Attaque sur le réseau SNCF, qui se cache derrière cette attaque massive ?

  • il y a 3 mois
Avec Arnaud Aymé, spécialiste des transports à SIA Partners et Baptiste Robert, expert en cybersécurité toulousain
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##LES_GRANDS_DEBATS_DU_MATIN-2024-07-29##

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Transcription
00:00D'ici là, je vous présente nos invités qui nous font le plaisir d'être avec nous ce matin, Baptiste Robert, bonjour !
00:05Bonjour !
00:06Et merci d'être avec nous, expert en cybersécurité Toulousain, également présent avec nous, Arnaud Aimé, bonjour !
00:12Bonjour !
00:13Spécialiste des transports SIA Partners, merci d'avoir accepté notre invitation ce matin sur Sud Radio pour revenir sur ce sujet,
00:21trafic qui est revenu à la normale, je le disais dès aujourd'hui, Arnaud Aimé, c'est une véritable prouesse technique,
00:28déjà, il faut le dire, de la part des cheminots qui ont réussi à tout réparer en un week-end.
00:33Oui, une prouesse technique et aussi une prouesse humaine, parce qu'un sabotage de cette ampleur, ça ne s'était encore jamais vu.
00:42Et là, il a fallu mobiliser au beau milieu d'un week-end estival des équipes, à la fois sur l'axe Est, l'axe Nord et l'axe Atlantique,
00:51trois endroits où il y a eu le sabotage, mobiliser des techniciens télécoms, des électriciens, des câbleurs, en un temps très limité,
01:00puisque les circulations, en tout cas l'infrastructure, est redevenue opérationnelle dès hier matin.
01:06On pense forcément à ce qu'on a vécu avec ce collectif de tarnac, de l'ultra gauche, attaque de caténaires, c'était à la fin des années 2000.
01:17Vous avez entendu ce que disait Arnaud Aimé à Gérald Darmanin ce matin.
01:22Qu'est-ce que vous pensez de ces propos ? C'est la signature d'une certaine manière, vous le pensez de l'ultra gauche ou pas ?
01:29C'est plus dans les transports que dans les sujets de police et de justice, mais effectivement ça rappelle les mots d'opératoire
01:41dont on a suspecté le groupe de tarnac d'être responsable.
01:46Ça rappelle aussi, hélas, beaucoup de sabotages et d'attaques de malveillance que le réseau connaît depuis des années.
01:53C'est une chose courante, même si c'est la première fois que ça a été d'une telle ampleur.
01:58L'année dernière, il y a des câbles qui ont été sectionnés, des incendies déclenchés sur un faisceau de voie derrière la gare de l'Est,
02:07ce qui a immobilisé du trafic TGV, il y a eu aussi beaucoup de trafic de banlieues.
02:12De précédentes années, on a connu ça aussi.
02:14L'ensemble de ces actes de malveillance, soit ils résultent d'un acte grappuleux,
02:20c'est-à-dire avec des fins financières, quand on parle de vol de câbles en particulier pour ensuite mettre sur le marché du cuivre,
02:30ou bien du pur sabotage, soit de manière organisée, soit parfois de manière plus amateur.
02:36C'est presque quelque chose dont le réseau est aujourd'hui habitué.
02:40C'est pour ça d'ailleurs, si on cherche à faire contre mauvaise fortune bon cœur,
02:45c'est grâce à ça aussi que les procédures de réparation du réseau sont particulièrement rodées.
02:52Les procédures sont mises en place, les stocks de pièces détachées sont disponibles.
02:57C'est grâce à ça que ça a pu aller rapidement.
03:00Baptiste Robert, je le rappelle, expert en cybersécurité, l'enquête est en cours.
03:04Un mystérieux mail de revendication est au cœur de cette enquête.
03:08Un mail signé, une délégation inattendue.
03:10Comment peut-on remonter jusqu'à l'expéditeur si c'est possible ?
