Punchline - Un homme tente d'incendier la mairie d'Angoulême

  • le mois dernier

Aujourd'hui dans "Punchline", Élodie Huchard et ses invités débattent de l'incident qui s'est déroulé à Angoulême : un homme a tenté d'incendier la mairie.
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline

Category

🗞
News
Transcript
00:00Et je voudrais justement qu'on commence avec ce que je vous disais, ce qui s'est passé à Angoulême.
00:04C'était aujourd'hui dans la mairie, un homme a tenté de mettre le feu.
00:08Et justement, nous sommes en ligne avec le maire d'Angoulême, M. Xavier Bonnefond.
00:12D'abord, merci d'avoir accepté de témoigner à l'antenne de CNews.
00:16Monsieur le maire, est-ce que d'abord, vous pouvez nous expliquer justement ce qui s'est passé
00:20il y a quelques heures dans votre mairie ?
00:24Écoutez, ce matin vers midi, un individu s'est présenté devant l'hôtel de ville,
00:30a laissé son véhicule devant l'hôtel de ville.
00:32Celui-ci fait l'objet d'inscriptions qui peuvent questionner, interroger.
00:38Il s'est présenté à la mairie et a profité de l'ouverture qui a duré quelques secondes d'une porte
00:48pour rentrer en force avec un récipient rempli d'essence.
00:54Il s'est retrouvé au bureau des élus où nous avons notamment deux assistantes
00:59et s'est présenté dans cet espace, a été interpellé par nos assistantes.
01:04Celui-ci ne répondait pas à leurs interpellations.
01:09Il leur adressait des regards noirs et s'est mis à asperger ce lieu d'essence,
01:16y compris le bureau d'une assistante, y compris une assistante.
01:21Après avoir été tétanisés, elles ont repris un instant leurs esprits
01:28et ont réussi à s'exfiltrer de leur service, de leur espace de travail et à alerter la police municipale.
01:36Celle-ci s'est présentée au sein de ce service des élus et ont été en mesure,
01:44après moult rappels, d'interpeller, neutraliser cet individu qui était physiquement assez costaud
01:55et qui ne répondait pas non plus aux interpellations de la police municipale,
01:59qui visiblement ne réagissait pas non plus à l'utilisation d'armes type tonfa
02:08et qui a mis le feu à la mairie.
02:12C'est aujourd'hui au moins quatre bureaux qui ont été totalement touchés par cet incendie.
02:19Et pour neutraliser l'individu qui ne répondait pas et qui adressait des regards noirs aux policiers,
02:26ils ont été obligés d'utiliser leurs armes pour pouvoir le neutraliser complètement.
02:34Merci pour ces premières précisions.
02:36Monsieur le maire, est-ce que vous connaissiez cet individu ?
02:38Est-ce qu'il a tenté de donner quelques explications à son acte,
02:42même si, évidemment, cet acte est parfaitement injustifiable
02:46et rien ne peut justifier, évidemment, de brûler une mairie ?
02:50Non, mais on a en effet été interrogé par les services de la police nationale
02:57et puis par la justice sur un potentiel différent qu'il y avait avec cet individu.
03:03Après avoir déjà recherché, on sait qu'on ne trouve pas forcément de différent avec cet individu,
03:12d'ailleurs pas très connu, même pas connu de nos services.
03:17Donc c'est un acte qui est à la fois soudain mais à la fois surprenant
03:24que nous avons vécu ici à Angoulême au cœur de l'hôtel de ville.
03:30Malheureusement, on imagine bien sûr que toutes les équipes qui étaient sur place,
03:33vous parliez notamment des secrétaires qui étaient là, sont extrêmement sous le choc actuellement.
03:39Est-ce que vous avez un petit peu de leurs nouvelles ?
03:42Oui, alors les assistantes vont bien mais sont extrêmement choquées.
03:47Elles sont prises en charge comme il convient par des cellules d'appui psychologique,
03:54à la fois dépêchées par la justice mais aussi dépêchées par la mairie.
03:59Les policiers municipaux également puisqu'ils ont aussi souffert par ailleurs
04:05d'une absorption assez importante de fumée.
04:09Donc ceux-ci vont bien et font l'objet d'un suivi psychologique.
04:15Mais c'est toute une mairie qui est touchée par cet incident,
04:18y compris dans d'autres services et qui a créé un émoi et une peur pour beaucoup de nos agents
04:28qui ont l'habitude de recevoir du public et qui ont le service public municipal chevillé au corps.
