Point du jour sur les performances françaises aux JO

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Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Thomas Schnell pour débattre des actualités du jour.
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00:00Replongeons-nous dans le bouillon parisien avec ces médailles en cascade depuis une semaine et pour en parler bien sûr j'accueille Jean-Claude Perrin, bonsoir coach !
00:11Oui bonsoir à tous, bonsoir !
00:13Bonsoir ! Consultant Jeux Olympiques, Jean-Claude Perrin, vous avez suivi cette 45e médaille française peut-être aujourd'hui avec une discipline inédite, le kayak cross, est-ce que vous avez vu la victoire d'Angélique ?
00:26Non je n'ai pas vu parce que je suis attentivement l'athlétisme, l'athlétisme c'est de 9h du matin jusqu'à 10h du soir, je pense que c'est une discipline nouvelle et parfois elle se déroule sur le parcours, là-bas c'est vraiment très très bien organisé, j'avais vu dans l'hiver le parcours à verre, c'est vraiment splendide,
00:53et qu'ils prennent une médaille c'est quand même pas mal du tout, pas mal c'est une mauvaise expression, c'est très bien !
01:01Ardéchoise, 24 ans et effectivement c'est Torant qui bout à versure marne, alors parmi les épreuves d'athlétisme hier il y a eu le 100 mètres et le sacre annoncé de Noah Lyle, vous avez été impressionné par sa performance coach ?
01:18Oui j'ai été impressionné surtout parce que les 8 premiers font moins de 9.90, c'est-à-dire que le 8ème est de 9.91, on avait partagé les 2 premiers au millième de seconde, le millième de seconde c'est quelque chose qui est inférieur à un feu que l'on a sur la tête,
01:43et puis surtout l'intensité même de la lutte, parce que les gars se sont battus, là il était très mal parti, il était 5ème au 50 mètres, il a remonté à partir du 70 et surtout par une plus grande puissance,
02:09et surtout un relâchement, le relâchement c'est fondamental, quand vous faites un effort, que vous sentez que vous êtes un peu en difficulté, que vous êtes crevé, et ça c'est pour nous tous, dans une partie de tennis quand vous marchez dans la nature, ce qui compte c'est le relâchement, ne pas se contracter, essayer d'être fluide,
02:33et là c'est ce qui a fait sa force, c'est d'être véritablement relâché dans les 10 derniers mètres, et les 2 millièmes de seconde qui lui permettent de gagner, il les a pris là.
02:49Belle performance, mais il n'a pas battu le record mondial du Seine-Bolt ?
02:56Oh, le record du monde c'est 9,58, le record du monde c'est pratiquement 45 à l'heure sur une piste, c'est des foulées, c'est un homme, vous le verrez, comme journaliste vous le verrez, je vous le souhaite, peut-être demain, peut-être dans 10 ans, on ne sait pas, mais ce sont des performances historiques.
03:24Non, je ne peux pas dire qu'il en est loin, mais il a encore du chemin à faire, surtout qu'il a envisagé pour ses Jeux à Paris, de faire le 200 et le relais, ça il faut les manger.
03:40Jean-Claude Perrin, vous restez avec nous, Bernard Konadat, Vincent Roy, vous avez vu le 100 mètres, vous avez vu cette performance, ça reste un symbole ?
03:47Je vais rebondir parce que Jean-Claude Perrin, qui est un grand perchiste, il adore l'athlétisme, c'est un grand sportif, moi je le vois tous les matins quand il va faire son sport, donc je sais très bien que c'est un homme qui sait de quoi il parle, outre le fait que c'est un coach exceptionnel, il a raison.
03:59Mélangeons pas les records du monde et les Jeux Olympiques, on n'est pas dans la même discipline. Les Jeux Olympiques, on n'est là pas pour battre un record, on est là pour gagner des médailles.
04:09Et moi je trouve que c'est ça qu'il faut d'abord valoriser et que le travail se jourgit à l'heure H par rapport aux autres et non pas par rapport au chrono, par rapport aux autres à un moment donné, c'est ça qu'il faut valoriser.
04:19Quelle que soit la hauteur, quelles que soient les conditions, ce jour-là on est le meilleur et on est le premier des trois ou on fait partie des trois.
04:28C'est ça qu'il faut valoriser parce que ça fait des mois, des années qu'on cherche ce titre-là qui est autre chose qu'un titre de champion du monde, de champion d'Europe ou un champion national.
04:39Oui, je souscris totalement, c'est ça la visée des Jeux, c'est effectivement ça.
