• il y a 4 mois
François Ruffin, député (NFP - Groupe Ecologie & Sociale) de la Somme est l'invité des 4 vérités. 

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00:00Bonjour François Ruffin. Bonjour.
00:04Oui, membre du Nouveau Front Populaire, ce Nouveau Front Populaire que vous avez contribué à créer, c'était il y a plus d'un mois maintenant.
00:10Si on vous avait dit que le 23 juillet, le NFP ne serait toujours pas capable de se mettre d'accord sur le nom d'un Premier ministre, est-ce que vous l'auriez fait ?
00:18Oui, vous savez, je considère qu'on a rempli quand même une part du contrat, la part du contrat c'était pas de Bardella à Matignon, voilà.
00:25Et c'était de se dire qu'il fallait dire aux partis d'arrêter leur connerie parce que, voilà, en ayant une gauche en miettes, chacun dans son couloir, on n'allait pas s'en sortir.
00:34Ça les a forcés à se réunir et on a obtenu ce que je ne considère pas comme étant une victoire, je n'ai jamais dit ça, mais comme étant un répit, un sursis.
00:42Une dernière chance pour la France et normalement ce répit, ce sursis, on devrait le mettre aujourd'hui au service des Français.
00:48Vous l'attendiez là, ce résultat-là, en lançant le NFP, les Français qui ont cru à cette coalition de gauche, qui vous ont donné quand même le plus grand nombre de voix, et depuis, il n'y a rien.
00:59Depuis, les partis recommencent ce qu'ils faisaient avant, c'est-à-dire qu'ils sont dans les petits calculs cyniques, dans la petite politique,
01:07dans, non pas le grand intérêt des Français, mais leurs petits intérêts particuliers, on le voit.
01:12C'est de ça dont il s'agit, avec une incapacité à donner un nom pour Matignon, ce qui est quand même, vous savez, ça serait une comédie, on pourrait faire les guignols de l'info avec ça,
01:21c'est Ubu roi de la gauche, mais en même temps derrière, c'est une tragédie, parce que ce qui se passe, c'est le découragement qui s'installe, c'est un ressentiment qui monte,
01:28et je le sais, dans mon coin en particulier, le Rassemblement national n'est plus à une marge de pouvoir, il est à une demi-marge de pouvoir.
01:35Donc normalement, on devrait mettre ce temps-là au service des Français. Simplement, moi, j'aimerais qu'on soit en train de siéger à l'Assemblée,
01:41et qu'on trouve une majorité à l'intérieur de l'hémicycle pour abroger la réforme sur les retraites à 64 ans, même si c'était que ça.
01:48Vous savez, j'ai reçu une carte d'électrice de Nathalie qui m'a envoyé sa carte d'électrice déchirée, en me disant que je suis dégoûté.
01:54Mais si on n'avait rien fait de ça, si Nathalie avait deux ans en moins à travailler jusqu'au bout, elle se dirait, au moins, ils sont utiles à quelque chose.
02:01Maintenant, vous savez que dans tout ça, quand même, je vous dis là, et je ne mâche pas mes mots sur mon camp, maintenant, le grand irresponsable, il est quand même à l'Élysée.
02:08C'est quand même lui qui a pris la décision, au soir des élections européennes, de dissoudre dans l'urgence, et sans aucun sens, l'Assemblée nationale.
02:16Et on se retrouve derrière avec un pays qui est encore plus embourbé, encore plus enlisé qu'il ne l'était au départ.
02:21Mais on se retrouve, et vous l'avez dit, il y a quand même eu des bonnes choses avec ce NFP qui est né.
02:25Qu'est-ce qui coince aujourd'hui ? Pourquoi est-ce qu'il n'y a aucun nom qui ressort ?
02:29La date limite du Parti socialiste, normalement, pour trouver un Premier ministre, c'est aujourd'hui.
02:33Il demande un vote solennel. Vous aimeriez qu'il ait lieu ce vote ?
02:37Mais vous savez, même s'il y avait un... C'est trop tard. Là, il y a une fenêtre d'opportunité qui s'est...
02:42C'est trop tard.