03:16Dans le cas présent, ça va être un peu compliqué de remonter à l'expéditeur,
03:21puisqu'on est sur un hébergeur qui offre différents services et qui est assez connu,
03:28qui s'appelle RiseUp et qui a été utilisé de nombreuses fois et qui ne collabore pas avec les forces de l'ordre,
03:35qu'elles soient françaises ou autres.
03:38Aujourd'hui, on fait des raccourcis entre le fait que ce soit comme ils ont utilisé RiseUp,
03:45cet hébergeur là, que ce soit forcément l'ultra gauche,
03:49ça peut aussi être des gens qui se font passer pour.
03:52L'attribution est très compliquée à ces stades très tôt dans l'enquête,
03:58on verra ce que ça donne.
04:00A noter aussi qu'il faut remettre un contexte global.
04:03Ce matin, des câbles ont été aussi sectionnés,
04:07des câbles internet ont été sectionnés un peu partout dans quelques endroits en France.
04:13Donc on est sur une attaque des infrastructures globales.
04:19Comme vous l'avez dit, ça a été coupé à des endroits stratégiques.
04:26On est sur des gens qui ont étudié, qui ont préparé.
04:29Donc on n'est pas sur quelque chose d'anodin, on n'est pas sur de l'opportunisme,
04:33on est sur des gens qui ont préparé leur affaire.
04:37Ensuite, l'enquête fera son travail et les forces de l'ordre trouveront sans doute qui est derrière tout ça.
04:44D'un mot à Arnaud Aimé sur cette question-là,
04:48très bonne connaissance de ceux qui ont fait cela,
04:51très bonne connaissance du réseau, SNCF, de ses points faibles également.
04:55Est-ce que ça veut dire qu'une complicité en interne a été obligatoire dans ce sabotage ou pas ?
05:04Comment ont pu s'informer ces saboteurs ?
05:07Absolument pas.
05:09Il n'y a absolument pas besoin de complicité interne.
05:13D'ailleurs, la simple évocation de l'hypothèse me semble assez choquante
05:17quand on voit comment ce corps cheminot,
05:19à qui on peut parfois reprocher des choses,
05:22mais quand on voit comment ce corps cheminot s'est mobilisé
05:25pour faire face à la crise des vendredis et pendant le week-end,
05:29c'est assez choquant d'évoquer des complicités internes.
05:32C'est ce que j'ai pu lire par endroits, sur les réseaux sociaux bien sûr,
05:36à prendre avec des pincettes, mais c'est important aussi de répondre à ces interrogations-là.
05:41C'est vrai qu'on a parfois entendu ça.
05:48Non, il n'y a pas besoin de complicité interne parce que l'infrastructure ferroviaire
05:53est quand même très « ouverte ».
05:56C'est vrai que les points un peu névralgiques,
05:59c'est-à-dire là où il y a des alimentations électriques
06:02et plus généralement des équipements de contrôle,
06:05soit de la signalisation, soit pour la commande des aiguillages,
06:10ce sont des points qui ne sont pas non plus particulièrement cachés.
06:13Ce ne sont pas des bunkers souterrains.
06:15Ce sont des lieux qui sont à proximité, au bord des voies ferrées.
06:19Donc quand vous êtes voyageur à bord d'un TGV,
06:22vous les voyez passer en regardant par la fenêtre.
06:25Ce ne sont pas des endroits secrets non plus.
06:27C'est vrai que ce sont des endroits qui sont peu accessibles,
06:29qui sont en pleine campagne, qui ne sont pas au bord d'une route,
06:33mais qui sont plutôt au fond d'un chemin emprunté par les techniciens SNCF,
06:37au milieu de la nature.
06:39Donc ça nécessite de la complicité interne.
06:42Par contre, ça nécessite un certain repérage.
06:45Et c'est ce que disait Baptiste tout à l'heure.
06:48C'est le résultat d'une action très méditée,
06:51avec bien sûr une organisation aussi pour pouvoir se synchroniser,
06:56faire ça à quatre endroits.
