• il y a 3 mois
Dans cette première vidéo de notre série sur la face cachée des JO, Jade Lindgaard, journaliste chez Mediapart, dévoile les coulisses plus sombres de la fête olympique. Elle met en lumière les oubliés, les laissés pour compte derrière les médailles et la fierté nationale.

Son livre « Paris 2024 : une ville face à la violence olympique » est disponible aux éditions Divergentes.

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Transcription
00:00Les JO, c'est les médailles d'or, les athlètes qui se réjouissent,
00:03les présidents qui sont contents.
00:05Autour de la fête, il y a des coulisses, des coulisses beaucoup plus sombres,
00:08et ce sont ces coulisses que je vais vous raconter.
00:10Les JO commencent en 2024,
00:12mais il faut avoir en tête que, en fait, la préparation a commencé dès 2018.
00:15Donc les premières personnes qui ont été impactées,
00:17ce sont les habitants de ce qui est devenu aujourd'hui le village olympique,
00:21mais qui était un quartier avec pas beaucoup d'habitation,
00:24mais quand même, un foyer de travailleurs étrangers,
00:26un foyer étudiant, des gens qui travaillaient dans des entrepôts
00:29et des entreprises,
00:30ces gens-là, en gros, ils ont dû dégager pour laisser la place au village olympique
00:34qui allait se construire.
00:35Donc on a 300 personnes qui habitaient dans un foyer qui s'appelle le foyer ADEF.
00:39Ces gens ont dû déménager, ceux-là ont été relogés.
00:42Mais en fait, ce qui s'est passé,
00:43c'est qu'au fur et à mesure que le village olympique s'est construit,
00:46il est construit sur trois villes,
00:48donc il s'est étendu, il a touché d'autres personnes.
00:50En 2022, on a eu les 400 à 500 personnes qui habitaient dans un squat,
00:55le squat unibéton qui était à l'époque le plus gros squat de France,
00:59en tout cas l'un des plus gros,
01:00et qui se trouvait vraiment en lisière, en bordure d'une autre partie du village olympique.
01:04Ces gens ont été expulsés et eux, pour le coup, sans relogement.
01:07Et enfin, on a des gens qui habitent dans une ville qui s'appelle l'île Saint-Denis,
01:11un peu plus loin du village olympique.
01:13Mais eux, ce qui leur est arrivé, c'est qu'ils habitaient dans une cité
01:16qui s'appelle la cité Marcel-Paul,
01:17qui était une cité en très grande difficulté.
01:20Le gouvernement avait décidé de faire tomber ces tours
01:22pour que les gens aillent habiter ailleurs et un peu renouveler le quartier.
01:25Le problème, c'est que comme il y avait les Jeux olympiques qui se préparaient juste à côté,
01:29ces habitants ont été mis sous une pression terrible pour déménager le plus vite possible.
01:33Le sentiment, en gros, de se faire dégager pour laisser la place à la fête olympique.
01:38Et en fait, dans les engagements sociaux des Jeux olympiques,
01:41il y avait la promesse qu'il n'y aurait pas de travailleurs sans-papiers.
01:44Quand on est un travailleur sans-papiers sur un chantier de BTP,
01:47on se fait toujours exploiter.
01:48Mais cette promesse n'a pas pu être tenue
01:50parce que le fonctionnement du secteur du BTP repose
01:54pour plein de raisons sur le travail en partie non déclaré.
01:57Malgré toutes les promesses, il y a une grosse centaine de personnes, 130 personnes,
02:01qui se sont fait connaître à l'État en disant
02:03« Écoutez, moi je travaille sur les chantiers des Jeux olympiques,
02:05je suis sans-papiers, je demande à être régularisé. »
02:08Alors eux, ils ont été hyper courageux de faire ça
02:11parce qu'évidemment, ils se sont révélés en situation illégale
02:13et surtout pour éteindre le scandale.
02:15Le ministère de l'Intérieur a promis de les régulariser
02:18mais ça révèle que sans doute, il y avait d'autres personnes sans-papiers sur les chantiers.
02:21Et ensuite, on a eu un troisième moment d'impact social sur des personnes vulnérables
02:27et là, c'est la question vraiment dramatique des personnes qui vivent à la rue.
02:31Là, on parle de personnes qui vivent sous des ponts
02:33ou qui vivent dans des squats qui sont éphémères.
02:35Ça va être des personnes qui sont soit des mineurs isolés,
02:38mais il y a aussi des familles, il y a aussi des familles avec des enfants,
02:40des familles avec des bébés.
02:41Vous voyez, c'est toute cette population vraiment de grands précaires de la ville.
02:45Ces gens, pour survivre, ils vivent dans des petits campements.
02:47Ce qui s'est passé, c'est qu'entre mai 2023 et mai 2024,
02:52il y a environ 12 500 personnes en Ile-de-France
02:55qui ont été évacuées de campements et de squats.
02:58Ce qui s'est passé là, juste avant les Jeux Olympiques,
03:00c'est qu'il y a eu plus d'évacuations que d'habitude.
03:03Il y a environ 5 200 personnes entre mai 2023 et mai 2024
03:07qui ont été évacuées de force de leur campement de rue ou leur squat,
03:10qui a touché ces personnes les plus vulnérables.
03:12Et parmi elles, il y a également des travailleuses du sexe
03:15dans le bois de Boulogne ou le bois de Vincennes,
03:17qui racontent l'objet de beaucoup plus de contrôles policiers.
03:21On a aussi, dans un autre contexte, des étudiants et étudiantes
03:24qui vivent dans des logements étudiants,
03:26les fameux logements d'Ucrousse,
03:27qui ont dû laisser, qui ont été contraints de laisser leur logement
03:30à des travailleurs des Jeux Olympiques,
03:32et notamment des policiers qui sont venus habiter dans des logements d'Ucrousse,
03:35qui en ont dénoncé les conditions insalubres,
03:37les cafards, les moisissures, etc.,
03:39qui ont un peu découvert les galères du logement étudiant
03:42que connaissent bien les étudiantes et étudiants qui y vivent.
03:44Et enfin, à l'ouverture des Jeux Olympiques,
03:46là, maintenant, pendant 15 jours,
03:48on a une dernière situation,
03:50c'est toute la confrontation à la machine olympique,
03:52à la fois dans Paris,
03:53il y a des zones grises et rouges qui sont difficiles d'accès,
03:56pour lesquelles il faut montrer un QR code,
03:57donc des papiers d'identité,
03:59donc ça rend la circulation des personnes sans papier plus difficile,
04:02voire impossible dans certains cas.
04:04Or, une partie de ces personnes travaillent dans des restaurants,
04:06travaillent comme livreurs, livreuses,
04:08et donc ça rend difficile pour une partie d'entre elles
04:10tout simplement l'exercice de leur travail,
04:12donc leurs moyens de subsistance.
04:14Mais aussi, ce qu'il va falloir regarder,
04:16c'est qu'est-ce qui se passe dans l'interaction
04:18entre les jeunes des quartiers populaires,
04:20de la Seine-Saint-Denis et la police,
04:22parce qu'on sait que dans ces quartiers,
04:24il y a des tensions chroniques, quotidiennes,
04:26quasiment, entre la police et les jeunes.
04:28Or, là, il y a une concentration très forte
04:30de policiers, de gendarmes et de militaires.
04:32Quels sont les risques d'arrestation,
04:34d'arrestation abusive, de pression sur ces jeunes ?
04:37Là, c'est la nouvelle vague, si on peut dire,
04:39de personnes impactées par les JO.
04:42Sous-titrage Société Radio-Canada

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