04:46Il n'empêche que, nous en parlions hors antenne tout à l'heure avec Bernard, il n'empêche qu'il y a des disciplines, par exemple, je suis tellement ravi de ces médailles françaises, pour l'instant c'est une parenthèse, enchanté ces Jeux, je ne veux pas du tout être négatif.
04:59Mais par exemple quand je regarde le tennis, je suis extrêmement déçu parce que je vois une compétition sur terre battue à Roland-Garros en 2-7, ce n'est pas le tennis.
05:12Effectivement, si l'on prend la grille de lecture de Bernard, c'est la médaille.
05:17Enfin, écoutez, quand je vois ce si grand champion qu'est Djokovic, ce si grand champion qu'est Alcazar, en tous les cas qui va devenir un si grand champion, on peut parier, courir après cette médaille, je trouve qu'elle est certes en or pour Djokovic mais qu'elle est aussi un peu en chocolat.
05:35Jean-Claude Perrin, pourquoi est-ce que la France n'est pas au top en athlétisme ? On a vu plein de médailles la première semaine, on redoute que là d'autres nations nous passent devant.
05:44Avant toute chose, félicitations à ce que vient de dire votre précédente interlocuteur.
05:54J'ai rien à ajouter, c'est parfait ce qu'il a dit.
05:58Il y a 3000 ans, les grecs n'avaient pas de chronomètre, ils donnaient surtout la médaille d'or au premier.
06:09Alors en athlétisme, ça va revenir.
06:13L'athlétisme, c'est mondial, c'est universel.
06:17En judo, en esprit, ils ont affaire.
06:21En judo, ils sont 5-7 pays à faire du judo.
06:25Il n'y a pas de piscine en Afrique, il n'y a pas de piscine.
06:29Citez-moi un Africain qui nage, il y en a quelques-uns qui sont dans des clubs français.
06:36Non, il y a l'athlétisme.
06:39Quand vous voyez les engagés au 100 mètres, la centaine de gars engagés par le comité olympique en 10 secondes, c'est faramineux.
06:50Il y a beaucoup d'endroits sur la Terre, s'ils se demandaient à des journalistes de la rédaction,
06:56mets-moi le doigt sur le type qui est qualifié au 100 mètres,
07:01ils ne pourraient pas le dire tellement il y a une diversité très très grande sur la Terre de nations qui font de l'athlétisme.
07:09Donc on a une très grande concurrence.
07:11Alors évidemment, ce n'est pas ce qui explique le fait qu'on a des filles qui sont éliminées d'une façon un petit peu courue.
07:22Ce n'est pas ce qui explique qu'on n'ait aucun athlétiste pour la première fois depuis 30-40 ans en finale.
07:33Ce n'est pas ça.
07:34Mais le fait est qu'on a une concurrence qui est énorme du fait qu'il y ait la brutalisation.
07:40C'est vrai que l'athlétisme, c'est la discipline égalitaire.
07:45On est tous face aux mêmes possibilités, contrairement à d'autres installations.
07:49C'est à nous d'autres qu'est-ce qu'on est.
07:52On a eu le père Fils, qui était le commandant du monde.
07:55On s'est présenté aux Jeux Olympiques avec les 5 meilleurs du monde.
07:59Bon, on ne va pas le retrouver.
08:01Mais c'est ce qui explique que ça se fait.
08:05J'avais une question.
08:07Quels sont les potentiels médailles d'or auxquelles nous pouvons prétendre à l'heure où nous parlons ?
08:15Il y a la petite Samba sur Saint-Ré.
08:19Et puis il y a un type qui, véritablement, est un très très grand mineur.
08:23Si tu le voyais courir sur la piste, il est grand, il est fin, il est bien en figure.
08:29Il déroule parfaitement la piste.
08:33Il est capable de suivre des trains très très forts.
08:38Il peut passer en 56-57 au premier 400.
08:44Donc c'est un type qui est très très costaud.
08:48Je ne le vois peut-être pas essentiellement sur le podium.
08:51Mais on ne sera pas loin.
08:54On a perdu sur blessure deux gars qui avaient un potentiel énorme.
09:00Les autres aussi, tu vas me dire.
09:03Mais on a perdu Meyer et Lavillény.
09:06C'est vrai que Meyer, on le regrette qu'il ne soit pas là.
09:09Messieurs, parmi les images qu'on a vu ces derniers jours, il y a cette après-midi de Léon Marchand.
