Dans son édito du 15/05/2024, Gauthier Le Bret revient sur la commission d'enquête sénatoriale sur l’impact du narcotrafic en France.
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00:00 Le but de ce rapport, c'est justement que la France ne devienne pas demain un arco-État,
00:03 mais il est peut-être trop tard.
00:04 On lutte contre le temps, c'est ce que disent ces sénateurs et le rapporteur LR dans ce rapport,
00:09 qui préconise plusieurs grandes pistes pour lutter contre le trafic de drogue.
00:14 Et ils ciblent aussi le gouvernement dans ce rapport,
00:17 et ils n'y vont pas par quatre chemins, le président PS et le rapporteur LR.
00:21 Le plan anti-drogue du gouvernement est jugé famélique et pas à la hauteur des enjeux.
00:27 Je vous rappelle qu'il y a quelques semaines, le ministre de l'Intérieur se démultipliait
00:30 avec les opérations PlastNetXXL, dont on va faire le bilan dans quelques instants.
00:34 Alors, il est dit que c'est un plan extraordinairement indigent, risible,
00:40 si la situation n'était pas inquiétante.
00:42 C'est ce que dénonce le rapporteur Etienne Blanc.
00:44 Il dénonce une forme de submersion du trafic de drogue en France.
00:48 Il propose la création d'une DIA, c'est l'Agence américaine de lutte contre la drogue.
00:53 Il veut une DIA à la française.
00:55 Et pour lui, l'urgence absolue, c'est d'attaquer financièrement au portefeuille le trafic de drogue.
01:02 Ça peut paraître fou, mais ça n'est pas suffisamment fait aujourd'hui dans notre pays.
01:07 Et puis on se souvient évidemment, vous savez, ce rapport est le fruit d'auditions parfois chocs
01:11 lors de cette commission d'enquête au Sénat, notamment de magistrats marseillais.
01:16 Alors Gauthier, Éric Ducon-Moretti avait pourtant vigoureusement sermonné ces magistrats.
01:21 On s'en souvient, il a dit "attention, vous allez trop loin".
01:23 C'est tout le problème, Romain. Il était sincèrement ému hier, le ministre de la Justice.
01:28 Comment ne pas l'être ? Comment ne pas l'être ?
01:30 Mais quand des magistrats ont le courage de dire la vérité et n'ont pas le choix,
01:34 ils sont sous serment.
01:36 Il va, passez-moi l'expression parce qu'il n'y a pas d'autre mot, les engueuler à Marseille.
01:40 Le tout avant une opération de communication d'Emmanuel Macron
01:44 qui lançait l'opération Plasnet dans le quartier de la Castellane,
01:47 censée faire reculer le trafic de drogue.
01:49 Le garde des Sceaux reprochait à ces magistrats d'avoir dit la vérité,
01:54 que la guerre contre le trafic de drogue était en passe d'être perdue.
01:58 Ce recadrage a été très critiqué par les magistrats eux-mêmes, évidemment,
02:02 mais aussi par les sénateurs qui, en pleine commission d'enquête,
02:05 ont dénoncé une tentative de subordination de témoins de la part du garde des Sceaux.
02:10 Alors le bilan des opérations Plasnet, justement, il est décevant, on peut le dire.
02:14 En termes de communication, il est excellent.
02:16 Formidable pour l'image d'Emmanuel Macron et de Gérald Darmanin.
02:20 Il montre les muscles, ils vont sur le terrain, voilà.
02:23 Ça fait de belles images, vous l'avez dit Romain.
02:25 Ça ne fait pas reculer ou à l'extrême marge le trafic de drogue.
02:29 Quand on fait le bilan, c'est maigre, très maigre.
02:32 Bilan décevant, ce n'est pas moi qui le dis, c'est les sénateurs.
02:34 Mi-avril, une cinquantaine de kilos de cocaïne seulement avaient été saisis.
02:39 Alors le ministère de l'Intérieur dit que ce n'est pas le but de saisir de la drogue,
02:42 c'est plutôt les arrestations qui sont l'objectif.
02:45 Alors, il y avait eu plusieurs milliers d'arrestations, c'est vrai.
02:48 Mi-avril, 3 800 interpellations.
02:51 Moins de 600 ont été déférées.
02:54 Et la justice n'a pas encore fait son œuvre,
02:56 donc les 600 ne termineront pas en prison.
02:59 Le ministère de l'Intérieur jure que le trafic de drogue
03:02 est éradiqué dans plusieurs quartiers de Marseille,
03:04 avant un potentiel énième retour.
03:06 Le temps joue pour les trafiquants.
03:08 Chaque minute qui passe est une minute gagnée où l'argent coule à flot.
03:12 La France, considérée demain comme un narco-État,
03:16 c'est aujourd'hui une possibilité et ça doit tous nous effrayer.
03:20 [Musique]
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