04:34C'est ce que je disais précédemment, le problème c'est que cet acte révèle une fois de plus
04:38que quand vous travaillez dans une mairie, dans un hôpital, dans un commissariat,
04:41malheureusement pour des personnes comme ça a été le cas chez vous à Angoulême,
04:45vous devenez des cibles et on imagine qu'un certain nombre d'agents malheureusement
04:48risquent d'y penser maintenant en arrivant au travail.
04:50C'est ce qu'on entend par exemple dans les hôpitaux,
04:52on ne se pose pas la question d'aller travailler dans un hôpital
04:54jusqu'au jour où il y a quelqu'un qui vient violent sur les lieux.
04:58Oui, parce que tous ces agents qui sont quotidiens présents dans le service public
05:04et dans le service public municipal, ils le font pour servir les angoumoisins.
05:08Ils le font évidemment pour servir les autres.
05:13C'est vrai qu'ils sont nombreux, je pense, aujourd'hui,
05:17après cet agissement, à beaucoup s'interroger.
05:23Donc il va falloir que l'on propose à l'ensemble de nos agents,
05:27s'ils le souhaitent, un suivi psychologique.
05:31Et puis c'est tout un symbole,
05:33puisqu'on sait que la mairie et un hôtel de ville dans une commune
05:38est le premier symbole de la République française.
05:41Et venir dans une mairie pour tenter de mettre le feu,
05:46pour asperger également aussi des agents, des êtres humains,
05:51je crois que c'est un acte indéfendable, c'est un acte condamnable.
05:55Et j'espère que l'enquête fera la lumière, évidemment,
05:59sur les motivations de cet individu.
06:03Merci beaucoup, en tout cas, M. Le Maire, Xavier Bonnefont,
06:05maire d'Angoulême, d'avoir témoigné sur CNews et sur Europe 1.
06:08Évidemment, on adresse au nom de nos deux rédactions
06:11tout le courage possible à vos équipes.
06:13C'est vrai que Vincent Roy, c'est quand même hallucinant.
06:15C'est un homme qui arrive très déterminé, très malin,
06:18puisqu'il profite de cette porte ouverte.
06:19Visiblement, il sait où est le bureau des élus,
06:21ou alors, sans hasard, mais le hasard serait un peu gros,
06:23et qui tente de mettre le feu, qui n'a pas peur de faire peur
06:26et qui n'a pas non plus peur des forces de l'ordre.
06:28C'est-à-dire que les premières sommations des forces de l'ordre,
06:30elles restent sans réponse.
06:31Écoutez, manifestement, cet individu ne va pas bien,
06:33parce que pour aller sans...
06:35Oui, mais malheureusement, il y a beaucoup de monde qui ne va pas bien.
06:38Vous avez remarqué, c'est un peu le problème dans ce pays.
06:40Il y a beaucoup de gens qui se sentent un peu dérangés,
06:42parce que ce monsieur semble-t-il
06:45à un certain nombre de problèmes personnels,
06:48ce qui ne justifie en rien qu'on aille s'en prendre
06:52à la mairie de sa commune, lorsque l'on a des problèmes,
06:55parce que sans quoi, il n'y aurait plus une mairie debout.
06:58Donc, elle serait toute brûlée.
07:00Donc, voilà, qu'est-ce qu'on peut en dire ?
07:02On ne sait rien, il n'a rien revendiqué, à priori.
07:05Il n'est effectivement pas effrayé par les forces de l'ordre.
07:09Le problème, c'est qu'aller incendier des bureaux
07:11et avec des secrétaires dedans, ça peut virer carrément au drame.
07:16Bien sûr.
07:17Donc, tout cela est quand même relativement grave.
07:19Effectivement, on est obligé d'admettre
07:21qu'aujourd'hui, on s'en prend de plus en plus
07:23à des gens qui vont représenter soit l'État,
07:25soit une autorité quelconque.
07:27C'est vrai pour les médecins, c'est vrai pour les pharmaciens,
07:29c'est vrai pour les professeurs.
07:32Donc, la situation devient terrible.
07:37Et là, elle aurait pu devenir tout à fait dramatique
07:40si les forces de l'ordre n'étaient pas intervenues à temps.
07:44Voilà, qu'est-ce qu'on peut dire d'autre ?
07:46A priori, c'est pour ça que je vous dis, c'était une personne dérangée.
07:49Jean-Christophe Couville, effectivement, on peut saluer
07:51une fois de plus la réaction rapide et efficace des forces de l'ordre
07:54qui font que, certes, il y a quatre bureaux qui sont brûlés,
07:58certes, malheureusement, les agents de cette mairie sont choqués,
08:00mais en tout cas, il n'y a pas de blessés à déplorer
08:03parce que, face à un individu aussi visiblement déterminé,
08:08ce sont des forces de l'ordre qui gardent leur calme
08:10et qui arrivent à maîtriser la situation dans un hôtel de ville.
