Philippe Juvin (député droite républicaine et chef du service des urgences): "Notre système de formation des médecins n'est pas adapté en quantité"

  • il y a 2 semaines
L'hôpital public encore un peu plus amputé. Le nombre d'internes va baisser à l'automne. Plus de 1.500 postes vont être supprimés, selon les chiffres publiés au Journal Officiel. Les étudiants en médecine ont lancé une pétition en ligne pour demander au gouvernement de rouvrir des places.
Transcript
00:00Oui, en fait, c'est une disposition technique qui s'explique malheureusement,
00:04mais qui révèle un problème plus important,
00:07c'est qu'on ne forme pas suffisamment de médecins en France aujourd'hui.
00:09Il y a eu une augmentation de ce qu'on appelle le numerus clausus,
00:13c'est-à-dire le nombre d'étudiants qui a établi en deuxième année de médecine,
00:16il y a d'environ 15% ces dernières années, tout le monde s'en est glorifié.
00:19En réalité, la population augmente, elle est plus âgée, elle est plus malade,
00:23il faut beaucoup plus de médecins que ça,
00:24les Anglais ont quasiment doublé leur numerus clausus.
00:27Donc il faut augmenter le nombre de médecins en formation, c'est ça le vrai sujet.
00:31Pourquoi on a diminué le nombre de postes d'un interne au choix cette année ?
00:35Pour une raison technique, c'est qu'il y a eu moins de candidats en fait.
00:39À la fin du deuxième cycle des études médicales,
00:41c'est-à-dire la fin de la sixième année de médecine,
00:43les étudiants passent un examen national et en fonction des résultats de cet examen,
00:47ils choisissent leur spécialité et leur lieu d'affectation en France.
00:51Il se trouve que les modalités de l'examen ont changé énormément,
00:54juste quasiment au dernier moment, ce qui n'est pas normal,
00:57et ça a causé du trouble chez les étudiants qui ont décidé,
01:00pour un certain nombre, de ne pas passer l'examen et de redoubler.
01:02Et donc logiquement, les autorités sanitaires,
01:04comme il y avait moins de candidats, ont mis moins de postes au choix.
01:07C'est ça qui se passe.
01:08La vraie question, c'est pourquoi les étudiants ont décidé de ne pas passer l'examen ?
01:11Ils n'ont pas passé l'examen parce qu'il y avait une règle du jeu qui était mouvante.
01:18Donc en fait, ce que ça révèle, cette affaire qui est grave, vous avez raison,
01:22parce que tout ça, c'est moins de médecins formés, en tout cas avec encore un an de retard en plus,
01:28c'est que notre système de formation des médecins n'est pas adapté.
01:31Il n'est pas adapté en quantité, on n'en forme pas assez, je le répète.
01:34Il faut doubler le nombre de médecins en formation, doubler, pas 10% plus, doubler.
01:38Et deuxièmement, il faut donner de la transparence à ces études de médecine
01:42qui font l'objet de tellement de réformes ces dernières années que plus personne ne s'y retrouve.
01:46Philippe Juvin, on peut revenir vraiment sur le sujet de ces 1510 postes qui vont être supprimés.
01:50On en parlait à l'instant, les étudiants en médecine ont lancé une pétition
01:53pour demander au gouvernement de rouvrir des places.
01:55Est-ce que vous, vous soutenez cette pétition ?
01:59Alors, pardon de vous le dire comme ça.
02:02Oui et non.
02:02Oui sur le principe parce qu'encore une fois, la règle du jeu a été changée au dernier moment.
02:07Et ça, ce n'est pas normal.
02:07Quand vous passez un examen ou un concours, on n'a pas le droit de changer la règle du jeu.
02:10Or, c'est ce qui s'est vraiment passé.
02:12Non dans la mesure où il y avait moins de candidats, moins de gens qui passaient l'internat.
02:17Donc c'est normal qu'il y ait moins de postes au choix.
02:19Vous voyez, je suis désolé de ne pas vous donner une réponse parmi, par nom.
02:23Ce que disent ces étudiants, c'est qu'il y avait moins de monde à cause, selon eux, de la réforme.
02:29D'où le fait qu'ils s'adressent au gouvernement.
02:32C'est exactement ce que je vous dis.
02:33C'est qu'il y a eu une réforme chaotique qui font que les étudiants ont décidé de ne pas y aller.
02:38Et donc du coup, comme ils n'y sont pas allés, il y avait moins de candidats.
02:41Le gouvernement a dit on met moins de postes au choix.
02:43Mais encore une fois, ça ne se fait pas dans la transparence.
02:46Ça se fait au dernier moment et ce n'est pas normal.
02:47La conséquence, c'est qu'il y a aujourd'hui des spécialités qui ne sont pas bien choisies.
02:55C'est-à-dire que quand vous êtes premier du concours, vous choisissez en général
02:59soit l'ophtalmologie, soit la chirurgie plastique et réparatrice.
03:05Si vous êtes dernier au concours, vous choisissez d'autres spécialités
03:08que je ne vais pas citer pour ne pas me mettre mal avec mes collègues,
03:10mais qui sont moins attractives.
03:13Et les étudiants disent, il faut ajouter des postes dans les spécialités
03:17qui sont attractifs.
03:19Et là, pour le coup, je les soutiens.
03:21On a un sujet d'inadéquation de répartition sur le territoire.
03:27On ne met pas les postes là où c'est nécessaire.
03:30Moi, je crois par exemple que quand vous regardez la chirurgie infantile
03:34pour faire opérer un enfant, c'est quand même important.
03:36Il y a des départements où il n'y aura plus de chirurgie infantile bientôt.

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