09:13Quatre médailles d'or.
09:15Un peu plus tôt, il y avait eu Alexis et Félix Lebrun.
09:18Tennis de table.
09:20Eux, ils vont rester longtemps.
09:22Attendez, je trouve que c'est extraordinaire.
09:25Léon Marchand, c'est fabuleux, il n'y a pas de problème, évidemment.
09:30Mais les frères Lebrun, je trouve que c'est extraordinaire.
09:34Pourquoi ? Parce qu'ils ont 17 ans.
09:37J'ai vu Félix Lebrun en demi-finale contre un Chinois qui avait 31 ans.
09:43J'ai écouté, on voit le travail qui a été effectué par ces deux frères.
09:48On voit la discipline que ça demande.
09:50Et quand on les écoute parler, ils n'ont que 17 ans.
09:53Je suis absolument ébahi par les deux.
09:56Et Félix en particulier, parce que c'est lui que j'ai beaucoup entendu là récemment, par sa maturité.
10:01Je trouve que ce sont des gens absolument extraordinaires qu'il faut fêter.
10:04Et qui nous donnent beaucoup d'espoir pour l'avenir.
10:07Parce qu'on voit qu'on a des jeunes dans ce pays.
10:09Eh bien, bravo, ce n'est pas n'importe quoi.
10:11Et pour une fois, on peut dire cocorico.
10:13Ce qui est vrai pour les frères Lebrun, est vrai pour Léon Marchand.
10:15Et c'est vrai aussi pour beaucoup d'autres.
10:17Léon Marchand aussi, ça vous inspire Bernard Konadad ?
10:20Oui, moi ça m'inspire parce que je vous rappelle qu'il y a encore 24 mois,
10:24on cherchait de l'argent pour aider ces jeunes à pouvoir financer tout simplement leur entraînement.
10:29Ne l'oublions pas, et que ce soit en Olympique ou en Paralympique.
10:33Moi je pense à ceux qu'on aide et qui ont des difficultés,
10:37qui ne trouvent pas forcément tout de suite des jobs, y compris dans des grandes administrations.
10:42Et ce que je voulais dire aussi, et j'espère que Jean-Claude Perrin partagera,
10:46c'est qu'il ne faut pas désespérer.
10:48Parce qu'une nation, elle peut être, à un moment donné, extrêmement faible dans une discipline.
10:52Mais avec le travail de long terme, on découvre des talents, on les accompagne,
10:56on crée des dynamiques, on le voit avec la natation qui a toujours été extrêmement en ligne et sur le podium,
11:03on le voit avec le judo, on a eu des perchises exceptionnelles,
11:07on a eu des athlètes femmes en athlétisme qui nous ont fait vibrer pendant des années,
11:12ne l'oublions pas.
11:13Et homme, ça peut revenir, tout simplement il faut accepter aussi ces périodes un peu de calme,
11:18tout simplement c'est des périodes de pause.
11:21Et puis, ça a été bien dit, et bravo pour cette analyse,
11:25on a face à nous des gens qui sont meilleurs aujourd'hui,
11:29ça ne veut pas dire que demain, on ne sera pas meilleurs qu'eux.
11:31Coach Perrin, il y a une génération qui va arriver en France en athlétisme ?
11:37Oui, bien sûr, parce qu'Amélie a fait beaucoup, notre ministre,
11:42on ne peut pas dire qu'elle ait quand même beaucoup de moyens,
11:44elle a eu beaucoup d'ennuis,
11:46et elle a continué à conserver le cap.
11:50Je l'ai entraînée quand elle était jeune, cette fille-là,
11:53elle sait ce qu'elle veut,
11:55elle porte les traits précieux,
11:59donc si on aide, non pas les clubs,
12:03mais les clubs et les athlètes,
12:05il n'y a pas de raison qu'on n'y arrive pas.
12:08Mais d'un autre côté, le problème de l'athlétisme,
12:13ça ne va pas se régler avec des conférences,
12:17avec des réunions, avec des comités,
12:21ça se règle sur le terrain,
12:24avec des éducateurs, des mecs qui rentrent dedans,
12:27et plutôt, beaucoup de travail et de la patience,
12:31sans souffrance, tant de résultats.
12:35Voilà la méthode.
12:36Merci Jean-Claude Perrin,
12:38consultant aux Jeux Olympiques Européens et coach sportif.
12:40Merci Vincent Roy.
12:41Je vous en prie.
12:42Merci d'être venu avec nous, Bernard Cohen Haddad.

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