Mort d'Alain Delon : "Le mythe Delon résistera à jamais au temps qui passe", estime Jack Lang

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00:00— Et on va continuer de parler d'Alain Delon et de son œuvre avec notre invité. C'est vous, Jacques Lang. Bonjour.
00:06— Bonjour. — Merci à vous de répondre à nos questions ce midi sur France 24. Ancien ministre de la Culture, bien sûr, ici en France.
00:13Quelle image vous, vous gardez d'Alain Delon ?
00:18— C'est, bon, l'image d'une personnalité hors norme. C'est le plus beau visage du cinéma français.
00:30Avec son regard métallique, son sourire félin, il a envoûté des générations entières de spectateurs.
00:39Et partout dans le monde – je dis bien « partout » – il incarne la France, une idée du talent, de la création, de la beauté.
00:49Et vous l'avez vous-même rappelé à l'instant, sa carrière est éblouissante. Il vivait à 100 à l'heure, tournait avec les plus grands,
00:58Visconti pour Rocco et ses frères ou le guépard, Melville pour le samouraï. Il était en quelque sorte James Dean français, à la beauté diabolique.
01:12C'était une bête de scène. Il attirait la caméra et la caméra l'attirait. Et on a eu raison de rappeler à l'instant que non seulement il a été un grand acteur de cinéma,
01:25mais aussi un acteur de théâtre. Et j'ai eu le bonheur de l'entrapercevoir, ou de l'apercevoir plutôt, à plusieurs reprises sur la scène.
01:34Et puis, au-delà de l'acteur, du personnage iconique, du monstre sacré, il y avait l'Alain Delon intime.
01:46À l'instant, on évoque les disputes, sans doute elles ont existé. On évoque peut-être les propos extrémistes.
01:57Mais pour l'avoir connu pendant une vingtaine d'années, je veux dire qu'au-delà de ses opinions portées à la hache sur telle ou telle personne, sur telle ou telle partie,
02:14il était d'abord une passion, une tendresse à l'amour de la vie, des choses et de la beauté. Et ce fait que nous n'appartenions pas à la même philosophie politique,
02:28je suis toujours de gauche, il était plutôt porté vers la droite ou même la droite extrême. Néanmoins, nous avons tissé des relations, je dirais, amicales, confiantes, j'ose dire fraternelles.
02:42Il était très ami de ma fille Valérie, actrice de théâtre. Et tout à l'heure, ma femme, Monique, m'a rappelé une chose qui l'avait beaucoup touchée, c'est au moment des funérailles de ma fille,
02:58Alain vint vers elle et lui dit à l'oreille, vous savez, Monique, je la rejoindrai bientôt là-haut et ensemble, nous jouerons à nouveau du théâtre. C'était Alain Delon craché, le croyant, en même temps l'ami tendre, l'homme attentif.
03:20Bon, il n'était pas que cela, je n'oublie pas, je ne sais pas, je ne peux pas ignorer le reste. Quel que je l'ai connu, quel que je l'ai connu, oui, pardon, pardon, vous évoquiez ces rôles iconiques, je voulais revenir avec vous sur notamment son importance dans le cinéma italien,
03:40vous évoquiez les rôles de Visconti. Le guépard, c'est un film majeur, pas seulement pour le cinéma italien, mais aussi pour l'histoire italienne, notamment, et aussi, bien sûr, Rocco et ses frères, et il y joue une large place.
03:52C'est clair, c'est vrai qu'en Italie, il est aussi un personnage clé, et Visconti a été, est l'un des cinéastes qui domine la scène cinématographique italienne. Il était, tout à l'heure, je crois, vous l'avez dit, c'était une sorte de James Dean français à la beauté diabolique,
04:13et Visconti avait pour Alain Delon une admiration, une véritable attirance pour l'acteur, l'interprète, l'icône, et voilà, et malheureusement, le guépard dont vous parlez à l'instant, le guépard ne rugira plus,
04:36mais son visage botticélien, pour évoquer un artiste italien, son sourire charmeur, ses yeux magnétiques continueront à nous hanter longtemps, et surtout, à être présent sur les écrans du monde, et le mythe Delon, avec l'unique, résistera, je pense, à jamais, au temps qui passe.
04:57Un dernier mot avec vous, Jack Lang, sur une comparaison qu'on fait souvent entre ces deux monstres du cinéma français, Alain Delon qui vient de disparaître, et Jean-Paul Belmondo, notamment. Alain Delon, ce n'était pas vraiment un acteur de la nouvelle vague, comme a pu l'être Jean-Paul Belmondo.
05:12Quelle place il va garder, selon vous, dans le cœur des Français ? On évoquait aussi les polémiques, ses prises de position très controversées, sa proximité avec l'extrême droite. Est-ce que, du coup, ça le mettra un petit peu en retraite, Jean-Paul Belmondo, qui était un acteur, finalement, plus consensuel ?
05:26Non, je ne pense pas. Ce sont deux registres tellement différents. Belmondo, que j'aimais beaucoup, était un acteur virtuose. C'était un comédien de naissance et de formation. C'était un type d'exception aussi.
05:42Ce sont deux registres tellement différents, Garnon, Belmondo et Alain Delon. Et je ne veux pas parler des vivants, parce qu'il y en a quelques autres encore, qui, j'espère, resteront longtemps parmi nous, qui sont, eux aussi, des monstres sacrés.
05:57Et ce sera le mot de la fin. Merci à vous, Jacques Lang, d'avoir répondu à nos questions ce midi sur France 2.

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