Première Guerre mondiale _ Film documentaire

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L’attentat de Sarajevo est l’assassinat perpétré le dimanche 28 juin 1914, de l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l'Empire austro-hongrois, et de son épouse, Sophie Chotek, duchesse de Hohenberg1, par le nationaliste serbe Gavrilo Princip2, membre du groupe Jeune Bosnie (Mlada Bosna). Cet événement est considéré comme l’élément déclencheur de la Première Guerre mondiale qui eut pour conséquences la défaite, la chute et le démembrement des empires russe, austro-hongrois, allemand et ottoman.
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00:00:00Le 28 juin 1914, à l'hôtel de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de
00:00:30l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l'armée de l
00:01:00En l'espace de quelques semaines, les armées des grandes puissances impériales européennes se mobilisent, courant au-devant d'un affrontement entraînant le monde entier dans un tourbillon mortel, un conflit impitoyable qui en quatre ans seulement fait 9 millions de morts sur les champs de bataille,
00:01:29cause d'innombrables souffrances et des désolations indescriptibles
00:01:33et transforme complètement la face du monde et des conflits.
00:01:40Mais le meurtre sordide de l'archiduc Ferdinand et de son épouse
00:01:43ne fait que raviver les braises de soupçons, de conflits et de rivalités impériales
00:01:48qui couvrent en Europe depuis des décennies.
00:01:54Au centre de ce fermement se trouve l'ambition allemande.
00:01:59Inspiré par le rusé maître diplomate Otto von Bismarck, le chancelier de fer,
00:02:0335 états allemands disparates fusionnent en une seule entité.
00:02:08Et le succès remporté dans la guerre franco-prussienne de 1870
00:02:12donne à la jeune Allemagne une position assurée en tant que force militaire européenne.
00:02:18Les trois décennies suivantes sont témoins de progrès gigantesques
00:02:21dans le domaine de l'industrialisation, de la technologie, de l'éducation et du commerce extérieur.
00:02:28Sa population augmente de 20 millions tandis que celle de la France, son ennemi de longue date, décline.
00:02:33En 1900, une Allemagne forte et sûre d'elle se sent prête à entrer dans le club impérial,
00:02:39à s'intégrer sur la scène mondiale, scène que les autres puissances peuvent juger encombrée.
00:02:46Les autres puissances ont lieu de s'inquiéter lorsque l'empereur Guillaume II oblige Bismarck à démissionner.
00:02:52Bismarck dont la diplomatie vise simplement la défense et la sécurité du Reich naissant.
00:02:59Travailleur et intelligent, mais aussi ambitieux et impulsif,
00:03:03le nouvel empereur endosse le manteau de seigneur de guerre de la caste prussienne militaire,
00:03:08étrangère à la diplomatie, imbut des chimères de la puissance germanique.
00:03:16Cependant, il existe davantage de similitudes que de différences parmi les puissances impériales et leurs classes dirigeantes.
00:03:21Et t'as de choses qui auraient dû opposer un rempart à toute idée de conflit.
00:03:26Un cousinage d'empereur se trouve renforcé par une élite politique et militaire exclusive,
00:03:31tout aussi à l'aise dans les palais somptueux que dans les cercles et les salons de Berlin,
00:03:35Vienne, Petrograde, Londres ou Paris.
00:03:38Contrastant cruellement avec l'existence brillante et guée de cette minorité dirigeante et de son entourage de dilettantes, riches et privilégiés,
00:03:55s'oppose la vie morne ou appauvrie de la majorité, de la masse populaire,
00:03:59des paysans des vastes étendues rurales de l'empire des Romanov,
00:04:02dont les conditions de vie ont peu changé au cours des siècles,
00:04:05jusqu'à la classe ouvrière des villes menant une existence misérable dans des taudis hérités de la révolution industrielle.
00:04:18Mais les masses ne sont plus les esclaves d'un féodalisme rigide.
00:04:21L'industrialisation et l'éducation du XIXe siècle et les diverses concessions à la démocratie
00:04:27ont créé un prolétariat industriel qui sait exprimer son mécontentement,
00:04:31impatient de réparer les injustices de l'état actuel des choses.
00:04:34Le spectre du socialisme hante les salons des riches.
00:04:57De profondes divisions nationales harcèlent aussi les chefs des empires.
00:05:01L'empereur François-Joseph d'Autriche exerce une autorité fragile sur un empire millénaire
00:05:06composé de 17 nationalités disparates.
00:05:09Teutons, Slaves, Croates, Serbes, Tchèques, Magyars.
00:05:17La Grande-Bretagne aussi doit faire face à des insurrections inspirées par la campagne pour l'autonomie de l'Irlande.
00:05:25Les dynasties régnantes de l'Europe,
00:05:27contravées par leurs profondes difficultés internes, politiques et sociales,
00:05:30ne semblent guère enclines à faire la guerre à leurs cousins.
00:05:33Et cependant, la course aux armements s'intensifie et le mouvement vers la guerre continue.
00:05:40Personne ne semble vouloir la guerre en 1914.
00:05:42La Russie se remet encore de l'échec de la guerre russo-japonaise de 1904.
00:05:50La France réarme alors qu'elle vient d'élire un gouvernement pacifiste
00:05:53et semble en meilleur terme avec l'Allemagne.
00:05:57L'Autriche-Hongrie doit faire face à ses propres problèmes
00:06:00causés par les nationalistes combattants dans les Balkans.
00:06:04La Grande-Bretagne, insouciante, se contente de maintenir l'ordre dans son empire.
00:06:08Même en Allemagne, les industriels sont convaincus que l'Allemagne deviendra une puissance de premier rang en Europe
00:06:13uniquement par la vigueur de son économie.
00:06:17Les grandes puissances ont comme atout de dissuasion des armées ou des marines puissantes
00:06:21et elles louent des alliances pour empêcher toute agression réciproque éventuelle.
00:06:25Toutes les grandes puissances connaissent de graves problèmes à l'intérieur de leurs frontières
00:06:29mais à qui pourrait profiter un conflit majeur ?
00:06:38Cependant, en août 1914, le gigantesque jeu d'échec diplomatique se détériore.
00:06:46Toutes les garanties et tous les équilibres devant préserver la paix en Europe s'effondrent
00:06:50et les alliances de l'ancienne et subtile diplomatie sont invoquées.
00:06:54L'Allemagne avec l'Autriche-Hongrie et l'entente cordiale entre la Russie, la France et la Grande-Bretagne.
00:07:09Il y a peu de doute que le Kaiser représente la plus grande menace pour la paix.
00:07:13En décembre 1912, il réunit un conseil de guerre de l'élite militaire allemande en but aux diplomates.
00:07:20La nation allemande commence à être reconnue par sa puissance militaire et impériale.
00:07:26En 1900, l'amiral Von Turpitz prépare un plan de 15 ans exposant un vaste programme de construction navale.
00:07:33Son objectif marquant est de doter l'Empire allemand d'une arme qui peut arracher à la Grande-Bretagne sa juste part de puissance coloniale.
00:07:42En 1914, le canal de Kiel est élargi pour permettre aux nouveaux grands cuirassés de passer de la Baltique à la mer du Nord.
00:07:52En 1914, l'Allemagne possède une armée de terres remarquablement bien entraînée
00:07:57et commandée par un corps d'officiers formé dans la plus pure tradition prussienne.
00:08:01Enfin, le comte Alfred von Schlieffen donne au Reich un plan de guerre sans pareil, dans le cas où celle-ci serait déclarée.
00:08:09L'Allemagne est enfin prête, sinon impatiente de se battre.
00:08:13Dans son essence, le plan Schlieffen est simple.
00:08:16Tandis que quatre armées allemandes joueraient un rôle défensif le long de leurs propres frontières,
00:08:21les trois autres grandes armées écraseraient la Belgique en une gigantesque poussée en Ardecer tout en contournant les Français.
00:08:31L'élément de rapidité et de surprise balérait les Français du terrain.
00:08:35Les armées allemandes pourraient alors se retourner et renforcer leur action de retenue à l'Est contre les Russes qui seraient longs à se mobiliser.
00:08:42Ce plan apporterait une solution à la grande crainte, une guerre sur deux fronts.
00:08:51Le plan Schlieffen va dépendre littéralement de la ponctualité du réseau ferroviaire allemand.
00:08:56Le train de 9h45 de Berlin à Bruxelles est toujours le Berlin-Bruxelles.
00:09:01Seule la cargaison a sinistrement changé.
00:09:06À Sarajevo, la longue attente se termine et le boulet de la guerre en Europe sillonne comme une traînée de poudre du centre de la tempête balkanique vers l'extérieur.
00:09:22Les ultimatums, les menaces et les contre-menaces s'échangent à travers l'Europe.
00:09:28Mais les dés sont jetés, les ambitions vaignent, les obligations, la naïve pression publique ou simplement la peur poussent les grandes puissances au combat les unes après les autres.
00:09:41Des millions de troupes sont conduites par le train vers les zones de combat sous les cris perçants de « à Berlin » ou « à Paris ».
00:09:49Mais atteindre la tête de ligne est une chose, transporter de nombreuses armées jusqu'au front en est une autre.
00:09:56Un fantassin ne va pas plus vite en 1914 qu'un siècle auparavant lors de la confrontation de Waterloo.
00:10:08Les opérations logistiques de transport et de ravitaillement de ces grandes armées de terre avec leur artillerie lourde et leurs armes sont impressionnantes.
00:10:16Le déplacement d'une division de 12 000 hommes avec leurs chevaux, leurs magasins et leurs équipements demandent mille wagons.
00:10:23En tête de ligne commence une longue et pénible marche dans la boue pour atteindre le front.
00:10:29Une fois déchargée d'un train, une division occupe 25 km de route et prend 5 heures à passer une borne.
00:10:37La première armée allemande compte à elle seule 320 000 hommes.
00:10:42Tandis que l'Allemagne représente le mobile principal de l'action, c'est le système des alliances qui doit déterminer l'échelle du conflit.