06:58Alors même s'il y a un endroit sur l'axe TGV sud-est
07:01où le sabotage a été déjoué par des cheminots,
07:05mais c'est vraiment une forte synchronisation.
07:07Et cette synchronisation était nécessaire pour avoir tout cet impact.
07:10Le fait que ça se passe dans la nuit, de jeudi à vendredi,
07:14vers quatre heures du matin de manière simultanée dans les quatre endroits,
07:17c'est ça qui permettait de préserver l'effet de surprise.
07:20Et ça n'aurait pas marché si c'était une seule équipe
07:23qui s'était déplacée d'une nuit à une autre sur différents endroits,
07:27parce que les endroits auraient été progressivement protégés
07:29par les forces de l'ordre.
07:32Si je peux ajouter, au niveau des informations
07:36et des éléments stratégiques du réseau,
07:39qu'on parle du réseau ferroviaire ou même du réseau de câbles,
07:43globalement sur Internet, la téléphonie ou autre,
07:46toutes ces informations, il y a beaucoup de choses aujourd'hui
07:49qui sont disponibles sur Internet.
07:51Il y a beaucoup d'informations qui sont publiques en réalité.
07:54La question n'est pas vraiment sur savoir où sont les éléments,
07:58mais sur savoir comment sont protégés ces éléments.
08:00Et ça a été bien dit, effectivement,
08:02parfois on est dans des endroits très isolés,
08:04où il n'y a pas forcément de monde, pas forcément d'habitation.
08:07Et la question, elle, est de se dire aujourd'hui,
08:09comment sur un réseau ferroviaire aussi étendu,
08:12qui est aussi étoffé, comment on peut,
08:16ces endroits stratégiques, y mettre, je ne sais pas,
08:19des caméras, plus de barrières, plus des moyens de réaction
08:22afin de détecter quand quelqu'un s'approche.
08:25Et je pense que c'est la réflexion que devra avoir la SNCF
08:30mais aussi les forces de l'ordre plus globalement,
08:32parce que ça implique la sécurité de l'État,
08:35de dire comment on protège mieux ces points névralgiques du réseau.
08:41Arnaud Aimé, réaction à ce que vient de dire Baptiste Robert,
08:44est-ce qu'il faut davantage d'investissements
08:46concernant la sécurité de ce réseau SNCF ?
08:50Je ne suis pas sûr qu'il ait dit exactement ça.
08:55Sur les lieux névralgiques du réseau ferré,
09:00ils sont déjà protégés, c'est-à-dire que,
09:03et d'ailleurs on l'a vu dans les images qui ont été diffusées aujourd'hui,
09:07c'est des lieux qui sont bouclés avec des barrières,
09:10sur lesquelles il peut y avoir des barbelés,
09:12sur lesquelles il y a, ça ne se voyait pas aux images,
09:15il y a aussi des caméras, des dispositifs d'alarme.
09:18Par contre, c'est vrai que sur chacun de ces sites,
09:20il n'y a pas forcément des policiers ou des militaires qui sont en faction.
09:25Et là, vous parlez d'une protection à la SNCF,
09:29sur ces sites qui peuvent être jugés sensibles
09:32pour la sécurité de la nation en général,
09:35c'est peut-être aussi aux forces de l'ordre de se mobiliser dessus.
09:39Par contre, il y a des choix à faire sur où est-ce qu'on affecte ces forces d'ordre,
09:43mais il y a quand même un niveau de sécurité de ces équipements.
09:47Après, la SNCF toute seule, ou les autres opérateurs ferroviaires dans les autres pays,
09:51parce que le Suède dont on parle n'est absolument pas spécifique à la France.
09:54C'est dans tous les pays que les réseaux ferrés font des milliers et des milliers de kilomètres de long,
09:58qui sont difficiles à sécuriser.
10:00En France, il y a 15 000 kilomètres de ligne.
10:02Donc, c'est impossible de sécuriser l'ensemble.
