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À l'occasion du Festival du Marathon des Mots à Toulouse, Lydie Salvayre a reçu le Prix Marguerite Yourcenar 2024 de la Scam.

Elle entre en littérature dans les années 1970, lorsqu’elle commence à écrire pour des revues et à publier essais et romans. Elle écrit également pour la radio et la télévision. Parmi ses œuvres les plus marquantes, publiées au Seuil : Depuis toujours nous aimons les dimanches (2024) ; Irréfutable essai de successologie (2023) ; Tout homme est une nuit (2017) ; BW (2009) ; Les Belles âmes (2000) ; La Conférence de Cintegabelle (1999) ; La Compagnie des spectres (1997) ; La Puissance des mouches (1995).

Décerné chaque année, ce prix met en lumière le talent d'un auteur ou d'une autrice pour l'ensemble de son œuvre.
Transcription
00:00Et depuis 4 ans, on remet le prix Marguerite Yursonard ici à Toulouse.
00:08Ce prix est un prix qui récompense une autrice ou un auteur pour l'ensemble de son œuvre.
00:16C'est un grand prix.
00:18L'année dernière, on l'a remis à Patrick Chamoiseau.
00:21Certaines d'entre vous étaient à la belle après-midi qu'on a eue en sa présence.
00:26L'année précédente, c'était Chantal Thomas.
00:28Avant eux, il y a eu Annie Ernaux, Pierre Michon, Jean Eschnoz, Marine Diaz, etc.
00:34En 2024, c'est à Lydie Salvert que nous décernons ce prix Marguerite Yursonard.
00:41Au nom de toute la commission et du jury que je représente, je suis très heureuse, ma chère Lydie.
00:50D'autant plus heureuse que ça fait plus de 30 ans qu'on se connaît.
00:55A titre personnel, ça fait plus de 30 ans que je lis, que j'admire les livres de Lydie.
01:04Il ne faut pas que je pleure.
01:05Non, tu ne vas pas pleurer.
01:06Pas pleurer, ça vous dit quelque chose.
01:09Je trouve que plus que jamais, j'en ai relu certains ces dernières semaines en préparation de cette belle journée.
01:17Je me suis rendu compte, une fois de plus, à quel point tes textes,
01:21outre leur qualité littéraire dont je ne vais pas vanter les mérites,
01:25étaient nécessaires et précieux, en particulier en ce moment.
01:29Merci, merci.
01:35Et bravo.
01:37Voilà.
01:40Je te laisse.
01:44Je suis très heureuse et très honorée de recevoir ce prix.
01:47Merci infiniment Isabelle.
01:49Tu sais que tu as un micro.
01:52Merci à tout le jury.
01:55Je suis d'autant plus touchée de le recevoir dans cette ville,
02:00parce que c'est une ville où j'ai fait mes études,
02:03où j'ai lié des amitiés, fréquenté des cafés, fait mes premières manifs, très importants,
02:10et découvert une des librairies les plus vivantes et les plus belles que je connaisse.
02:18Je veux parler d'Ombre Blanche.
02:21Juste quelques mots pour dire que pour Marguerite Yourcenar,
02:27les livres, disait-elle, étaient sa patrie,
02:30et je crois que je peux dire aussi à mon tour que je suis née entre leurs pages.
02:39Ce prix me donne l'occasion de faire avec plus de détermination que jamais
02:45l'éloge de la littérature,
02:47la littérature conçue non comme un divertissement,
02:51non comme un enjolivement de la vie,
02:54non comme une distinction accordée à quelques rares,
02:58mais comme une littérature qui propose une autre vision que celle que nous offrent les médias,
03:05les discours officiels et la publicité qui nous présente le monde réel comme le seul possible.
03:13La littérature, pour mener une réflexion sur la domination et le pouvoir,
03:20avec ce qu'il comporte, disait l'Adrien des mémoires,
03:25de risques d'adulation et de mensonges,
03:28et j'ai pris avec moi comme porte-bonheur l'exemplaire des mémoires d'Adrien,
03:34usé jusqu'à la corde, c'est dire mon goût pour lui.
03:40La littérature, pour questionner en même temps les servitudes,
03:45celles du temps d'Adrien, comme les nôtres,
03:49plus insidieuses et plus suaves.
03:53L'éloge en un mot d'une littérature combative,
03:57puisque vivre c'est combattre, écrivait Victor Hugo,
04:01d'une littérature qui combatte les prêts à penser,
04:04les prêts à dire et les prêts à écrire,
04:06qui semblent-ils prolifères et que l'on destine en masse.
04:10L'éloge d'une littérature qui sache dire non
04:14à ceux qui essaient de l'atteler ou de la faire taire,
04:19l'éloge d'une littérature qui sache dire non
04:22à ceux qui veulent l'empêcher de serrer des mains étrangères,
04:26l'éloge d'une littérature aussi qui loue la beauté,
04:30dont Yursenar disait qu'on la trouvait partout,
04:33le filon d'or dans les plus ignobles veines,
04:36l'éloge, pour finir, d'une littérature qui dise oui
04:40à la vie, à ses risques, à ses feux, à ses ombres,
04:44à ses énigmes et à ses joies.
04:46Merci infiniment.

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