Venezuela  Je suis le président réélu  clame Nicolas Maduro_360p

  • il y a 2 mois
Après une nuit chaotique au Venezuela où chaque clan revendiquait la victoire, les autorité ont validé la réélection de Nicolas Maduro.

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00:00On va faire un détour par le Venezuela aussi ce matin, où il est un peu plus de 5h du matin actuellement,
00:04et où les habitants vont se réveiller avec un nouveau président.
00:07Enfin, nouveau pas vraiment d'ailleurs, puisqu'il s'agit de Nicolás Maduro, qui est donc réélu.
00:11Un score serré qu'on annonce de 51,2% des suffrages.
00:15Sauf que la nuit dernière, justement, a été un peu chaotique, parce que chaque clan revendiquait la victoire.
00:20Désormais, en revanche, les autorités ont validé l'élection, et c'est donc Nicolás Maduro qu'on écoute.
00:26Je suis Nicolás Maduro Moros,
00:32le président réélu de la République Bolivarienne du Venezuela.
00:37On continue de reparler avec vous, Renaud Gérard, mais également avec Pascal Drouot. Bonjour à vous.
00:40Vous êtes expert en géopolitique, chercheur associé auprès de l'Institut Choiseul,
00:44et président de l'association France-Amérique Latine.
00:47Alors, ce qui est troublant, c'est la réaction des Américains, qu'on va entendre aussi,
00:51parce que la réaction dit très clairement qu'il y a un problème au niveau
00:56dont la manière dont cette élection s'est tenue dans le pays. Écoutez.
01:04Nous avons pris connaissance de l'annonce faite il y a peu par la Commission électorale vénézuélienne.
01:10Nous craignons sérieusement que le résultat annoncé ne reflète pas la volonté ou le vote du peuple vénézuélien.
01:18Il est essentiel que chaque vote soit compté de manière équitable et transparente,
01:22que les responsables des élections partagent immédiatement les informations
01:26avec l'opposition et les observateurs indépendants,
01:29et que les autorités électorales publient le décompte détaillé des votes.
01:33La communauté internationale suit la situation de très près et réagira en conséquence.
01:41On est également en direct avec Thomas Posado, maître de conférences à l'Université de Rouen,
01:45auteur de « Venezuela, de la révolution à l'effondrement ».
01:49Bonjour à vous, merci d'être avec nous ce matin sur LCI.
01:51Est-ce que, selon vous, la question est assez claire dès le début ?
01:54Est-ce que cette élection a été truquée ? Est-ce qu'on a masqué les résultats à un moment ?
01:59On n'a pas de preuves pour affirmer cela pour l'instant.
02:02Ce qu'on peut dire à l'heure actuelle, c'est que ces résultats sont surprenants
02:05au vu de la dynamique de campagne, au vu des sondages sortis des urnes,
02:11et au vu des premiers résultats locaux.
02:13Ce qui est demandé, c'est effectivement d'avoir des résultats bureau de vote par bureau de vote
02:18qui sont assez faciles à obtenir au Venezuela, vu qu'il s'agit d'un vote électronique
02:23et qui pourrait être en ligne sur le site de l'institution électorale vénézuélienne,
02:28si ces résultats sont véridiques.
02:30Parce que là, si froid il y a, elle se verrait assez facilement
02:34par la publication de ces résultats détaillés.
02:36Justement, Pascal Drouh, écoutons ce que dit l'opposition,
02:39qui aujourd'hui, elle aussi, revendique la victoire, elle dit même la victoire,
02:42non seulement est de notre côté, mais elle est large, écoutez.
02:48Nous disposons actuellement de plus de 40% des feuilles d'émargement.
02:53Soyons clairs, nous avons 100% des feuilles de pointage envoyées
02:57par le Conseil National Électoral.
03:01Je ne sais pas d'où vient le reste.
03:05Nous avons toutes les feuilles de pointage qui ont été transmises,
03:08et selon ces informations,
03:11Edmundo González Urrutia a obtenu 70% des voix lors de cette élection,
03:17et Nicolas Maduro a obtenu 30% des voix.
03:22Et c'est ça, la vérité.
03:25Pascal Drouh, difficile de savoir, évidemment, qui dit vrai dans cette histoire,
03:28mais est-ce qu'il est vrai déjà que le scrutin s'est tenu de manière absolument correcte ?
03:35Écoutez, si l'on s'en tient à l'interdiction de nombreux observateurs,
03:38je pense notamment à des chefs d'Etat, d'anciens chefs d'Etat latino-américains,
03:42Vicente Fox pour le Mexique, Marta Lucia Ramirez pour la Colombie,
03:47Jorge Quiroga pour la Bolivie, qui ont été empêchés de se rendre aux élections.