10:04Donc, l'opérateur ferroviaire lui-même peut mettre en place un certain niveau de sécurité,
10:09ses propres moyens avec son propre budget.
10:11Pour le reste, il peut pas non plus tout sécuriser à l'extrême.
10:15Ce sur quoi travaillent les opérateurs ferroviaires,
10:18c'est plutôt, si on ne peut pas passer à une probabilité zéro,
10:22à ce moment-là, on cherche plutôt à diminuer l'impact, la gravité,
10:25si ces effets-là se produisent,
10:27notamment faire en sorte que si jamais ces équipements sont brûlés,
10:31les câbles sont sectionnés, etc.,
10:33que ça n'ait pas d'impact sur la sécurité des voyageurs en particulier.
10:35Et là, on a vu que ça fonctionnait très bien.
10:37Arnaud Aimé, spécialiste des transports, aussi un partenaire.
10:40Vous restez avec nous.
10:41On poursuit les débats dans un instant.
10:43Avec vous, également, Baptiste Robert, expert en sécurité.
10:46On revient sur ce débat, avec vous, au 0826 300 300.
10:50Vous prenez la parole pour poser vos questions à nos invités
10:54ou réagir au sujet.
10:55A tout de suite.
11:069h26, sur Sud Radio, on poursuit les débats
11:09sur ce sabotage massif concernant le réseau SNCF.
11:13Vendredi, le trafic est de retour à la normale.
11:15Mais qui se cache derrière cette attaque ?
11:17Qui peut se cacher ?
11:18On continue d'en débattre avec vous, au 0826 300 300.
11:21Et avec vous, Baptiste Robert, expert en cybersécurité.
11:24Arnaud Aimé, également présent avec nous,
11:26spécialiste des transports, assis à Partners.
11:28Baptiste Robert, un mot aussi sur l'éventualité d'une ingérence étrangère.
11:33On a vu qu'il y a eu un certain nombre d'attaques,
11:37notamment venant de la Russie, cyberattaques.
11:40Et puis, également, on pense aux étoiles de David
11:43qui avaient été taguées sur certains murs de la capitale.
11:47Est-ce qu'on peut envisager ?
11:48Est-ce que cette piste-là est envisageable ?
11:51Alors, complètement.
11:53C'est-à-dire que si on remet les choses dans son contexte,
11:56depuis plusieurs semaines,
11:58la France fait face à des attaques,
12:01soit des attaques informationnelles.
12:04Aujourd'hui, on va parler d'attaques sur le réseau,
12:08sur les infrastructures,
12:10mais globalement, la France se fait attaquer depuis plusieurs semaines.
12:14Alors, les JO sont un événement planétaire
12:18qui est une bonne occasion, une bonne opportunité
12:21pour les attaquants, quels qu'ils soient,
12:24de nous porter atteinte,
12:26de porter atteinte à l'image de la France.
12:28Mais effectivement, cette attaque sur le réseau,
12:32la semaine dernière ferroviaire,
12:34cette attaque ce matin sur le réseau Internet,
12:38ne porte aujourd'hui pas de marque particulière
12:42et s'inscrit dans un contexte global.
12:45Et ce qu'on peut dire à l'heure actuelle,
12:48c'est que toutes ces attaques-là sont très bien préparées,
12:51ne coûtent pas cher en réalité.
12:53Elles ne coûtent pas si cher que ça.
12:55Il faut connaître les points névralgiques, stratégiques,
12:59être coordonné, au bon moment, quelques personnes.
13:03Et on a un effet maximum.
13:05Les étoiles de David, on en a parlé,
13:07c'était de la désinformation à bas coût,
13:10parce que vous faites trois étoiles sur un mur,
13:13vous faites monter en sauce ça,
13:15et puis ça part tout seul.
13:17Donc, on est sur des attaques qui ne coûtent pas très cher,
13:20qui sont préparées et qui fonctionnent aujourd'hui très bien.
13:24Donc, on verra s'il y a une ingérence étrangère derrière.
13:28Il y a quand même une probabilité.
