Postes d'internes supprimés: "Il n'y a déjà pas assez de médecins en place, ça risque d'aggraver les choses", explique Janet Abdesselam, interne en médecine générale à l'APHP

  • il y a 2 semaines
L'hôpital public encore un peu plus amputé. Le nombre d'internes va baisser à l'automne. Plus de 1.500 postes vont être supprimés, selon les chiffres publiés au Journal Officiel. Les étudiants en médecine ont lancé une pétition en ligne pour demander au gouvernement de rouvrir des places.
Transcript
00:00On était très, très étonnés parce que, justement, c'est déjà très compliqué pour nous.
00:04Moi, je suis actuellement aux urgences et c'est déjà un flux supérieur à la normale qu'on se prend
00:11parce que, malheureusement, il n'y a pas assez de médecins en place déjà
00:14et cela risque d'aggraver les choses qui sont déjà très compliquées, très tendues,
00:19avec les départs à la retraite qui sont prévus.
00:23Donc, on était assez étonnés et ça ne présage pas forcément beaucoup de positifs pour l'avenir qui est déjà très compliqué.
00:32On parlait de cette pétition qui a été lancée par des internes en médecine
00:35pour demander au gouvernement d'ajouter davantage de places.
00:38Vous avez signé, vous, cette pétition ?
00:41Oui, tout à fait.
00:42Malheureusement, le problème, c'est que les choses se font en amour
00:45et ça ne risque pas forcément de faire changer les choses
00:47mais on va essayer quand même de bouger pour pouvoir faire quelque chose
00:51parce que ça devient critique et que ça ne s'améliorera certainement pas.
00:55Et on a encore quelques années de formation avant nous.
00:59L'internat, ça va de 4 à 6 ans.
01:01Donc, si en plus on diminue le nombre de postes,
01:06ça risque de se faire ressentir d'ici 4 à 6 ans,
01:10ce qui colle vraiment avec les départs à la retraite majoritaires en France.
01:15Et puis, j'imagine que vous pensez à toutes les personnes qui nous regardent,
01:17qui habitent peut-être dans des quartiers où il n'y a pas de médecins
01:20ou si je prends un exemple très personnel,
01:23dans une zone rurale, dans le Poitou-Charentes, dans la Vienne,
01:26où parfois, pour avoir fait le test, il faut attendre peut-être une heure
01:30avant d'avoir un rendez-vous dans un autre département,
01:34par exemple pour un dentiste.
01:35C'est assez dingue, mais j'ai vécu ça.
01:37Un mois même, parfois, c'est absolument dingue.
01:40Vous pensez, j'imagine, à toutes ces personnes qui ne comprennent pas
01:43pourquoi on supprime des postes alors que près de chez elles,
01:46il n'y a plus de médecins ?
01:48Tout à fait, c'est autour de médecins-traitants, rien que ça.
01:51Nous sommes submergés aux urgences parce qu'il y a plein de personnes
01:54qui n'ont plus de médecins-traitants, parce que malheureusement,
01:56on ne peut plus prendre de nouveaux patients,
01:57parce que malheureusement, il n'y a pas assez de médecins.
01:59Et en fait, c'est un cercle continu qui n'est pas prêt à s'arrêter
02:02avec ce genre de prise de décision par le gouvernement.

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