«L'île du là-haut» d'Adrien Borne et la pièce de théâtre «L'Extraordinaire Destinée de Sarah Bernhardt»
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00:00Le livre du jour, Nicolas Caro, ce matin, vous nous emmenez en montagne.
00:03Oui, le roman s'appelle « L'île du Laos » signé Adrien Borne chez la Tess, la montagne oui,
00:08mais pas pour les paysages, pas non plus pour ce qui y est.
00:10En 1948, on suit Marcel, 15 ans, jeune garçon très chouette,
00:15il vit à Lyon, élevé par sa mère qui fait comme elle peut,
00:18il n'a pas connu son père mais il n'est pas particulièrement malheureux,
00:21il a son copain Andréa, il fait avec la vie, il ne s'apitoie pas mais parfois,
00:25elle s'acharne quand même la vie.
00:26Marcel contracte la tuberculose, il devrait partir pour un centre avec plein de gamins dans son état
00:32mais ce sont des endroits qui font peur à voir, alors on ne sait pas comment pour l'instant.
00:36Sa mère réussit à lui trouver une place au sanatorium de Hesse,
00:41très cher, dans les Alpes, à flanc des Alpes même,
00:44Marcel y accède par une nacelle, autant vous dire qu'il n'est pas du tout rassuré.
00:47Mais c'est pour la bonne cause.
00:49Oui, enfin Marcel se le demande un peu au début, il est simplement seul dans une chambre et c'est tout,
00:53pas vraiment de traitement, il sait juste que ses poumons sont en lambeaux
00:57mais qu'il est possible de s'en tirer, ce qu'il voudrait lui c'est de la compagnie,
01:00il est le seul de son âge dans tout le sanatorium
01:03et Andréa ne répond étrangement pas à ses courriers.
01:06Heureusement il y a Gabrielle, l'infirmière, Valentine, plus âgée mais presque son âge quand même,
01:12Escala, un peu dingo, un vieux sculpteur sur cire qui a élu domicile depuis des années dans le sanatorium,
01:18il passe son temps à sculpter des fruits ou des objets dans la cire, il va jouer un grand rôle.
01:23Ne nous dites pas tout quand même Nicolas, non ?
01:25Pas du tout, d'autant que ça c'est l'histoire de Marcel au sanatorium en 48
01:28mais il y a deux autres temporalités, 2018 et 1970
01:33qui est la période où on ferme les sanatoriums les uns après les autres,
01:36il y a d'autres personnages dans ces moments-là mais bien entendu tout est lié.
01:40Honnêtement j'ai toujours eu peur moi des sanatoriums, c'est étrange comme lieu,
01:44il y a un côté shining, hôpital mais pas vraiment, c'est poussiéreux, ce sont des lieux fantômes aujourd'hui
01:48mais là, Adrien Borne les éclaire différemment à la lumière de leur grande époque,
01:53on découvre un monde, une atmosphère par la magie du roman et de l'intrigue
01:57et alors bon, c'est sa spécificité à Adrien Borne, il casse souvent des petites digressions très courtes
02:02comme ça écoutez, il y a du linoléum dans les couloirs, on dira lino plus tard,
02:08ici on dit linoléum à s'en prendre les pieds dans l'ordre des lettres, voilà.
02:12Juste ça c'est rien, j'ai pas choisi la plus forte exprès pour vous laisser la surprise,
02:16lisez, vous verrez, allez rendre visite à Marcel, merci pour lui.
02:19L'île du Laos donc, chez La Tess, signé Adrien Borne, merci Nicolas Caro.
02:23Au théâtre cette semaine, Marie Gicale, une mise en abîme on pourrait dire,
02:27puisque c'est une pièce consacrée à une comédienne de légende, Sarah Bernard,
02:30c'est au théâtre du Palais Royal à Paris et bientôt en tournée dans tout le pays,
02:33ça s'appelle L'Extraordinaire destiné de Sarah Bernard.
02:37Avec une telle voix et une telle répartie, il faut la mettre en conservatoire.
02:43C'est quoi le conservatoire ? C'est une grande école pour devenir actrice.
02:46Oh là là, il faut du talent pour ça non ?
02:48Et qu'est-ce que tu dis qu'elle n'en a pas ?
02:51Toute sa vie romanesque racontée dans une ambiance lumineuse et chaleureuse
02:54avec quelques interludes, un piano, un violoncelle et une mise en scène cinématographique.
02:59De son renvoi de la comédie française pour une claque bien envoyée,
03:03une collègue a son triomphe lors de sa tournée américaine.
03:06On suit cette trajectoire entre tourments familiaux,
03:08cœur brisé et toujours plein de fantaisie.
03:11Sarah Bernard devient la première star internationale, les journaux se la ragent,
03:15Victor Hugo la remarque pour son Ruy Blas,
03:17et l'artiste Mucha inventa l'art nouveau en dessinant ses affiches de théâtre.
03:22Je jouerai effigénie dans Effigénie.
03:25Catastrophique, catastrophique.
03:27Moi je vous pardonnerai certainement, mais Racine, je ne suis pas sûr.
03:32Sarah Bernard magistralement incarnée par Estelle Meyeur
03:34qui enfile la robe au manche-ballon de cet inimitable artiste
03:37qui dormait dans un cercueil et promenait en laisse son alligator de compagnie qui s'appelait Aligaga.
03:43En sens et leci de la mise en scène et du drame,
03:45Sarah Bernard parle dans sa vie comme elle joue sur scène.
03:48Écoutez cette voix d'or comme l'a surnommé Victor Hugo.
03:51Si tu veux, faisons un rêve, on s'ensure de pas le froid.
03:55Tu m'emmènes, je t'enlève, l'oiseau chante.
03:59Est-ce que vous imaginez Isabelle Huppert jouer comme ça aujourd'hui au théâtre ?
04:02Ah oui, pas du tout.
04:03Voilà une vie à cheval entre deux siècles et l'instabilité du monde avec la guerre pour des corps.
04:07Contre la Prusse en 1870, Sarah Bernard transforma le théâtre de l'Odéon en hôpital,
04:12et même amputée d'une jambe, elle alla jouer sur le front pour les Poilus lors de la Première Guerre mondiale.
04:17Un hommage très divertissant et porté par des comédiens tous très justes.
04:21L'extraordinaire destinée de Sarah Bernard, c'est au théâtre du Palais-Royal jusqu'au 22 décembre
04:25et ensuite en région dans tout le pays.
04:28Merci beaucoup Marie Gickel, merci à vous les amis, rendez-vous demain à 7h50.