13:31Ce qui est sûr, c'est que les JO sont un réceptacle
13:35pour toute personne qui a une cause,
13:37pour toute personne qui veut défendre quelque chose,
13:40toute personne qui veut porter atteinte au pays.
13:42Et effectivement, c'est une très bonne opportunité
13:44et un très bon moment pour attaquer le pays
13:47qui héberge ces JO-là.
13:49Et donc là, dans notre cas,
13:51plus que c'est nous qui hébergeons les JO,
13:53c'est un très bon tempo pour eux.
13:57Donc, on le verra.
13:59Mais en tout cas, ça met en lumière, malheureusement,
14:01cette faiblesse des infrastructures que l'on a,
14:04quelles qu'elles soient.
14:06Et ça, c'est une problématique qui nous est posée
14:09auxquelles il faut répondre assez rapidement.
14:11Arnaud Aimé, l'ASNCF est-elle vulnérable face à une cyberattaque ?
14:16On en parlait à l'instant avec Baptiste Robert.
14:18On a un réseau qui est quand même en partie numérisé d'une certaine manière.
14:22Est-ce qu'il y a une fragilité, une vulnérabilité de l'ASNCF
14:26vis-à-vis de ces cyberattaques potentielles ?
14:30Fragilité, je ne pense pas.
14:32Vulnérabilité, évidemment.
14:34Tous les réseaux de transport,
14:38comme tous les réseaux d'énergie
14:40et comme tous les réseaux télécoms
14:42présentent une certaine vulnérabilité.
14:44Le tout, c'est de le savoir à l'avance,
14:47de le mesurer pour prendre des mesures de sécurité qui sont nécessaires,
14:51soit pour prévenir, j'insiste encore dessus,
14:54il n'y a pas que la prévention qui compte,
14:56il n'y a pas que le fait de dissuader les saboteurs.
14:59Il y a aussi, si jamais ces faits se produisent là,
15:02que ces opérateurs qui gèrent des réseaux essentiels en France,
15:06que ce soit encore du transport ou autre chose,
15:08anticipent en se disant, si jamais on est attaqué
15:12et si jamais l'attaque fonctionne à ce moment-là,
15:15comment est-ce qu'on fait en sorte que malgré l'attaque,
15:19l'impact et la gravité soient limités,
15:23soit en développant des redondances,
15:26en développant des plans de continuité d'activité,
15:29en développant des plans de reprise d'activité
15:31pour que très vite les opérations fonctionnent de nouveau.
15:35Donc l'objectif n'est pas forcément de passer à un risque absolument zéro.
15:38Le sujet, c'est diminuer la probabilité,
15:41protéger en amont ces points névralgiques
15:44et puis en aval, si ça se produit quand même,
15:46diminuer l'impact, diminuer la gravité.
15:49C'est ça que les opérateurs doivent faire.
15:51En l'occurrence, si on revient sur le sujet SNCF,
15:54vous avez raison quand vous dites que les opérations
15:57sont de plus en plus numérisées.
15:59Cela dit, ça fait quand même un siècle
16:01que la commande des principaux aiguillages est électrifiée.
16:06Donc ça fait un siècle qu'il y a quand même une certaine vulnérabilité
16:09si les équipements électriques qui alimentent ces aiguillages
16:12ou qui alimentent la civilisation sont attaqués.
16:15Et donc ça fait quand même un certain temps aussi
16:17qu'il y a des procédures qui peuvent être mises en oeuvre dans ce cas-là.
16:20Pour compléter sur ces propos et sur les cyberattaques,
16:26ce qu'il faut signifier, c'est qu'aujourd'hui,
16:30on a à la SNCF, mais dans toutes ces organisations-là,
16:33des gens dédiés sur la cybersécurité.
16:36Et lors de la préparation des Jeux Olympiques,
16:39notamment, il y a eu un gros effort qui a été fait
16:41sur sécuriser, se préparer à cet événement,
16:44notamment sur le plan cyber pour pouvoir détecter.