03:53Si je m'en tiens aux premières déclarations de l'Europe,
03:58et sur la base de ce que dit notamment le secrétaire d'Etat Antony Blinken,
04:03on peut évidemment avoir des doutes sur le déroulé des élections.
04:08Pourquoi ?
04:09Parce qu'il y avait eu des accords, les accords de la barbade,
04:12qui avaient été signés en octobre 2023 entre le gouvernement et l'opposition,
04:17visant à établir justement un cadre transparent, libre de ces élections.
04:21Et on voit bien que des intimidations contre Maria Corina Machado,
04:25que vous avez vu, qui a été empêchée de se présenter,
04:27qui est vraiment une figure de premier plan au Venezuela,
04:30et qui a donc permis à Edmundo Lopez Urrutia d'être candidat,
04:35avec le soutien de cette opposition.
04:37Et on voit bien que, et la sortie des urnes hier indiquait un écart très grand
04:43avec Nicolas Maduro, qui est au pouvoir depuis 2013,
04:46on peut en effet avoir des doutes sur le déroulé de ces élections,
04:50qui s'inscrivent en plus au terme d'un mandat,
04:53le second mandat de Nicolas Maduro,
04:55qui n'a été qu'une succession de crises.
04:57Oui, mais l'autorité compétente dans le pays,
04:59elle dit aujourd'hui, non non, le score c'est bien 51,2 pour Nicolas Maduro.
05:02Est-ce que cette autorité est du coup, j'allais dire,
05:04à la solde du président actuel ?
05:06C'est pour ça que ça ne fonctionne pas ?
05:07Le piège s'est refermé.
05:09Nicolas Maduro, hier, a déclaré qu'il reconnaîtrait,
05:12selon les institutions officielles, les résultats.
05:16Et c'est ce qui vient de se passer.
05:18La commission nationale électorale, conduite par un proche,
05:22le président Amoroso, de Nicolas Maduro,
05:25a déclaré officiellement les résultats.
05:27Le débat sur le plan structurel, étatique, institutionnel, est clos.
05:31Pas du tout sur le plan politique.
05:33Et c'est bien ça, aujourd'hui, qui est en train de se passer.
05:36Je ne crois pas qu'on ait beaucoup dormi, justement, à Caracas, cette nuit.
05:40Je crois que ça a été une nuit extrêmement agitée.
05:43Pourquoi ? Parce que, désormais, le bras de fer politique,
05:46avec des implications géopolitiques, est engagé.
05:49Politique entre une opposition qui, enfin, arrive à s'unifier,
05:55à s'unir, je dis enfin, parce que, tout au long de ces dernières années,
05:59c'était, là aussi, des divisions et un manque d'appui,
06:03auprès, notamment, de Guaido, qui s'était déclaré, en 2019,
06:07président contre Nicolas Maduro.
06:11Et sur le plan géopolitique, vous avez vu la déclaration de la Russie.
06:14On peut aussi voir les déclarations de la Chine.
06:16Pourquoi ? Le Venezuela, ce n'est pas n'importe quel pays en Amérique latine.
06:19C'est un pays de près d'un million de kilomètres carrés, 912 000 kilomètres.
06:23Ce sont les premières réserves en pétrole.
06:27300 milliards de barils.
06:29C'est un pays qui a engagé des relations très fortes,
06:33depuis l'époque d'Hugo Chavez, avec l'Iran, avec la Russie.
06:38Donc, avec tout ce front qui pousse l'idée du Sud global,
06:42dont le Venezuela se veut le leader en Amérique latine.
06:45Parce qu'effectivement, pour aller jusqu'au bout de votre propos,
06:48il y a Vladimir Poutine, c'est vrai, qui, ce matin, a félicité Nicolas Maduro
06:52pour sa victoire de l'autre côté, Renaud Girard.
06:54On a aussi d'autres sons de cloche, notamment en Amérique latine,
06:57puisqu'on a le Costa Rica qui, je cite,
06:59« rejette l'annonce de la victoire frauduleuse de Maduro »
07:02et le président chilien qui dit que cette victoire est difficile à croire.
07:06Et il y a aussi la Colombie qui demande le décompte total des votes au Venezuela.
07:10On sent bien que les pays concernés, qui connaissent un petit peu son voisin,
07:14eux, s'inquiètent de ce qui s'est passé là.
07:16Tout à fait.
07:17Alors, c'est très important, ce que vous avez dit,
07:19parce que Gabriel Boric, le leader du Chili,
07:24qui a été élu dans une élection démocratique, c'est un leader de gauche.
07:28Il n'est pas pinochetiste, c'est un leader de gauche.
07:32Et que ce leader de gauche exprime des doutes
07:37sur la véracité et la transparence des résultats, c'est quand même très important.
07:42Il a toujours été à gauche, Gabriel Boric.