00:10:49Les grandes armées, sérieusement constituées pour assurer la sécurité et préserver la paix, assument, une fois engagées, un dynamisme propre et sans retenue.
00:10:59Comme attiré par un aimant vers la bien-aimée Alsace-Lorraine, le plan de guerre français envoie les troupes honneurs en direction du Rhin, faisant le jeu des Allemands.
00:11:15Le 4 août 1914, ne tenant qu'à attirer les troupes honneures, les Allemands attirent les troupes allemandes.
00:11:22Le 4 août 1914, ne tenant aucun compte de la neutralité de la Belgique, les formidables armées allemandes déferlent au-delà de leurs frontières.
00:11:31Le cauchemar de la première guerre mondiale a commencé.
00:11:38L'illusion première que le conflit n'est qu'une guerre de mouvements est vite dissipée alors même que l'avance rapide des armées allemandes s'épuise à l'approche de la Marne.
00:11:46Certaines unités de la première armée de Von Kluge, diminuées et épuisées sur la lisière de l'arc de cercle, couvrent une distance moyenne de 40 km par jour.
00:11:56Même si les Allemands gagnent la bataille de la Marne, ils ne peuvent aller plus loin.
00:12:01Leurs lignes de communication vers le haut commandement sont distancées, leurs lignes d'approvisionnement s'épuisent.
00:12:08Ces armées modernes ne peuvent vivre des ressources de la guerre.
00:12:13Ces armées modernes ne peuvent vivre des ressources du pays. Le ressort allemand est distendu.
00:12:25Le plein de Schlieffen a échoué.
00:12:28La résistance courageuse de la brave petite Belgique à la forteresse de Liège retarde la poussée allemande pendant une période cruciale de 11 jours permettant ainsi aux forces alliées de s'organiser.
00:12:43A l'est, le début de la guerre se montre défavorable aux puissances d'Europe centrale.
00:12:48Repoussée avec mépris de la Serbie avec une aisance extrême par certains des meilleurs guerriers du monde, vaincus à Goubinon par des hordes russes en haillons mais néanmoins irrésistibles et forcés d'évacuer la Galice.
00:13:02Mais tous ces échecs sont compensés par la bataille tactique et brillante de Tannenberg où les Allemands abattent une armée russe numériquement supérieure et font 100 000 prisonniers.
00:13:13Cette bataille, la plus grande victoire de la guerre, met en évidence deux hommes qui vont diriger l'effort de guerre de l'Allemagne tout entière.
00:13:23Paul von Hindenburg, un soldat de carrière de 66 ans rappelé de sa retraite et en parallèle le brillant stratège Erich Ludendorff.
00:13:31A mesure que les diverses manœuvres d'encerclement au cours des premiers mois sur le front de l'ouest sont parées et arrêtées, l'échec de la course vers la mer se profile.
00:13:46Il s'épuise, la guerre de mouvement ralentit et les deux armées se retranchent de la Suisse jusqu'à la mer.
00:13:52A l'est, un front plus fluide se dessine alors que les armées désorientées renoncent à se retrouver dans les grands espaces vides au-delà des têtes de lignes.
00:14:04Dans le No Man's Land, entre les lignes, des paysans cultivent toujours la terre.
00:14:10On aboutit à une impasse lorsque l'hiver s'installe sur les deux fronts. La guerre ne sera pas finie à Noël.
00:14:22Le coût des opérations militaires de 1914 est stupéfiant.
00:14:27Les morts et les blessés secondent déjà par millions et tout le résultat que les armées peuvent retirer de ce carnage se résume à une impasse, impasse mortelle qui durera des années.
00:14:38Les espérants se heurtent à la dure réalité que connaissent des millions de réfugiés portant leurs pathétiques balots et fillant la Belgique occupée sous le regard hébété d'officiers de cavalerie d'opéra comique
00:14:54avec leurs plumets et fagnons, leurs épées, leurs lances et leurs idées démodées inspectant les champs de bataille.
00:15:00Ce n'est pas la glorieuse et rapide guerre à laquelle ils s'attendaient.
00:15:09Chacune des nations combattantes est saisie par la folie du mois d'août en 1914 quand les hommes répondent partout à l'appel aux armes en un fervent élan patriotique.
00:15:22En Grande-Bretagne, des recrues de tous les âges arrivent en grand nombre pour s'enrôler. Ce n'est pas une guerre de paysans ni une guerre de soldats de carrière.
00:15:31Des classes d'universités entières, tous les employés d'un même lieu de travail, des villes et des villages entiers s'en vont à la guerre en bataillon de copains.
00:15:40Les gens avec qui ils ont vécu deviennent les gens avec qui ils meurent.
00:15:44Ainsi, les hommes de toute une ville pouvaient être virtuellement anéantis lors d'une grande bataille.
00:15:49Ce ne doit pas être le bref interlude glorieux de leur vie où l'appel aux devoirs renferme une promesse de grande aventure, le prestige de l'uniforme.
00:15:58C'est aussi une pause dans la monotonie de l'existence et pour certains la première assurance d'un salaire régulier.
00:16:05Dans les pays où la conscription est de règle, l'ardeur de se joindre à la bataille n'est pas moins forte.
00:16:11L'Europe est aux prises à une hystérie guerrière.
00:16:14Dieu, semble-t-il, est avec chacun, même avec le Kaiser.
00:16:23Dieu entendu le chant et le cri des nations en bataille.
00:16:28Dieu par-ci, Dieu par-là et Dieu partout.
00:16:33Mon Dieu, dit alors Dieu, que de travail pour nous.
00:16:39En Grande-Bretagne, les rues, les salles de concert et même les chaires d'église réagissent à l'engouement infectieux de cette passion et de ce sentiment nationaliste.
00:16:49Les membres de la famille royale décident même de changer leur nom germanique.
00:16:53Saxe-Gobourg-Gotha devient Windsor, Battenberg devient Mountbatten.
00:16:59Mais il y a aussi un sinistre aspect à ces ailes populaires, une cruelle xénophobie.
00:17:04La haine pour le Kaiser Guillaume le Gangster se mue en outrage et quiconque porte un nom qui semble étranger est victime de la foule.
00:17:13L'étranger, c'est le nom de l'homme de la famille.
00:17:17L'étranger, c'est le nom de l'homme de la famille.
00:17:21L'étranger, c'est le nom de l'homme de la famille.
00:17:25L'étranger devient alors l'ennemi.
00:17:34Le rôle de la propagande en tant qu'arme prend un intérêt et une importance inconnus jusqu'ici.
00:17:39Le développement de la presse populaire prête aux responsables de la propagande les moyens de véhiculer leurs messages simplifiés, un message à sensation chauviniste et rarement fidèle à la réalité.
00:17:50rarement fidèles à la réalité.
00:17:52L'image de l'ennemi dépeint tel un monstre est avidement absorbée par un public assoiffé
00:17:59de bataille, tandis que l'idée de guerre héroïque et glorieuse est renforcée par
00:18:04la présentation d'une vérité déformée quand il s'agit des cruelles réalités.
00:18:08Au niveau officiel, on ordonne des internements sur une grande échelle des étrangers présumés,
00:18:19mais la Grande-Bretagne n'est pas la seule à réagir ainsi, les ressortissants étrangers
00:18:23sont également arrêtés en Allemagne et en Autriche.
00:18:26Pourtant, l'appui pour la guerre n'est pas universel.
00:18:33Dans les villes, au point de départ des troupes et dans les centres de recrutement, la ferveur
00:18:37est contagieuse, mais dans les vastes régions rurales de l'Europe, dans l'apathie quasi-générale,
00:18:43on a une attitude résignée face à la guerre.
00:18:45La Grande-Bretagne, protégée de l'invasion, peut parler aisément d'une guerre juste
00:18:50alors qu'elle réagit au destin de la petite Belgique, mais l'Europe continentale a déjà
00:18:55subi les conséquences de conflits similaires.
00:18:58Des hommes absents pour la moisson, des foyers détruits, de pitoyables colonnes de réfugiés.
00:19:04La guerre qui se prolonge cause des problèmes gigantesques pour les hommes politiques.
00:19:14En Grande-Bretagne en particulier, l'économie doit être mise sur le pied de guerre pour
00:19:18assurer des vivres aux soldats affamés.
00:19:20Le recrutement continu laisse de graves lacunes dans la main-d'œuvre industrielle.
00:19:25Le gouvernement se rend compte trop tard qu'il a perdu les précieux ouvriers des mines et
00:19:30de la sidérurgie qui sont partis au front dans la vague d'enthousiasme initiale et
00:19:34il s'efforce en vain de les rappeler avant qu'il ne soit trop tard.
00:19:44Mais la majorité des brèches sont comblées par des femmes et finalement par des enfants.
00:19:50L'égalisation cynique d'une pratique devenue habituelle depuis longtemps dans les familles
00:19:54très pauvres.
00:19:55Tandis que les suffragettes de la classe moyenne saluent l'accroissement de la main-d'œuvre
00:20:03féminine comme un nouvel acquis en faveur de l'émancipation, la vérité bien connue
00:20:07de la classe ouvrière est qu'il s'agit simplement d'un travail supplémentaire.
00:20:11On peut gagner davantage d'argent dans les usines de munitions que comme domestique
00:20:16ou dans les filatures.
00:20:17Mais les responsables de la propagande tirent parti de cette nouvelle armée nationale féminine
00:20:23malgré les protestations et le ressentiment manifesté dans les lieux de travail traditionnellement
00:20:28masculins et les inquiétudes de danger moral et d'abandon d'enfants.
00:20:32Toute fascination disparaît bien vite, les femmes s'apercevant qu'elles assument deux
00:20:37emplois et travaillent durant un nombre d'heures incroyables.
00:20:39La plupart des foyers ont au moins un soutien de famille à l'armée et les augmentations
00:20:44de salaires n'arrivent pas à compenser l'inflation galopante.
00:20:47Seuls les usuriers amassent de l'argent grâce à la guerre.
00:20:50Heureusement pour les hommes politiques, surtout en Allemagne, la trêve entre les classes
00:21:03tient bon et le Kaiser peut prononcer ses quelques mots avec gratitude devant leur hashtag
00:21:09Je ne vois pas de partis ici, seulement des Allemands.