16:47On a parlé effectivement de la redondance,
16:49le fait de pouvoir intervenir après l'attaque,
16:52qui est un sujet à part entière,
16:53mais il y a aussi le fait de détecter le moment où on va être attaqué.
16:57Et ça, c'est très important.
16:59Et donc, il y a eu un travail quand même
17:01où on a essayé de rendre plus robustes nos systèmes,
17:08et notamment ceux de la SNCF, mais aussi ceux de La Poste,
17:11ceux de tout un tas d'organismes, plus ou moins d'États,
17:15en tout cas, essentiels, et notamment sur le plan cyber.
17:19On va au standard, Baptiste Robert, Arnaud Aimé,
17:22avec Frédéric d'Arcachon, qu'on accueille au 0826-300-300.
17:26Bonjour Frédéric.
17:28Bonjour Benjamin.
17:29Permettez-moi en introduction,
17:32je voulais vous communiquer tout le plaisir que j'ai à vous entendre
17:35depuis que vous présentez le journal.
17:37Franchement, c'est un régal.
17:41Bon cher Frédéric, passons à votre question.
17:43Alors, vous connaissez bien la SNCF,
17:45vous y avez travaillé 30 ans, Frédéric.
17:47Oui, oui.
17:48Alors, écoutez, moi je vais être aussi simple et machin.
17:52Bon, je pense que si ça s'est fait,
17:55tout a été fait, vraiment, il fallait le savoir.
17:58Vous savez, on n'est pas du tout dans une cyberattaque.
18:02On est simplement une attaque à la pince coupante.
18:05Ils n'ont pas eu d'idée.
18:06Bien sûr, mais j'envisageais aussi ce risque,
18:08en termes de cybersécurité,
18:10c'est important aussi qu'Arnaud Aimé et Baptiste Robert
18:12puissent nous éclairer à ce niveau.
18:14Voilà, c'était pour compléter, effectivement.
18:16Mais là, je vous dirais, bon,
18:18si vous n'avez pas une bonne connaissance
18:20du système ferroviaire, des câbles,
18:23où ça passe, comment ça passe, ce que ça alimente,
18:25ils n'auraient pas fait ça si facilement.
18:28Alors, on ne va pas dire le mot complicité,
18:30parce que je vais me faire huer,
18:31mais enfin, il faut être bien au courant que tout fonctionne.
18:34Moi, je partage l'avis de Darmanin là-dessus.
18:36Vous savez, il n'y a pas de mystère.
18:38D'ailleurs, regardez ceux qui ont été dérangés sur le sud-est.
18:40Le sud-est n'a pas été impacté,
18:42parce que, heureusement, ils ont été repérés.
18:45Mais ils venaient simplement avec une camionnette
18:47et des pinces coupantes.
18:48Alors, c'est ça qui est grave.
18:50C'est ça qui est grave, parce qu'on s'aperçoit.
18:51Moi, je dirais que derrière, honnêtement,
18:53je pense qu'il y a un fonds politique.
18:55On va préparer la rentrée de l'Assemblée après tout ça.
18:57Il y a des moyens de pression.
18:58Enfin, je pense que tout ça, derrière,
19:00il y a une entreprise de déstabilisation.
19:02Mais ce qui est à craindre,
19:04c'est qu'on s'aperçoit qu'avec pas grand-chose,
19:06pas grand-chose.
19:07Ils avaient des pinces coupantes, les gars.
19:08Point final.
19:09Il ne faut pas se leurrer.
19:10On n'est pas paralysé.
19:12Donc, paralyser le système comme ça,
19:14il faut savoir quel câble couper.
19:16Parce qu'ils ont fait ça rapidement.
19:18Ils ne sont pas restés pendant des heures.
19:19Donc, il faut être très, très bien renseigné.
19:21Et vous voyez qu'avec pas grand-chose,
19:23on met tout par terre.
19:25Et c'est ça qui est grave.
19:26C'est ça qui est grave.