07:46Donc, moi, j'ai aussi des doutes parce qu'il y avait des sondages, si vous voulez.
07:53Il y a eu des sondages qui ont été publiés avant cette élection.
07:57Et qui disaient quoi, d'ailleurs ?
07:58Les sondages donnaient une large victoire pour l'opposition.
08:03Tout d'un coup, nous, nous avons vu en Occident que quand même,
08:07il y avait parfois des différences, mais ce n'est pas des immenses différences.
08:13En Angleterre, on savait bien, les sondages le prédisaient,
08:16que le Parti travailliste allait gagner.
08:19Alors, on ne savait pas exactement l'ampleur de la victoire du Parti travailliste,
08:23mais on le savait très bien, si vous voulez.
08:25On savait très bien en France, avant les élections initiatives,
08:29que le Rassemblement national ferait un très bon score.
08:32Mais personne n'avait vu venir la gauche, par contre, au deuxième tour.
08:35Parfait, parce qu'il y a eu les désistements.
08:39Toutes les gauches en France ne représentent électoralement que 27% des voix.
08:47Toutes les droites représentant 47%, le reste, le centre.
08:51Mais, effectivement, personne n'avait prévu les désistements
08:54et le fonctionnement des désistements pour les élections françaises.
08:58Mais il y avait quand même des sondages sur le nombre de voix.
09:03Et là, on a été extrêmement surpris.
09:08C'est un peu un drame que ces bolivariens, ces révolutionnaires,
09:13qui ont complètement échoué dans la gestion de leur pays,
09:17n'arrivent pas à redonner le pouvoir,
09:20parce qu'ils ont une clientèle très forte,
09:23qu'ils financent grâce à l'argent du pétrole.
09:26Pourquoi je vous dis que c'est un drame ?
09:28Parce que plus de...
09:31Je parle sous le contrôle de mon ami Pascal,
09:34mais c'est un pays qui fait autour de 20 millions d'habitants.
09:39Et 7 millions d'habitants ont déjà choisi la route de l'exil.
09:46C'est considérable, si vous voulez.
09:48Et c'était... Vous savez, le Venezuela, c'était le pays le plus riche de l'Amérique latine.
09:53C'était extraordinaire dans les années 60.
09:57Et aujourd'hui, ça va devenir le pays le plus pauvre.
10:01Tout ça à cause d'une gestion révolutionnaire
10:06totalement, il faut le dire, prédatrice et foutraque.
10:10Et foutraque, il faut le dire.
10:11Quoi qu'il arrive, aujourd'hui, on a effectivement beaucoup de doutes sur cette élection.
10:15Un qui n'en a pas, c'est évidemment Nicolas Maduro,
10:17qui a déjà considéré qu'un victoire comme acquise,
10:20et qui songe désormais à l'après.
10:25Il y aura la paix, la stabilité et la justice après ce 28 juillet.
10:29Ça commence aujourd'hui.
10:33Thomas Posado, on a aussi besoin de comprendre, face à lui,
10:36de quel type d'opposition on a.
10:39C'est-à-dire qu'aujourd'hui, ce fameux Edmundo González,
10:42qu'est-ce qu'il défend ?
10:43Quelles sont ses idées ?
10:45Et surtout, pourquoi est-ce qu'aujourd'hui, il continue à s'accrocher à ce résultat
10:50qu'il considère évidemment comme nul et non avenu ?
10:52Qu'est-ce qu'il défend ?
10:56C'était pas le premier choix de l'opposition vénézuélienne.
10:59On mentionnait Maya Corina Machado, qui a gagné la primaire en octobre.
11:04Il y a eu une deuxième candidate qui a été invalidée par les institutions électorales
11:08sans donner de raison.
11:09Edmundo González n'était qu'un troisième choix.
11:11C'est une personnalité relativement inconnue des Vénézuéliens,
11:14ce qui lui a permis de faire le consensus au sein d'une opposition libérale
11:19qui est assez hétérogène, alors qu'elle est libérale d'un point de vue économique,
11:23et qui l'a été portée par l'une de ses dirigeantes les plus radicales,
11:27Maya Corina Machado, qui s'est fait remarquer pour son intransigence
11:33à refuser des négociations avec Nicolas Maduro,
11:36et qui a gagné en popularité par cette intransigence à l'égard de Nicolas Maduro,
11:42et qui est devenue la figure de proue de l'opposition vénézuélienne,
11:45et qui a fait la campagne d'Edmundo González pendant toute cette présidentielle.
11:52Maya Corina Machado était en marge des appareils politiques
11:55de l'opposition traditionnelle.