02:43Oui, là, c'est trop tard. C'est clair que, vous savez, la politique, c'est se saisir du kairos, du moment.
02:48On doit se saisir du moment. On avait une fenêtre d'opportunité qui était ouverte.
02:51On pouvait se glisser à l'intérieur pour dire, voilà, peut-être qu'on ne fera pas tout, mais il y a des choses qu'on peut faire.
02:56Là, on voit très bien que l'esprit est ailleurs.
02:59Mais il y en a qui espèrent encore, quand même, au NFP. Il y a des noms qui ressortent.
03:03Il va falloir rouvrir cette fenêtre d'opportunité à la rentrée, c'est clair.
03:07Mais là, maintenant, vous avez des noms qui ressortent, j'en souhaite bien du courage.
03:10Parce qu'ils ont réussi à décourager Huguette Bellot, ça, c'est côté Parti socialiste.
03:13Laurence Subiana aussi.
03:14Ils ont réussi à décourager Laurence Subiana, côté France Insoumise.
03:18Mais le pire, c'est qu'ils désespèrent les gens.
03:20Maintenant, ce qui m'inquiète, moi, il y a ça. Mais il y a la situation du pays.
03:24Vous savez, moi, samedi, je reçois un appel d'un délégué de Valeo, parce qu'il va y avoir 1 000 emplois de supprimés.
03:293 sites qui vont fermer. Et qui s'en charge ?
03:33Il n'y a pas de ministre de l'Industrie. Il y a une rentrée, 3 000 profs qui manquent.
03:36Il n'y a pas de ministre de l'Education.
03:38On est en train de fermer les services d'urgence à Manos, Cachinon, et ainsi de suite.
03:41Il y a quand même des ministres encore au gouvernement.
03:44En ce moment, personne ne répond.
03:46Là, c'est clair. Qui prépare la rentrée ?
03:48Vous n'allez pas me faire croire qu'il y a quelqu'un qui prépare la rentrée scolaire.
03:50Personne. Qui prépare, qui affronte les fermetures des services d'urgence ?
03:55Personne. Donc en fait, on a un gouvernement fantôme, avec quand même une espèce de truc bizarre.
03:58On est supposé avoir Gabriel Attal à la fois à Matignon, en même temps à l'Assemblée, et surtout à la plage.
04:04LFI, en tout cas, ça n'a pas l'air d'inquiéter Jean-Luc Mélenchon,
04:08qui a écrit une lettre à la presse italienne et espagnole.
04:11Lui, il confirme qu'il n'est pas pressé.
04:13Tout ce qu'il veut, et il dit que c'est la seule solution pour sortir de la crise actuelle,
04:17c'est qu'Emmanuel Macron parte, qu'on revote et qu'on élise son remplaçant.
04:21Et là, ça sera un match à l'écouter entre lui, son programme, et celui de Marine Le Pen.
04:26Est-ce que c'est ça, la seule issue ? Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen ?
04:29En tout cas, ce qu'on voit, c'est que ce qui semble moins compter,
04:32c'est moins les intérêts des Français d'aujourd'hui que la présidentielle et lui.
04:36Et je pense que c'est le premier sujet.
04:38C'est éclairant, cet entretien à la presse italienne.
04:41Le deuxième point, c'est qu'il dit que, grosso modo,
04:44les Français auront le choix entre qui ils détestent le plus,
04:47entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.
04:49Je veux dire, ce n'est pas un choix très appétissant.
04:51Quand vous vous dites, vous devez élire celui que vous allez détester le moins.
04:55Bon, voilà, ça, c'est le deuxième point.
04:57Et enfin, troisième point, on a Jean-Luc Mélenchon,
05:00qui a perdu quatre fois contre le Rassemblement national,
05:04qui, chaque fois à la présidentielle, arrive derrière.
05:06Et quand il va, à un moment, il est derrière.
05:08Donc, il va falloir que la gauche se demande qui est le plus qualifié
05:11pour aller battre le Rassemblement national à la prochaine élection.
05:14Vous le disiez, les Français et les électeurs risquent d'être un peu dégoûtés, lassés.
