• il y a 2 mois
Retrouvez Regards de femmes tous les samedi à 7h30 avec Michèle Vianès.

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##REGARDS_DE_FEMMES-2024-08-10##

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Transcription
00:00SUD RADIO REGARD DE FEMME, MICHEL VIONNESSE
00:04Bonjour Michel.
00:05Bonjour Laurence.
00:06Alors on continue votre série d'été d'hommages aux féminins.
00:10Et ce matin vous vouliez nous parler de Sophie Germain.
00:12C'est une mathématicienne, autodidacte de génie en tout cas pour vous.
00:16On est quoi, là au 18e, 19e siècle ?
00:19C'est ça, tout à fait, la fin de la période de la Révolution et le début du 19e.
00:24Donc Sophie Germain, c'est une mathématicienne, physicienne et philosophe française du 19e siècle.
00:31Elle est connue justement pour un théorème d'arithmétique qui porte son nom
00:36et pour ses travaux sur l'élasticité des corps.
00:39Alors elle est née en 1776 dans une famille bourgeoise qui était aisée et cultivée.
00:46Son père est très ouvert aux idées des lumières et aux sciences.
00:51Il a d'ailleurs été élu député aux tiers états et il a siégé à l'Assemblée Constituante en 1789.
00:58Les volumes de l'Encyclopédie de D'Alembert et de Diderot figurent dans sa bibliothèque
01:05et c'est pour ça que Sophie va passer son temps toute jeune dans la bibliothèque familiale
01:12et va découvrir seule et en parfaite autodidacte les mathématiques.
01:17On dit même qu'elle se levait la nuit pendant le sommeil de ses parents pour aller étudier la lueur d'une bougie.
01:24Et tout ceci au grand dame de sa mère qui lui demande à quoi pourraient bien lui servir
01:29toutes ses connaissances scientifiques lorsqu'elle se mariera.
01:33On est au 18e siècle là.
01:35Mais ce mariage n'intéresse pas du tout Sophie.
01:38D'ailleurs sa famille a fini par renoncer à essayer de la marier
01:41et en preuve d'ailleurs d'une grande tolérance à l'époque.
01:45Ce sont ses parents et ses sœurs, qui sont très aisées d'ailleurs,
01:49qui subviendront à ses besoins pendant toute sa vie.
01:53Donc elle préfère quant à elle se réfugier dans les livres
01:58et d'ailleurs apprendre toute seule là aussi le latin, la langue scientifique de l'époque,
02:03d'autant plus que c'est le début de la période de la révolution, de la terreur
02:07et qu'elle sort peu à son démicile.
02:10Et voilà qu'en 1795 est créée la nouvelle école polytechnique.
02:17Mais les filles ne sont pas admises.
02:19Quelque chose me dit qu'elle a l'air assez têtue quand même,
02:22en tout cas très convaincue cette Sophie Germain.
02:24Qu'est-ce qu'elle va faire alors ?
02:25Oui, opiniatre et déterminée,
02:28elle va mettre en place une stratégie et comme d'habitude,
02:32c'est de se faire passer pour des hommes.
02:34Donc elle va prendre l'identité d'un homme,
02:38un certain Antoine-Auguste Leblanc,
02:40il suivait tout à fait ce qui se passait.
02:42Alors il existe bien ce monsieur,
02:45il est inscrit à la polytechnique,
02:48mais il étudie à distance et il a quitté l'académie et la ville
02:52parce que ça ne l'intéressait pas sans en informer l'académie.
02:57Alors que fait notre Sophie ?
02:59Eh bien, elle se débrouille pour que l'administration polytechnique
03:04lui fasse parvenir les notes des cours et des devoirs
03:08qui étaient prévus pour cet étudiant
03:10sans que l'académie ne s'en aperçoive.
03:13Et chaque semaine, donc Sophie Germain
03:16étudie depuis chez elle les cours de polytechnique
03:19et renvoie les devoirs en particulier au mathématicien Lagrange
03:25et en dessinant bien sûr du nom de Leblanc.
03:28Ce fameux professeur Lagrange,
03:30il est si impressionné par le talent de cet élève
03:33qu'il va lui proposer de la rencontrer.
03:36Et il est tout étonné que son plus brillant élève est une femme.
03:41Alors Michel, que va faire ce fameux professeur Lagrange
03:44quand il va découvrir la supercherie alors ?
03:47Eh bien, il ne s'est pas fâché, au contraire,
03:49il est profondément admiratif,
03:52il va saluer son talent, son courage
03:55et il va devenir son mentor tout en poursuivant
03:58justement de faire connaître d'autres mathématiciens célèbres,
04:02le gendre et surtout l'allemand Gauss
04:05avec lequel Sophie va avoir des échanges très importants.
04:11Gauss croit toujours que c'est un homme
04:13mais enfin il finit par apprendre en 1807
04:16qu'elle est une femme et il la décrit
04:19comme une illustre personnelle.
04:21Bon, il est un bon joueur, on va dire.
04:23Oui, intelligent et heureux.
04:26Est-ce que ces recherches, finalement,
04:28ont abouti à des travaux reconnus pour elle alors ?
04:31Oui, alors elle va présenter plusieurs mémoires
04:34à l'Académie des sciences,
04:36en particulier sur l'élasticité des corps
04:38et en 1816, elle est la première femme
04:41à remporter un prix de l'Académie,
04:44ce qui lui permet d'assister à ses séances
04:46sur son seul mérite.
04:48Mais le fait d'être une femme reste un frein
04:51et elle ne peut pas être éligible à l'Académie.
04:55Par contre, ce qui est important pour la suite,
04:57c'est que sa contribution justement aux mathématiques
05:00et à la physique, c'est ce qui a permis
05:03la construction de la tour Eiffel en particulier.
05:06Ah oui, quand même.
05:07Sans les fondations mathématiques qu'elle avait établies,
05:10on n'aurait jamais pu travailler sur l'elasticité des métaux.
05:14Et puis donc Sophie continue à travailler
05:16jusqu'à la fin de sa vie.
05:18Quand elle décède en 1831 d'un cancer,
05:22eh bien juste avant, sur proposition justement
05:26de ce fameux mathématicien allemand Gauss,
05:28l'Université de Göttingen lui accorde
05:31un doctorat honorifique.
05:34Mais elle reste quand même très peu connue
05:37puisqu'il n'y a, je crois, qu'un lycée à Paris
05:40qui porte son nom.
05:42Et donc, comme d'habitude,
05:44les grandes mathématiciennes de l'époque,
05:47il a fallu des gens du XXe siècle
05:50pour qu'elles soient reconnues.
05:51Voilà, d'où l'intérêt effectivement
05:53de votre série d'hommages aux féminins.
05:55Merci beaucoup Michelle Vianess.
05:57Et puis on se retrouve le week-end prochain.
05:59Merci.

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