08:12Malheureusement, il y a du monde.
08:13Oui, alors là, c'est les policiers municipaux de la ville d'Angoulême
08:16qui sont intervenus en premier.
08:17Donc, ça remet aussi le discours de
08:21« faut-il armer la police municipale ou pas ? ».
08:23Moi, je suis déterminé à dire que oui.
08:26Depuis 2015, quand on a police,
08:28que ce soit municipale, nationale ou même gendarmerie dans le dos,
08:32on est incibles aujourd'hui, malheureusement.
08:34Donc, quand on est flic de terrain, c'est très compliqué.
08:38En fait, souvent, les gens nous disent « mais pourquoi ?
08:39Vous n'avez pas fait ci ? Pourquoi vous n'avez pas tiré là ? »
08:41Non, mais quand on a une personne déterminée qui a décidé de passer à l'acte,
08:45on voyait bien, les policiers municipaux,
08:48à priori, dans les premiers effets, ont essayé de se servir de leur tonfa.
08:51Ils n'arrivent pas à maîtriser.
08:53C'est très compliqué de maîtriser quelqu'un, d'énerver et d'être déterminé.
08:57Il y a peu de temps, quand il y a du public comme ça autour
08:58et qu'ils veulent mettre le feu à tout, on ne peut pas vraiment négocier.
09:01Il allume le feu, il laisse perche de l'essence sur des personnes,
09:05donc il est prêt à les brûler.
09:06Ce sont des armes par destination.
09:08Le délai de réflexion est très court.
09:09Donc, effectivement, après, derrière un bureau,
09:11devant son salon ou derrière son ordinateur,
09:13on peut dire « ils auraient peut-être pu faire ça ou comme ça ».
09:15Non, mais là, on est dans l'instant, dans la seconde,
09:17il faut prendre une décision et c'est toujours ce qui est compliqué.
09:21Là, maintenant, il va y avoir une enquête, effectivement,
09:23on va poser des choses et il faut savoir si cet homme a eu un coup de sang,
09:26parce que c'était plutôt prémédité.
09:28Tout ça, on va le savoir aussi au fur et à mesure de l'enquête.
09:31Voilà, mais c'est encore une fois, je vous dis, c'est l'idéologie.
09:33Il faut abattre cette idéologie de dire les policiers municipaux
09:36ne doivent pas être armés.
09:37Et il y a certains maires qui doivent s'interroger.
09:39De grandes villes, d'ailleurs.
09:40Oui, mais oui, et de s'interroger de grandes villes.
09:43Oui, Lyon, Bordeaux, Paris, Grenoble, tout ça.
09:48Sans vouloir les viser, mais au moins de se dire
09:51est-ce que vous tenez compte des demandes aussi de vos policiers municipaux ?
09:54Régis Le Sommier, c'est vrai que malheureusement,
09:56on voit par exemple des hôpitaux maintenant qui mettent des portiques,
09:59qui mettent des vigiles.
10:00On se dit est-ce que maintenant, un hôpital, une mairie,
10:03ça va être un bunker parce que ça va être finalement la seule solution
10:07pour tenter de se protéger ?
10:07Évidemment qu'on n'a pas envie d'en arriver là
10:09et je ne pose pas cette question comme un souhait.
10:11Mais le problème, c'est qu'on voit aujourd'hui,
10:12vous êtes tranquillement en train de travailler à la mairie d'Angoulême.
10:14Un homme se faufile et arrive pour mettre le feu
10:17à des bâtiments avec des gens dedans.
10:18On en est quand même arrivé là, quoi.
10:19Oui, on en a déjà vu.
10:21D'ailleurs, souvenez-vous, l'année dernière,
10:23au moment des émeutes de juillet,
10:25la mairie de Les Roses, maire Vincent Jeanbrun…
10:28Et son domicile, d'ailleurs.
10:29Et son domicile avait été ciblé.
10:31Je crois que la mairie avait été incendiée à cette époque.
10:34Donc oui, ce n'est pas la première fois qu'on s'attaque aux mairies.
10:37Ce n'est pas non plus la première fois qu'on s'attaque aux élus.
10:40On a vu qu'ils ont du mal à faire respecter l'ordre
10:44dans le cadre de Jean Duvoyage dans la première partie de l'émission.
10:48Mais l'autorité, ce n'est pas simplement la police,
10:52ce n'est pas simplement la gendarmerie qu'on va attaquer,
10:55refus d'obtempérer, etc.