05:19On est à J-3 des Jeux olympiques.
05:21Alors, Emmanuel Macron, qui s'exprime ce soir aux 20 heures de France 2,
05:24ne devrait pas beaucoup parler de politique, puisque lui, là, ce qu'il demande,
05:28c'est une trêve, le temps des Jeux.
05:31Est-ce que vous êtes d'accord ? Est-ce que ce n'est pas le temps de la communion ?
05:34Je veux bien me faire communion, mais vous savez, de toute façon, la trêve,
05:36elle a lieu, de fait, parce qu'il n'y a pas de combattants,
05:38parce que les officiers, ils ont déserté et ils ont choisi de ne pas mener, quand même,
05:42ce qui, pour moi, aurait été une belle bataille, c'est-à-dire arracher, gratter quelque chose
05:46avant l'ouverture des Jeux olympiques.
05:47On aurait pu, je le dis, abroger, que le texte soit déjà dans les tuyaux,
05:52qu'on cherche une majorité pour abroger la retraite à 64 ans.
05:55D'une part, vous savez, on a des gens qui se bagarrent,
05:58parce qu'ils ne savent pas pour qui se battent.
06:00Ils se bagarrent pour des concepts, pour des abstractions, pour des ambitions.
06:03Ils ne se bagarrent pas pour des voix, des vies, des visages des gens.
06:06Moi, je sais pour qui je me bagarre.
06:07Je l'ai vu encore, ce week-end, quand je vais à Ville,
06:09je sais que je me bagarre pour une aide à domicile.
06:11Je sais que, là, ce matin, je croise un cariste qui m'interpelle.
06:14Alors, c'est qui, le Premier ministre, pendant qu'il était en train de ranger les affaires
06:17chez Carrefour Market ?
06:18Qu'est-ce qui va nous dégager la retraite à 64 ans ?
06:21Qu'est-ce qui va relever nos salaires ?
06:22Donc, je pense qu'il faut qu'on ait conscience de pour qui on se bagarre.
06:25On doit se bagarrer pour les Français.
06:26Et donc, normalement, il aurait pu y avoir une trêve olympique,
06:28mais on aurait pu déjà faire des choses avant.
06:30Or, là, évidemment, il n'y a rien de fait.
06:32Vous êtes enthousiaste ? Vous êtes excité par ces Jeux olympiques ?
06:35Moi, dès qu'il y a un athlète français, même si c'est du curling, il y a 4 heures du matin,
06:40je me lève pour regarder.
06:42Donc, voilà, j'ai un côté comme ça où le sport, je le pratique, vous le savez,
06:45mais aussi, je le regarde.
06:47Et voilà, il y a plein de choses qui vont me passionner, évidemment, dans ces Jeux olympiques.
06:51Les athlètes israéliens ont atterri hier à Paris sous haute sécurité.
06:54Ils sont les bienvenus à Paris.
06:56Écoutez, d'abord, dire sur le fond, quand même, qu'on a d'abord deux otages
07:00qui viennent d'être tués par le Hamas, d'un côté.
07:02De l'autre côté, encore hier, des dizaines de personnes qui ont été bombardées,
07:06tuées dans la bande de Gaza.
07:07Donc, il y a un massacre qui est en cours et qu'il s'agit d'avoir un cessez-le-feu.
07:11Il s'agit d'avoir la reconnaissance de l'État palestinien.
07:13Il s'agit d'avoir la fin des livrisons d'armes.
07:15Maintenant, pour ce qui est de la place des athlètes dans ces conflits,
07:17c'est parce que je préfère taper sur les athlètes et les utiliser comme boucliers dans les guerres.
07:22Ce qui a été fait pour les athlètes russes, en disant, ils viennent,
07:26ils participent aux Jeux olympiques, mais c'est sans bannières et sans hymne,
07:30je pense qu'on pourrait faire la même chose pour les athlètes palestiniens
07:33et qu'il n'y ait pas de poids, de mesure.
07:34Mais en revanche, ils peuvent participer aux Jeux, tout comme leurs collègues russes.