00:21:12Dans cet esprit initial de coopération et d'unité, les mécanismes de la guerre sont
00:21:19bien huilés et la guerre continue.
00:21:20L'entrée en guerre de la Grande-Bretagne et de sa marine démontre que la guerre européenne
00:21:38devient une guerre mondiale alors que la guerre se poursuit partout où l'Allemagne
00:21:42ou ses alliés ont de l'influence.
00:21:43La marine britannique transporte des troupes à son gré et la grande flotte allemande
00:21:52est impuissante face à elle.
00:21:54L'Empire britannique domine les mers.
00:21:56L'entrée en guerre du Japon le 23 août 1914 est une garantie de cette suprématie
00:22:08écrasante à laquelle les commandants de la flotte allemande réagissent avec une prudence
00:22:12exagérée et continue.
00:22:13La haute mer n'est pas témoin de conflits importants.
00:22:18Les grands cuirassés passent et repassent pour assurer le blocus et le contre-blocus,
00:22:23leur commandant peu enclin à risquer leur précieux fardeau.
00:22:26En vérité, ces grands navires sont superflus dans la course aux armements.
00:22:30Ils représentent un gaspillage de technologies et de matériaux démodés et extravagants
00:22:35en face de la menace silencieuse des sous-marins qui émerge comme le seul espoir de l'Allemagne
00:22:39de briser le blocus, paralysant des alliés.
00:22:41Une attaque sous-marine isolée a un effet politique profond sur la guerre.
00:22:52Le 17 mai 1915, le sous-marin allemand U-20 torpille le paquebot de la ligne Cunard-Lusitania
00:22:58dans la dernière partie de son voyage de New York à Liverpool.
00:23:051198 hommes, femmes et enfants parmi les 2000 passagers, y compris des Américains, périssent
00:23:11dans le naufrage.
00:23:12Alors que leurs corps sont rejetés sur les plages de Kinsale, le public réagit avec
00:23:18horreur, particulièrement en Amérique baie neutre.
00:23:21Il fut révélé plus tard que le paquebot transportait en fait du matériel de guerre.
00:23:26Mais le tort avait été fait.
00:23:27La nation neutre la plus puissante, les Etats-Unis, est attirée inexorablement vers la cause
00:23:33des alliés.
00:23:34Le torpillage de Lusitania n'est pas le seul signe de l'aspect sinistre et mortel de la
00:23:42guerre moderne.
00:23:43Et le sous-marin n'est pas la seule arme du XXe siècle à dissiper les derniers vestiges
00:23:47romantiques de la contemplation de la guerre.
00:23:49L'impasse où se trouve le front de l'Ouest en 1915 est loin d'être sans perte.
00:24:03Pendant tout l'hiver, le printemps et l'automne, les combats sont continus, meurtriers, onéreux,
00:24:09futiles, quand des deux côtés, on lance des offensives mal coordonnées sur les lignes
00:24:13de l'ennemi.
00:24:14Neuve-Chapelle, L'Ausse, Artois, Champagne, Côte d'Aubert, Ypres, Festubert.
00:24:25Les mortiers, les obusiers et l'artillerie lourde creusent ce paysage qu'on ne peut
00:24:30oublier et qui reste comme l'image surréaliste de la grande guerre, un terrain vague saccagé,
00:24:36boueux, sanglant, couvert de corps mutilés des combattants.
00:24:39Chaque soldat ne connaît que sa propre guerre.
00:24:51Le monde bizarre du simple soldat n'est qu'un point sur la scène monumentale de la guerre
00:24:56dans lequel il ressent toute une gamme d'émotions, depuis la peur paralysante jusqu'à l'ennui
00:25:01abject.
00:25:02Le long de ces quelques centaines de mètres de front, il vit avec sa nouvelle famille,
00:25:09son propre escadron ou polton, la seule chose qui ait un sens dans ce monde de cauchemars
00:25:14infesté de rats et de poux, pénétré de la puanteur envahissante, de cordite et de
00:25:18pourriture.
00:25:19Contrairement aux mythes qui persistent encore, seul un quart du temps s'est passé dans
00:25:31les tranchées du front, mais ce temps bannit toute description pour l'éternité.
00:25:35Pour le reste, s'il survit, la vie est d'une monotonie prévisible, relevée seulement
00:25:44d'un humour fataliste, légèrement insolent et des liens étroits de camaraderie, mais
00:25:49l'humour prend une nuance amère.
00:25:51« Bonjour, bonjour » a dit le Général, rencontré la semaine dernière en chemin
00:26:04vers le front.
00:26:05« Maintenant, la plupart des soldats qu'il saluait en souriant sont morts, et nous maudissons
00:26:11son état-major, salauds incompétents.
00:26:13Harry Grom l'est à Jag, drôle d'original, en marchant d'un pas lourd vers Arras, fusils
00:26:19et équipements sur le dos.
00:26:20Mais ils ont été fichus tous deux par son plan d'attaque.
00:26:26Les généraux sont tout aussi perplexes, et acculés par le monstre effrayant qui est
00:26:38déchaîné, ils essaient désespérément de lancer des forces géantes depuis la salle
00:26:42des cartes, loin du front, en criant des ordres contradictoires, dans les téléphones de terrain,
00:26:47le long d'une chaîne de commandement embrouillée.
00:26:49Les communications sont épouvantables, un mêlis-mêlos de messagers, de pigeons voyageurs
00:26:59et de fusées éclairantes, la plupart des lignes téléphoniques coupées par des tirs
00:27:03de barrage.
00:27:04Une fois l'offensive décidée, les généraux ont peu ou pas du tout de contrôle sur le
00:27:08déroulement.
00:27:09Les batailles deviennent des événements confus dans le brouillard de la guerre.
00:27:13Cependant, le phénomène de solidarité nationale, au milieu d'une saignée et de
00:27:24souffrances effroyables, tient bon, malgré quelques faibles manifestations de mécontentement.
00:27:28L'opinion publique, attisée par la presse et une propagande à sensation, attribue la
00:27:34qualité de demi-dieu au chef militaire.
00:27:36Hindenburg, Kitchener et Joffre personnifient la volonté de remporter la victoire pour
00:27:44leur pays.
00:27:45Tout citoyen loyal est censé avoir une foi aveugle en ces grands guerriers qui, à vrai
00:27:55dire, perdent pied comme ils tâtonnent, à la recherche de l'insaisissable victoire
00:27:59qui les sortira du cauchemar.
00:28:00Comme les fragiles biplans apparaissent au-dessus de la fumée de la bataille, une nouvelle
00:28:15dimension est ajoutée à la guerre, embryon qui conduit seulement 30 ans après, aux horreurs
00:28:19de Hiroshima, la guerre aérienne.
00:28:21Mais la puissance aérienne en est à ses débuts.
00:28:33L'avion n'est qu'un simple outil de reconnaissance, de mitraillage au sol primitif et de perturbation
00:28:39mineure des mouvements de troupes ennemies et de leurs lignes de ravitaillement.
00:28:42Les combats romancés entre avions de chasse des chevaliers du ciel avec les forces du
00:28:47légendaire baron rouge von Richthofen sont plus un spectacle pour l'infanterie lasse
00:28:52et harassée au sol qu'ils n'ont d'influence sur le cours de la guerre.
00:28:55Et même les gigantesques éplins, plus grands de menaces à leur équipage qu'à leur cible,
00:29:03sont observés et jugés comme une invention extravagante par un public ébahi.
00:29:07L'avion n'est que le petit enfant de la guerre.
00:29:11Tandis que le va-et-vient continue sur le front de l'Est pendant toute l'année 1915,
00:29:24l'entrée en guerre des Italiens du côté des alliés au mois de mai ouvre tout un nouveau
00:29:29front dans le Tyrol et une nouvelle forme de stratégie basée sur la maxime qui tient
00:29:33les hauteurs, tient les vallées.
00:29:35L'attaque éventuelle de l'Allemagne à revers par l'Autriche est pratiquement interdite
00:29:41par la nature.
00:29:42La guerre des Alpes en Italie n'est qu'une répétition de la campagne de France aux
00:29:47conditions encore plus difficiles, une série d'attaques stériles ne menant à rien.
00:29:51L'Italie, ses nombreux soldats, son peu d'équipement et de lourds canons deviennent
00:29:57une affaire coûteuse pour les forts de guerre alliés.
00:29:59En septembre 1915, Foxy Ferdinand de Bulgarie, voisin de la Serbie, s'allie secrètement
00:30:24avec l'Allemagne et en octobre les Britanniques et les Français débarquent à Salonique
00:30:28dans la Grèce neutre.
00:30:29Cette manœuvre manquée pour aider la Serbie doit immobiliser à la longue 600 000 hommes
00:30:41dans ce que les observateurs allemands appellent avec sarcasme le plus grand camp d'internement
00:30:46de la guerre.
00:30:47La Turquie se révèle aussi comme une saignée sur les ressources alliées, réclamant de
00:30:57plus en plus de troupes impériales pour les campagnes de Mésopotamie et des Dardanelles.
00:31:01Ce qui commence comme une simple opération pour sauvegarder les installations de pétrole
00:31:15du golfe Persique se termine par l'humiliation des Britanniques au siège de Coutes où ceux
00:31:20qui restent de l'armée britannique, un groupe de soldats affamés sous le commandement de
00:31:24l'ambitieux Tintzen, se rendent en avril 1916 aux implacables Turcs.
00:31:29Les troupes indiennes et massiés se laissent mourir de faim plutôt que de manger de la
00:31:33viande de cheval.
00:31:34La Turquie, bien qu'un ennemi secondaire, se montre un adversaire redoutable.
00:31:42A Gallipoli, les forces britanniques, australiennes, néo-zélandaises et françaises combinées
00:31:49sont très mal équipées.
