Tshepiso Maziboku photographie les visages et cicatrices de la génération post-apartheid, en Afrique du Sud. Elle nous parle de son projet "HO TSHEPA NTSHEPEDI YA BONTSHEPE", exposé aux Rencontres Arles jusqu’au 29 septembre 2024.
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Art et designTranscription
00:00En Afrique du Sud, quand on dit que tu es né libre,
00:03ça veut dire que tu es né après l'apartheid,
00:05ce qui a eu lieu en 1994.
00:07Donc, c'est-à-dire que tu es né dans cette nouvelle nation ombre.
00:11C'est une chose de dire que les gens sont libres,
00:14mais c'est simplement parce qu'ils sont nés après un certain temps,
00:17alors qu'on a été élevé par des gens qui étaient dans la ville.
00:20Une grand-mère qui a été opprimée
00:23donne naissance à sa mère,
00:25passant par le trauma de la survie,
00:27et là, tu viens, tu es né libre.
00:30Tu as porté toutes ces générations,
00:32mais tu es libre.
00:33Tu ne peux pas parler d'apartheid parce que tu ne l'as pas vécu,
00:35mais je vis l'après-midi de ça.
00:39Le projet ne s'appelait plus plus « Né libre »,
00:41il s'est transformé en projet sur les traumas, les blessures,
00:46mais surtout sur l'espoir dans un endroit qui n'inspire pas l'espoir.
00:51On est appris à ne pas parler.
00:54Il faut être fort.
00:54Il y a des choses qu'on doit éliminer,
00:57au lieu de les mettre sous le rugueau.
00:59J'ai atteint un point où je ne pouvais plus m'en occuper,
01:02et maintenant, c'est en fait manifesté dans ma photographie.
01:06Tout le malheur veut sortir,
01:08et je n'ai pas de contrôle sur ça.
01:11C'est juste quelque chose qui se passe.
01:14Comme vous pouvez le voir, je m'ennuie quand je pense à ça.