07:38Mais ça vous a choqué ou pas, les propos ?
07:40Parce que c'est ceux à qui on fait référence là, le député LFI Thomas Porte,
07:43qui a dit samedi dernier qu'ils n'étaient pas les bienvenus.
07:46Propos qui ont fait polémique, des propos au relan d'antisémitisme,
07:49selon le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
07:52On accueille les athlètes russes, je suis pour qu'il n'y ait pas de poids, de mesure.
07:55Et ça vous choque ce qu'il dit là, Thomas Porte ?
07:56Je ne suis pas du tout sur la position de Thomas Porte.
07:58Je pense qu'en tant qu'individu, en tant qu'homme,
08:02tout le monde doit être le bienvenu sur le territoire français
08:07pour participer à ces Jeux olympiques.
08:08Encore une fois, on pourrait mettre à égalité ce qui se passe
08:12pour les athlètes russes et pour les athlètes israéliens.
08:14Ça pourrait être sans bannières et sans hymne.
08:16Un mot quand même du vote à l'Assemblée lors du week-end.
08:19Les électeurs qui ne s'y retrouvent pas tout à fait peut-être à l'Assemblée nationale,
08:226 vice-présidents dont 2, la France Insoumise.
08:25Est-ce que c'est normal qu'il n'y ait aucun représentant du Rassemblement national
08:30au bureau de l'Assemblée quand on sait qu'il y a eu 11 millions d'électeurs
08:33qui ont voté Rassemblement national ?
08:34Ce n'est pas le problème pour moi.
08:35Vous savez, le bureau de l'Assemblée, malheureusement,
08:37les Français savent que ce n'est pas là-bas que va se jouer la rentrée scolaire,
08:40ce n'est pas là-bas que va se jouer les services de santé,
08:42ce n'est pas là-bas que vont jouer leurs salaires,
08:43ce n'est pas là-bas que vont jouer leurs découvertes.
08:46Il y a quand même des choses qui se jouent.
08:47Vous savez, les 11 millions, je n'ai pas rencontré les 11 millions d'électeurs
08:51du Rassemblement national, mais j'ai eu des dizaines d'échanges avec eux,
08:53des centaines, des milliers peut-être dans ma campagne.
08:55Mais ça ne contribue pas à les traiter comme des parias comme le dit Marine Le Pen ?
08:58Je pense que ce qu'ils réclamaient, c'est du changement.
09:01Ce que j'ai entendu, c'est la première raison pour voter Bardella,
09:04parce qu'il votait Bardella quand il saisissait le bulletin des candidats,
09:09c'était de réclamer du changement.
09:10Or, aujourd'hui, et les électeurs de gauche réclamaient du changement aussi,
09:13aujourd'hui, à la place d'avoir du changement, on a un pays qui est enlisé,
09:16un pays qui est embourbé.
09:17Il va falloir changer ça, dès la rentrée, il va falloir qu'à nouveau…
09:20Vous voulez changer, mais pourquoi vous ne serrez pas la main
09:23à l'élu Rassemblement national, Flavien Thermé, à l'Assemblée nationale ?
09:26C'est ça ? C'est comme ça qu'on change la politique,
09:28qu'on apporte un peu de tendresse comme ce que vous voulez faire ?
09:30Il faut mettre de la tendresse dans tout ça.
09:32Maintenant, il y a des adversaires politiques en l'occurrence.
09:34Vous savez, la question, c'est comment on va faire pour ouvrir le jeu à la rentrée ?
09:37Comment on va faire pour dégeler ça ?
09:39Il va y avoir, un, il va falloir remettre la pression sur les partis, c'est une chose.
09:42Et puis, deux, il y aura une motion de censure à déposer assez rapidement
09:46pour contraindre Emmanuel Macron.
09:47Vous savez, c'est le plus long gouvernement fantôme de l'histoire qu'on a là, quand même.
09:50Normalement, c'était neuf jours.
09:51Là, on va l'avoir pendant plus d'un mois.
09:53Donc, il s'agira de sortir de cette situation le plus rapidement possible.
09:56Merci beaucoup.
09:57Merci à vous.

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