00:31:50Elles rencontrent une vive résistance de la part des Turcs et ne parviennent qu'à
00:31:56prendre pied précairement sur la péninsule au Cap Hélas et à la crique Anzac avant
00:32:01que la campagne ne s'installe dans l'impasse de tranchées trop familières, rendues insupportables
00:32:06par la chaleur extrême, les maladies et l'insuffisance critique d'approvisionnement.
00:32:10La puissance maritime britannique, tant vantée, fait gravement défaut alors que la guerre
00:32:15est acculée dans une nouvelle impasse.
00:32:17Au début de l'année 1916, les dernières troupes sont évacuées de Gallipoli en un
00:32:32repli tactique brillant, terminant la tragédie des Dardanelles, fausse manœuvre terrible
00:32:38bien que magnifique.
00:32:39Une action décisive aurait pu forcer la Turquie à sortir de la guerre.
00:32:44La route commerciale vers la Russie aurait été dégagée et un nouveau front aurait
00:32:48même été ouvert contre l'Allemagne.
00:32:49Mais le détroit de la mer Noire reste bloqué et la Russie isolée de ses alliés de l'Ouest.
00:32:55Les survivants de Gallipoli laissent derrière eux 200 000 camarades disparus, victimes
00:33:00de la maladie comme du conflit.
00:33:02L'architecte du fiesco Winston Churchill ne regagne pas sa réputation pendant toute
00:33:06la durée de la guerre.
00:33:07Pourtant, le grand carnage ne s'est pas encore produit.
00:33:20La guerre s'aggrave, envahissant tous les secteurs de la vie économique, politique
00:33:31et sociale.
00:33:32La guerre devient dangereuse pour l'élite dirigeante dont la mauvaise gestion et la
00:33:37faiblesse sautent aux yeux.
00:33:38Maintenant, ils ne peuvent se permettre une défaite.
00:33:43La guerre est poursuivie avec une férocité encore plus grande quand le front réclame
00:33:47de plus en plus d'hommes, d'obus et d'armes pour sortir de l'impasse sanglante.
00:33:52L'enjeu est considérable.
00:33:54Les disparus ne peuvent avoir affronté la mort en vain.
00:33:57De cette campagne résolue sur le front de l'Ouest résultent trois batailles qui deviennent
00:34:14le symbole de la première guerre mondiale, du carnage effrayant, des opérations qui
00:34:19ne mènent à rien.
00:34:20Verdun, La Somme et Passchendelle.
00:34:36La facilité avec laquelle les Allemands transportent leurs armées d'un front à l'autre, d'un
00:34:44lieu critique à l'autre, grâce à leur superbe réseau ferroviaire stratégique, amènent
00:34:48les Alliés à lancer un assaut total en 1916 et à appliquer une pression concentrique,
00:34:54militaire, navale et économique pour écraser les puissances d'Europe centrale une fois
00:34:59pour toutes.
00:35:00Le pivot de la stratégie doit être une attaque massive où les lignes alliées se rencontrent,
00:35:08à la Somme.
00:35:13Mais l'Allemagne a son propre plan, un assaut sur une cible, symbole cher aux Français
00:35:21qu'ils sont obligés de défendre jusqu'au bout, les forteresses de Verdun.
00:35:25A 7h du matin, le 21 février 1916, les Allemands commencent la grande bataille avec le bombardement
00:35:40jamais vu dans cette guerre.
00:35:41Cependant, dix mois plus tard, Verdun résiste toujours.
00:35:47Grâce à la ténacité des Français, à la voie sacrée, l'artère vitale par laquelle
00:35:533 000 camions par jour apportent des vivres à l'armée assiégée, Verdun est toujours
00:35:57en vie, mais à quel prix ? Le grand creuset de destruction a fait 700 000 victimes parmi
00:36:05les Français et les Allemands, et tout cela pour quelques futiles forteresses.
00:36:09Et la folie continue, avec le siège de Verdun, la Somme a perdu toute valeur stratégique
00:36:32en tant que champ de bataille.
00:36:34Cependant, avec une obstination classique, les Britanniques décident de mettre leur
00:36:38plan à exécution contre un ennemi bien préparé, fort d'un système de tranchées abris de
00:36:4312 mètres de profondeur, bien protégés contre le plus fort bombardement.
00:36:48Il est inconcevable que cette ligne puisse être forcée, et cependant, le 1er juillet,
00:36:54après huit jours de tirs de barrage sans effet, la 4e armée britannique monte au front
00:36:59en ordre parfait.
00:37:00Vague après vague, les troupes d'infanterie quittent leur tranchée un matin de juillet
00:37:06ensoleillé pour aller s'empêtrer avec un équipement lourd dans les fils de fer enchevêtrés
00:37:11et s'embourber dans les cratères et les fondrières creusées par le bombardement.
00:37:15Les Allemands ont amplement le temps de sortir indemne de leur tranchée et de commencer un
00:37:31carnage horriblement facile.
00:37:33Avec la dernière salve de mitrailleuses, les canons deviennent silencieux sur l'assaut.
00:37:39À la fin de l'après-midi, les Britanniques perdent 60 000 soldats, dont un tiers sont
00:37:47tués au cours de la pire journée de carnage infligée par une armée pendant la guerre,
00:37:52du jour le plus sanglant dans l'histoire de l'armée britannique.
00:37:54Trois jours s'écoulent avant que tous les blessés puissent être ramenés dans les
00:38:04douleurs intenses du champ de tuerie.
00:38:06Et pourtant, pendant six mois encore, le bain de sang continue, avec une indifférence presque
00:38:15criminelle de la part des généraux qui refusent de renoncer à leur ventardise ou changer quoi
00:38:21que ce soit à la rigueur de leur plan.
00:38:22C'est la guerre selon les règles, une tentative de contrôle des incertitudes et des confusions
00:38:28de la guerre en refusant simplement de les reconnaître.
00:38:31Au 13 novembre, la vanité obstinée des deux camps cause un million de morts et de blessés.
00:38:44Les infortunés guerriers de la Somme, épuisés, doivent être les témoins de deux événements
00:38:49qui deviennent le symbole d'une guerre qui a changé pour toujours.
00:38:52Le 14 juillet, dans une soudaine attaque matinale du front allemand, les lignes sont occupées sur
00:39:02huit kilomètres, puis survient cet échappé traditionnel dont rêve tout général britannique.
00:39:07L'infanterie est témoin d'un spectacle unique sur le front de l'Ouest, trois divisions de
00:39:12cavalerie galopant vers la brèche, au son du clairon, les fagnons au vent, les lances
00:39:17est insolente, la vision glorieuse s'écroule alors que les mitrailleuses ouvrent le feu.
00:39:35Deux mois plus tard, les premiers rares chars d'assaut britanniques écrasent les fils de fer barbelés.
00:39:47L'idéalisme périt sur la Somme. Les volontaires enthousiastes ne le sont plus. Ils perdent la
00:40:02foi en leur cause, en leur chef et en tout, excepté la loyauté envers leurs camarades.
00:40:07Les populations civiles sentent la guerre se rapprocher. Parmi les victimes se trouvent non
00:40:20pas des héros lointains, mais leurs amis, leurs parents, leurs proches.
00:40:30L'inflation apparaît, le prix de la nourriture monte en flèche, les prix ne sont soumis à
00:40:35aucun contrôle, les files d'attente pour le pain et les soupes populaires se multiplient,
00:40:39le marché noir fait rage. L'Allemagne, victime d'une moisson ratée et commençant à ressentir
00:40:44l'effet du blocus, meurt de faim. Mais malgré les privations qui pénètrent dans la vie d'un
00:40:56nombre toujours plus grand de la population, en Grande-Bretagne, les riches peuvent toujours
00:41:00se permettre des divertissements. Sans doute ferment-ils une aile de leur demeure pour
00:41:05économiser le combustible ou perdent-ils quelques domestiques allant travailler dans les usines de
00:41:09munitions, mais il y a toujours Ascot et le derby, même si la gaieté de Paris leur est interdite.
00:41:22Cependant, face à l'inégalité flagrante, dans tous les pays, des fissures commencent à apparaître.
00:41:29La trêve sociale chancelante en 1914 a simplement camouflé les lézardes provoquées par l'hostilité
00:41:34entre l'élite dirigeante et le peuple exigeant des réformes sociales. On ne voit encore que des
00:41:41signes sporadiques, émeute de la faim, grève contre la conscription, groupe de pression,
00:41:46d'objecteurs de conscience devenant plus puissants, mais le grondement des mécontents se fait plus
00:41:50bruyant. Les troubles nationalistes alimentent ce feu caché, la révolte arabe contre l'empire
00:42:05ottoman, le soulèvement de Pâques manqué des séparatistes irlandais, les désertions des
00:42:10tchèques dans les armées austro-hongroises polyglottes qui sont déjà affaiblies par
00:42:13l'offensive d'été du général russe Brusilov en 1916. Cette offensive a des conséquences
00:42:21politiques d'une portée considérable, les armées des Habsbourg perdent leur enthousiasme pour la
00:42:26lutte. L'unité, la loyauté et la cohésion disparaissent et la perte d'un million de soldats
00:42:34au cours de cette dernière grande campagne russe de la guerre contribue à l'effondrement de la
00:42:38dynastie des Romanov dégageant la voie pour la révolution de 1917 alors qu'on assiste à la
00:42:44débandade des russes et leur abandon de la guerre en signe de mécontentement. En novembre 1916 le
00:42:56vieil empereur au dessin tragique François-Joseph d'Autriche s'éteint, signalant la fin d'une époque
00:43:00comme l'ouvrage de sa vie s'écroulait, l'empire pour lequel il a combattu et conspiré déchiré par
00:43:06la guerre et l'insurrection. Avec lui l'ancienne Europe disparaît à jamais. La guerre totale,
00:43:18guerre qui a empiété sur la vie de chaque citoyen en est la garantie. Les promesses vaines de 1914
00:43:24se sont maintenant changées en une amère dérision alors que la facture du boucher dénombrant les vies
00:43:30gâchées, la faim, les privations, les sacrifices et les chagrins est examinée. La ferveur nationaliste
00:43:39enflammée par une propagande trompeuse s'est aigrie pour devenir désillusion, désespoir et amertume
00:43:45qui se lisent sur les visages silencieux et crispés de ceux qui reviennent du front.
