Alain Delon, un homme de droite
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Transcript
00:00Son premier acte politique fut plutôt discret, mais il fixait le cap.
00:05En 1970, il achète le manuscrit « L'appel aux Français » du général de Gaulle
00:10pour éviter que ce document historique ne soit vendu à un étranger.
00:14Il en fait don à la fondation de Gaulle.
00:17« Pourquoi j'ai aimé le général de Gaulle passionnément,
00:20pourquoi je l'ai suivi tout au long de sa vie ?
00:22Parce que j'ai été élevé dans l'amour du général de Gaulle,
00:25dans le respect du général de Gaulle,
00:27parce que moi, ma première enfance, le général de Gaulle,
00:30c'était le rédempteur, le sauveur de la France. »
00:34Ce qui l'apprécie chez le général, une certaine idée de la France,
00:38une stature de commandeur.
00:41« Pour moi, d'abord, c'était un chef.
00:44J'ai été habitué, peut-être par mes enseignants,
00:47peut-être par mes professeurs, j'ai été habitué à avoir un chef.
00:50Lorsqu'on me parlait de la France, lorsque j'étais à l'école,
00:52on m'en parlait avec un F majuscule.
00:54Ça, je le garde en moi, je le porte en moi. »
00:56Alain Delon est l'un des rares artistes à assumer ses convictions politiques,
01:00franchement à droite, aussi ouvertement.
01:03En 1981, il se prononce publiquement pour Valéry Giscard d'Estaing.
01:07« C'est à la fois le choix du cœur, pour des raisons privées,
01:11et le choix de la raison, parce que ça me paraît évident. »
01:15Mais c'est son amitié avec Jean-Marie Le Pen
01:17qui lui vaut de nombreuses récriminations.
01:20Il en parle, là aussi sans détour.
01:22« Je n'ai jamais caché, et je ne cacherai pas,
01:25ma sympathie, j'ai pas dit mes sympathies,
01:27j'ai dit ma sympathie pour Jean-Marie Le Pen,
01:29que je connais depuis très longtemps,
01:31avant même que l'on parla du Front National. »
01:33Il fait d'une remise de décoration un événement culturel et mondain
01:36auquel il convie le fondateur du Front National.
01:39S'il souligne leur désaccord,
01:41il souhaite voir Jean-Marie Le Pen jouer un rôle politique éminent.
01:45« L'extrême-droite, il faut bien le préciser, c'est quand même la droite.
01:48Et l'extrême-droite, ça regroupe quelques millions de Français. »
01:52Pourtant, en 1988, c'est à Raymond Barre qu'il apporte son soutien,
01:56sans ambiguïté.
01:58« Mon cœur me dicte d'être avec Raymond Barre,
02:00et j'irai jusqu'au bout avec Raymond Barre.
02:02Ça plaît, tant mieux, ça ne plaît pas, tant pis, c'est pareil. »
02:05Mais Raymond Barre ne dépasse pas le premier tour.
02:08François Mitterrand est élu.
02:10Les deux hommes se respectent comme deux grands fauves,
02:12chacun dans son domaine.
02:14Avec son successeur Jacques Chirac,
02:16les rapports sont épisodiques.
02:19C'est avec Nicolas Sarkozy
02:21qu'il découvre le goût de l'engagement politique, en 2007.
02:24« Good luck, Nico. »
02:26« Bonne chance, Nicolas. »
02:28Invité, il accompagne le couple présidentiel en Chine.
02:32Mais en 2013, un an après la défaite de Nicolas Sarkozy,
02:35Alain Delon salue, dans un journal suisse, la montée du Front National.
02:39« Le Front National prend une place très importante,
02:42et ça, je l'approuve, je le pousse, et le comprend parfaitement bien. »
02:46Nicolas Sarkozy coupe alors les ponts.
02:49Alain Delon, touché, se retourne vers Alain Juppé,
02:52pour la primaire de 2016.
02:55Mais c'est Emmanuel Macron qui est choisi par les Français.
02:58« C'est Panthé Gaulle.
03:00Déjà.
03:02Il a été élu, je crois, à 40 ans.
03:04Il aurait mieux fait de continuer ce qu'il faisait,
03:06plutôt que d'être élu président. »
03:08Il a pu avoir la dent dure,
03:10mais son immense renommée
03:12faisait de lui un ambassadeur de la France,
03:14reçu à l'Élysée
03:16par tous les présidents de la Vème République.
03:18Sauf par son idole, le général de Gaulle.