite religieux.
07:31Ils vont se réunir autour de tous les habitants de Valoris, qui se sont déjà réunis en partie aujourd'hui.
07:36J'ai regardé les images, c'était assez émouvant.
07:39C'est une ville qui est très compliquée, Valoris, d'un point de vue socio-culturel, économiquement.
07:43Et on a vu tous les habitants venir au chevet de cette jeune fille.
07:47Et on souhaite que ses parents puissent se reconstruire et essayer de retrouver une vie normale.
07:52Ça viendra dans un second temps.
07:54Que ce drame puisse permettre, si je puis dire, d'avoir des réponses concrètes par rapport à la dangerosité et à la sécurité routière dans cette ville.
08:02Merci beaucoup, maître Nabil Boudi.
08:04Et comment ne pas penser ce matin à la petite chaise de Camilia qui restera vide dans sa classe.
08:09Merci à vous et toutes nos pensées à sa famille et à ses proches.
08:13Je les transmettrai.