00:43:49On me demande où je suis allé, ce que j'ai fait, ce que j'ai vu. Tout ce que je peux répondre c'est
00:44:03ce n'était peut-être pas moi mais quelqu'un juste comme moi qui est allé au delà des mers avec ma
00:44:10tête et mes mains tuer des hommes en terres étrangères bien que je sois ablamé parce qu'ils
00:44:16portaient mon nom. Mais il n'y aura pas de paix ni de compromis. La conscription remplit les vides
00:44:36laissés par les disparus et les nations combattantes se serrent la ceinture et remplissent leurs
00:44:41arsenaux pour une autre année de guerre encore, une guerre d'engin encore plus diabolique pour
00:44:46mutiler, pour tuer, inspiré de la nouvelle technologie humaine, le sous-marin, le char et
00:44:52le plus obscène et redouté de tous, le gaz asphyxiant.
00:45:16Par contraste avec l'Europe, l'Amérique qui a mis un point d'honneur à ne pas faire la guerre jouit
00:45:34de la période la plus prospère de son histoire, s'enrichissant en fournissant les besoins des
00:45:39alliés tandis que le président Woodrow Wilson joue le rôle d'artisan de la paix.
00:45:46Le 18 décembre 1916, Wilson invite les belligérants à stipuler leurs conditions de paix,
00:45:52mais il est trop tard. Les dirigeants Lloyd George en Grande-Bretagne, Nivelle en France
00:45:57et le puissant Ludendorff s'opposent formellement à un compromis.
00:46:06Les alliés sont alors résolus à entraîner les États-Unis dans la guerre. Il ne faut
00:46:11qu'un dernier appel à l'idéalisme américain pour porter ses vastes ressources du côté des alliés.
00:46:19Les Yankees arriveront bientôt et la guerre continuera.
00:46:22Les soldats se terrent misérablement dans les tranchées tout le long du front de l'ouest. Au
00:46:45coeur de ce troisième hiver glacial, ils doivent méditer avec tristesse sur la promesse vaine de
00:46:501914. On leur avait dit alors qu'ils seraient rentrés à la maison pour Noël. On ne leur avait
00:46:55pas précisé lequel.
00:47:20Au cours de l'été 1914, les nations de l'Europe entrent dans un
00:47:50conflit d'une sauvagerie imprévisible et sans précédent.
00:48:00Le mouvement vers la guerre est inexorable et pourtant la guerre aurait pu être évitée. Le
00:48:07consensus général et une apparente cordialité masquent les dissensions qui se préparent,
00:48:11cachées par une impressionnante logique de mobilisation industrielle et d'armement.
00:48:15Du centre de la tempête balkanique, les vents de la guerre se déchaînent vers l'extérieur,
00:48:28engouffrant les nations les unes après les autres. Dans un tourbillon de rumeurs,
00:48:35de menaces et de diplomatie frénétique, les grandes puissances mobilisent leurs
00:48:39troupes en marche vers la guerre. Pendant 40 ans, une structure d'alliance maintient
00:48:50l'équilibre du pouvoir en Europe et par conséquent la paix. En 1914,
00:48:55cette structure se cristallise en deux grands camps armés.
00:48:58En Europe centrale, l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie s'élitent à la
00:49:08Turquie. A la périphérie, la Grande-Bretagne, la France et la Russie font le contrepoids.
00:49:14Depuis la guerre franco-prussienne de 1871, les chefs militaires, les progressistes comme
00:49:32les réactionnaires se mettent tous d'accord sur un point, la suprématie de l'attaque
00:49:37est la meilleure méthode de défense. La mobilisation des Russes à l'appui de
00:49:47leurs intérêts dans les Balkans provoque une peur panique parmi les puissances d'Europe centrale.
00:49:52Craignant une guerre sur deux fronts, les Allemands élaborent depuis longtemps une
00:49:58stratégie de mobilisation rapide et d'avance fulgurante à travers la Belgique pour pénétrer
00:50:03en France. En contournant l'armée française et en encerclant Paris par l'ouest, les Allemands
00:50:09projettent l'élimination rapide de la France. Toute menace sérieuse de ce côté est donc écartée.
00:50:15C'est ainsi qu'un système d'alliance conçu pour maintenir la paix, combiné avec des philosophies
00:50:22militaires en faveur de l'attaque, pousse l'Europe toujours plus près pour finalement la précipiter
00:50:27dans la guerre. La ferveur guerrière est généralisée. Chaque nation entre en guerre
00:50:48croyant le faire au titre de la légitime défense. Et à la perspective de nobles sacrifices, d'aventures
00:50:54et de gloire vient s'ajouter la conviction d'une vertu morale. On voit partout des démonstrations
00:51:04d'unité nationale. Le patriotisme est exacerbé par la propagande. Les conflits intérieurs se
00:51:10dissipent dans un nouvel esprit de conciliation et de compromis. Il y a un sentiment universel
00:51:15de vertu et une certitude que tout sera réglé très vite.
00:51:27En septembre, après six semaines de combats violents, la campagne allemande à travers la
00:51:31France et la Belgique est en perte de vitesse sur la Marne. À l'est, les Russes subissent de lourdes
00:51:40pertes aux batailles de Tannenberg et des lacs mazuriens. En décembre, ils sont sur la défensive
00:51:45et stabilisent la ligne de front. En France, la guerre dégénère en un futile massacre, rendu
00:52:02encore plus terrible par un bombardement incessant. Les deux camps combattent pour
00:52:08regagner l'initiative et reprendre la guerre de mouvement. Face à une impasse en France et face à
00:52:17une pause inquiétante sur le front de l'Est, les alliés obtiennent l'intervention de l'Italie
00:52:21grâce à des promesses de gains territoriaux en Autriche et dans les Balkans. Mais la contribution
00:52:28des Italiens se montre insuffisante pour affronter les puissances d'Europe centrale ou pour forcer
00:52:33l'impasse militaire en retirant des forces des autres fronts. De nouveaux efforts sont déployés
00:52:44pour étendre la guerre. Des débarquements à Salonique et dans les Dardanelles n'apportent
00:52:49que de nouveaux échecs et une stagnation plus intense sur tous les fronts. On essaie de faire
00:52:59porter le fardeau de la guerre aux populations civiles. Les flottes de hautes mers de la
00:53:04Grande-Bretagne et de la France imposent un blocus de leurs ennemis continentaux.
00:53:07Sous les eaux, les Allemands imposent leur propre blocus.
00:53:15Les pertes en hommes sur le front se multiplient et parallèlement les privations s'intensifient
00:53:29dans le pays. A la pénurie croissante viennent s'ajouter les exigences insistantes de l'industrie.
00:53:35Le flot des armes a pour but de rétablir la guerre de mouvement mais il produit l'effet
00:53:39contraire. Sur un terrain défoncé et tourmenté par les incessants bombardements, les troupes
00:53:49qui avancent sont dans une situation désavantageuse sur tous les points. Pourtant le carnage se
00:53:57poursuit. Aux batailles de Verdun et de la Somme en 1916, près de deux millions de vies sont
00:54:03sacrifiées en vain. Cette stagnation ne renferme guère d'espoir de solutions pacifiques. La guerre
00:54:23qui avait commencé en une bataille de survie développe son propre dynamisme incontrôlable.
00:54:28L'apparition sur la scène politique de Hindenburg et de Ludendorff en Allemagne, de Lloyd George en
00:54:35Grande-Bretagne et de Clemenceau en France marquent un durcissement des attitudes et une impasse
00:54:40politique aussi absolue que n'importe quelle impasse militaire. C'est ainsi qu'en 1917 les
00:54:51puissances sont toujours en guerre. Le conflit est rendu encore plus mortel et plus insoluble
00:54:56par l'impasse des armes et le manque d'initiatives. Sur chaque champ de bataille des luttes mornes
00:55:08reflètent la détresse grandissante et l'épuisement total des hommes et des nations.
00:55:19Seul dans les airs un sentiment de vigueur et de mouvement voit le jour.
00:55:27Au début de la guerre l'aéroplane en est encore à ses premiers balbutiements et les
00:55:31premières machines embryonnaires aux constructions maladroites et rudimentaires
00:55:34attirent les critiques plutôt que les louanges des chefs militaires.
00:55:44Cependant dans les premiers mois de la guerre ils prouvent leur valeur et
00:55:48justifient amplement les investissements qui leur sont accordés de mauvaise grâce.
00:55:51Les aviateurs britanniques sont les premiers à faire connaître les mouvements des allemands
00:55:59vers Mons et la Marne permettant ainsi de prendre des mesures pour arrêter leur avance.
00:56:12Les pionniers de la reconnaissance aérienne sont munis de pistolets ou de carabines.
00:56:16Ces armes sont ensuite remplacées par des mitrailleuses montées à l'arrière de l'appareil
00:56:28ou en une position leur permettant de faire feu à l'avant au-dessus de l'hélice.
00:56:32C'est en 1915 qu'est mis au point l'interrupteur mécanique. Ce dispositif permet à l'arme de
00:56:49faire feu à travers l'arc de l'hélice en déclenchant la culasse lorsque la
00:56:52palle se trouve dans la ligne de tir. Cette invention permet de lancer le
00:57:01premier appareil de chasse véritable. Les progrès remarquables de la technologie des
00:57:12aéroplanes au cours de la guerre et le développement simultané des tactiques
00:57:16de combat aérien reflètent un esprit d'initiative qui fait singulièrement
00:57:20défaut dans presque tous les autres théâtres de conflit.
00:57:32Ayant prouvé leur valeur dans le domaine de la reconnaissance, les premiers aviateurs
00:57:35s'assurant par la suite que les hostilités seront menées avec autant de véhémence dans
00:57:39les airs que sur terre puisque le contrôle du ciel au-dessus des tranchées décide du
00:57:44contrôle des renseignements militaires. En plus de la reconnaissance des premières
00:57:52lignes, les aéroplanes servent de plus en plus au meilleur positionnement des
00:57:55canons permettant à l'artillerie de viser les positions ennemies avec plus de précision.