10:56C'est aussi des insoumissions et des attaques directes vis-à-vis des élus.
11:00Et aujourd'hui, on sait qu'il y a de gros problèmes
11:03parmi les 36 000 communes de France
11:06de maires qui jettent l'éponge,
11:08de maires qui décident de ne pas se représenter.
11:1150 % des maires actuels pensent ne pas se représenter.
11:15On a eu environ 40 démissions par mois depuis 2020.
11:19Ce qui est énorme, d'ailleurs, parce que c'est l'élection municipale,
11:23c'est l'élection qui, en France, après l'élection présidentielle
11:28ou à peu près au même niveau, intéresse les Français.
11:30Parce que l'élu local, c'est quelqu'un qui intéresse.
11:32C'est un point de ralliement.
11:34Le maire est l'élu préféré des Français.
11:35C'est l'élu préféré, c'est quelqu'un qu'on connaît,
11:38en qui on a confiance,
11:39même quand on ne partage pas ses idées politiques.
11:41Il y a un côté unification du social avec le maire.
11:45Et là, on se rend compte que c'est une profession, aujourd'hui,
11:49maire qui est presque un sacerdoce.
11:53C'est-à-dire qu'il faut sacrifier sa vie,
11:55il faut être en permanence face à l'insécurité
12:00et, en plus, risquer, là, le cas échéant,
12:03de voir la mairie, symbole de la République par excellence,
12:06brûler dans une ville d'importance,
12:09puisque Angoulême, ce n'est pas une petite ville.
12:12Ce que disait Jean-Christophe, à l'instant, était très important,
12:16parce qu'imaginez exactement la même scène,
12:19avec un individu qui vient, effectivement, brûler une mairie,
12:24qui répand de l'essence sur des bureaux.
12:27La police municipale arrive et l'individu,
12:31s'il avait sorti une arme,
12:33comment la police municipale pouvait-elle répondre ?
12:35C'est tout le problème de la police municipale.
12:37Ça veut dire que la police municipale ne pouvait pas répliquer.
12:41Donc, la question qui est posée
12:43et qui doit être reposée constamment de l'armement de la police municipale
12:47est une question absolument centrale
12:49dans une époque d'ensauvagement assez généralisée,
12:54où on a du mal à faire régner l'autorité.
12:57Donc, c'est une question qui doit être posée.
12:59Jacques Morel, effectivement,
13:01on voit à la fois tous ces symboles de la République qui sont attaqués
13:04et tous les personnels qui représentent aussi la République qui sont attaqués.
13:07On a souvent, à longueur de journée, sur ces plateaux,
13:10des représentants des forces de l'ordre,
13:11mais aussi des médecins du monde hospitalier qui nous disent
13:14« Oui, on croit en notre mission,
13:15mais entre le fait qu'on ait de moins en moins de moyens
13:17et le fait qu'on soit de plus en plus menacés, voire agressés,
13:20c'est sûr que le matin, pour aller défendre sa mission
13:22et défendre le service public,
13:23il faut beaucoup de motivation, plus qu'avant peut-être. »
13:26Ce cas concret dramatique va, en ce qui concerne les maires en tous les cas,
13:31sûrement faire réfléchir ceux qui hésitaient à armer leur police municipale.
13:35On espère.
13:36On imagine la même scène avec des policiers non armés,
13:40attendre qu'arrive une police nationale ou une gendarmerie
13:45qui n'est pas forcément à proximité de l'établissement.
13:48Ça aurait pu se transformer en drame.
13:51Bon, donc on ne peut que se louer de la réaction courageuse et énergique
13:57et des décisions qui ont été prises pour stopper cette attaque.
14:01Maintenant, il va falloir effectivement réfléchir,
14:06après en savoir un peu plus sur le profil...
14:09Oui, le pourquoi, etc., bien sûr.
14:11On s'est dépêchés de nous dire que c'était un Français,
14:14comme si ça pouvait faire penser à autre chose.
14:17Et en tous les cas, si vous voulez,
14:20soit il s'agit une nouvelle fois, comme vous le disiez au début,
14:23de quelqu'un qui est dérangé et qui n'avait pas sa place sur la voie publique,
14:27soit il y a vraiment un contentieux ignoré ou pas
14:31entre ce monsieur et des gens de la mairie,
14:37soit il est passé à l'acte pour un coup de chaud,
14:40pour des problèmes personnels.
14:42Mais en tout cas de cause, c'est inadmissible.
14:44Et heureusement que les policiers municipaux armés étaient sur place.
14:48Sinon, on serait face à un drame maintenant,
14:50en train peut-être de pleurer des victimes.

Recommandée