L'édito de Gauthier Le Bret : «Kamilya, Comyn : une justice toujours plus injuste»
Dans son édito du 02/09/2024, Gauthier Le Bret revient sur l'injustice que la famille du gendarme Comyn a subie face à la justice.
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00:00Vous l'avez rappelé, Romain, elle s'appelait Camilia, elle avait 7 ans, la vie devant elle, son père a annoncé son décès hier soir,
00:05tandis que le motard de 19 ans qui a arraché la vie de sa petite-fille a dormi chez lui cette nuit.
00:11Il a transformé sa moto en arme qui donne la mort en faisant du une-roue sur un passage piéton,
00:16et alors que le parquet avait demandé son placement en détention provisoire,
00:20un juge des Libertés en a décidé autrement, provoquant la colère du père de Camilia.
00:27Merci la justice française, à partir de demain, les citoyens qui n'ont pas été arrêtés en flagrant délit
00:32savent qu'ils peuvent rouler comme ils veulent, faire les fous sur la route, tuer,
00:36aucun respect pour notre fille ni pour nous-mêmes.
00:39Chacun peut se mettre à la place de ce papa à qui on arrache sa petite-fille,
00:42et qui doit supporter en plus que celui qui l'a tué puisse dormir chez lui,
00:47alors que c'est toute une famille qui a pris perpétuité.
00:50Et cette justice est toujours plus incomprise ?
00:52Oui, car quelques jours plus tôt, le gendarme Eric Comine était tué par un multirécidiviste capverdien,
00:58en situation régulière.
01:00Cet homme a été condamné dix fois, n'a jamais fait un séjour en prison,
01:04et était encore en possession de son permis de conduire.
01:07Malgré ces dix condamnations, il a eu son titre de séjour toujours renouvelé.
01:12Comment un pays peut-il accepter cela ?
01:14Comment autant de défaillances peuvent s'accumuler ?
01:17Et pendant ce temps, un père de famille est tué, une petite-fille est arrachée à sa famille,
01:22et tout le monde se dirait « ça pourrait être moi, ça pourrait être mon père, mon frère, mon mari, ma fille, ma petite-sœur ».
01:29L'État français est défaillant, ce qui a fait dire à la veuve du gendarme Eric Comine
01:34« la France a tué mon mari », embarrassant une large partie de la classe politique.
01:39Elle a refusé de se taire, elle a refusé de demander aucune récupération politique,
01:43ce qui permet toujours aux gouvernants de mettre la poussière sous le tapis
01:46et de ne jamais aborder les raisons de ces drames.
01:49Car ce n'est jamais une fatalité.
01:51Un pays qui se respecte n'attend pas la dixième condamnation pour retirer un permis de conduire ou un titre de séjour.
01:57Un pays qui se respecte ne demande pas aux policiers de ne pas courser un délinquant
02:01autour d'un rodéo urbain par crainte d'un accident qui pourrait déclencher des émeutes.
02:05Un pays qui se respecte protège la petite-fille qui traverse la rue et le gendarme qui le sert,
02:10préfère le policier aux délinquants et la victime aux bourreaux.
02:14Mais pour le moment, une partie des juges ne résiste pas à l'idéologie
02:17et une chercheuse au CNRS est capable de romantiser les rodéos urbains en les assimilant à West Side Story.
02:24Chaque nouveau drame serait l'occasion de dire « jamais plus »,
02:27prenons des décisions pour que ça ne se reproduise pas.
02:29Mais il ne se passe jamais rien ou presque.
02:32Jusqu'au prochain Eric Comine, jusqu'à la prochaine Camilia,
02:35avec cette étrange sensation que personne n'est à l'abri.