00:57:59A partir de ces débuts primitifs devaient évoluer les premiers bombardiers spécialisés
00:58:16et le commencement de ce qui va devenir une controverse sans fin entre le bombardement
00:58:22tactique et le bombardement stratégique. Les raids de Zeppelin sur Londres engendrent
00:58:32le concept du bombardement, non seulement des industries et des installations loin du
00:58:36front mais de toute une population, ce qui sape le moral et affaiblit la résolution nationale.
00:58:41Le rôle en évolution des aéroplanes conduit à des spécialisations et des divergences par la
00:58:55production de différents modèles destinés à des usages variés. En 1917 on assiste à la mise au
00:59:05point des premiers bombardiers à longue portée. Parmi eux, le remarquable Gotha, un avion
00:59:11bimoteur à hélice propulsive qui reprend en grande partie le rôle du Zeppelin en bombardant
00:59:17Londres par intermittence de 1917 jusqu'à la fin de la guerre. Le premier avion de combat fait
00:59:29aussi son apparition, de même que l'avion de reconnaissance léger, rapide et plus sophistiqué.
00:59:33De grands progrès voient le jour dans le développement de formations spécialisées
00:59:44alors que les deux camps cherchent à résoudre les nouveaux problèmes de la défense aérienne.
00:59:47En même temps que les ballons de barrage, les canons antiaériens font leur apparition. Au début,
00:59:57les canons de campagne de l'armée sont munis d'affûts à forte déviation mais ils sont
01:00:02accompagnés bientôt d'armes spécialisées lançant des obus munis de fusées à retardement.
01:00:24Pour les soldats dans les tranchées, pour les citadins là et de plus en plus accablés,
01:00:29les exploits de ces premiers aviateurs représentent le seul soulagement au milieu
01:00:33de la stagnation paralysante du front, les appels de la sirène et les demandes
01:00:38incessantes pour de plus grands sacrifices et d'efforts au pays.
01:00:40Survolant les armées qui se morfondent dans la boue envahissante, ils tiennent la promesse
01:00:52illusoire qui a tant galvanisé les nations pendant l'été de 1914. La promesse d'aventures,
01:00:57de nobles combats, d'actions héroïques.
01:01:05Mais pour ces exploits, ils doivent payer chèrement.
01:01:13En un mois, en 1917, sur le front de l'ouest, les britanniques seuls perdent 316 pilotes et
01:01:19observateurs et 224 avions, à cette époque presque un tiers de leur entière force d'opération.
01:01:25Parmi les rôles assumés par les aviateurs dans la grande guerre, l'un surtout acquiert
01:01:39une fascination et un prestige au-dessus de tous les autres, c'est celui de pilote d'attaque,
01:01:43on appellera d'ailleurs les plus valeureux des as.
01:01:46Parmi eux se trouvent des noms destinés à figurer pour toujours dans les
01:01:55annales de la guerre. Manfred von Richthofen, le baron rouge, Major Mick Manock du Royal
01:02:01Flying Corp, le pilote d'attaque et as canadien Billy Bishop et un autre qui doit mettre sa
01:02:07réputation au service de l'infamie dans une autre guerre, l'as allemand Hermann Göring.
01:02:12En 1917, l'aviation et tout ce qui s'y rapporte enflamme l'imagination du monde entier.
01:02:24Les progrès réalisés dans d'autres domaines sont plus lents et souvent l'objet d'intrigues
01:02:35politiques. Mais une de ces innovations est déjà testée et mise à l'épreuve à la
01:02:39bataille de la Somme en 1916. Bien que rejetée comme une absurdité lors de sa première apparition,
01:02:48en 1917, le char de combat est reconnu comme une formidable arme de guerre.
01:02:53La seule arme en fait qui semble capable de faire évoluer la situation sur le front.
01:03:01En Grande-Bretagne et en France, différents modèles sont mis au point et testés dans
01:03:10un climat de ferveur et d'impatience. Les doctrines tactiques, longtemps figées,
01:03:16sont enfin confrontées à la duréalité de la guerre moderne.
01:03:30Cependant, tandis que ces machines offrent la possibilité de sortir de l'impasse sur le front,
01:03:35elles contribuent aussi à l'industrialisation grandissante de la guerre. Combat tout aussi
01:03:40crucial, malgré son éloignement géographique du champ de bataille.
01:03:54On reconnaît petit à petit que le sort de la guerre sera finalement décidé non pas par
01:03:59les forces des armées, mais par l'exploitation et l'application des
01:04:02ressources de l'industrie à la production des armes de guerre.
01:04:11Le nombre de soldats n'est plus considéré comme aussi important que le nombre de chars,
01:04:16de canons et d'aéroplanes. Au cours des premiers mois de l'année 1917,
01:04:28les populations de l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie sont soumises à d'immenses souffrances.
01:04:33De maigres moissons en 1915 et 1916 et le blocus des alliés contribuent à la misère d'un
01:04:43hiver rigoureux où la faim et la malnutrition des citoyens contrastent lugubrement,
01:04:48comme en d'autres pays, avec la richesse évidente des profiteurs de la guerre.
01:04:52L'aggravation de la pénurie dans chaque pays entraîne l'apparition du marché noir et donc
01:05:05à des inégalités encore plus grandes, un sentiment d'impuissance et au ressentiment.
01:05:10Les industriels aussi retirent des bénéfices énormes de l'insatiable demande d'armes et
01:05:22partout le fardeau tombe infailliblement sur les pauvres et les faibles.
01:05:26Pendant les premières années de la guerre, les Allemands n'attaquent pas au hasard les
01:05:40navires alliés mais confrontés à une pénurie critique et un blocus toujours plus dur,
01:05:44le commandement allemand se résout à une offensive sous-marine de grande envergure.
01:05:48Le désespoir allemand est tel qu'ils ne peuvent s'empêcher d'entraîner
01:05:52indirectement les Etats-Unis dans la guerre.
01:06:10Mais c'est surtout en Russie que se font sentir les fardeaux de la guerre.
01:06:18L'industrialisation est arrivée tard en Russie.
01:06:23Ces paysans ne sont libérés de leur servage que depuis 1861.
01:06:27Dès lors, le pays connaît de graves troubles sociaux.
01:06:37La rationalisation de l'agriculture et l'apparition d'agriculteurs indépendants
01:06:41accélèrent l'exode des paysans déjà considérable vers les zones urbaines.
01:06:45Le prolétariat déraciné et affamé envahit les villes.
01:06:59C'est dans ces conditions que les immenses ressources de la Russie produisent des résultats.
01:07:03Au début de la guerre, elles s'industrialisent plus rapidement que toute autre puissance.
01:07:07De surcroît, la guerre lui apporte son élan.
01:07:15Au cours des premières années de la guerre,
01:07:19la Russie subit une transformation industrielle inégalée
01:07:23par son ampleur et son intensité.
01:07:27Sa production de matériel de guerre augmente de façon spectaculaire.
01:07:37Mais ses résultats sont payés cher.
01:07:41L'inflation monte en flèche.
01:07:45Le réseau de communication commence à se désintégrer.
01:07:49Des stocks de nourriture s'entassent dans les campagnes tandis que les citadins ont faim.
01:07:59Aucune perspective de victoire ni aucun accord de paix aussi éloigné soit-il
01:08:03ne permet de soulager les privations subies par les populations civiles.
01:08:11En 1917, l'économie russe chancelante est au bord de l'abîme.
01:08:15Sa population civile, tout comme son armée, traumatisée, démoralisée, perplexe.
01:08:27Le nombre croissant de victimes, les privations toujours plus dures,
01:08:31l'impuissance manifeste du gouvernement,
01:08:35tout se combine pour attiser le feu de la révolte.
01:08:40Les grèves et les manifestations ballaient Saint-Pétersbourg.
01:08:46Pendant la dernière semaine du mois de février,
01:08:50aux manifestants protestant contre la pénurie de denrées alimentaires
01:08:54viennent se joindre les Cossacks mécontents postés dans la capitale pour assurer le maintien de l'ordre.
01:08:58Un soviet des travailleurs et des représentants des soldats est mis sur pied.
01:09:02Une immense foule se dirige vers la Douma,
01:09:06assemblée représentative instituée par le Tsar, mais sans pouvoir réel.
01:09:16En présence d'une foule aigrie et potentiellement dangereuse
01:09:20et en l'absence complète d'une quelconque autorité,
01:09:24la Douma réagit en nommant un gouvernement provisoire.
01:09:28Trois jours plus tard, le 2 mars, le Tsar abdique,
01:09:32reconnaissant ainsi le gouvernement provisoire et la révolution.
01:09:46Le 6 avril, les Etats-Unis déclarent la guerre à l'Allemagne.
01:09:50L'offensive de grande envergure des sous-marins allemands
01:09:55rend leur intervention inévitable.
01:09:59Le déclenchement de la guerre délivre l'Amérique de la récession
01:10:03entraînant l'essor de son économie en 1915 et 1916
01:10:07alors qu'elle subvient aux besoins des nations en guerre.
01:10:19Les premiers succès de l'offensive des sous-marins allemands sont inattendus
01:10:23et mettent brusquement un frein à cette expansion économique
01:10:27menaçant de plonger l'Amérique dans un marasme encore plus grave.
01:10:31Par ailleurs, la sécurité de ses clients, principalement la Grande-Bretagne et la France
01:10:35qui plient sous le poids de leurs dettes, joue un rôle important dans la décision des Etats-Unis.
01:10:39La garantie de leur paiement dépend finalement de leur victoire.
01:10:43Cependant, l'entrée en guerre des Etats-Unis n'est pas inspirée simplement
01:10:47par ses âpres calculs économiques.
01:10:51La guerre des sous-marins va à l'encontre des valeurs morales américaines
01:10:55et la révolution russe, par sa promesse de démocratie,
01:10:59permet aux Américains de considérer le conflit comme une guerre
01:11:03entre les peuples libres et les empires autocrates des puissances de l'Europe centrale.