11:57Elle a une sympathie pour Javier Millei, le président argentin,
12:00donc ce n'est pas la fraction de l'opposition la plus disposée
12:04à négocier avec Nicolas Maduro, au contraire,
12:07et c'est une fraction de l'opposition qui s'est convertie à la voie électorale
12:13de manière extrêmement récente.
12:15Maya Corina Machado a appelé au boycott des scrutins électoraux jusqu'à une date récente,
12:19et là, en voyant l'impopularité du gouvernement Maduro,
12:22elle a pensé que malgré leurs obstacles institutionnels,
12:25elle pourrait gagner malgré tout dans ce scrutin.
12:29Les incertitudes sur ces résultats, sur les recomptes,
12:36et sur les besoins d'avoir une transparence sur ces résultats demeurent.
12:39Mais cette opposition, c'est une opposition qui est libérale d'un point de vue économique,
12:43même si Maduro se convertit au libéralisme économique
12:45face à des difficultés économiques majeures,
12:49et surtout, il y a un grand clivage international.
12:52Là où Nicolas Maduro se rapprocherait des BRICS,
12:56il est fort probable que le Vénézuela rentre dans les BRICS
12:58si cette réélection est confirmée,
13:00un gouvernement d'Edmundo González rapprocherait le Vénézuela de l'ère occidentale.
13:06Un autre aspect qui me semble important à préciser,
13:09c'est que de toute façon, l'Assemblée législative reste à 90% aux mains de partisans de Nicolas Maduro.
13:16Donc, même si alternance il y a,
13:18l'équilibre des pouvoirs et la transition seraient un processus assez long,
13:23avec forcément une négociation assez forte,
13:26même si Edmundo González serait déclaré vainqueur,
13:30ce qui semble assez improbable à cette heure.
13:33On va aussi s'intéresser à Nicolas Maduro,
13:35parce que, Pascal Drouot, justement, lui, qu'est-ce qu'il a défendu ?
13:38On dit souvent que c'est l'héritier du Go Chavez.
13:40Est-ce qu'il est encore populaire dans le pays ?
13:43C'est la grande question.
13:44En tout cas, Nicolas Maduro, il est au pouvoir depuis 2013.
13:47Il est, en effet, comme vous le rappelez, le successeur du Go Chavez.
13:50Il a, depuis 11 ans, installé, consolidé le régime au milieu de difficultés.
13:56Renaud Girard rappelait parfaitement que le Vénézuela, c'est une puissance économique,
14:01ça devrait être l'El Dorado en Amérique latine.
14:04Et il se retrouve avec des difficultés économiques monstrueuses.
14:09Il y a quelques années, on était à 1 million d'inflation.
14:14Aujourd'hui, l'inflation est ramenée en dessous de 100.
14:16Pourquoi ? Parce que le cours du pétrole a augmenté
14:20et que, malheureusement, le régime en place n'a pas su diversifier l'économie,
14:26moins dépendre du pétrole.
14:2790 % de l'économie vénézuélienne dépend des ressources du pétrole.
14:36Il faut entretenir les structures, ce qui n'est plus le cas.
14:39Je le vois bien quand je vais sur place sur des structures, notamment de mobilité.
14:44Donc il y a véritablement cette difficulté structurelle
14:49et, bien évidemment, la mise en place d'un clientélisme.
14:52Et c'est là où le clientélisme a joué très fort par des programmes sociaux,
14:57d'ailleurs qui sont eux-mêmes en difficulté,
14:59et qui donc sont choisis en fonction d'une couche de population
15:04qui est une couche militante et disciplinée,
15:07qui a été votée, qui est organisée.
15:10C'est bien ça que l'on a vu encore une fois hier,
15:13ceci étant avec de véritables points d'interrogation.
15:17Un, les migrants.
15:19Renaud a parfaitement raison de rappeler que ce sont des millions de Vénézuéliens,
15:23des millions sur une population de 28,
15:26qui ont quitté le pays, qui ont été notamment aux Colombies.
15:29Vous savez, la Colombie, le Venezuela, c'est un peu la relation France-Allemagne.
15:33Elle est incontournable.
15:35Ce sont deux millions de Vénézuéliens qui ont été aux Colombies,
15:38qui ont descendu au Chili, d'où la réaction de Gabriel Boric.
15:41Et en effet, que ce leader jeune, issu de mouvements syndicalistes,
15:46émette autant de doutes sur l'élection de Nicolas Maduro,
15:49c'est quelque chose de très fort, de très puissant,
15:52comme d'ailleurs la Colombie, qui est la voisine,
15:55et qui est dirigée par Gustavo Petro,
15:57qui vient lui-même de mouvements de guérilla,
15:59le M19 des années 80 en Colombie.
16:01Bref, nous sommes à la veille d'un rapport de force
16:04qui peut être à nouveau violent, comme en 2019,
16:08et qui va encore une fois rendre difficile la situation du Venezuela.

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