19:27– Merci beaucoup, Frédéric, pour cette réaction.
19:29– C'est moi qui vous remercie.
19:30– Très belle journée à vous.
19:31Arnaud Aimé, vous avez entendu à l'instant Frédéric.
19:33Alors, sur la question de la complicité,
19:35vous avez répondu tout à l'heure.
19:36Pour vous, c'est non, archi non.
19:38En revanche, sur la question de…
19:40Voilà, il ne faut pas grand-chose finalement
19:42pour paralyser le trafic.
19:44C'est vrai que ça fait réagir aussi.
19:46C'est peut-être inquiétant là-dessus, Arnaud Aimé.
19:50– Alors, déjà, pour préciser ce que je disais
19:53ou ce que je voulais dire.
19:55En tout cas, moi, je ne suis pas enquêteur.
19:57Je ne veux pas dire qu'évidemment,
19:59il n'y a pas de complicité.
20:00Puisque je n'ai pas fait l'enquête.
20:02Ce que je voulais dire, c'est qu'évidemment non,
20:04il n'y a pas besoin de complicité.
20:06Ce n'est pas nécessaire.
20:08Par contre, c'est aussi de l'organisation,
20:10c'est-à-dire de faire des repérages en amont.
20:12Ça, c'est effectivement nécessaire.
20:14Mais les complicités ne sont évidemment pas nécessaires.
20:17C'est ça que je voulais dire.
20:19Vous avez raison.
20:21Les réseaux ferrés, de manière générale,
20:26si on voulait qu'ils ne le soient pas,
20:28il faudrait qu'ils soient tous construits en souterrain.
20:30Donc, c'est évidemment impossible.
20:32C'est une infrastructure en milieu très ouvert.
20:35Donc, c'est vulnérable à la fois aux actes de malveillance,
20:38que ce soit du sabotage,
20:40comme on l'a vu dans l'huile jeudi à vendredi,
20:43ou que ce soit du vol de câbles en cuivre, par exemple.
20:47Ça, on le connaît, on l'a connu en tout cas,
20:49et là, souvent, même si maintenant,
20:51le cuivre est davantage marqué
20:53et donc plus difficilement écoulable sur le marché noir.
20:57Mais on sait que c'est un réseau qui est aussi très sensible aux aléas météo.
21:00On en parle souvent.
21:02Quand il y a des tempêtes, quand il y a de la canicule,
21:04voire dans les prochaines semaines.
21:06D'ailleurs, j'aimerais savoir,
21:08parenthèse à Arnaud Aimé,
21:10c'est vrai que sur la canicule qui arrive aussi en France,
21:12notamment sur le sud de la France aujourd'hui,
21:14c'est vrai que ça va être un élément déterminant à surveiller,
21:16notamment pour l'état du réseau, du trafic.
21:20On sait que c'est parfois un petit problème,
21:22voire un gros problème, en l'occurrence.
21:24Sur la canicule, en général,
21:26il y a un petit problème sur les infrastructures de transport.
21:28C'est-à-dire que c'est les lignes les plus anciennes
21:30qui n'ont pas été conçues,
21:32qui n'ont pas été construites
21:34pour faire face à des épisodes caniculaires.
21:36Et quand il y a des grosses canicules,
21:38des longues,
21:40le rail, c'est en métal.
21:42Et le métal, ça se dilate.
21:44Et quand ça se dilate, ça peut se déformer un peu.
21:46Et donc, dans ce cas-là, qu'est-ce qui se passe ?
21:48Pour ces infrastructures les plus anciennes,
21:50il faut réduire la vitesse des trains
21:52pour que les rails et les roues
21:54ne s'usent pas exagérément
21:56compte tenu de la déformation de la voie.
21:58Donc, ça a un impact sur les voies les plus anciennes
22:00et ça peut créer, sur ces voies les plus anciennes,
22:02qui ne sont pas lignées à grande vitesse,
22:04des retards d'un poids de plusieurs dizaines de minutes.