01:11:08L'entrée en guerre de l'Amérique apporte peu de répit immédiat à la Grande-Bretagne
01:11:12souffrant maintenant d'une pénurie chronique et d'un mécontentement latent.
01:11:20Au cours des cinq premiers mois de l'offensive sous-marine allemande,
01:11:24les pertes en navires sont très importantes.
01:11:28Au cours du seul mois d'avril, un navire sur quatre qui apparaît ne revient jamais.
01:11:32Il semble que la Grande-Bretagne est elle-même menacée par l'ultime catastrophe,
01:11:36un sort qu'elle voulait infliger à l'Allemagne,
01:11:40la famine qui entraîne la défaite.
01:11:44En mai, la marine britannique institue un système d'escorte pour les convois maritimes
01:11:48assurant la protection des navires marchands tout en appâtant ainsi les sous-marins.
01:11:56La Grande-Bretagne n'est pas la seule à avoir été victime d'un conflit.
01:12:00Elle est la seule à avoir été victime d'un conflit.
01:12:04Elle est la seule à avoir été victime d'un conflit.
01:12:08Elle est la seule à avoir été victime d'un conflit.
01:12:12Ce système de convois brise en fait la force de l'offensive sous-marine allemande.
01:12:16Ce système de convois brise en fait la force de l'offensive sous-marine allemande.
01:12:20La mise au point d'appareils d'écoute hydrophonique et de grenades sous-marines
01:12:24contribuent à faire tourner la chance du côté des alliés dans la bataille de l'Atlantique
01:12:28assurant ainsi une autre année de guerre sur terre, sur mer et dans les airs.
01:12:32...
01:12:36...
01:12:40Le printemps n'apporte que davantage de carnage sur les champs de bataille de France.
01:12:44Un nouveau commandant français, le général Nivelle,
01:12:48promet aux alliés une victoire finale complète en 1917.
01:12:52La grande offensive est lancée le 16 avril
01:12:56dans la région du Chemin des Dames.
01:13:00région du chemin des dames.
01:13:01Dès le début, l'attaque est un désastre.
01:13:10Malgré des succès mineurs remportés par les britanniques dans les environs d'Arras
01:13:18à l'ouest, l'attaque principale s'embourbe devant les positions allemandes, à peine
01:13:22touchées par un bombardement fourni.
01:13:24Le soir, Nivelle n'a avancé que de 500 mètres, au prix de pertes effrayantes.
01:13:29Le mois suivant, Nivelle persiste dans son offensive.
01:13:33Il obtient sa promotion en promettant la victoire.
01:13:36Il doit donc absolument tenir sa promesse pour éviter un désastre personnel.
01:13:40Au total, l'offensive de Nivelle coûte à l'armée française près de 250 000 hommes
01:13:50et démoralise les troupes à tel point que des mutineries en chaîne risquent d'entraîner
01:13:54l'effondrement militaire complet de la France.
01:13:59En mai, l'offensive finit par s'essouffler.
01:14:05Comparé aux pertes, les gains paraissent insignifiants.
01:14:10Pour l'infanterie française, il semble que ce sacrifice ait été entièrement vain.
01:14:16Le 15 mai, Nivelle est limogé.
01:14:29Son remplaçant, le général Pétain, doit faire face à l'immense tâche qui consiste
01:14:34à rétablir l'ordre et le moral de ses armées épuisées.
01:14:37L'échec des Français au Chemin des Dames place la responsabilité de l'attaque sur
01:14:46les Britanniques, leur force étant reconstituée et rééquipée depuis le désastre de la Somme.
01:14:55Pour alléger le fardeau pesant sur les Français et remporter une victoire purement britannique,
01:15:02le général Haig décide d'attaquer dans les Flandres pendant l'été.
01:15:07La troisième bataille d'Ypres commence par le barrage d'artillerie le plus violent de
01:15:10toute la guerre.
01:15:11Le bombardement durera deux semaines sans succès réel, mais faisant du terrain une
01:15:17mer de boue presque infranchissable et livrant tous les avantages aux Allemands sur la défensive.
01:15:22L'attaque initiale se poursuit pendant cinq jours, une avance de trois kilomètres au
01:15:34prix de 32 000 morts.
01:15:35Les chars massés derrière les lignes ne peuvent prendre part à la bataille, le sol
01:15:43ne supporte plus leur poids.
01:15:44Le 6 août, Haig reprend son offensive et renouvelle ses attaques en septembre et en
01:15:56octobre.
01:15:57En novembre, Haig avance de neuf kilomètres, capturant la côte de Passendelle et ce qui
01:16:07reste du village qui donnera son nom à la bataille.
01:16:09La prise de Passendelle coûte la vie à plus de 500 000 hommes, dont un grand nombre périssent
01:16:17noyés.
01:16:18En Russie, la situation se détériore.
01:16:31Une lutte intense oppose le gouvernement provisoire création de la Douma aux soviets improvisés,
01:16:45véritable enfant de la révolution.
01:16:46La personnalité remarquable d'Alexandre Kerensky domine ces deux conseils.
01:16:56Idéaliste, charismatique, il se résout à consolider la nouvelle démocratie russe.
01:17:02Pour cela, Kerensky croit devoir honorer les engagements de la Russie à l'étranger et
01:17:09en continuant la guerre, obtenir un accord honorable pour son pays.
01:17:12Mais selon l'ordre numéro un du soviet, le simple soldat russe ne peut être forcé
01:17:26d'exécuter les ordres qui sont en contradiction avec ses désirs personnels.
01:17:30La discipline s'effondre complètement sur le front, les désertions sont endémiques,
01:17:41non pas le filet régulier de vagabonds en fuite, mais une marée déferlante qui s'apparente
01:17:45à une démobilisation complète.
01:17:47D'autres forces plus insidieuses menacent Kerensky.
01:17:55Les événements de février prennent les révolutionnaires professionnels russes par
01:17:58surprise.
01:17:59En baraque, ils tiennent absolument à masquer.
01:18:01À l'époque, le chef des bolcheviks, Lénine, se trouve en Suisse.
01:18:11Les allemands prennent à leur conscience qu'ils ignorent presque tout de la crise
01:18:14qui secoue son pays.
01:18:15Voyant en Lénine l'instrument avec lequel ils peuvent non seulement renverser Kerensky
01:18:22mais aussi précipiter la Russie tout entière dans la catastrophe, ils envoient celui-ci
01:18:26secrètement en Russie via l'Allemagne.
01:18:30Des fonds lui parviennent par leurs agents pour financer sa mission.
01:18:33La première tentative de Lénine pour renverser Kerensky échoue.
01:18:42À la suite d'un coup d'état manqué en juillet, Lénine est démasqué comme un agent
01:18:48allemand et forcé de fuir Saint-Pétersbourg.
01:18:50Il se déguise en rasant sa moustache et en endossant les vêtements d'un ouvrier.
01:18:54Caché en Finlande, Lénine continue à comploter contre Kerensky, exhortant ses partisans à
01:19:08saisir les positions clés dans le soviet et ainsi élargir le gouffre existant entre
01:19:13le soviet et le gouvernement.
01:19:14Le conflit opposant le gouvernement à ce qui reste de l'armée, en parallèle à un
01:19:30chaos économique et industriel grandissant, affaiblit davantage Kerensky et renforce la
01:19:35position des bolchéviques, s'armant alors frénétiquement en prévision de l'effondrement
01:19:39total du gouvernement.
01:19:40Le matin du 27 octobre, tandis que Kerensky essaie de mobiliser des partisans dans les
01:19:50campagnes, le palais d'hiver est pillé par les bolchéviques qui proclament la chute
01:19:54du gouvernement provisoire.
01:19:55C'est ainsi que la démocratie est finalement écrasée en Russie.
01:20:03La victoire des bolchéviques met fin à la participation de la Russie à la guerre, participation
01:20:08devenue plus symbolique que réelle.
01:20:09La paix de Brest-Litovsk, signée au début de l'année 1918, permet à l'Allemagne de
01:20:21transférer des divisions à l'ouest et de rassembler ses forces pour une dernière grande
01:20:25offensive.
01:20:26La lutte pour s'assurer la suprématie aérienne repose autant sur la technologie que sur la
01:20:39tactique.
01:20:40Les progrès remarquables des premières années de la guerre acquièrent des raffinements
01:20:44subtils au cours de la dernière année.
01:20:47Une légère amélioration de structure ou de la puissance du moteur, augmentant la vitesse
01:20:51d'un appareil ou donnant un avantage distinct à sa performance, peut lui permettre immédiatement
01:20:57de surpasser la machine d'un adversaire, transformant pratiquement l'aéroplane en
01:21:01une arme mortelle.
01:21:02Le Sopwith Camo assure la supériorité des Britanniques en 1917, mais l'arrivée de
01:21:12l'incomparable Fokker Mark VII en 1918 rend aux Allemands la suprématie aérienne.
01:21:17Assurés une fois de plus de la maîtrise du ciel au-dessus des tranchées, les Allemands
01:21:30peuvent constituer en secret une armée de trois millions d'hommes et de dix mille canons.
01:21:35Le plan de Ludendorff est de déclencher une offensive fulgurante le long d'un front
01:21:49de soixante kilomètres.
01:21:50Le but est d'écraser les armées britanniques sur la Somme, déséquilibrer le front allié
01:21:57et repousser la ligne d'est en ouest.
01:21:59L'offensive débute à l'aube du 21 mars 1918.
01:22:12Après un bombardement bref mais destructeur, les Allemands avancent, protégés par un
01:22:20nuage épais de brouillard matinal.
01:22:22Cette fois, il ne s'agit pas d'un déploiement d'infanteries en masse mais de troupes de
01:22:30choc spécialement entraînées pour cerner les faiblesses des lignes britanniques.
01:22:34Des équipes de combat les suivent dans le but d'ouvrir des brèches à l'armée qui
01:22:42arrive.
01:22:43Ces tactiques sont complètement nouvelles, tactiques d'avance éclair et d'encerclement
01:22:52rapide.
01:22:53Elles seraient connues plus tard sous le nom de tactiques blitzkrieg.
01:22:57En 1918, elles sont dévastatrices.
01:23:05A la tombée de la nuit, les Allemands s'enfoncent dans l'arrière-garde de la zone de bataille
01:23:18britannique et en l'espace de quelques jours poursuivent leur marche en pleine campagne.
01:23:22Des milliers de soldats britanniques sont tout simplement dépassés.
01:23:30Il semble à bien des gens que la guerre est sur le point de se terminer.
01:23:42Les lignes britanniques sur la Somme sont enfoncées et leurs armées menacées de disparition.
01:23:51Les Français se préparent à se replier sur Paris.
01:23:57Mais au dernier moment, le désastre est évité, non pas par un miracle militaire mais en plaçant
01:24:08l'armée britannique sous le commandement du maréchal Foch, unifiant ainsi le commandement
01:24:13et engageant les Français à appuyer l'armée britannique.
01:24:19Au début du mois d'avril, l'avance éclaire des Allemands commence à s'affaiblir.
01:24:23Bien que pratiquement en déroute, les Britanniques et les Français ont recours à leurs réserves
01:24:30mobilisées à la hâte.
01:24:31Par contre, les Allemands sont sur le point d'épuiser l'éleur.
01:24:41Pendant quatre jours, les Allemands arrêtent leur offensive pour se rééquiper et se réapprovisionner.
01:24:48Les deux camps savent que la guerre entre maintenant dans une phase décisive.
01:24:53Les troupes américaines arrivent enfin en nombre suffisant pour faire pencher la balance.
01:25:00Si seulement les alliés peuvent braver l'orage allemand, la guerre sera finalement gagnée.
01:25:07Le 9 avril, la tempête se déchaîne de nouveau sur la deuxième armée britannique dans l'avance
01:25:21édipre.
01:25:22De nouveau, les Allemands envahissent la zone de bataille britannique, progressant en certains
01:25:30endroits de 20 kilomètres.
01:25:32Mais comme à la bataille de la Somme, les Britanniques réussissent à stabiliser le
01:25:36front en se retirant en temps opportun et en rassemblant tous les effectifs possibles
01:25:41pour combler les brèches.
01:25:42Repoussée au centre et à l'ouest du front, l'attaque se détourne vers les lignes françaises
01:25:54le long du chemin des dames.
01:25:55Le 3 juin, les Allemands déferment sur ces lieux.
01:26:02Ils avancent impitoyablement de 60 kilomètres vers la mare.
01:26:05Mais là, les Allemands reçoivent sans embages leur premier avertissement sur ce qui les
01:26:11attend.
01:26:12La route de Paris est bloquée, non pas par les Français, mais par les Américains.
01:26:16Depuis qu'il est à la tête du commandement des armées alliées, Foch maintient d'imposantes
01:26:30réserves stratégiques.
01:26:32Elles servent à retenir les Allemands au point le plus éloigné de leur avance.
01:26:35Pendant tout le mois de juillet, le front résiste et la menace sur Paris est contenue
01:26:45sur la marne.
01:26:46En août, les Britanniques, avec les Français qui luttent à leur côté, lancent la contre-attaque
01:26:52à Amiens.
01:26:53Jusqu'ici, les chars n'ont jamais été employés avec succès.
01:27:05Depuis les batailles de la Somme en 1916, où les chars se sont lamentablement embourbés,
01:27:11leurs immenses avantages ont été gaspillés par une incompétence tactique et une réticence
01:27:16obstinée à les traiter autrement que comme des équipements superflus et coûteux.
01:27:20À Amiens, sur un sol ferme d'été, les chars avancent pour la première fois avec
01:27:34l'appui conjugué de l'infanterie.
01:27:38Pour une fois, ils ne sont pas annoncés par l'habituel martèlement interminable des
01:27:44canons.
01:27:45Ces masses de dente métalliques trapues roulent hors des brumes de l'aube au-dessus des
01:27:50fils de fer barbelés et détranchés, justifiant tous les efforts et toutes les dépenses qui
01:27:54leur ont été consacrées.
01:27:55Dans la soirée, les chars sont à 11 kilomètres de leur ligne de départ.
01:28:1015 000 Allemands sont faits prisonniers et bien davantage tués ou blessés.
01:28:14Pourtant, le 8 août 1918 est bien plus qu'une victoire pour le bon sens.
01:28:26Ludendorff l'appellera le jour sombre des armées allemandes, le jour où l'Allemagne
01:28:36perd la guerre.
01:28:37Cependant, si les implications de la défaite d'Amiens sont comprises du haut commandement,
01:28:46elles sont loin d'être claires aux yeux de l'infanterie allemande dont la patience
01:28:49est mise à rude épreuve.
01:28:50Sur chaque champ de bataille, ils occupent encore un seul étranger et le front de l'Ouest
01:28:59se trouve plus près de Paris qu'à aucun autre moment depuis 1914.
01:29:02Mais le flux continu des troupes et des armes américaines assure que Paris restera pour
01:29:17toujours au-delà de la portée de l'Allemagne, alors qu'aux immenses flottes de la Grande
01:29:22Bretagne et de la France s'ajoutent celles de l'Amérique, transformant le blocus en
01:29:25étau d'acier toujours plus resserré.
01:29:27Après quatre ans de blocus et de sacrifices immenses, les puissances de l'Europe centrale
01:29:46sont dangereusement proches de la famine et de l'effondrement.
01:29:49La capitulation de la Bulgarie en septembre 1918 apporte encore plus d'isolation et de
01:30:00privation.
01:30:01Des bruits courts que la défaite est proche et la demande d'un armistice le 4 octobre
01:30:12a pour résultat d'attiser le mécontentement de l'opinion publique et de démoraliser
01:30:17encore plus les armées sur le front.
01:30:18Face à la puissance militaire croissante des alliés sur terre, en mer et dans les
01:30:31airs, les alliés de l'Allemagne vacillent puis s'écroulent.
01:30:34L'effondrement interne de l'Autriche-Hongrie en octobre et sa capitulation le 2 novembre
01:30:40laissent l'étau d'acier se refermer sur une Allemagne totalement isolée.
01:30:43En Allemagne, les négociations s'éternisent avec en toile de fond des intrigues politiques
01:30:55et des troubles civils.
01:30:56Les initiatives symboliques et sans substance sont lancées en faveur de la démocratie
01:31:02parlementaire.
01:31:03Ludendorff est révoqué.
01:31:06Le 3 novembre, une mutinerie navale se répand dans les rues de Kiel.
01:31:11Le lendemain soir, Kiel est entre les mains d'un conseil de marins.
01:31:14La révolte se propage à Hambourg, Brême, Wilhelmshaven, Cologne.
01:31:26La révolution infligée à la Russie grâce à des complots allemands menace à présent
01:31:31l'Allemagne elle-même.
01:31:32Le 9 novembre, des manifestations et des grèves éclatent à Berlin.
01:31:43Le Reichstag annonce l'abdication du Kaiser et l'établissement d'une république allemande.
01:31:48Le dirigeant social-démocrate Friedrich Ebert est nommé chancelier.
01:31:56L'affolement, la confusion et le spectre d'une révolution sanglante s'emparent de
01:32:03l'Allemagne.
01:32:04Plus rien n'importe maintenant que le rapatriement des soldats.
01:32:10Parmi eux, on trouve toujours des hommes fidèles à la patrie, toujours prêts à la servir
01:32:15lorsqu'elle connaît les plus grands dangers.
01:32:17Le 10 novembre, les dirigeants de l'Allemagne acceptent sans autre forme de procès les conditions
01:32:36présentées par les alliés et le jour suivant, le 11 novembre 1918, la grande guerre prend
01:32:41fin.
01:32:42L'Allemagne n'a guère de raison de se réjouir.
01:32:57L'armistice que ses représentants ont signé ressemble fort à une capitulation sans condition.
01:33:02L'évacuation immédiate de la France et de la Belgique correspond à ses pressants
01:33:09besoins de rétablir l'ordre dans le pays.
01:33:12Mais elle doit aussi accepter de livrer à l'occupation étrangère de vastes régions
01:33:16de la Rhénanie et céder d'immenses quantités d'équipements de guerre, y compris une grande
01:33:21partie de son aviation et de sa flotte.
01:33:23De telles concessions ternissent l'image de la Nouvelle République aux yeux de ses héritiers.
01:33:28En 1919, l'Allemagne est toujours en proie à la fin au chaos et à la guerre civile.
01:33:40Pour s'assurer que leurs conditions sont respectées, les puissants alliés maintiennent
01:33:46leur blocus naval durant le printemps et l'été de la même année, transformant les privations
01:33:50en temps de guerre en famine de temps de paix.
01:33:53Parmi les troupes démobilisées, la Jeune République trouve les hommes pour chasser
01:34:06le spectre de la révolution et ramener l'ordre dans la patrie.
01:34:09On les nomme le Freikorps, une milice volontaire d'anciens combattants.
01:34:21Leur emblème est un macaron au porte-bonheur souvenir des années de guerre appelée la
01:34:26croix gammée.
01:34:27Les puissances victorieuses se réunissent à Versailles pour décider des conditions
01:34:36de la paix.
01:34:37Il est universellement convenu qu'une telle guerre ne doit jamais se reproduire et que
01:34:45des mesures doivent être prises pour assurer une paix durable en Europe.
01:34:48L'Allemagne doit être punie, ses forces armées réduites à un niveau à peine suffisant
01:35:01pour maintenir l'ordre en temps de paix.
01:35:02Les vainqueurs doivent se partager ses colonies et certaines parties de son territoire national.
01:35:11Mais il reste aussi la question des réparations, des dédommagements pour les dégâts matériels
01:35:18causés.
01:35:19Ces questions sont importantes pour les négociateurs de Versailles.
01:35:24Pour l'Allemagne, il n'y aura que blâme, confiscation et humiliation.
01:35:39Et pour la jeune république, un traité de paix qui la brisera et se faisant condamne
01:35:45le monde à une autre guerre.
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