22:06Donc, il faut quand même un peu raison garder dessus.
22:08En tout cas,
22:10ce que cherche à faire la SNCF,
22:12comme ses confrères à l'étranger,
22:14c'est, quand on anticipe ce type de danger,
22:16en l'occurrence pour les canicules,
22:18on prépare des scénarios, on prépare des procédures
22:20pour que, si le risque, à un moment,
22:22il est avéré, on n'ait pas besoin d'improviser
22:24parce que l'improvisation,
22:26c'est la source de tous les problèmes,
22:28de toutes les erreurs,
22:30mais juste, au serein classeur,
22:32avec ces scénarios, et puis on déroule.
22:34Baptiste Robert,
22:36je rappelle, vous êtes expert en cyber-sécurité.
22:40Dans le cadre de cette enquête,
22:42est-ce que vous, les experts
22:44en cyber-sécurité,
22:46est-ce que vous pouvez apporter votre pierre à l'édifice
22:48dans cette enquête
22:50sur ces sabotages,
22:52pour remonter aux responsables ?
22:56Alors, il y a une partie, effectivement,
22:58où il va y avoir peut-être
23:00une partie, alors je ne suis pas dans le dossier,
23:02donc je ne pourrai pas le dire,
23:04mais il y a une partie
23:06qui est possiblement cyber, c'est-à-dire que
23:08dans le sens où il y a eu coordination,
23:10ça on le voit, l'effet le montre,
23:12il y a eu une coordination. Pour se coordonner
23:14à travers toute la France,
23:16il faut pouvoir communiquer.
23:18Aujourd'hui, principalement,
23:20ça va se passer soit sur Internet,
23:22sur des sites dédiés
23:24qui vont permettre une communication
23:26à travers certains services,
23:28ou à travers des applications de messagerie.
23:30Et donc, il y a
23:32possiblement une partie cyber, mais comme l'a dit
23:34monsieur au téléphone,
23:36il y a effectivement, là,
23:38le point principal, il est que
23:40c'est du renseignement,
23:42et on voit que le renseignement
23:44est d'or, plus que quand vous avez la bonne
23:46information au bon moment,
23:48en fait c'est capital,
23:50et après il y a une pince-monseigneur
23:52et trois allumettes pour aller
23:54mettre le feu et couper
23:56les câbles aux bons endroits au bon moment.
23:58Donc c'est aujourd'hui la partie cyber
24:00et c'est un peu le reproche
24:02que je fais à mon domaine,
24:04c'est-à-dire que le cyber est important,
24:06le cyber est quelque chose d'important aujourd'hui,
24:08mais ici on voit que les infrastructures,
24:10en réalité, il y a beaucoup
24:12plus simple pour
24:14en tout cas mettre à mal.
24:16Ce qui est important de préciser,
24:18et quand on regarde un petit peu à l'étranger,
24:20il y a aujourd'hui, par exemple, aux Etats-Unis,
24:22une agence qui s'appelle
24:24la CISA,
24:26qui protège et qui est là
24:28pour parler de la résilience
24:30et de la sécurité des infrastructures
24:32critiques.
24:34Il ne me semble pas de mémoire, on a
24:36chez nous l'ANSI, qui est en partie sur ce
24:38domaine-là, notamment cyber, mais
24:40il y a peut-être une réflexion plus globale
24:42en France à avoir sur, de dire
24:44est-ce qu'on n'aurait pas un organisme
24:46qui s'occupe de la sécurité
24:48globale de toutes ces infrastructures,
24:50qu'elles soient cyber ou pas,
24:52globalement, qu'elles s'occupent
24:54de la sécurité.
24:56Baptiste Robert, expert en cyber-sécurité,
24:58donc un grand merci d'avoir été avec nous ce matin
25:00sur Sud Radio. Merci également à vous,
25:02Arnaud Aimé, spécialiste des transports à SIA Partenaise.
25:04Merci pour
25:06votre éclairage tout au long de ce
25:08débat et vos précisions.

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